samedi 7 juin 2008

Prendre un enfant par la main........


Sur la pelouse devant la maison de Mélissa (Parmi une "mer de fleur")

""Prendre un enfant par la main,.. PAS......Prendre un ASSASSIN par la main !!""

Les enfants ont peur... les parents aussi !



Les enfants ont peur... les parents aussi !

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 11

Comment rassurer les gosses sans les bercer d'illusions?

Dis, comment on les a enlevées, les petites filles? Qu'est-ce qu'on leur a fait? Depuis six jours que nous vivons sous le choc de révélations épouvantables, bien des parents ont entendu leurs enfants, inquiets, poser ces questions.
Les gosses n'échappent pas au climat de tristesse et de peur qui a envahi le pays ; au contraire : ils peuvent, eux, se mettre dans la peau des victimes... Comment leur répondre, comment les rassurer sans leur mentir?

La psychologue Monique Meyfroet nous donne quelques pistes.
Monique Meyfroet travaille depuis de longues années dans un centre de santé mentale pour enfants à Bruxelles.
Elle a suivi de nombreux enfants maltraités et abusés. Cependant, aucun cas comparable à l'affaire Dutroux par sa gravité, son dénouement judiciaire et son retentissement médiatique. Aucun cas qui produise un tel électrochoc sur toute une population.

Marc Dutroux n'est pourtant pas le premier sadique que la terre ait porté Monique Meyfroet n'est que trop bien placée pour le savoir. « Quand Cécile a publié « Lettre à Isa » (1), beaucoup de gens n'y ont pas cru, n'ont pas voulu croire à de telles horreurs. Cette fois, grâce à l'aboutissement de l'enquête, tout le monde est obligé de savoir que « ça » existe. Et tout à coup, ça prend une place à la mesure de ce qu'on ne voulait pas voir avant... »

Parents et enfants, chacun à leur manière, sont perturbés par l'affaire Dutroux. « Il est inévitable que les enfants soient mêlés à ça les parents eux-mêmes sont tellement bousculés », dit Monique Meyfroet, elle-même mère de famille.

Du fantasme à la réalité
« Cette affaire renforce les inquiétudes normales de l'en Tant. » Des inquiétudes « normales » ? «Autour de l'âge de 7 ans, explique la psychologue, il est fréquent que l'enfant imagine qu'un cambrioleur va entrer dans la maison pour l'enlever ou qu'il ait d'autres fantasmes du même ordre. C'est l'âge où l'on regarde sous son lit avant de se coucher...
Mais soudain, la révélation de l'affaire Dutroux donne une réalité à ces angoisses. »
Une réalité qui perturbe aussi les adultes et les laisses sans voix face aux angoisses de leurs gosses. «Ou alors ils disent des bêtises du genre : « Je suis là, il ne peut rien t'arriver, à toi »... ce qui est faux ! »

En effet, après l'affaire Dutroux, tous les parents se disent avec effroi : ça aurait pu arriver à mon enfant. « C'est tout de même un fait rarissime, souligne Monique Meyfroet, c'est LE cas où il n'y a rien à faire. Je ne pense pas que ces petites filles (Julie, Mélissa,Sabine, Laetitia auraient pu éviter d'être enlevées.

Or, en tant qu'adulte, on aimerait être toujours tout-puissant pour protéger ses enfants. Et brutalement, on est forcé de prendre conscience que ce n'est pas possible. Qu'on ne peut pas plus protéger ses enfants de ce genre de rapt que d'attraper une maladie.
C'est cet aveu d'impuissance qui est très difficile pour des parents. »

Parents traumatisés

Monique Meyfroet a connu un cas assez similaire à celui de Laetitia:
Un petit garçon de 6 ans enlevé par un pédophile à bord d'une voiture, durant les vacances. L'enfant a été relâché au bout d'une journée. « Lui même est sorti de cette aventure avec une relative tranquillité.
Le petit copain qui était avec lui au moment de l'enlèvement a eu des séquelles post-traumatiques plus importantes : il croyait ne pas avoir fait ce qu'il fallait.Mais les plus traumatisés étaient les parents. Ils n'avaient pourtant commis aucune faute, aucune imprudence. Ils ne pouvaient pas prévoir l'imprévisible. Mais cela, ils ne par venaient pas à l'accepter... »

Alors, que faire? Laisser les enfants exprimer leurs inquiétudes et, s'ils posent des questions, y répondre sans mentir. «On voudrait bien donner des « trucs » à nos enfants pour reconnaître les pédophiles, mais il n'y en a pas!» Sans dramatiser non plus « Par exemple, il faut réaliser qu'on a affaire a un cas très marginal Dutroux n'a pas le profil du pédophile ordinaire et aussi se souvenir que l'arrestation de sa bande est un bien. Mais il ne faut pas non plus nier la réalité; d'ailleurs, croyez-moi, les enfants, même très jeunes, ont assez de bon sens pour savoir que le risque existe!»

Corinne Toubeau

(1) Cécile est le pseudonyme d'une femme, aujourd'hui mariée et mère de famille, qui a été violée, torturée et prostituée par son propre père durant toute son enfance.
Personne avant Monique Meyfroet n'avait pris la peine de la croire.
Son témoignage, « Lettre à Isa », a été publié il y a quelques mois aux éditions La Longue Vue.
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Dutroux avait choisi lui même un thérapeute de 78 ans

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 11

Parmi les obligations aux quelles Marc Dutroux devait s'astreindre pour obtenir sa libération conditionnelle, figurait la collaboration dans une action de guidance. Lundi, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck déclarait que Dutroux semblait toujours s'y être soumis comme il le devait. Les attestations de ses visites sont là pour en apporter la preuve.
La guidance en question était assumée par un neuropsychiatre dont les rapports n'ont a apparemment jamais laissé filtrer d'inquiétude. Même s'il est facile, a posteriori, de porter un jugement, comme il s'agit tout de même d'un professionnel, on était en droit de se demander qui était le médecin désigné dans cette tâche.
Il faut d'abord savoir que jusqu'à la modification de la loi en 1995, le détenu sur le point d'être libéré conditionnellement avait la liberté du choix du médecin qui le suivrait lors de sa thérapie. Il pouvait ne pas profiter de cette liberté mais elle lui était, en tout cas, offerte. Et aujourd'hui, à la prison de Mons (où il était incarcéré), on confirme que c'est bien Dutroux lui-même qui avait pris contact avec un thérapeute. Lorsqu'on parle de «désignation» d'un thérapeute : c'est donc tout relatif (du moins jusqu'en 1995) puisque c'est le détenu lui-même qui s'en chargeait. A l'époque, son choix avait été confirmé par la prison.

C'est ainsi qu'un neuropsychiatre bruxellois avait été choisi par Marc Dutroux. Aujourd'hui, le médecin en question a 82 ans. Il préfère ne pas commenter son travail avec le pédophile.
Bien sûr, il est couvert par le secret professionnel. Sur sa « désignation » et le type de tâche qu'il avait à accomplir avec son patient aussi, il reste discret. Avait-il une connaissance particulière de la pathologie des pédophiles et avait-il déjà eu des cas semblables à traiter? « En 60 ans de carrière, dit-il, je ne m'étais jamais occupé de pédophiles, mais vous pensez bien que j'avais l'expérience d'autres déviants sexuels. » Il n'en dira pas plus.

Actuellement, ce n'est plus le détenu qui choisit son thérapeute. Les unités d'orientation et e traitement (UOT) ont été introduites dans le circuit et possèdent une autorité d'avis. Toutefois, comme les moyens font encore fortement défaut, M. Gazan, directeur du CRASC (Centre de recherche et d'action sexo-criminologie), fait remarquer qu'il est encore courant que des pédophiles, sous divers prétextes, demandent à être traités par tel médecin plutôt que par tel autre. Dès lors, sans doute est-il injuste d'incriminer les psychologues et neuropsychiatres; une fois de plus, c'est le fonctionnement du système et toutes ses lacunes qui sont à dénoncer.

Pascale Séféridis
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A lire en famille

«La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 11

Nos yeux sont tous braqués sur la violence inouïe de Dutroux. Mais les agissements d'un pédophile « Banal » sont beaucoup plus insidieux, au point que des parents se laissent berner, pendant des années parfois, par un «ami de la famille ».

Contre ce risque-là au moins, on peut, on doit tenter de prémunir les enfants. D'abord en se souvenant que les gosses fragiles, isolés, manquant de confiance en eux sont des proies faciles pour les pédophiles.

Ensuite, en instruisant les enfants. Mais attention, prévient Monique Meyfroet, il faut prendre garde à ne pas mettre la responsabilité sur leurs épaules.
« Toutes les campagnes récentes visent à apprendre aux enfants à dire non », remarque-t-elle. Informer les enfants, c'est très bien, mais ils ne faut pas leur donner l'illusion qu'ils pourront toujours se défendre tout seuls des entreprises d'un adulte. »

Tout ce débat actuel sur l'information des enfants me rappelle les discussions sur l'éducation sexuelle il y a une vingtaine d'années. Certains croyaient que pour répondre à un enfant qui demandait comment on fait les bébés, on pouvait se contenter de lui donner un livre...

Il fera mener une réflexion avec l'enfant, dans un cadre sécurisant. » Les livres et vidéos sur la pédophilie doivent toujours faire l'objet d'un accompagnement et surtout d'une écoute attentive de l'enfant. Quelques références:

Câlinou. Inspiré de « Mon corps m'appartient » réalisé au Canada, ce document vidéo belge destiné aux enfants de 6 à 10 ans sert de hase à des animations organisées par SOS Enfants dans les écoles. II a déjà été diffusé par la RTBf et est disponible dans les médiathèques.

Mimi Fleur de cactus. Un mini livre de Marie-France Botte très joliment illustré par Pascal Lemaître. Éditions La Longue Vue.

Mîssîng Chiidren a édité il y a trois ans une BD traitant spécifiquement des enlèvements.
Chacune des quatorze planches décrit une situation à risque et conseille le meilleur comportement à adopter.

C.T.
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Nos lecteurs veulent réagirent

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 11

TOUT le pays est écoeuré par les horribles faits de ces derniers jours.

Et nombreux sont nos lecteurs qui veulent faire quelque chose, réagir.
Certains signent la pétition de l'asbl Marc et Corine en faveur de l'incompressibilité des peines
(dont nous avons publié le formulaire dans nos éditions de lundi). D'autres nous téléphonent ou nous écrivent. Nous allons ouvrir nos colonnes à ces réactions, à condition qu'elles soient écrites et signées.
Vu l'abondance du courrier que nous recevons déjà, nous nous permettrons de ne reprendre que les passages les plus significatifs afin de pouvoir en publier le plus possible.


Pierre Legrand, d'Ougrée:
Ne pourrait-on envisager, par l'intermédiaire de votre journal, de suggérer à tous les grands parents, les oncles et les tantes, les connaissances d'enfants, d'arborer, un jour déterminé, un crêpe noir sur leur véhicule et de mettre le drapeau national en berne sur les façades des immeubles! Ce serait !à, j'en suis sûr, un vaste mouvement qui, s'il ne consolerait pas les infortunés parents, au moins leur montrerait que la nation belge partage leur peine.

Mme George, de Liège:
Les gens bouillonnent, un journal comme le vôtre peut aider à faire ou canaliser les pétitions pour faire enfin bouger nos ministres. Si on touchait à leurs enfants, alors peut-être réagiraient ils plus vite.
P.S.: J'oubliais de féliciter les policiers et témoins de Bertrix, gui ont intelligemment mené à bien cette douloureuse enquête depuis quinze jours

Mme Paenhuys, des Awirs:
Il ne faut plus jamais que ça arrive.

David Mecs : d'Ougrée:
Vous, parents de Julie et Mélissa, j'aimerais rendre hommage à votre courage et vous dire que toute la Belgique est avec vous et que votre combat sera le nôtre. Il faut absolument changer le système judiciaire pourri afin que Julie et Melissa ne soient pas parties pour rien.

A. Kinnen, de Liège:
Nous sommes tous horrifiés par ce gui vient de se passer, mais sans la présence d'esprit de ce gamin anonyme, on n'ose penser au nombre d'enlèvements et de morts probables qu'il y aurait encore eu.

Une mère de famille:
Plus jamais ça dans aucun pays. On ne doit pas tolérer que des enfants innocents soient salis par des gens qui ne contrôlent pas leurs instincts. Je crois que tout le pays demande à la justice de changer la loi.

André Contor, de Chênée:
«Je crois qu'il est du devoir de chaque Belge de prendre conscience de la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons. Il faut que tous ensemble nous mettions fin à ce drame.
Mais, fallait-il vraiment libérer Marc Dutroux, récidiviste, déjà condamné pour des faits semblables? Il faut que la peine de mort soit rétablie. Il faut organiser un référendum national pour ou contre !a peine de mort, avec application.

V. Naveau, d'Amay:
Nous sommes tous glacés d'horreur,la veille encore, nous participions aux activités de recherches des deux petites filles...
Face à une telle souffrance, nous devons interpeller la population encore et encore afin que la justice s'éveille enfin. C'est pourquoi nous avons mis sur pied une opération « CARTES POSTALES»: nous demandons aux gens des cartes postales avec leur signature, leur adresse et la mention «pour nos enfants. Ces cartes seront comptées, groupées et remises au ministre de la Justice afin d'appuyer des changements de lois, et ceci dans les plus brefs délais.

Danny Maitrejean, de Tileur:
A un ministre: Je suis moi-même père et grand-père, je ne sais pas si j'aurais eu la sérénité de ne pas crier révolte. J'admire le sang-froid des parents de Julie et Mélissa et les assure de mon plus profond soutien dans leur malheur. J'aime mieux être à ma place qu'à la vôtre car mes erreurs ne se sont pas lavées dans le sang des autres, réfléchissez-y deux fois, la prochaine fois qu'il vous viendra une idée aussi mauvaise que ce jour-là.

Un anonyme:
Je suis un homme qui a passé sa vie à éviter de subir les peines de prison et j'y suis arrivé presque sans effort. Mais je me demande bien pourquoi, puisque on en sort si facilement.

Frédérique Haulot, de Liège:
Comment croire encore dans la démocratie quand sa justice ne protège plus les plus fragiles?
Comment faire confiance à un système qui peut libérer 1, 10,100 Dutroux ? Dans quelle société voulons-nous faire grandir nos enfants? Voulons-nous d'une société qui se refuse, malgré les évidences, à se doter d'un système de peines incompressibles Certes NON! Je VEUX, pour tous les jeunes, une démocratie armée d'un système de protection efficace; une démocratie qui reconnaisse que la PEDOPHILIE existe, qu'elle TUE ou MUTILE à jamais.

René Tomasinu, de Seraing:
Comment peut-on accepter, ne serait-ce que l'idée que de pareils monstres comme les tortionnaires de Julie et Métissa aient encore droit à la vie; toutes les lois se changent; on peut très facilement créer une loi pour punir ces infanticides... J'ajoute que j'étais contre la peine de mort, mais mon opinion a changé en un seul jour; c'est définitif: PAS DE PITIÉ POUR LES DUTROUX ET CONSORTS, sinon d'autres prendront la relève.

Bernard Bausier, de Haneffe
La violence ici tant haïe et abominée est ailleurs tellement recherchée et aimée qu'on lui consacre les meilleures longues heures d'écoute et les plus grandes salles de cinéma. Aujourd'hui, qui ose encore défendre, sans avoir peur d'être complètement ridiculisé, des valeurs simples comme un peu de renoncement, une certaine pureté, les vertus d'un minimum d'effort? »

Alain Sermon, de Bressoux:
« A l'attention des parents de Julie et Mélissa: avec une très profonde douleur, je compatis à votre tristesse, et votre désespoir, ainsi qu'à votre chagrin. Avec vous je souffre, oui je souffre très fort. Je suis moi-même également père de trois enfants âgés de 16, 17 et 19 ans. J'ai même envoyé en Russie, à mes amis, des coupures de journaux, et des affiches... Tout cela ne peut plus arriver. Non, non, non !!!»

Muriel Deward, de Seraing:
Comme des milliers de Belges, je veux mais je ne peux soulager la douleur des parents de
Julie et Mélissa. Comme des milliers de Belges, par respect pour eux, je tente de conserver calme et dignité. Pourtant, comme des milliers de Belges, je suis révoltée. Comme des milliers de Belges, vous me forcez à brandir le drapeau de l'électeur perplexe.
Que les nuits éternelles de Julie et Mélissa leur soient douces. Et que leur douceur soit, par le soulèvement de toute une nation.

Un papa et une maman de trois enfants:
Battez-vous pour que cela ne se reproduise plus. N'hésitez pas à faire appel à moi et à ma famille pour vous soutenir dans cette épreuve et dans votre lutte contre et pour la justice. Puissent vos petites filles vivre dans un monde meilleur en sachant l'amour que vous leur porterez et la lutte acharnée que vous avez entreprise pour les retrouver et la bataille que vous menez pour eux et tous les autres enfants.

Les enquêteurs de retour à Jumet et à La Docherie


Les enquêteurs de retour à Jumet et à La Docherie

Des vêtements d'enfants retrouvés chez Weinstein?

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 10

Les recherches se poursuivent. Policiers et gendarmes sont loin de délaisser les maisons fréquentées par Dutroux. Ils sont retournés à La Docherie et à Jumet, chez Weinstein. Où ils auraient emporté une caisse avec des vêtements d'enfants.

Descente de police lundi soir à Jumet et plus particulièrement au 63 de la rue Daubresse. Jusqu'à 23 h 30, les enquêteurs ont investi la maison de Bernard Weinstein, le complice français de Dutroux.
« Ils ont alors mis des barrières Nadar et des scellés, nous explique une voisine. Ils auraient emporté une caisse avec, dit-on, des vêtements d'enfants. Avant, ils avaient emmené la vieille Volvo (NDLR: une épave de 740 grise) et la moto de Weinstein. »

Gendarmes et policiers sont revenus hier matin sur les lieux. Selon un voisin direct de l'ex-demeure de Weinstein, ils ont emporté un sac. « Ils l'ont mis dans le coffre de leur voiture, après l'avoir retournée, comme s'ils ne voulaient pas que l'on voie ce que c'était... »

«J'ai également reçu la visite d'un policier en civil de la brigade de Jumet ce matin, poursuit la voisine d'en face. Il est venu pour me poser des questions sur Weinstein. » Personne n'avait ençore pris la peine de le faire? « Non.. Même après l'histoire de la séquestration en novembre dernier. »
Rappelons qu'à l'époque, Bernard Weinstein et Marc Dutroux avaient séquestré trois adultes au domicile du Français. Ces trois individus étaient détenus parce qu'ils auraient « emprunté » des véhicules à Weinstein. Les forces de l'ordre avaient dû donner l'assaut, arrêtant Dutroux. Weinstein réussissant à s'enfuir.
A La Docherie
Marchienne-au-Pont, au 17 de la rue Destrée (La Docherie), des perquisitions se sont également déroulées lundi soir et hier matin jusqu'à midi. Les enquêteurs ont également emmené des sacs remplis d'objets saisis sur place.
Deux descentes avaient pourtant déjà eu lieu, dont une de nuit. « Ils sont peut-être passés à côté de certaines choses à ce moment-là », estime un voisin.
Avant les fouilles de lundi et de mardi, de nombreux objets étaient en tout cas encore sur place. Comme de nombreuses cassettes audio et, choses beaucoup plus personnelles, une carte d'inscription au Forem et une autre d'affiliation à la mutualité chrétienne.
C'est aussi dans cet immeuble que l'on avait découvert des caves aménagées par Dutroux, à la fois pervers sexuel et maniaque du béton. Ses sous-sols étaient peut-être destinés à devenir des geôles pour d'autres victimes.
A Mont-sur-Marchienne
A Mont-sur-Marchienne, à l'angle des rues Camille Desy et des Hayettes, « la BSR est revenue ce matin », explique un voisin du bloc de maisons constitué par les numéros 19 et 17 des Hayettes et 26 de Desy.
Là où la protection civile, à la demande des enquêteurs, avait, dimanche, littéralement retourné le jardin. « Mais cette fois, c'était dans la maison. Des camionnettes de gendarmerie sont passées plusieurs fois. Mais tous ces mouvements étaient peut-être pour constater des actes de vandalisme. Des gens sont venus jeter des pierres dans les vitres des maisons.
Et, malheureusement, certains curieux, avant de partir, font un drôle d'amalgame. Ils nous regardent, nous les voisins, et nous traitent d'assassins. Comme si on y pouvait quelque chose... »

Yvan Scoys
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Des pédophiles qui n’ont fait que passer à Lantin

Parmi les cas de libération conditionnelle, il y en a de tout récents

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 10

A Liège aussi, les pédophiles ne font pas long feu en prison. Ainsi, cette semaine, deux personnes condamnées pour pédophilie vont être libérées conditionnellement de la prison de Lantin.
Mais de telles libérations ne sont pas uniquement l'« oeuvre » de l'administration pénitentiaire du ministère de la Justice et donc du pouvoir exécutif.


Le pouvoir judiciaire, lui aussi, libère des pédophiles présumés. Les chambres du conseil et des mises en accusation libèrent, en effet, leur lot de personnes en détention préventive. Ainsi, toujours cette semaine et donc après les terribles événements que nous connaissons tous; titi pédophile présumé. (Il n'a pas encore été jugé) a été libéré par les magistrats.
Le gaillard se serait rendu coupable d'attouchements sur deux gamines de 11 et 12 ans. Les faits se seraient déroulés au mois de juin dernier. L'individu avait été arrêté le 20 juillet. Moins d'un mois après son incarcération, il a donc recouvré la liberté.

Le 5 mars 1996, Jean-Claude, un Liégeois de 21 ans, était condamné à quatre ans de prison dont un an ferme pour viol avec violence sur un mineur de moins de 10 ans, viol avec violence sur quatre mineurs âgés de dix à quatorze ans, attentat à la pudeur et outrage public aux moeurs. Il est entré en prison le 22 avril pour en ressortir deux mois et demi plus tard après avoir bénéficié d'une mise en liberté conditionnelle aux trois quarts de la peine.

« Trouvez-vous que justice ait été faite ? », nous écrit la maman d'une des cinq victimes.
Cinq garçons dont l'un avait été sodomisé, les autres ayant dû se livrer à des attouchements sur la personne de leur abuseur.
Dans ces familles déjà cassées, l'annonce de la libération du pédophile a provoqué un puissant sentiment de colère et de honte : « Deux mois et demi ! C'est presque comme s'il était blanchi.
C'est nous qui sommes salis, comme si les victimes étaient les coupables. »
Cette mère est désemparée et ne sait comment expliquer à son fils la légèreté de la peine
«Ces enfants connaissent déjà un sentiment de culpabilité. Il est encore renforcé. Mon fils ne veut plus voir le psychologue parce qu'il ne comprend pas que Jean-Claude en ait déjà fini avec la prison alors que lui doit toujours être suivi par les médecins. »

A cette blessure morale s'ajoute la crainte : « Pendant deux ans, nos enfants se sont tus parce qu'il les terrorisait. A l'époque, il était notre voisin, aujourd'hui, il habite à quelques kilomètres d'ici. Mais comment être sûr qu'ils ne se rencontreront pas? Ne serait-ce qu'à Liège. Des personnes m'ont dit qu'elles l'avaient vu aux fêtes du 15 août. » Sans commentaire !

Le gendarme dirigeait un réseau de pédophilie

Quant au gendarme limbourgeois arrêté en fé vrier dernier pour être à la tête d'un réseau de pédophilie à Bruxelles et aux Pays-Bas, il a été libéré le 16 juillet dernier.
Hedwig Huybrechts, gendarme à la brigade de Saint-Trond, considéré par ses collègues comme un « gendarme irréprochable», menait en réalité une double vie. Depuis l'automne dernier, il recrutait des mineurs d'âge d'origine ex-yougoslave et les photographiait dans des poses obscènes. Cela se passait généralement au parking de la GrandPlace à Bruxelles ou dans des hôtels du Brabant flamand. Il lui arrivait aussi de livrer ces enfants à des clients qui le payaient entre 4.000 et 7.000 F la passe. Les jeunes recevaient quant à eux une somme variant entre 500 et 1.000 F. Ils devaient cependant en ristourner une partie à un proxénète. Hedwig Huybrechts venait les chercher deux ou trois fois par semaine en voiture, dans des habitations proches de la place Flagey à Ixelles.
C'est donc à la tête d'une véritable organisation de prostitution enfantine que l'homme se trouvait. Il a même été pris en flagrant délit lors d'une scène de prise de photos dans le parking de la Grand-Place. Une cinquantaine de «clients» avaient été répertoriés. Hedwig Huybrechts a été libéré au mois de juillet.

Brutal, le curé...
Une des affaires de pédophilie qui a le plus marqué l'actualité judiciaire, et les esprits, ces dernières années, c'est sans aucun doute celle des pédophiles de Neupré mise au jour en 1990 et dans laquelle avait été impliqué notamment l'ex-curé de la paroisse de Kinkempois, Louis Dupont.

Au total, une vingtaine de personnes auraient constitué la clientèle de deux détraqués sexuels de la région liégeoise, Julien Davison, 59 ans, et Armand Lambri, 67 ans. Ils auraient ni plus ni moins abusé d'une douzaine d'enfants.
Parmi ces «clients» donc, figurait Louis Dupont, 71 ans à l'époque des faits.
Selon les enquêteurs, il aurait quant à lui violé entre cinq et huit fois une mineure d'âge confiée à la garde de son "comparse Julien Davison. Il devait ressortir des déclarations de la victime que le curé était le « plus brutal des visiteurs ».

En correctionnelle, sur 16 «clients» inculpés, seuls cinq furent condamnés à des peines légères.
En assises comparurent le 7 septembre 1992, outre Julien Davison et Louis Dupont, Armand Lambry et Yvan Fumagalli, ouvrier, de Chênée.
Ce dernier fut acquitté ; Julien Davison fut condamné aux travaux forcés à perpétuité, Lambry à 20 ans de travaux forcés, Louis Dupont à trois ans de prison avec sursis probatoire de cinq ans pour ce qui dépasse la préventive effectuée (donc six mois).
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Les pompiers de Liège sont indignés et le font entendre

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 10

C'est à grands coups de sirènes que les pompiers de Liège ont apporté leur soutien à la pétition demandant l'incompressibilité des peines. Mardi matin, l'ensemble des véhicules et des hommes en poste à la caserne Ransonnet ont parcouru diverses rues de la ville avant de venir stationner place Saint-Lambert, devant le palais de Justice.


Une justice que les hommes du feu remettent en cause autant comme citoyens qu'en tant que pompiers. « Comme la plupart des Belges, nous entendons montrer à nos responsables-irresponsables notre volonté de voir la justice rendue et donc voir la législation belge adopter un système d'incompressibilité des peines », annonce l'un des diables noirs, Jean Pirotte.
Sur leurs véhicules, les pompiers avaient accroché des banderoles sur lesquelles on pouvait lire :
« 6 viols = 3 ans: à qui profite le crime? », « Remise de peine = récidive » et encore : « Nous les sauvons, la justice les tue ».

Cette action de solidarité, les soldats du feu l'expliquent également par leur fonction. « Nous sommes choqués. Notre vocation est de sauver les gens et, à l'opposé, on constate que nos dirigeants laissent courir des personnes pour en tuer d'autres. Il semblerait que nous n'ayons pas les mêmes priorités », dit Jean Pirotte. Un autre pompier, Gérard Jour dan, précise : « M. Lejeune, le papa de la petite Julie, a travaillé à notre atelier de carrosserie. Tous les hommes qui sont ici le connaissent bien et veulent ainsi lui manifester un signe de soutien. »

Ce signe a pris la forme d'un signal sonore. Pendant une minute, à 10 heures précises, les sirènes ont retenti sur la place Saint-Lambert. « Normalement, d'autres pompiers de Belgique ont dû faire la même chose que nous au même .moment. Lorsque nous avons décidé de cette action spontanée, nous avons pris contact avec les corps de pompiers des autres villes pour leur proposer de participer. Je suppose que cela a été le cas. » C'est que les pompiers entendent maintenir la pression : « Si nos responsables pensent que nous agissons sous le coup de l'émotion et que dans quelques jours nous nous désintéresserons du problème, ils se trompent. Ce n'est pas au ministre de la Justice à décider de l'application ou non de l'incompressibilité des peines. Sa détermination à ne pas vouloir toucher à la loi Lejeune n'aura d'égal que notre détermination à la voir sinon abrogée, du moins modifiée. C'est dans ce sens que nous avons pris contact avec différentes corporations de façon à multiplier les actions de pression et à les poursuivre jusqu'à ce que les choses changent », annonce Gérard Jourdan.
Voilà qui a le mérite d'être exprimé haut et fort !

F.H.
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Des touristes morbides, près à tout pour voir le « trou »

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 10

Les habitants de Sars-la-Buissière, toujours sous le choc après la découverte des corps de Julie et Mélissa dans un terrain de la localité, sont partagés aujourd'hui entre la tristesse et la colère. Tristesse bien compréhensible après un drame d'une telle ampleur; colère de plus en plus difficilement contenue à l'égard des nombreux amateurs de «tourisme morbide ».
Lundi déjà, le bourgmestre Levacq lançait un appel à la décence, invitant les curieux à interrompre leur défilé autour de la propriété de Dutroux. Mais hier, dès le début de la matinée, il y avait déjà beaucoup d'animation sur les lieux : « Les gens investissent des jardins voisins pour approcher le plus possible du terrain, parce qu'il faut absolument voir « le trou » comme disent certains, nous confiait hier une personne excédée.
Pire encore, quand ils repartent, nous devons entendre les réflexions calomnieuses de ceux qui croient tout savoir. D'après eux, il est inconcevable que les habitants de Sars n'aient rien vu ni rien fait. Eux, à notre place, ils auraient tout compris et alerté la police. C'est si facile, une fois que tout a été découvert... »

Les bonnes initiatives
Heureusement, certaines bonnes initiatives font oublier le mauvais goût des autres.
Ainsi, depuis le week-end, les jeunes du village se mobilisent pour mener des actions de solidarité : suppression d'une manifestation sportive dimanche, gerbes pour les parents de Julie et Mélissa (une délégation se rendra d'ailleurs aux funérailles des fillettes jeudi) et enfin, organisation de deux soirées dansantes, ces vendredi et samedi, au profit intégral de l'ASBL Marc et Corine:
«Au départ, nous avons hésité à maintenir ces festivités, parce que les circonstances, vous le comprenez, ne s'y prêtent pas. Mais tout était quasiment prêt et nous avons pensé que ce serait l'occasion de faire un geste. Le bourgmestre nous a donc donné son accord.»
Les soirées débuteront à 21 heures, au terrain de football. Le prix d'entrée est fixé à 200 francs.

F.O.
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DERNIERE MINUTE

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 10

Marche en Famenne : marche silencieuse

Marche, on veut aussi marquer son soutien aux parents des enfants disparus.
Ce jeudi 22 août à l’initiative de la cellule locale de l'ASBL « Marc et Corine » une marche silencieuse sera organisée dans les rues de la ville. Le rendez-vous est fixé à 9 h à la gare.
Le cortège empruntera notamment la rue de Luxembourg, l'avenue de la Toison d'Or, la place aux Foires, la rue du Commerce et le boulevard du Nord.
Tout le monde se ressemblera ensuite sur la place de l'Église. Un moment de recueillement est prévu autour des photos des enfants disparus.
La pétition pour réclamer le durcissement des peines sera également disponible.

Tout le monde est bien sûr le bienvenu (renseignements: 084/31.33.18, Joseph Denis).
Parallèlement à cette action, les commerçants de l'association Cap sur Marche font circuler un tract bordé de crêpe noir avec ces quelques mots
« Ce jeudi, ayons une pensée pour Julie et Melissa; nous présentons nos sincères condoléances aux familles. »
Rectification
Nous avons écrit dans nos éditions d'hier que le propriétaire du chalet occupe par Casper Fller, 17, allée de l’ Air- Fur à Hastière, occupe le numéro 15 de la même rue. En fait, il s'agit du numéro 17

Volets baissés
M. Guillaume, président des commerçants du centre de Liège, nous signale que les , commerces fermeront leurs portes, ce jeudi de 9 à 12 heures, à l'occasion de l "enterrement de Julie et de Mélissa.
De même, certains commerçants d'Aywaille nous annoncent qu'ils feront de même.

Solidarité hospitalière

Opération « Solidarité », pendant toute une semaine dans quatre établissements hospitaliers privés de l'agglomération liégeoise (st Joseph, st Rosalie, Espérance et Bruyères) : hier, dans chaque composante du groupe, médecins et personnel au complet ont observé un arrêt de travail autorisé d'une demi-heure (entre 11 h et 11 h 30) en hommage à la mémoire des petites victimes. Des pédophiles et de pensée solidaire à leurs, parents. Leur motivation était particulièrement, la maman de Julie étant infirmière au quartier opératoire de l'Espérance,
Par ailleurs, la direction des 4 établissements a laissé au choix de toutes et de tous le port facultatif, jusqu'au 27 août, d'un crêpe noir à la boutonnière, tout en faisant passer, dans l'ensemble des services, des enveloppes de collecte. Les sommes ainsi collectées additionnées ensuite d'une contribution spéciale des cliniques seront remises à la famille Lejeune, « en solidarité avec les engagements financiers auxquels elle doit Faire Face ».



Des funérailles nationales


Des funérailles nationales

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 9

Elles auront lieu à la basilique Saint-Martin de Liège, jeudi à 11 heures
Elles seront retransmises sur RTL et la RTBF On attend près de 100.000 personnes


Si l'on excepte les funérailles du roi Baudouin, jamais depuis la guerre la Belgique n'aura vécu un deuil comme celui qui frappe actuellement notre pays. Car l'émotion suscitée par la mort atroce des deux fillettes touche chaque être humain, au plus profond de lui-même.
C'est pourquoi l'enterrement de Julie et Métissa sera un événement qui fera date dans notre histoire.

Un prêtre-ouvrier comme célébrant

Plutôt que la petite chapelle Saint-Léonard, voisine de leurs maisons de Grâce-Hollogne mais beaucoup trop exiguë, les parents ont donc choisi la basilique SaintMartin de Liège qui peut accueillir un millier de personnes. Ainsi, le public qui les a soutenus durant ces longs mois pourra également se recueillir. «Ils m'ont contacté lundi soir et j'ai tout de suite marqué mon accord, nous explique le doyen Goffinet.

La messe sera célébrée par un ami de la famille, le prêtre-ouvrier Gaston Schoonbroodt, ancien ouvrier de Cockerill et conducteur de bus, bien connu dans la région. Les détails de la célébration d'adieu seront fixés cet après-midi avec les parents. »

Mais bien sûr on attend bien davantage de monde à Liège demain. «Le chiffre de 100.000 personnes que vous citiez hier pourrait très bien être atteint, nous confie le commissaire de la police de Liège, M, Lovinfosse.

Des dizaines de milliers de personnes en tous cas sont attendues en provenance des quatre coins du pays, voire même de l'étranger.
C'est pourquoi tout le quartier entre Saint-Laurent et Sainte Marguerite sera bouclé dès 8 heures et la rue Saint-Laurent sera mise en sens unique vers le centre.
La TEC Liège-Verviers annonce également que des navettes gratuites seront organisées entre le funérarium de Grâce-Hollogne et la basilique Saint-Martin.
Un détail important: après la cérémonie, toutes les personnes présentes pourront venir s'incliner dans l'église devant les deux petits cercueils.

Les horaires

L'horaire des manifestations sera donc le suivant

• A 9 h 30 aura lieu une première levée des corps au funérarium Mestré, chaussée de Liège, 341 à Grâce-Hollogne. Il s'agira d'un moment privé que les familles demandent de respecter.

Les deux cercueils seront conduits vers la petite chapelle-Saint-Léonard située à Mons-lez-Liège, juste à côté du domicile des parents, là où les Lejeune et les Russo se recueilleront une demi-heure.

Ensuite, les deux corbillards reviendront au funérarium Mestré où aura lieu la levée officielle des corps pour le départ vers la basilique. Ils seront certainement suivis d'une dizaine d'autres véhicules funéraires portant les innombrables fleurs.

• A 10 h 30, le cortège empruntera la chaussée de Liège vers Montegnée, le plateau Saint-Gilles et la descente par la rue Saint-Laurent.

• A 11 heures auront lieu les funérailles en la basilique Saint-Martin. Les 1.000 premières personnes pourront assister à l'intérieur. A l'extérieur, il est possible que des écrans soient installés pour le public car la cérémonie sera entièrement retransmise sur nos deux chaînes de télévision RTBF et RTL-TVI. De même, les images seront fournies à l'Eurovision pour une diffusion européenne.
On attend également la presse de toute l'Europe à ces funérailles.

• A 12 heures, la fin de la célébration coïncidera avec la possibilité pour toutes les personnes présentes d'entrer dans l'église et de s'incliner devant les deux enfants. Cet hommage du public est prévu durant une heure, mais il pourrait très bien se prolonger davantage si la foule devait se chiffrer en dizaine de milliers de personnes.

• A 13 h 30 (voire plus tard), le cortège des corbillards repartira vers le Cadran et reprendra l'autoroute jusqu'à la sortie Flémalle pour se rendre au petit cimetière de Mons-lez-Liège. Ici aussi, les familles ont émis le souhait de pouvoir rester dans l'intimité pour l'inhumation.

Les deux petites filles reposeront alors côte à côte dans ce petit cimetière de la rue Pré Malieppe.

Les deux concessions ont été offertes par la commune de Flémalle.

Julie et Mélissa seront alors unies à jamais, tout près du domicile de leurs parents.


Luc Gochel


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Au funérarium, personne ne sait cacher ses larmes

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996

A Grâce-Hollogne, des milliers d'anonymes ont défilé devant les deux petits cercueils blancs

JAMAIS il ne nous a été donné de vivre une telle émotion. Parmi les milliers de personnes qui ont défilé au funérarium de Grâce-Hollogne depuis lundi après-midi, pas une n'a réussi à contenir ses larmes.
L'atmosphère est terriblement poignante. Un mélange de beauté pure et de candeur naïve émanent de ces deux petits cercueils blancs qui contrastent terriblement avec les détails sordides qui ont envahi les esprits depuis samedi.

Sur le premier cercueil, celui de Mélissa, une petite couronne de fleurs et cette inscription « A ma petite soeur. Grégory ».

Sur le petit cercueil de droite, celui de Julie, la même couronne et la mention « A ma soeur. Maxime ». Derrière, sur des porte couronnes, les énormes gerbes des parents : « A ma fille chérie. Papa et maman ».

Les gens serrent les mains des membres de la famille présente, s'inclinent ou lisent un petit message à voix haute :
« Ce n'est qu'un au revoir, Julie et Mélissa. Pas un adieu. »

Toutes les mamans pleurent à chaudes larmes, leurs plus petits enfants se demandent ce qui se passe, les plus grands pleurent aussi. Même les hommes, qui sont pourtant plus difficiles à émouvoir, ont les yeux mouillés et sortent leur mouchoir en s'éloignant quelque peu.
Aux entrées et aux sorties du funérarium, d'innombrables fleurs avec ces inscriptions : « La boulangère de Julie », « Les amis du travail de Ferblatil », « Les paroissiens de Neupré », « Cockerill-Sambre », « Les ambulanciers de Liège et environs », « Les postiers d'Aywaille », « Les marcheurs d'Esneux », « A ma grande chérie. Mamy et Bon-papa », « La commune de Flémalle », « La Croix-Rouge d'Ans », « Les cousins et cousines de Mélissa », « L'école communale de la rue des Champs »...

Mais outre les nombreuses autres associations, clubs sportifs, ministères et autres hommes politiques (Robert Collignon), il y a aussi ces multiples initiatives de quartier comme « La rue Johannès et Pansy » ou d'autres rues encore qui supposent évidemment une collecte réalisée en porte à porte pour prouver sa communion avec la douleur des parents.

« Lundi soir, nous avons fermé à 23 heures », explique Mme Mestré, qui en 50 ans de carrière au funérarium n'a jamais connu cela. Et ce matin, il y avait déjà des gens à 7 h 30 alors que les mamans avaient demandé de n'ouvrir qu'à 9 heures. Cela n'a pas arrêté de défiler et cela continuera encore aujourd'hui. »

Les gens viennent de partout. De Bruxelles, de Mons, de Binche, mais aussi de l'étranger. On a vu des plaques allemandes, françaises et même danoises. Les ambulanciers de Liège et environs ont décidé de se relayer pour assurer la sécurité car la chaleur est accablante. Ils sont très vite tombés à court d'eau à distribuer. La protection civile de Kemexhe est venue rapporter 400 litres en berlingots. Les ambulanciers effectueront également les déplacements gratuitement en cas de problèmes.

Une mer de fleurs

A deux kilomètres de là, au domicile des Russo, rue Diérain Patar, on compte aussi de nombreux visiteurs. Des employés de la maison Mestré invitent les gens à se rendre plutôt au funérarium et à ne point troubler les parents de Julie et Mélissa. Ils en ont bien besoin.

Mais sur la pelouse qui borde la maison, ce n'est qu'une mer de fleurs, anonymes la plupart du temps, ou accompagnées d'une simple carte de visite avec les mots « Courage », « Sincères condoléances », « Nous pensons très fort à vous »...

Ce qui frappe surtout, ce sont les dizaines de petites peluches apportées par les enfants, bien souvent des copains de classe ou de jeux des deux fillettes. Des petits ours, des lapins, des Mickey, des Minnie, symboles d'une enfance à jamais arrêtée.

Rien ne sera plus jamais comme avant pour tous les petits amis de Julie et Mélissa.

Luc Gochel

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En signe de deuil

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 9


Toutes les cloches du Royaume sonneront jeudi, à 11 heures, durant cinq minutes

Pour souligner le deuil de toute une population, les initiatives en tous genres ont surgi un peu partout. Crêpes noirs aux voitures, affiches sur les maisons, offre spontanée de pétitions, bougies aux fenêtres...

De leur côté, La Meuse-La Lanterne et La Nouvelle Gazette-La Province ont proposé un moment de recueillement qui toucherait tous les Belges à l'heure des funérailles. Mais pour ce faire, il fallait que tout le monde le débute et le termine en même temps.
D'où l'idée de demander la collaboration des clochers d'église pour fixer le début et la fin de ce moment de recueillement.

Nous avons pris contact avec le vicaire épiscopal de l'évêché de Liège, Raphaël Collinet, qui a tout de suite adhéré à cette idée. Il a pris contact avec toutes les paroisses de son évêché et a obtenu l'accord de tous les curés.
Voici le texte de son communiqué:

« Les funérailles de Julie et Mélissa seront célébrées ce jeudi en la basilique Saint-Martin de Liège. A cette occasion, au début de la cérémonie à 11 heures, les cloches de toutesles églises de la ville sonneront pour rappeler la souffrance endurée par deux enfants, pour appeler la population à faire un moment de silence, pour partager la douleur des parents, et les soutenir, pour appeler sur eux, en cette épreuve incompréhensible, le secours de Dieu et la présence de son Christ, et pour leur redire toute notre affection. »

Le vicaire épiscopal nous autorise à demander à tous les clochers du royaume de faire de même.
Jeudi à 11 heures, durant cinq minutes, nous proposerons donc à tout le monde de s'arrêter durant cinq minutes et de penser au calvaire qu'ont enduré ces deux petites filles: Julie et Mélissa.

L.G.
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Message royal aux parents des victimes des pédophiles

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 9

Le palais royal a publié mardi en début d'après-midi un communiqué faisant part de la profonde émotion du Roi et de la Reine à la suite des enlèvements et des décès d'enfants qui ont bouleversé le pays ces derniers jours.

Voici le texte intégral de ce communiqué:

Le Roi et la Reine ont été consternés et profondément émus en apprenant les développements récents dans le cadre des enlèvements et, dans ces moments particulièrement pénibles, se sentent très proches des familles des victimes.

Dès qu'ont été connues les circonstances dramatiques des décès de Julie et Mélissa, les Souverains ont exprimé à leurs parents leurs condoléances et leur plus profonde sympathie.
Le Roi et la Reine ont, d'autre part, exprimé leur satisfaction aux parents de Laetitia et de Sabine suite à la libération de leurs filles, ils espèrent qu'à présent elles trouveront la force de surmonter !e pénible cauchemar qu'elles ont vécu.
Les Souverains, qui ont toujours accordé une attention particulière à la problématique de la traite d'êtres humains et des abus commis sur des mineurs d'âge, continuent de suivre de très près ces dossiers d'enlèvements et ont demandé au ministre de !a Justice de les tenir en permanence informés de l'évolution de ces dossiers.
Le Roi et la Reine espèrent que très rapidement toute la clarté sera faite sur tous les aspects entourant ces enlèvements. Dans ce contexte, ils pensent particulièrement aux parents d'Ann et Eefje ainsi qu'aux parents des autres enfants, qui vivent encore dans l'angoissante attente de nouvelles quant au sort de leurs enfants, conclut le communiqué du Palais royal.


Halte à la rumeur !


Halte à la rumeur !

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 8

Le procureur dément qu'on ait retrouvé Eefje.
Mais Interpol confirme qu'une piste tchèque est suivie

Toute la journée de mardi, les rumeurs se sont amplifiées sur la libération intervenue en Slovénie (ex-Yougoslavie) d'Eefje. Il n’en était rien.

Hier soir, le procureur du Roi de Neufchâteau Michel Bourlet a voulu faire une mise au point.
« Nous n'avons actuellement rien de précis concernant l'endroit où se trouveraient Ann et Eefje. Et le demande d'ailleurs aux médias et à Interpol de garder leur calme. Les contacts sont pris tous azimuts, toutes les pistes possibles et imaginables sont exploitées. Mais je le répète, je ne veux pas donner de faux espoirs aux parents des deux jeunes Flamandes. »

Le procureur du Roi s'est ensuite attache a donner des détails sur la manière dont va être menée l'enquête. Tout d'abord, la, chambre du conseil de Liège saisira le juge d'insruction liégeois Martine Doutrewe du dossier de Julie et Mélissa. Le parquet de Bruges fera de même pour Ann et efje, ainsi que le parquet de Tournai pour Sabine Dardenne.

Tout sera alors centralisé à Neufchâteau qui recevra pour cela en renfort une trentaine de gendarmes. Le ministre de la justice, Stefaan De Clerck, était apres-midi à Neufchâteau pour confirmer son appui total aux enquêteurs, pour leur promettre les moyens humains e en matériel, notamment les appareils ultra-sophistiques (lui ont été utilisés en Grande- Bretagne pour fouiller la maison des West à Gloucester. «Je ne dis pas que nous recherchons quelque chose de bien précis dans toutes les langues de Dutroux », a ajouté Michel Bourlet. « Mais grâce a cela, nous trouverons tout ce qu'il sera possible de trouver.

Le juge Connerotte sera aussi décharge de ses autres dossiers (hormis l'attentat du GIA à Bastogne) pour se consacrer entièrement a cette affaire.
Pour terminer, le procureur du Roi a rendu hommage aux familles de Julie et Mélissa:

« Tout le monde, y compris la population carcérale, doit prendre exemple aujourd'hui sur l'admirable dignité dont font preuve les familles des victimes, et en particulier les familles des deux petites liégeoises depuis 1995 »

Bien que Michel Bourlet ait affirmé qu'on ne disposait pas de renseignements précis sur l'endroit ou se trouveraient Ann et Eefje, il n'en demeure pas moins qu'une piste tchèque est envisagée.
La police tchèque recherche depuis la fin 1995 les deux adolescentes belges, selon le vice directeur d'interpol à Prague, Vratislav Gregr. Un ordre de recherche a été lancé par la police criminelle de Prague qui a communiqué a tous es commissariats du pays la description des deux disparues, âgées et 17 et 19 ans à l’époque du rapt.
Les deux filles sont majeures, a ajouté M. Gregr. Si elles ont leurs passeports en règle et ne sont pas suspectes d'activités criminelles, elles peuvent circuler en toute liberté dans le pays et nous ne pouvons pas les contraindre à rentrer chez elles ».

Des informations qui ont filtré en Belgique ont fait état de l'existence d'un réseau de pédophiles structuré disposant de connexions à l'étranger, surtout en Allemagne et en république tchèque. M.Gregr a admis l'existence de réseaux de pédophilie en République tchèque.
Le 23 février, un Allemand, Gerd Peters (52 ans), a été condamné à quatre ans et demi de prison pour avoir réalisé des films et des photos pornographiques montrant des fillettes tchèques.

Bémol

Mais il a lieu de nuancer ces propos. En effet, le directeur d’Interpol à Prague, Frantisek Zelenicky, soit le supérieur de M. Gré r, a déclaré que la justice belge avait avancé «sans preuves» l'hypothèse de la piste tchèque.

« Un certain juge de Belgique a, sur la base indices non confirmés et sans preuves, jugé que les deux jeunes elles enlevées se trouveraient en République tchèque dans un réseau de prostitution », a déclaré M. Zelenicky.
Il a toutefois confirmé qu'Interpol à Prague avait reçu e 16 janvier 1996 une demande officielle de la police belge pour l'aider à retrouver Ann et Eefje, «sans aucune précision sur leur éventuelle implication dans un réseau de prostitution ».
«Aucune demande ou précision complémentaire de la part des organismes belges ne nous a été fournie au cours des huit mois écoulés», a ajouté M. Zelenicky.

La police tchèque ne disposait donc pas d'éléments suffisants pour poursuivre ses investigations.
Le bureau d'Interpol à Prague a demandé mardi à son homologue à Bruxelles une synthèse des éléments dont disposent les enquêteurs belges afin de prendre les mesures nécessaires pour relancer les recherches.

A.D. (avec Belga et AFP)


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Nous gardons confiance en la justice

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 8

A Hasselt, encore une journée placée sous le signe de l'espoir et de l'attente. Hier en fin d'après-midi, les parents d'Ann Marchai ont reçu la visite à domicile du ministre de la Justice, Stefaan De Clerck. Arrivé en direct de Neufchâteau, il était accompagné de son attaché de cabinet, Cédric Visart de Bocarme. Cette visite privée très attendue a duré une bonne heure en tête à tête.

Vers 18 heures, le ministre De Clerck s'est brièvement expliqué sur cette nouvelle rencontre. « Une relation directe s'est établie entre les parents d'Ann et le procureur du Roi de Neufchâteau. Je ne veux en aucun cas m'immiscer entre eux. L'enquête est tellement engagée qu'il faut tout mettre en oeuvre pour la mener à bien. Tout va être respecté. A Neufchâteau, j'ai rencontré les substituts, les juges d'instruction, toutes les parties concernées. Je peux donc confirmer le travail remarquable qui est en cours et les moyens optimaux mis en oeuvre. Il faut encore un peu de sérénité. »

Quant à savoir si la piste à l'étranger était la bonne, le ministre s'est contenté de répondre : « J'ai seulement entendu parler de ce problème. Je n'ai pas d'indication supplémentaire. C'est une énorme affaire. Cela va prendre encore du temps. Et jeudi, je m'apprête à répondre aux interpellations. »

Soudés et solidaires, Paul et Betty Marchal gardent le sourire. « Oui, je me sens plus rassuré et je reste, bien sûr, optimiste. J'avais des questions précises sur l'hypnose et la lenteur de l'enquête. Il a absolument accepté toutes nos critiques. »

Pour Betty, c'était une « visite de politesse et un vrai dialogue ». Et de poursuivre d'emblée: «Évidemment, nous lui avons demandé s'il avait des nouvelles concernant nos filles. Il ne nous a rien dit car c'est le rôle du procureur du Roi. Nous gardons confiance en la justice.
Nous avons aussi bien sûr parlé de Julie et de Mélissa, de la douleur des deux familles. »

Pour l'avenir, Paul Marchal a confie une liste des prochains spectacles que le mage Rostelli donnera en Belgique dès octobre. Des shows d'hypnose interdits par la loi, « même si Rostelli parle de suggestion. A cause de ce spectacle d'hypnose, elles ont été des proies plus faciles pour Dutroux et ses complices. »
Ce soir encore, le procureur du Roi les appelle. «A l'intérieur, je me sens très impatient. Mais il faut rester solide!»

Eefje voulait travailler dans la pub
Le ministre a sauté ensuite dans sa voiture, direction Kuringen et le domicile de la famille d'Eefje Lambrecks, à quelques minutes de là. Paul Lambrecks est un homme plus discret. « On a chacun son attitude et son caractère. Et chacun pense ce qu'il veut. »
Comment vit-il depuis un an? « Tout simplement comme un père qui a perdu sa fille... Eefje voulait travailler dans le milieu de la publicité mais elle n'était pas encore très sûre. Elle a un frère de 14ans. Je suis divorcé de sa mère mais Eefje venait quand elle voulait chez l'un ou chez l'autre. Elle était libre d'aller chez qui elle le souhaitait. »
Depuis la disparition de sa fille, la maman a affronté aussi durement les pressions et vécu cette terrible détresse.

Jusqu'à l'arrivée du ministre, Paul et Betty Marchal n'ont pas cessé d'enchaîner les interviews, toujours avec le sourire. Cette fois, place aux chaînes norvégiennes, suisses, italiennes, américaines (CNN)... Ils ont juste pris le temps de grignoter sur le pouce. « Il a promis hier au médecin de ne pas oublier de se nourrir!» le sermonne gentiment son épouse attentive. A Noël dernier, les Marchal ont perdu l'un des précieux membres de leur famille. Le grand-père de Ann, qui l'adorait, est mort de chagrin.

Caroline Geskens


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Libéré, Casper Flier, le Hollandais, s'explique

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 8

CASPER Flier, ce Hollandais de 56 ans domicilié à Schaerbeek mais résidant à Hastière dans un chalet, 17, allée de l'Air-Pur, a été remis en liberté après avoir été interpellé durant plusieurs heures ce lundi (nos éditions d'hier). Le quinquagénaire, qui prétend n'être en rien impliqué dans les faits reprochés à Jean-Michel Nihoul et à ses codétenus, n'a pas été inculpé par le juge d'instruction Connerotte.

Interpellé lundi vers 10 h, après qu'il se fut présenté à la brigade nationale de la PJ, il a été entendu, notamment à propos de ses relations avec Jean-Michel Nihoul, l'ex-avocate Annie Bouty et Michel Lelièvre. «Je leur avais dit (aux policiers) que j'allais leur dire tout ce que je sais sur Lelièvre », nous a-t-il dit hier.

« J'ai effectivement rencontré Lelièvre à la prison de Forest, en 1993, explique-t-il. A l'époque, j'étais détenu comme lui. En prison, j'ai joué le rôle d'assistant social, j'écrivais pour des codétenus leur demande de grâce. C'est comme cela que j'ai rencontré Lelièvre. Quand je suis sorti de prison, j'ai tenu une pompe à essence et Lelièvre y a travaillé avec moi. Je l'ai vu sortir avec des jeunes, mais tout à fait normalement. ils étaient ni plus jeunes, ni plus âgés que lui. »
Quant à Annie Bouty, poursuit-il, je l'ai rencontrée en 1984, comme avocate. Nous sommes restés amis. Puis je suis tombé amoureux d'elle... »

C'est à la même période que Casper Flier va rencontrer Jean-Michel Nihoul.
«Je voulais effectuer une importante transaction industrielle. Nihoul était un public relations qui connaissait beaucoup de monde. C'était un très beau parleur. Ce monsieur, qui connaissait beaucoup de blagues, avait d'ailleurs une conversation agréable : mais il ne fallait pas que cela dure plus d'une heure. »
Casper Flier précise que les policiers ont été tout à fait corrects avec lui et très diligents.


Ph.C.


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Une autre bévue dans l’enquête de Julie et Mélissa

« La Meuse » du mercredi 21 août 1996 page 8

Un rapport antérieur au rapt des deux fillettes faisait apparaître que Dutroux aménageait sa maison pour y recevoir des enfants

Hier, notre journal divulguait les détails d'une étrange erreur dans l'enquête concernant la disparition de Julie et Mélissa.

Pour rappel, un détenu de Louvain avait affirmé peu après l'enlèvement des deux fillettes (le 15 juillet 1995 très exactement) avoir vu des photos de Mélissa dans des documents de pornographie enfantine et avait proposé d'en dire beaucoup plus sur Dutroux (la photo) en échange de sa libération, un marché qui lui avait été refusé par le parquet de Louvain.
Aujourd'hui, ce dernier a tenu à réagir en affirmant simplement que ce détenu n'avait qu'une chose en tête : « se rendre intéressant I». Un peu court comme explication.

Mais voici que la polémique sur la manière dont a été menée l'enquête est à nouveau relancée par les divulgations d'un rapport de police, hier sur RTL TVI. Ce rapport, dont la source précise n'a pas été divulguée, fait état d'une des perquisitions menées dans une des maisons de Marc Dutroux, peu avant la disparition de Julie et Mélissa. Il indiquerait clairement des activités plus que suspectes de Marc Dutroux.

Plaintes d'enfants

Ce rapport explique les aménagements effectués ou du moins entamés par Dutroux dans la cave de sa maison et qui étaient destinés, selon le rapport, à «loger» des enfants. Ce même rapport, qui aurait été transmis ensuite à des policiers de Grâce-Hollogne, établit qu'au moment de la perquisition, aucune trace de présence d'enfants n'a été décelée, mais que les travaux n'en étaient qu'à leurs débuts.

Pour sa part, l'avocat des familles Russo et Lejeune, Victor Hissel a déclaré à RTL-TVi que selon ses informations, mais pas encore confirmées officiellement, les enquêteurs chargés de la 3 ème perquisition, en décembre 1995 dans le cadre d'une affaire de vols de véhicules, auraient entendu des «plaintes d'enfants » mais n'y auraient pas prêté attention, puisque le but de la perquisition visait un autre dossier. Étrange, une fois de plus !

Pour rappel, lundi après-midi, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck avait annoncé à la presse avoir demandé à Mm Anne Thily, procureur général de Liège, de lui faire rapport sur la manière dont l'enquête et sa série de devoirs ont été menées pour le dossier de la disparition de Julie et Mélissa.

Ann et Eefje : Un Espoir


Ann et Eefje : Un Espoir

« UnE » du journal «La Meuse» du mercredi 21 août 1996


Les enquêteurs de Neufchâteau croient que la piste des pays de l’Est pourrait être la bonne.

Les deux disparue de Hasselt y sont peut être vivantes,en Slovénie où en Tchéquie




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Où que nous soyons, arrêtons nous un moment, et recueillons nous

« UnE » du journal «La Meuse» du mercredi 21 août 1996

Demain, 11 h, à l'instant où, en la basilique St Martin à Liège, commencera la messe des funérailles de Julie et de Mélissa, les cloches de toutes les églises sonneront durant cinq minutes.

Ce sera, pour chacun d'entre nous, une manière de nous rappeler la souffrance des petites filles, de partager la douleur des parents, de leur dire notre affection et d'« appeler sur eux», comme le dit un communiqué de l'Evêché de Liège à l'intention des croyants, « en cette épreuve incompréhensible, le secours de Dieu et la présence de son Christ».

D'autres manifestations de solidarité auront lieu: volets baissés, sirènes, crêpe noir, bougies aux fenêtres.



- A Grâce-Hollogne, au milieu d'une mer de fleurs, des dizaines de petites peluches apportées par des enfants

-Les perquisitions continuent dans la région de Charleroi

- A Neufchâteau, le ministre de la Justice suit de près les enquêtes

-La mère de Dutroux: «Ce qu'il a fait est monstrueux»

-Le message de nos Souverains

- A Liège, ces derniers temps encore, des pédophiles condamnés sont libérés anticipativement.

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