jeudi 17 juillet 2008

Nos lecteurs réagissent('Meuse'samedi 24 août 1996 pg13)


Nos lecteurs réagissent

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 13

Nous publierons chaque jour des extraits des nombreuses lettres signées que nous recevrons

TOUT le pays est écoeuré par les horribles faits de ces derniers jours. Et nombreux sont nos lecteurs qui veulent faire quelque chose, réagir.
Certains signent la pétition de l'a.s.b.l. Marc et Corine en faveur de l'incompressibilité des peines (dont nous avons publié le formulaire dans nos éditions de lundi). D'autres nous téléphonent ou nous écrivent. Nous ouvrons nos colonnes à ces réactions, à condition qu'elles soient écrites et signées.
Vu l'abondance du courrier, nous nous permettrons de ne reprendre que les passages les plus significatifs afin de pouvoir en publier le plus possible.

A Dekoster, de Chênée:
« Deux anges sont tombés. De l'amour à la férocité. Des lèvres maternelles. Aux fantasmes bien réels. De monstres incarnates. Tels, jadis, les esprits des Carpates. Qui s'abreuvaient du sang de nos enfants. Deux anges sont tombés. Que leur chute ne soit pas vaine. Et que le temps soit propice à calmer la haine et à chasser le vice. Deux anges sont tombés. Pour mieux se relever et dispenser à travers le temps un message d'espoir à tous les enfants ».

J.-L. Delbug, de Liège
«J'estime que la douleur doit être secrète et muette. Pourquoi cette médiatisation, des funérailles ? C'est du show voyeurisme morbide de mauvais goût. Qui incite les parents à déraper de la sorte ? RTL

Jacqueline Spitaels, de Mellet
La justice actuelle est beaucoup trop indulgente. Les condamnés sont blanchis et nourris aux frais de la société. Parfois, ils sont récupérables mais quelle révolte et quelle indignation de devoir payer pour des violeurs et tueurs d'enfants! J'espère que notre gouvernement va prendre de nouvelles mesures disciplinaires afin de punir réellement et non à la rigolade tous ces malfrats ».

Mme Bernard, de Vielsam
Remettre la peine de mort, ce serait revenir à de la barbarie ? Et eux monsieur, je vous le demande, ne sont-ils pas des barbares pour faire ce qu'ils ont fait? Toutes les peines de mort ne sont pas bien sûr à suivre mais celle de pauvres petits innocents à qui l'on a pris la vie, ceux-là pas de pitié. Pourquoi ne pas faire un référendum à ce sujet. Il n'y a que chez nous que le citoyen n'a pas droit à la parole, sauf pour aller voter ».

Emile Carpentier, de Jupille
Quelques personnalités manifestent leur opposition à la peine de mort et aux peines incompressibles. Pourquoi faudrait-il tenir compte de pareils avis minoritaires? Pour eux ça ne servirait à rien. Comment peut-on préjuger d'une chose qui n'a pas encore été et encore moins appliquée ? Messieurs les politiciens, vous êtes censés représenter la voix de la nation, et que veut le peuple de cette nation: le peuple ne réclame pas la peine de mort pour des cas particulièrement odieux comme l'assassinat exécuté dans des conditions horribles, qui nous font frémir et frissonner, commis sur des enfants par des pédophiles et autres monstres de même accabit ».

Hermann Colonerus, de Baelen:
On dit que la pédophilie est une maladie. Moi je n'y crois pas, c'est une belle excuse, et pars là on commence déjà à les protéger. P.S.: Il y a bien des Palais de Justice... mais la justice ? ?

Mme Charlier Catoul, de Grâce-Hollogne
Je voudrais faire savoir que je compatis à votre douleur, étant moi-même maman de trois enfants et de surcroît grand mère, mais étant handicapée, il m'est très difficile de faire la file pour rendre hommage à vos enfants, je le fais donc à ma manière: j'ai posé des rubans noirs à ma fenêtre et j'en ai distribué à ma famille afin qu'ils fassent pareil. Je sais que cela ne servira pas à grand-chose, mais enfin, et surtout je prie pour Julie et Mélissa ainsi que pour tous les enfants qui ont vécu ce que vos enfants ont vécu ».

Georges Rolet, de Hématie:
Pour les familles, maintenant tout est fini... Tout est fini, ne reste que 30 ou 40 ans de chagrin. Nous les adultes, avons tous du sang sur les mains... certains plus que d'autres. Les enfants l'ont dans les yeux 1... Le courage d'un père, d'une mère, me fait quand même espérer

E.N., de Remicourt
Les grands avocats aux honoraires trop élevés, pour nous, pour moi, petite chômeuse, vont se faire une publicité en or de défendre ces bêtes immondes. Je sais que chaque homme à droit à son avocat mais Julie et Mélissa n'avaient personne à côté d'elles pour les défendre, quand il en abusait».

Mme Somers, de Liège
Jamais je n'ai ressenti de déchirement si terrible ni de hurlement d'horreur aussi fort à l'intérieur de moi-même. L'horrible deuil des parents de ces petites victimes ne doit pas aboutir à un « désert » mais à un remaniement total et radical des solutions qui devront être trouvées et appliquées face à ce fléau ! Replaçons tous nos enfants dans leurs vraies dimensions qui sont celles de la vie et non celles de la mort ».

R. Dobikrowski, de Liège
Il est évident qu'on vit maintenant dans le système de démocratie dépassée où les anciens privilèges de la liberté du citoyen sont remplacés par l'anarchie morale et institutionnelle du pays auparavant bien unifié ».

Roger Dolmé, de Liège
Dans les cas où la mort (NDLR :des jeunes filles) ne tiens qu'à des aveux, le penthotal est très efficace, si la justice l'avait utilisée, on saurait où se trouve les deux adolescentes An et Efje, et leur calvaire serait déjà terminé».

Daniel Coppée, de Liège
« Un petit mot sur la justice; je n'ai jamais eu très confiance en elle car elle protège les gens qu'elle veut bien; vous savez, si les enfants de Dehaene avaient été kidnappés, e crois que pendant la perquisition chez Dutroux, on aurait fait attention aux cris des petites filles ».

L. Rosso, de Liège
«A quarante ans, ma femme m'offre le plus beau des cadeaux. Un enfant! A Noël, je serais papa pour la première fois, et pour la première fois de ma vie, j'ai peur... de l'avenir!

André Baggen, de Liège
Comme de nombreux Belges, je tiens à présenter mes condoléances aux parents (si courageux) de Julie et Métissa, mon soutien aux autres parents et enfants qui vivent toujours dans l'angoisse et l'incertitude et mon admiration pour le travail accompli par les parents de Marc et Corinne et leur équipe.
J'éprouve aussi un sentiment mitigé: d'un côté la fierté d'être Belge car il faut vraiment être Belge pour se solidariser ainsi spontanément lorsqu'il est question d'enfants qui souffrent et pour crier à l'injustice: les autres pays devraient prendre exemple sur nous, plutôt que de nous dénigrer, comme c'est souvent le cas. D'autre part, malgré cet important mouvement de solidarité qui, d'une seule voix, hurle à l'injustice, à l'inconscience, à l'intransigeance de ceux qui nous gouvernent et de ceux qui nous jugent, malgré cela, nos dirigeants restent sourds aux cris des coeurs, restant comme enfermés dans un microcosme gouvernemental et administratif dont toutes les portes de communication sont gradées par des articles de Loi (avec un grand L). Mais j'ai grandement confiance dans la force (tranquille) de cette solidarité humaine sans précédente. Aussi continuons nos revendications jusqu'au bout... Les coeurs durs finiront bien par s'attendrir. A ce moment-là, nous pourrons parler de justice: la vraie, celle qui vient du coeur. Des mots comme démocratie et égalité auront alors toute leur signification ».

Jeanne Gengoux, de Grivegnée
« Comment aurait réagi cette justice si l'enfant d'un ministre avait été enlevé ? »

Eric Mievis, de Namur
« Doit-on se taire, ou faut-il crier, faire éclater sa colère, descendre dans la rue, se révolter, pour espérer que cesse un jour, les perversités du monde adulte, la corruption des hommes censés nous gouverner, les protections abusives, les pots de vin, les compromissions, l'incompétence et l'incohérence des politiciens et des magistrats, leurs comportements immoraux ».

R. Bruck, de Verviers
« Si, d'une part, je suis totalement écoeuré d'entendre des « Psy... » tenter de nous faire croire qu'il faut penser à soigner ces tristes individus (à nos frais sûrement). Je suis, d'autre part, absolument d'accord avec Monsieur P. Pirotte, pompier à Liège qui espère que TOUS nous soutiendrons les parents de Julie et Mélissa durant de longs mois et sans JAMAIS baisser les bras ! Bravo à cet homme de coeur et ses collègues ! ».

Danièle Leroy, d'Awans:
«Je vous en prie, ne relâchez plus ces monstres. Il y a des prisonniers qui purgent des peines bien plus sévères pour des faits moins graves, car ce qui est arrivé aux deux petites est ce qu'il y a de plus grave au monde. Alors, où est la justice ? »

Fernand Mahia, de Hannut
«J'exige un référendum populaire sur-le-champ et sur l'heure, n'en déplaise à l'élite de la nation surpeuplée d'universitaires bien-pensants de tout poil. »
Alessandra Incammicia
«J'ai eu 14 ans le 22 août 1996. Je suis triste pour Julie et Métissa. J'ai bien connu Julie. Nous étions voisines de la grand-mère de Julie à Ans. Je soutiens par mes pensées ses parents. Prenez courage maintenant. J'ai peur moi aussi. »

Mme George, de Liège
«J'ai (entre autres) un petit-fils de 8 ans 1/2 qui, depuis samedi dernier, fait des cauchemars et n'arrive plus à dormir (ni sa maman évidemment). Je demande aussi comment, dans aucun média, on n'a entendu ou lu le nom du jeune homme de Bertrix dont l'esprit d'observation est à la base de toutes les découvertes (heureuses pour Sabine et Laetitia, terribles pour Julie et Métissa). Quelle discrétion ! »

P. Collignon, de Bruxelles
«Je suis maman de 4 enfants âgés de 5 à 9 ans. Depuis 14 mois, je suis le combat acharnée des parents de Julie et Métissa que j'admire pour leur dignité et leur courage. Quelle leçon pour nous tous. Un pédophile devrait purger une peine de prison proportionnelle à la gravité des faits commis et ne pas bénéficier de liberté conditionnelle. Face à des faits exceptionnellement graves pour leur perversité et leur sadisme, prenons une mesure exceptionnelle: l'emprisonnement à vie. Les traitements médicaux, psychiatriques et psychologiques n'adouciront pas la personnalité de pervers comme Dutroux et consorts. Même s'ils purgent une longue peine de prison, ils ne regretteront rien et recommenceront. Dutroux l'a prouvé! Alors, de grâce, protégeons nos enfants et notre société. »
Denise Bonten, de Thimister:
«Je suis tout à fait d'accord avec les modifications des lois et contre les « traitements de faveur », dont bénéficient les « pointeurs » en milieu carcéral. On peut sévir, mais croyez-vous que cela servira à quelque chose ? Pour ceux qui sont détenus peut-être mais il y a et il y aura encore beaucoup de pervers dans la nature. Croyez-vous que cela les freinera, j'en doute. Ces personnes sont malades. Non je ne les excuse pas. Je ne comprends pas que l'on puisse faire subir cela à des enfants; il ne faut pas être équilibré pour arriver à de tels actes. Ce n'est certainement pas par plaisir, ces viols. Pour moi ce sont des dingues. »

Brigitte Schelfaut, de Verviers
« Dois-je encore faire confiance en la justice des hommes? Chaque jour qui se lève, j'ai peur, peur de voir mes enfants partir jouer et de ne plus les revoir. Et vous, Monsieur le Ministre, n'avez-vous pas peur pour vos enfants ? Si cela était arrivé à vos enfants, comment réagiriez-vous?
Que demanderiez à la justice des hommes ? »

Roger Crosset, de Jalhay
« Monsieur le Ministre, de quel droit vous arrogez-vous l'abus de pouvoir d'abuser de celui de ministre de la Justice pour désavouer la volonté unanime du peuple belge? Vous avez comme premier devoir de respecter, et de faire respecter, la volonté de l'immense majorité des citoyens et absolument pas la vôtre qui n'intéresse que votre personne à côté de la volonté du reste de l'Univers. Si votre conception de la démocratie est différente c'est encore votre droit mais alors ayez au moins le courage de rester logique et ne soyez pas hypocrite; démissionnez; mais faites-le vite avant que votre attitude ne conduise à une révolte qui risque d'échapper à votre contrôle. »

Claire Vandecasteele, de Geel
« Mon émotion est grande mais aussi ma fureur. Est-ce normal que des kidnappeurs, des violeurs, des pédophiles, tous ces obsédés sexuels, ne soient jamais vraiment punis? Doit-il d'abord arriver quelques meurtres avant que des pas soient entrepris ? Les gens qui sont au sommet, n'ont-ils d'intérêt que pour leur bourse? La pornographie infantile rapporte beaucoup et est fort demandée, à mes yeux par des gens qui sont vraiment déments. Si ce réseau n'est pas exterminé à sa source, il y aura toujours des petites victimes. Seule une sérieuse collaboration entre toutes les nations du monde peut arrêter ces actes monstrueux. N'ont-ils aucun sens de sensibilité rue de la Loi envers les parents qui viennent frapper à leur porte, pour être aidés, pour être soutenus ? N'y a-t-il aucun intérêt parce que des recherches coûtent de l'argent et ne rapportent donc rien au gouvernement? Ils n'y voient donc aucun avantage ! »

Jean Peeters, de Beuzet
« Ce qui nous intéresse, ce n'est pas l'avenir de ces tarés, maniaques sexuels ou proxénètes ignobles. Nous préférons songer avec COLÈRE, AMERTUME ET TRISTESSE, à toutes ces années INTERROMPUES ET PERDUES, à ce manque de bonheur, de joie de vivre et d'affection familiale que ne connaîtront plus jamais Julie, Mélissa et les autres victimes éventuelles. Nous préférons nous unir à la douleur « A PERPÉTUITÉ » des pauvres parents. »

Michel Somers, de Liège
«Je suis déçu par un roi qui devrait être celui de tous les Belges et qui pourtant a tant tardé à soutenir deux familles si malheureuses, je suis outré par l'indécence d'un ministre quand il parle de possibilité de réinsertion d'un monstre sans aucun sentiment humain, dégoûté par un système qui fait plus de cas des assassins que des victimes et surtout, par-dessus tout, je suis angoissé par les belles paroles de ces messieurs qui disent qu'on n'oubliera jamais alors qu'il a suffi de trois ans pour permettre à des êtres abominables de recommencer. Mon coeur saigne. »

Robert Dargent, de Liège
« Nous manquons de paroles pour exprimer notre peine du décès de Julie et Mélissa, qu'un -individu, ayant place sur une autre planète, a fait souffrir jusqu'à leur enlever la vie! Que ces deux martyrs éclairent la justice des hommes de cette terre pour élucider d'autres disparitions et que ces actes soient bannis à jamais. »

R. Bernkens, d'Engis
« Pas un mot n'est capable de traduire les sentiments d'impuissance et de révolte: impuissance à vous venir en aide, révolte à l'égard du dramatique dénouement. Votre dignité dans la souffrance sera pour toujours un exemple à mes yeux, et Julie et Mélissa garderont une place précieuse dans mon coeur de maman. »

Une famille d'Embourg
« Il est grand temps que nous, population de ce petit pays, nous nous unissions contre cette politique, contre cette «Justice », pour que, dès ce jour, nos enfants puissent vivre sans appréhension de l'horreur qu'est d'être adulte! L'enfance ne dure déjà que si peu de temps... Est-il nécessaire que, dès leur plus jeune âge, les enfants soient confrontés à la violence, à la cruauté de notre monde? Nous, adultes, n'est-on pas gênés de ce qui est arrivé ? »

A. Vincent, d'Alleur:
« Monsieur, au cas très probable où les ministres responsables n'accorderaient aucun crédit aux exigences du peuple belge, souverain maître en la matière, à savoir l'incompressibilité des peines, à l'égard des pédophiles, -TOUS ENSEMBLE quelles que soient nos opinions politique, philosophique ou religieuse, nous EXIGERONS la démission du gouvernement. »

A. Joncker, de Seraing
« Si Sabine et Laetitia ont été récupérées à temps, c'est EXCLUSIVEMENT grâce à la perspicacité, au sens de l'observation et à la mémoire d'un adolescent de Bertrix qu'on le doit. Sans ce jeune homme, RIEN de ce qui est et sera résolu en ces affaires n'aurait pu l'être. Dommage qu'il veuille rester anonyme car il mérite d'être élevé au rang de héros national. »

Chantal Napen-Lejeune, de Grivegnée
« De tout coeur, j'espère que le temps qui passe apaisera, si cela est possible, le coeur meurtri des parents de Julie et Mélissa mais mon souhait le plus vif est que M. Wathelet et ses « acolytes » de la justice ne puissent plus jamais avoir la conscience tranquille, si conscience ils ont, et que toujours ils aient le poids de leur bavure sur le coeur. »

Mme Cuypers, de Dilsen
« Comment la foule n'a-t-elle pas lynché Dutroux, sa femme et ses acolytes à son passage plutôt que de hurler? »

Léona François, de Vivegnis
« Nous devons, au vu de ces événements tragiques, mettre certains dirigeants de ce pays devant leurs responsabilités et exiger que certaines peines carcérales ne soient plus compressibles, afin de ne plus connaître de pareilles tragédies. »

Jean-Marie Closquin et sa famille, de Liège
« Combien faudra-t-il de Julie et Mélissa, de Sabine et Laetitia, D'An et Eefje, combien faudra-t-il de convoyeurs de fond froidement assassinés, combien faudra-t-il de vols à main armée, d'agressions en tout genre, de crimes tout simplement pour que l'on fasse en sorte que nos enfants puissent jouer dans la rue sans que leurs parents aient la moindre appréhension, pour que nous puissions nous promener dans les rues en toute quiétude, pour que nous puissions vivre, TOUT SIMPLEMENT? »

Mme Laruelle-Yerna, de Seraing
« Messieurs les Ministres, vous êtes contre les peines in compressibles, pourquoi? Parce que les prisons débordent e. qu'il faut faire de la place pour les nouveaux arrivants? D'ailleurs, un Dutroux (39 ans) même s'il est condamné à 30 ans, en « rêvant » qu'il les purge, sortirait à 69 ans, cet âge l'empêcherait-il de recommencer? (cf. le curé de Kinkempois et le pédophile de 80 ans gentiment gracié par le Roi, quel bonheur pour ses victimes, n'est-ce pas!!!!!!!). Ne pourrait-on, pour une fois, suivre l'exemple des USA et instaurer des peines incompressibles de 50 voire 100 ans et les doubler en cas de récidive ? »

Henri Malengre, ancien échevin et conseiller de Roeulx
«J'en viens à me demander ce que les enquêteurs ont réellement fait lorsqu'ils ont investigué chez ce triste individu? Ontils eu peur de salir leurs «pattes»? En est-il de même lorsqu'on recherche la drogue? Non, car dans ce cas, on fouille systématiquement tout, rien n'est laissé au hasard et les moyens mis en oeuvre sont énormes. Enfin, retournerait-on au Moyen Age, et dans cette perspective, utopique, je le concède, ce Dutroux devrait être lui-même jeté dans le cachot qu'il réservait à ses petites victimes innocentes. Car, si demain rien n'est fait, si nos gouvernants restent insensibles à notre immense chagrin qui nous étreint, il se pourrait que la loi du Talion réapparaisse: oeil pour oeil, dent pour dent!»

Jean-Pierre Lemoine, de Beyne-Heusay
« Je ne peux passer sous silence ce jeune garçon qui a permis l'arrestation et surtout la libération de ces deux jeunes filles, qui sans lui serait venue alourdir ce drame. Il mérite la reconnaissance du peuple tout entier, et je ne comprends pas très bien qu'il préfère rester dans l'anonymat, ce sentiment de peur justifiée face à une justice incapable de le protéger de représailles éventuelles. Chapeau mon gars. »

Mme Preuveneers-Dequinze, de Grâce-Hollogne
« Message personnel à mon frère qui est fossoyeur au cimetière de Mons-lez-Liège (avant fusions) où les deux petits corps reposeront maintenant en Paix. Prends bien soin de ces deux petites tombes l'une à côté de l'autre, tant que toi tu vivras, occupe-toi le mieux que tu pourras des fleurs que les pauvres mamans y mettront avec tout l'amour qu'elles n'ont pu leur donner plus longtemps; laisse-les se recueillir sur le peu qu'il leur reste dans la tranquillité de ce petit cimetière d'où l'on peut presque voir leur jardin où elles auraient pu jouer si un monstre pareil n'avait existé. Et si Dieu regarde, qu'il accueille ces deux anges à ses côtés. »

Léon Grailet, de Trooz
« Peut-on imaginer que ce triste individu, bourreau d'enfants, a bénéficié d'une mesure clémente? Sa mère elle-même suppliait la justice de ne rien faire. Dans notre pays,- les responsables s'opposent à l'application de peines incompressibles. On le fait en France, alors pourquoi pas chez nous ? »

M. Duchesne, de Liège
« Pour les parents de Julie et Mélissa. Du plus profond du coeur, je vous admire pour votre courage; vos deux petites filles restent présentes dans vos coeurs et à vos côtés, ce sont maintenant deux petits anges qui veillent sur vous. Je prie beaucoup pour elles. »

Famille Dupont, de Chênée
« Nous regardons la télévision et attendons l'arrivée du cortège funèbre. Pendant ce temps, je ré- explique une fois de plus à mes enfants ce qui s'est passé avec Julie et Mélissa. Un dé mes enfants âgé de trois ans à peine me le raconte, elle ajout ( - que le monsieur est méchant. Elle applaudit comme les gens à la télévision et me demande d'ouvrir la porte. Sur cette porte se trouve un ruban noir et la photo de Julie et Mélissa. D'elle même, elle fait un signe de croix sur les photos de Julie et Mélissa. Alors si un enfant a compris ce qui s'est passé, qu'attendent les politiciens pour réagir? Veulent-ils que l'on croie que le cerveau et le coeur d'un enfant sont plus intelligents et plus grands que le leur? »

Eric Franckart, de Neupré
« Nous sommes dans un pays où tout enfant a accès à l'éducation. Mais que doivent aujourd'hui penser ces enfants du vocabulaire de la justice pour qui le mot perpétuité ne signifie plus « durée infinie ou indéfinie - pour toujours » (Petit Robert), mais bien «période d'environ une dizaine d'années » ? Mais que doivent penser ces enfants de l'arithmétique de la justice pour qui une année compte 365 jours mais que deux années ne correspondent qu'à 1.825 journées environ. Messieurs les Ministres, Sénateurs, Députés et hommes politiques, il est plus que temps d'enlever les toiles d'araignées qui s'amassent du côté des prétoires. »

A l'époque du bonheur!('Meuse'samedi 24 août 1996 pg12)


A l'époque du bonheur!


Les petits copains de classe de Julie et Mélissa avec leur ancienne institutrice Mme Solange Dourt , de l'école communale de Mons-Crotteux. Mélissa est au premier rang au milieu. Julie est au second rang ,troisième à partir de la gauche,

« Mélissa, Julie, vous êtes ici avec nous, dans nos coeurs, pour toujours »

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 12


Voici le message des élèves de l'école de Crotteux à Julie et Mélissa.

Julie, Mélissa, vous êtes ici avec nous, à l'école, franchissant la barrière, mallette au dos, bavardant du feuilleton T. V. ou d'un nouveau pas de danse.
Mélissa, Julie, vous êtes ici avec nous, dans la classe, peinant, tirant la langue sur un calcul trop difficile; souriant, riant quand le texte de lecture est comique.

Julie, Mélissa, vous êtes ici avec nous, dans la cour de récréation, jouant, courant, nous chamaillant sous le soleil ou sous la pluie.
Mélissa, Julie, vous êtes ici avec nous, dans nos coeurs, pour toujours. »

Vos petites amies et amis de l'école.
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Voici le message des instituteurs et institutrices de l'école de Julie et Mélissa.

« Le monde est dangereux à vivre, non à cause clé ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » (A. Einstein).

Que s'est-il donc passé pour que la Belgique du Nord et du Sud se pose des questions sur ses représentants, sa justice, sa police ?

Que s'est-il donc passé pour que des hommes et des femmes clament leur colère ?

Que s'est-il donc passé pour que nous demandions à celles et ceux qui, au sein de la justice, de la police, ont été mêlés de près ou de loin à Julie et Mélissa : Pourquoi êtes-vous restés sourds et figés jusqu'à refuser la collaboration des parents ?

Que s'est-il donc passé pour que nous demandions à celles et ceux qui se mettent au service du citoyen : Que n'avez-vous pas fait pour qu'un dangereux pervers récidiviste puisse vivre en toute liberté, et que réapparaissent brusquement de vieux démons comme l'idée de la peine de mort ?

Que s'est-il donc passé pour que les choses commencent enfin à bouger?

IL A FALLU LA MORT DE DEUX FILLETTES ! !

PLUS JAMAIS CA ! !

Signé: les enseignants de l'école de Crotteux.

La pétition marche à tout casser !('Meuse'samedi 24 août 1996 pg12)


La pétition marche à tout casser !

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 12

C'est par dizaines de milliers que les signatures arrivent chaque jour à l'ASBL Marc et Corine pour exiger l'instauration de peines incompressibles

En une semaine à peine, la petite ASBL Marc et Corine de Liège est devenue le plus important groupe de pression du pays.' Du jamais vu! Chaque matin, ce sont des dizaines de milliers de signatures qui arrivent par la poste ou par porteur au local de la rue des Vingt-deux, 30, a Liège.
Elles sont l'expression du ras-le-bol des gens face au laxisme de la justice. La pétition exprime son accord avec la suppression de la peine de mort mais exige aussi l'instauration de peines incompressibles vis-à-vis des crimes les plus graves, et en particulier pour les violeurs et assassins d'enfants.

Une pétition digne, pleine de bon sens, qui n'a pas été dictée sous le coup de l'émotion ou de la vengeance. Et qui est un des rares moyens mis à la disposition de la population pour pouvoir faire bouger les choses.

Dans les journaux
« Voilà. Ce matin, j'en ai reçu approximativement 60.000 par la poste. Et toutes les heures, on m'en apporte à peu près 10.000 », nous raconte la jeune préposée à l'accueil. « Nous sommes débordés. Les gens viennent de partout pour chercher des photocopies et les faire signer par leurs voisins. Ceux qui partent en vacances font également le plein.

Et puis, il y à les innombrables coupures de journal publiées par LA MEUSE-LA LANTERNE et LA NOUVELLE GAZETTE qui nous arrivent aussi par milliers. »

Elle est interrompue par un chauffeur de taxi de Chaudfontaine qui vient chercher de nouveaux formulaires pour ses collègues. Un couple entre à ce moment, M. et M- Launoy « Nous venons de récolter dans tous les commerces de Beyne-Heusay, en voilà 3.000 de plus. Une grande surface nous a bien aidés en photocopiant 300 exemplaires. Maintenant, on s'en va au mémorial Van Damme. »

Tiens, quatre autres personnes font de nouveau la file pour recevoir des photocopies.
Dans la salle suivante, ce sont les deux téléphonistes qui n'ont pas le temps de lever la tête. A peine le combiné raccroché, la sonnerie retentit à nouveau : « Cela n'arrête pas. Sans arrêt des demandes de renseignements. »

On passe dans le couloir du garage où une grande table est dressée avec six personnes qui dépouillent en permanence. Le premier découpe les enveloppes, le second en retire les papiers et les quatre autres classent les documents: « On fait des tas avec nos formulaires, d'autres avec les bulletins des journaux, un troisième avec les feuilles volantes qui, malheureusement, ne pourront peut-être pas être comptabilisées car elles ne mentionnent pas notre sigle et notre texte. Et enfin les innombrables lettres à destination des parents de Julie et Mélissa, mais aussi de Sabine, de Laetitia et des parents d'An et Eefje. »
Dans le courrier, des grosses enveloppes «25.000 seulement aujourd'hui», ironise un bénévole. Elles proviennent d'entreprises tout le personnel a signé. De grands magasins : pareil. « Jeudi, les pompiers de Liège ont amené un paquet de 11.300 signatures. On a aussi des enveloppes venant de Knokke, de Blankenberge, de La Panne: ce sont des gens en vacances qui ont pris la pétition dans le journal et qui ont fait signer toute la plage », reprend un autre.

Hier, on a aussi reçu des peluches des enfants hospitalisés à la clinique Saint-Joseph de Liège. Un quartier populaire de Bruxelles est venu apporter des enveloppes et des jouets pour les frères de Julie et Mélissa. Des sociétés nous aident aussi en nous envoyant des timbres et des enveloppes. »
« On changera de ministre »
Visiblement, les papas de Marc et Corine, MM. Malmendier et Kisteman, sont épuisés mais heureux. « Nous atteindrons bientôt le million de signatures, bien avant sans doute la clôture prévue pour la pétition, à savoir fin septembre. Si le gouvernement ne tient pas compte de l'avis d'un Belge sur 10... ! »
Pourtant, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck n'a pas l'air très chaud sur cette idée.
« Eh bien, nous n'aurons qu'à changer de ministre, et à en prendre un qui sera d'accord. »
Visiblement d'ailleurs, la discussion à ce sujet prend une autre tournure depuis les événements. Contacté hier, Didier Reynders, le vice-président du PRL, confirme que cela bouge:
«Jeudi, en commission de la Justice, on a vu des députés de la majorité, des socialistes et des sociaux-chrétiens, se prononcer désormais pour ce type de peines incompressibles. Quant à nous, les libéraux, nous avons simplement rappelé que nous sommes favorables aux peines incompressibles depuis le début. Et que nous ne montons pas d'un cran dans la sévérité sous le coup de l'émotion. »

Le ministre De Clerck va-t-il encore tenir longtemps sur ses positions ?

Luc Gochel
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Dernière minute

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 12

Les vidéos
Il est désormais certain que Marc Dutroux apparaît sur plusieurs cassettes vidéos à caractère pédophile qui ont été saisies lors des perquisitions à ses différents domiciles.

Michel Bourlet, le procureur du Roi de Neufchâteau a également déclaré lors d'une émission spéciale programmée vendredi soir sur la RTBF-télévision que « tous les individus seront identifiés et seront poursuivis».
Presque 400 cassettes vidéos ont été saisies et elles n'ont pas encore pu être toutes visionnées.
« C'est un long travail pénible pour les enquêteurs», a précisé Michel Bourlet.

Pour sa part, Marie-France Botte a répété qu'elle ne pouvait croire que les activités criminelles de Marc Dutroux se résument à un réseau qui n'implique ni protection ni développement à l'étranger.

Par ailleurs, les fouilles et les recherches ont repris, vendredi soir, à Marcinelle, dans le domicile de Dutroux. Des gendarmes ont continué de sonder les murs et d'examiner les moindres recoins de l'habitation.
Les enquêteurs sont persuadés de pouvoir encore découvrir des indices permettant de retrouver la trace d'enfants toujours disparus.
La semaine prochaine, des investigations seront entreprises avec le «super-intendant» anglais Bennett et son matériel très sophistiqué...

Mise en garde
En réaction à des pratiques mercantiles plus que douteuses, les parents de Julie et Mélissa tiennent à signaler, dans un communiqué diffusé vendredi soir, que tout imprimé à l'effigie de leurs enfants ne peut être vendu.
Suite à de nombreuses demandes et afin d'éviter toutes malversations et tout amalgame avec d'autres ASBL (y compris l'ASBL «Marc et Corine ») ou associations, le « Comité Julie et Mélissa» précise que le seul compte bancaire sur lequel peut être versé tout don est le No 240-0285928-73.
Police de Namur
Jeudi, la police de Namur a arrêté deux militants du Parti du Travail de Belgique qui distribuaient des tracts interpellant la justice. Ces derniers vendaient également l'hebdomadaire du parti, Solidaire, ainsi que des cartes de soutien destinées aux parents de Julie, Melissa, An et Eefje.
Le PTB s'indigne de cette intervention, d'autant plus que les cartes ont été éditées avec l'accord du Comité' « Julie et Mélissa > Les bénéfices serviront à couvrir les frais du procès intenté contre le ministère de la Justice pour « non assistance à personne en danger ».
Sars-la-Buissière
Les Amis Sartois Réunis, une association de jeunes de Sars-la-Buissière, ont choisi depuis plusieurs mois d'organiser leur fête annuelle le week-end prochain dans la localité. Cette fête, ils ont décidé de la maintenir, malgré les tragiques événements, mais en la plaçant résolument sous le signe de la solidarité avec les petites victimes de Dutroux et leurs parents.
Nous avons investi beaucoup en argent et en temps pour organiser cette manifestation. Trente bénévoles ont participé à sa préparation. Nous tenons à l'organiser malgré tout mais nous souhaitons surtout que cette décision ne soit pas mal interprétée» expliquent les reponsables des Amis Sartois Réunis, dont certains ont reçu des menaces.
Certains nous reprochent de penser à la fête en de telles circonstances, mais notre souci est avant tout de nous associer à l'élan de solidarité ».
Après une minute de silence, un texte de solidarité sera lu aux participants. Quant aux bénéfices de la manifestation, ils seront intégralement versés à l'asbl Marc et Corine.

La liste funeste('Meuse'samedi 24 août 1996 pg11)


La liste funeste

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 11

Tous ces gosses qui ont disparu ou qui ont été retrouvés morts, depuis 11 ans...
Jamais retrouvés ou retrouvés morts, les enfants et adolescents disparus en Belgique sont malheureusement nombreux. Dutroux et ses complices pourraient-ils avoir trempé dans l'une ou l'autre de ces affaires?

Gevrije Cavas, 6 ans,
Molenbeek-Saint-Jean : le 6 février 85, vers 16 h, un petit Turc araméen suit en rue son frère aîné à son insu. Becim rentre deux heures plus tard à la maison. Personne ne reverra Gevrije (Gabriel en français). Depuis, les équipes successives de la PJ bruxelloise ont multiplié les initiatives et les appels à témoins. Il y a trois ans, pour aider la police belge, les techniciens du FBI reconstituent par ordinateur le visage du disparu tel qu'il devrait être à 14 ans.

lise Stockmans, 19 ans,

Louvain : le 17 février 87, elle est aperçue la dernière fois près de la gare de Louvain. Sa disparition est immédiatement considérée comme mystérieuse car la jeune fille est en traitement médicamenteux et souffre de temps à autre de pertes de mémoire.

Elisabeth Brichet, 12ans,

Saint-Servais : le 20 décembre 89, vers 15 h 30, elle se rend chez sa copine Vanessa, à 150 mètres de là. Sa disparition officielle daterait des environs de 19 h lorsqu'elle a quitté son amie pour rentrer à la maison. Plusieurs commissions rogatoires ont été envoyées en Espagne, aux Canaries, menées par le juge d'instruction namurois Guy Comiliau. La dernière a eu lieu en juin 95, à Santa Cruz. Un proxénète belge affirmait qu'en avril 92, il s'était rendu dans un bordel de Santa Cruz et y avait vu Elisabeth. Sur place, les jeunes femmes et la patronne ont affirmé n'avoir jamais travaillé avec une mineure d'âge belge.

Nathalie Geijsbregts, 10 ans,

Bertem : ce 26 février 91, vers 7 h 30, ses parents la déposent à l'arrêt du bus de ramassage scolaire et lui donnent sans le savoir un dernier baiser. Une voisine l'a vue monter dans une voiture grise.

Vinciane Closset, 17ans,

Namur: le 15 novembre 91, elle est aperçue pour la dernière fois vers
20 h, devant le magasin C&A, dans le centre-ville. Elle avait annoncé à des amis son intention de se rendre en auto-stop au dancing Le Manoir, à Walhain-Saint-Paul. Sa maman n'a pas prévenu immédiatement la police, sa fille ayant fugué par le passé. Un avis de recherche détaillé fut diffusé.
Trois semaines après sa disparition, on retrouvait le corps de Vinciane flottant sur la Meuse, entre deux péniches, à hauteur d'Herstal. Le corps portait des traces de strangulation.

Katrien De Cuyper,15 ans,

Brasschaat : le 17 décembre 91, vers 22 h 35, une grande et mince jeune fille aux cheveux blonds quitte un café de l'Ijzerlaan, dans le centre-ville d'Anvers, pour y prendre un bus de la ligne 64, à 22 h 52, et rejoindre la maison familiale, à une dizaine de kilomètres de la métropole. Elle n'est jamais montée dans ce bus. Le lendemain, sa bicyclette était retrouvée à proximité de Brasschaat. Il n'y a pas eu de miracle. Le 19 juin 92, au cours de travaux de terrassement effectués derrière un dépôt, près du port d'Anvers, son corps nu est découvert. La jeune fille avait été étranglée et enterrée peu de temps après sa disparition.

Inge Breugelmans, 14 ans,

Wuustwezel: à une vingtaine de kilomètres au nord d'Anvers et une dizaine de Brasschaat, le 30 décembre 91,vers 10 h, Inge se rend à vélo chez un copain. On retrouve le soir la bicyclette abandonnée à 500 mètres de son domicile.Un oncle de l'adolescente sera arrêté à deux reprises. Fin avril 92, elle sera retrouvée morte à Putte,sur la frontière hollandaise.

Inès Van Mu Mer,16 ans,

Essen : le 2 avril 92, elle s'évanouit dans la nature alors qu'elle devait rejoindre le lieu de rendez-vous de sa troupe scoute. Deux jours plus tard, un antiquaire hollandais de 33 ans passe aux aveux. Il reconnaît avoir enlevé et assassiné Inge et Inès, pas Katrien.
Le corps d'Inès sera retrouvé à Putte aussi.

Loubna Ben Aïssa, 9 ans,

Ixelles: le 5 août 92, à Ixelles, vers midi, elle a 40F en poche, un sac en plastique à la main et se rend dans un magasin tout proche pour acheter un pot de yaourt destiné à son petit frère de 7 mois. Elle n'est jamais arrivée dans cette grande surface. Le quartier est passé au peigne fin. Pas de trace de cette enfant marocaine, alors vêtue d'un short rose et vert sur un T-shirt vert.

Laurence Mathues, 16 ans,

Wavre: le 28 août 92, elle disparaît à l'entrée de Walibi où son père l'avait déposée le midi même. Elle y était jobiste pour tout le mois. Ce soir là, elle avait demandé à pouvoir dormir chez une amie. Le 8 septembre, un cycliste repère le corps sous des branchages, sur le bas-côté de la route de Tillier (Fernelmont), près de l'autoroute E 40. Laurence n'était ni fugueuse, ni dépressive. Son étrange décès est dû à une overdose de barbituriques. Une tragique méprise a lieu. Delphine, en fugue de Taurines, est prise pour Laurence. Fin avril 94, le papa participe à Témoin n° 1 pour essayer de comprendre la mort mystérieuse de cette sage pensionnaire de Jodoigne.

Kim et Ken Heyman, 11 et 8 ans,

Anvers : le 4 janvier 94, le frère et la soeur sont vus vers 19 h 30. Ils empruntent le tram pour rejoindre un copain et jouer au foot. A plusieurs reprises, d'importantes battues sont organisées. Le 11 février, le corps nu et lardé de coups de couteau de Kim est retrouvé au dock Asia, dans le port d'Anvers. On est sans nouvelles de son petit frère Ken. Quant à la dépouille de Kim, elle devrait faire prochainement l'objet d'un test d'ADN.

Sylvie Carlin, 19 ans,

Roucourt (Tournai): le 15 décembre 94, elle se rend à pied,chez sa soeur, domiciliée à deux kilomètres de chez elle. Sylvie n'est jamais arrivée chez sa frangine. Son oncle habite Sars-la-Buissière (pure coïncidence) et a apposé des affiches de Sylvie. Sa maman est persuadée qu'elle a été kidnappée et regrette de ne pas avoir été plus soutenue. D'après elle, Sylvie n'était pas de nature dépressive mais plutôt du genre énergique. On aurait vu une voiture rouge rôder dans les parages les jours précédant la disparition.

Julie Lejeune et Mélissa Russo, 8 ans,

Grâce-Hollogne : kidnappées le 24 juin 95, on les a retrouvées décédées quatorze mois plus tard.

An Marchal et. Eefje Lambrecks, 17 et 19 ans,

Ostende: les deux jeunes filles de Hasselt ont disparu le 22 août 95.

Liam Van den Branden, 2 ans et demi,

Malines : le 3 mai 96, il joue sur une digue. Le temps que ses parents détournent le regard, il a disparu. Au départ, l'hypothèse d'une noyade est retenue. C'est au bord du canal Malines-Louvain que Liam a été aperçu pour la dernière fois. Pourtant, cette piste ne donne rien. C'est en vain que le corps est recherché dans l'eau. Plusieurs témoins parlent d'une Peugeot de couleur sombre et d'un homme d'une quarantaine d'années. Les parents ont lancé un appel aux ravisseurs présumés de leur petit garçon.

Sabine Dardenne, 12 ans,

Kain : kidnappée le 28 mai 96, elle a été retrouvée vivante le 15 août
96.
Carole Titze, 16 ans,

Le Coq : le 5 juillet 96, cette jeune touriste allemande séjournait au Sun Parks du Coq. Après avoir déjeuné, elle quitte le bungalow pour une balade matinale en promet tant d'être rentrée pour midi. Ses parents ne l'ont plus revue et s'accrochent alors à l'idée qu'elle a improvisé une escapade au festival de rock de Torhout. Le 11 juillet, le corps mutilé et méconnaissable de Carole est découvert à 200 mètres du centre de vacances. On a soupçonné un Allemand originaire de l'Est. Un test d'ADN pourrait être effectué.

Laetitia Delhez, 14 ans,

Bertrix : kidnappée le 9 août 96, elle est retrouvée saine et sauve le 15 août.

C.G.
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Disparition de Nathalie Geijsbregts : une voisine a identifié Nihoul

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 11

Nathalie Geijsbregts a disparu le 26 février 1991. A 7 h 30, ce matin là, ses parents, Eric et Anita, déposent leur fillette de 10 ans devant l'arrêt du bus de ramassage scolaire à Leefdaal. Comme chaque matin. Ravissante blondinette aux yeux bleus, Nathalie est élève à l'institut Ave Regina. Ce jour-là, du haut de son mètre 35, elle porte une veste rose, un pantalon vert et des bottines noires.

Elle n'arrivera jamais à l'école.

A quelques enjambées d'elle, un homme a le nez plongé dans un moteur, le capot ouvert d'une voiture grise le cache un peu.

A l'époque, une voisine décrit le véhicule comme étant un ancien modèle Toyota, une seconde voisine livre d'autres précisions. Les témoignages se rejoignent sur un point, un indice : la couleur grise du véhicule. Le dossier de Nathalie Geijsbregts a rejoint la pile des rapports actuellement centralisés à Neufchâteau. Nathalie devrait avoir 15 ans aujourd'hui.

Six ans après sa disparition, l'ancienne voisine des Gijsbregts, elle aussi maman, a déménagé et a tenu à conserver l'anonymat pour témoigner à nos confrères du Laatste Nieuws.

« Quand j'ai vu les images à la télé, mes cheveux se sont dressés sur la tête ! J'ai reconnu cette Citroën CX et le kidnappeur de Nathalie. J'ai vu les photos du Bruxellois Jean-Michel Nihoul et j'ai eu un choc. C'est l'homme qui était penché sur le moteur du véhicule, le jour de la disparition de Nathalie. Je suis prête à le confirmer à la gendarmerie, au parquet, à la police... Je veux prendre mes responsabilités. Je m'étais déjà rendue aux Pays-Bas pour reconnaître un éventuel suspect. »

Cette voisine n'a visiblement rien oublié du 26 janvier 91.

« Ce matin-là, j'ai emmené mes enfants à l'école de Leefdaal et j'ai donc aperçu Nathalie à l'arrêt du bus. J'étais de retour à peine 3 minutes plus tard et elle était assise à l'arrière de ce véhicule que je n'avais jamais vu avant. Cette voiture était à moitié sur le trottoir, à moitié sur la route. Sous le capot ouvert, j'ai vu un homme penché, des cheveux noirs jais, robuste, portant un veston sur un jeans. Nathalie m'a fait un signe de la main droite. »

Et de poursuivre :
« Quelques secondes plus tard, le véhicule prenait la direction du centre de Leefdaal. Mais qui aurait pu penser à un kidnapping dans un trou perdu comme Leefdaal ? »

Pourtant, vers 9 h, prise de doutes, elle appelle l'école de Nathalie. «J'ai reçu une douche froide. On m'a répondu qu'elle était absente. J'ai tout de suite alerté la police. »

Elle est convaincue aujourd'hui que le véhicule ressemble bien à la Citroën CX découverte il y a quelques jours à Sars-la-Buissière.

«J'ai toujours été certaine que le véhicule avait deux grandes fenêtres et une troisième plus petite. Je sais que c'est le cas de certaines marques de voitures. Mais quand j'ai vu la Citroën CX, cela m'a donné la chair de poule. C'est une voiture allongée. »

C.G.
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BERTRIX Hommage

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 11

900 personnes, dont Laetitia et sa famille, pour un office d'action de grâces
Dans une église comble, près de 900 personnes, de Bertrix et de la région, ont assisté jeudi soir à un office religieux au caractère particulier.

On y a notamment vu les autorités communales, mais aussi Jean-Pierre Malmendier, vice-président et fondateur de l'a.s.b.l. Marc et Corine.
L'office était une messe d'action de grâces, à l'occasion du retour de Laetitia Delhez, l'adolescente miraculée de Bertrix, et de Sabine.
Quelques heures après l'émouvante cérémonie à Liège, c'était aussi un hommage à la mémoire de Julie et Mélissa.

Sensibilisation, confiance
En introduction à l'office, M. Thilmant, responsable de l'antenne bertrigeoise de Marc et Corne, a insisté sur l'action de sensibilisation à mener, sur la confiance à garder en la justice, « même si c'est parfois difficile».
Il a souligné que l'association Marc et Corine oeuvre sans esprit de lucre, pour une justice plus humaine.
Lors de l'homélie, le doyen Gérard a rappelé les circonstances des retrouvailles de Laetitia et l'explosion de joie dans toute la localité. C'était «le miracle du 15 août ».
Il a remercié les chercheurs bénévoles, l'a.s.b.l. Marc et Corine, la religieuse et le jeune homme qui ont livré l'indice qui a permis de remonter jusqu'aux auteurs des enlèvements.
D'après le doyen Gérard, la pétition est une action bénéfique mais il ne faut pas se limiter à des signatures, il faut lutter fermement, afin d'enrayer à jamais le phénomène d'exploitation des enfants. L'officiant a dénoncé l'étalage des revues et cassettes pornographiques et des voyages « exotiques ». Pour lui, ce « commerce alléchant pour certains » est souvent la résultante d'infinies souffrances. Il rappela également qu'un million d'enfants disparaissent chaque année dans le monde...

Prendre un enfant par la main
Après l'homélie, Laetitia elle-même, qui figurait au premier rang avec sa famille, a adressé ses remerciements à la communauté bertrigeoise et des alentours, qui s'est mobilisée sans compter.
Elle a demandé à chacun de continuer à être solidaire et toujours vigilant.
A la fin de l'office religieux, quelques jeunes ont lu la Déclaration des Droits de l'Enfant.
Et ils ont clôturé la cérémonie par la chanson d'Yves Duteil : « Prendre un enfant par la main ».

E.P.
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TÉLÉVISION

En Wallonie et à Bruxelles, plus de 800.000 personnes ont regardé la retransmission des funérailles de Julie et Mélissa

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 11

En Wallonie et à Bruxelles, la retransmission des funérailles en télévision (RTBF 1, Télé 21, RTL TVi) hier / jeudi, de 1() h 25 à 13 h, a recueilli une audience de 819.000 téléspectateurs (6ans et plus).
En Flandre, relayée par la BRTN et VTM, cette cérémonie a été suivie par 806.000 téléspectateurs (6 ans et plus).

Pour rappel, la couverture télévisuelle de cette cérémonie d'adieu à Julie et Mélissa est le résultat d'une collaboration technique complète entre la RTBF e t RTL-TV i .

En outre, suite à l'émission de télévision ce vendredi soir sur la Une,
« Enfants volés, enfants violés », Télé 21 affichera ce samedi 24 août, de 10 h à 12 h 30, la liste des associations qui peuvent venir en aide aux enfants victimes de violences.
Cette liste est également disponible sur la page 148 du télétexte de la RTBF.

La guerre des polices a-t-elle fait deux victimes?('Meuse'samedi 24 août 1996 pg10)


La guerre des polices a-t-elle fait deux victimes?

Le ministre de la Justice devra tirer au clair les éventuels dysfonctionnements dans l'enquête

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 10

DES erreurs dans l'enquête.., C’est le moins que l'on puisse écrire !
Jeudi, en commission de la Justice de la Chambre, M. De Clerck n'a pu qu'admettre que tout n'avait pas été parfait... Loin de là !

En ce qui concerne les fameux fax relatifs aux agissements « douteux » de Dutroux, M. De Clerck a donné quelques précisions sur les éléments dont disposaient les gendarmes et le parquet de Charleroi et qui n'auraient pas été transmis au parquet de Liège.
Il a ainsi confirmé qu'en octobre 1993, la gendarmerie de Charleroi a recueilli une information selon laquelle Dutroux effectuerait des travaux dans une de ses maisons pour y loger des enfants en attente d'être expédiés à l'étranger.
Des perquisitions sont organisées pour un vol et on en profite pour vérifier l'information.
La gendarmerie de Charleroi constate que Dutroux réalise effectivement d'importants travaux de terrassement. Des perquisitions sont aussi organisées dans les autres maisons de Dutroux et des devoirs d'enquête ultérieurs ne fournissent pas d'éléments neufs.

Liège pas informé
Le 7 juillet 1995, soit quelques jours après l'enlèvement de Julie et de Mélissa, la gendarmerie de
Grâce-Hollogne est informée par fax de ce renseignement et sollicite des renseignements complémentaires au Bureau central de renseignement de la gendarmerie qui transmet tardivement (le 24 août) une photo et de la documentation concernant Dutroux.
Le 28 juillet 1995, les gendarmes liégeois réclament à leurs collègues de la BSR de Charleroi une enquête sur les véhicules utilisés par Dutroux et sur tout élément en rapport avec une filière de trafic d'enfants.
Le 4 août 1995, la BSR de Charleroi fait alors savoir que le même informateur confirme ses propos d'octobre 1993 et ajoute que Dutroux offrait 150.000 F pour l'enlèvement d'une jeune fille.
Le 9 août, une réunion de coordination entre les BSR de Liège et de Charleroi confirme les informations obtenues sur Dutroux et le parquet de Charleroi en est informe verbalement le 15 août. Ces informations sont confirmées dans un rapport écrit confidentiel. Aucun procès-verbal n'est cependant établi et le parquet de Charleroi ne transmet évidemment rien à Liège.
Le 13 décembre, Dutroux est intercepté pour vols avec violence et placé sous mandat d'arrêt.
Lors de perquisitions effectuées en présence de la BSR de Seraing dans ses différentes habitations, on constate que des tra vaux ont été effectués. Mais, selon la gendarmerie, ils sont sans rapport avec la création de la cellule devant servir à l'enlèvement d'enfants. «D'ores et déjà, dit le ministre, on peut se poser beaucoup de questions sur le déroulement de ces faits et notamment pourquoi on n'a pas établi de procès-verbal et pourquoi le parquet de Liège n'a pas été informé. »

Guerre des polices ?
D'ailleurs, dans une note datée du 21 août 1996, adressée au procureur du Roi de Liège et lue par le Ministre, Mme Doutrewe écrit «Je ne vous cache pas ma stupéfaction. Je n'ai été informée que verbalement d'une partie infime de ces informations, en l'occurrence de l'existence d'un suspect en matière de mœurs dénommé Dutroux qui faisait l'objet d'une enquête par la gendarmerie de Charleroi. Je constate avoir été laissée dans l'ignorance de circonstances majeures que je ne pouvais imaginer... »
Mais, dans un rapport adressé ce 22 août au ministre de la Justice, la gendarmerie écrit que « les devoirs d'enquête concernant Dutroux étant effectués par leurs collègues de Charleroi, les gendarmes de Grâce-Hollogne ont informé Mme Doutrewe de l'évolution du dossier Dutroux lors des réunions régulièrement tenues dans le cadre du dossier Julie et Mélissa. »
Bref, les informations sont contradictoires. Il semblerait toutefois que la gendarmerie n'ait fourni au ministre aucun PV sur les agissements suspects de Dutroux. Les fax internes, eux, existent bel et bien.
Alors la gendarmerie a-t-elle voulu garder ses informations pour elle et les exploiter seule ? Mystère. En tout cas, le ministre a annoncé qu'il avait l'intention de soumettre le cas à l'appréciation du procureur général près la Cour de cassation dans le cadre d'une éventuelle information disciplinaire sur les manquements dans le ressort de la cour d'appel de Mons. A ce titre on signalera également que la gendarmerie a lancé le 24 aôut 1995, un avis de recherche à l'encontre de Dutroux. Sur cet avis, le major Decraene, patron de la cellule disparition, écrivait que les recherches n'étaient pas urgentes...
Un comble ! La Police Judiciaire de Liège et Mme Doutrewe, une fois de plus, n'auraient pas été avertis de cette démarche interne.

Bref, M. De Clerck a eu un contact avec le président du Comité P. Celui-ci pourrait décider ultérieurement d'une enquête sur certains éléments qui pourraient laisser supposer qu'il y aurait eu une «guerre des polices ».

Si tel était le cas, cette guerre aurait fait deux victimes: Julie et Mélissa.

Jean-Michel Crespin
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Des enfants criaient lors de la perquisition

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 10

Comme nous l'écrivions dans nos précédentes éditions, le 19 décembre 1995, une perquisition a été entreprise au domicile de Dutroux.

Lors de ce devoir d'enquête, les gendarmes auraient entendu des gémissements d'enfants, mais n'y auraient prêté aucune attention.
Nous avions évoqué cette version des faits, expliquant qu'il était difficile d'imaginer que des enquêteurs qui se servent d'un vol comme prétexte à perquisition et qui se rendent chez Dutroux essentiellement pour rechercher des enfants kidnappés aient fait si peu de cas de ces gémissements.


En fait, le ministre de la Justice, Stefaan De clerck, a expliqué que lors de cette perquisition chez Dutroux les enquêteurs ont bien perçu des cris d'enfants. Selon les informations dont dispose le ministre, cette perquisition avait officiellement pour but de récupérer quelques objets ayant servi aux vols avec violence du 5 novembre 1995.

Lors de cette perquisition, durant laquelle les gendarmes effectuent encore une visite complète de l'habitation, deux enquêteurs entendent des voix d'enfants alors qu'ils se trouvent dans une des caves.

Les recherches faites à l'intérieur de la maison pour localiser ces voix ne donnent rien. A l'extérieur jouaient des enfants de voisins et les enquêteurs en ont conclu qu'il s'agissait des voix de ces enfants amplifiées par la disposition des lieux.

Hormis 1a déclaration de Dutroux rien ne permet dans l'état actuel de l'enquête d'affirmer que ces voix auraient pu être celles de Julie et de Mélissa.

J. M, .
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Nihoul « l’indic »

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 10


Les gendarmes ne sont pas les seuls à avoir bénéficié des « informations » de Nihoul
Dutroux et ses complices ont-ils bénéficié de «protections»?,
C'est la question que se posent nombre de personnes choquées par les incroyables cafouillages de la justice dans cette dramatique affaire.
A la RTBf, Marie-France Botte, qui lutte depuis des années contre les pédophiles, a elle-même dit sa conviction. «Je ne peux absolument pas croire au vu des bavures qu'il y a eues dans l'histoire de Julie et Mélissa qu'il n'y ait pas eu protection pour que le système perdure comme il a perduré. »

Faut t’il y voir une simple coïncidence ? Hier toujours, l'avocat de Nihoul, Me Frédéric Clément de Cléty, a révélé que son client ainsi que Michel Lelièvre avaient été des « informateurs» de la gendarmerie, en particulier de la BSR de Dînant. Ils auraient aidé cette dernière à remonter toute une filière de voitures volées. « Lelièvre servait d'indicateur à Nihoul qui renseignait la gendarmerie.»
Des informations qui n'ont été démenties, ni à la BSR de Dinant, ni à l'état-major général de la gendarmerie (EMGD).
«Sans doute ont-ils aidé la gendarmerie, disait-on hier à l'EMGD. C'est fort probable. Ils ont peut-être donné des indices quelconques dans des affaires quelconques. Cela ne veut pas dire pour autant que nous leur ayons délivré un certificat de bonnes vies et moeurs. »

Il est vrai que les indicateurs de police sont rarement des gens « recommandables » : agissant pour de l'argent et /ou pour tenter de se « racheter une conduite », il dépend de leur « officier traitant » qu'ils ne soient pas « trop bien traités ».
Nous pouvons d'ailleurs révéler que les gendarmes ne sont pas les seuls à avoir bénéficié des «informations » de Nihoul.

A la PJ de Bruxelles, un officier au moins a reçu régulièrement Michel Nihoul qui, spontanément, venait lui donner des renseignements. Pas toujours très fiables d ailleurs. A la PJ de Liège également, dans le cadre d'un dossier (30183) ouvert au début des années '80 à charge d'Anne Bouty et de Jean-Marie G, chez le juge Régibeau, Nihoul est venu faire offre de services. « En ce qui concerne ce dernier (Guffens, NDLR), je suis disposé à être entendu par le tribunal et je m'engage à répondre à toute invitation a comparaître qui me serait adressée ultérieurement», disait-il sur P.V. rédigé le 19 septembre 1983.

Pis, tout le monde s'étonne du fait que Dutroux n'ait pas été remis en prison, après son arrestation pour vol de décembre 1995. En fait, toute libération anticipée est conditionnelle et peut être revoquée par le ministre lorsque le condamné récidive. Pourquoi dès lors n'a t-on pas révoqué la libération conditionnelle de Dutroux ?

«Simplement», parce qu'il semble que le ministère de la Justice n'ait pas été averti de cette nouvelle arrestation.

Un manquement du parquet de Charleroi qui a permis à Dutroux de rester en liberté. S'agit-il d'un silence involontaire ou... protecteur?

Philippe Crêteur
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Itinéraire de Nihoul,Dutroux et consorts

« La Meuse » du samedi 24 août 1996 page 10

Nihoul, Dutroux et consorts une unité de lieu dans le secteur de Dinant

On connaissait la planque de Hastière, pas très loin de Dinant, que les enquêteurs ont déjà bien visitée. Il semble que, dans cette région, on trouve d'autres traces du passage des personnages apparaissant dans le dossier.
Déjà, on savait que Nihoul avait été « utile » aux gendarmes de la BSR de Dînant, dans le cadre d'une enquête sur un trafic de voitures volées. C'est l'avocat de Nihoul luimême qui le dit...

Du côté de Gedinne aussi, on retrouve Nihoul. Plus précisément à Louette-Saint-Pierre, dans un hameau paisible où, depuis les horreurs et les publications, tout le monde a reconnu Michel Nihoul. C'est que l'homme venait, quasi tous les week-ends, dans une petite maison de campagne, louée à une amie de l'époque d'Anne Bouty.

C'était au début des années 80, du temps où le couple Nihoul-Bouty était encore uni. On y venait même en famille, avec les deux enfants (la petite, née en 80, marchait à peine). Près de la maison, il y avait une basse-cour, des lapins, des chèvres.

Le vétérinaire qui s'en occupait avait même demandé à ce qu'un abri soit construit pour les animaux. Ce qui fut fait, par un artisan du coin. Lequel, soit dit en passant, n'a jamais été payé pour ces travaux... Nihoul n'était pas particulièrement bien vu dans le petit village.
Il faut dire qu'il jouait les gens de la capitale se trouvant en pays conquis, arborant souvent un rutilant équipement de cavalier, alors qu'il n'y avait là qu'un poney à monter... Mais, apparemment, aucun fait troublant n'a été relevé là à l'époque.

La famille Nihoul n'y est pas venue très longtemps. Peut-être pendant un an, se souviennent les riverains. On n'a plus vu personne durant un moment. Puis Anne Bouty est revenue, sans Nihoul. Mais avec un autre homme.

Rapt d'enfants
Qui? Sans doute Jean-Marie G. Lequel est devenu l'ami d'Annie Bouty après la séparation avec Nihoul intervenue en 82.
A ce sujet, on retrouve la trace d'une étrange histoire. Nihoul a déclaré, en mars 83, qu'il était persuadé que G. et son ex épouse voulaient s'expatrier en Afrique, au Burundi, en emmenant les enfants.
Des enfants qui faisaient l'objet d'un différend entre les époux Nihoul séparés. Peu avant la déclaration de Nihoul dûment actée par des verbalisants , c'est Annie Bouty qui faisait intervenir les gendarmes chez la mère de Nihoul, pour récupérer ses enfants. Elle avait parlé de rapt...
Ainsi donc, Michel Nihoul Grainait que ses enfants ne soient enlevés vers l'Afrique. Bouty et G., disait-il, avaient tout prévu.
Même une Mercedes blanche équipée spécialement pour l'Afrique, payée cash (à qui.? ) serait intéressant de le savoir, dans cette affaire où l'on parle décidément beaucoup de transactions de véhicules...), environ 1 million.
Un véhicule immatriculé en France, en transit, au nom de Bouty... Si G. était pressé de partir, disait toujours Nihoul, c'est qu'il craignait la justice...

Jean-Marie G. n'était apparemment pas gêné aux entournures. On sait par exemple qu'il disposait d'une villa, plutôt pas mal installée, à Sainte-Maxime, dans le sud de la France.
S'il est parti en Afrique, il est revenu. Avec toujours des devises en poche. Puisqu'on retrouve une trace, en mars 84, où l'on parle d'un prêt, à Nihoul de nouveau, d'un montant coquet: 140.000 F suisses (cela ferait dans les alentours de 3 millions de FB). Relations d'affaires...

Dutroux chez le garagiste
Unité de lieu toujours. Mais autre époque et autre personnage. On sait que, le vendredi où Laetitia Delhez a été enlevée devant la piscine de Bertrix, on a vu Marc Dutroux à Gedinne. En fait, il conduisait la fameuse camionnette blanche. Laquelle est apparemment tombée en panne entre Bievre et Gedinne.
L'homme se présenta dans un garage, près de la gare de Gedinne. Il semblait très pressé que son véhicule soit réparé mais il dut patienter, le garagiste qui l'a apparemment formellement reconnu depuis ne voulant pas donner un privilège à ce chauffeur de passage.

C'était dans l'après-midi. Quelques heures plus tard, avec une camionnette en état de marche, Dutroux s'en allait commettre, à Bertrix, le rapt qui le ferait coincer par les enquêteurs de Neufchâteau...

A.D, et Ph.C.

Le cri d’un million de Belges(UNE'LaMeuse'samedi 24 août 1996)


Le cri d’un million de Belges

« UNE » du journal «La Meuse» du samedi 24 août 1996

Des dizaines de milliers de pétitions arrivent chaque jour à l'ASBL Marc et Corine

En à peine une semaine, la petite ASBL « Marc et Corine», de Liège (photo), est devenue le plus important groupe de pression du pays !
Du jamais vu!
Chaque matin, ce sont des dizaines de milliers de signatures qui arrivent par la poste ou personnellement au local de la rue des
Vingt-Deux à Liège.

Elles sont l'expression du ras-le-bol des gens face au laxisme de la justice vis-à-vis des crimes les plus graves, et en particulier des violeurs et assassins d'enfants.

Le million va prochainement être atteint, et il ne faut pas s'arrêter. Par un phénomène bien connu, ceux que cela pourrait gêner misent sur la lassitude.
Alors, ne laissez pas tomber les bras!

Lettre ouverte de Marie France Botte('DH'samedi 24 août 1996 pg3)



Lettre ouverte de Marie France Botte

«Dernière Heure» du samedi 24 août 1996 page 3

Élisabeth, Julie, Mélissa et tant d'autres, nous ne vous oublierons jamais.
Vos petits regards d'enfants aux yeux pétillants de vie hanteront nos coeurs pour toujours.

Nous poursuivrons chaque jour notre lutte contre cette gigantesque pieuvre que représentent le trafic d enfants et son cortège de douleurs.
En acceptant l'existence de ces réseaux et de viols d'enfants, nous perdrions à jamais notre sens de l'humanité. C'est pourquoi la Belgique entière a refusé d'accepter l'inacceptable, en étant auprès de vous, chacun à sa manière.

Dans la cathédrale de Liège, où, au milieu de cette immense souffrance, vous, parents de Julie et Mélissa, étiez dignes, presque sereins.
Certainement parce que vous êtes les seuls à vous être battus jusqu'au bout pour retrouver vos enfants, espérant, avec la force du désespoir, les serrer encore entre vos bras. Vous êtes innocents, blancs comme la pureté de vos petites filles: Et où qu'elles soient aujourd'hui, elles le savent. Ne l'oubliez pas.
Dans l'église, les journalistes, les photographes, les prêtres, tous pleuraient. La compassion était revenue parmi nous. Merci petites filles, en partant vous nous avez laissé un message:« Redevenez humains »

Depuis dix ans, en Asie du Sud-est, mais aussi aux côtes de Claude Lelièvre en Belgique, je lutte contre cette épouvantable exploitation. Dans la cathédrale, noyée dans mes larmes, je n'ai pu arrêter le film qui se déroulait à l'intérieur de moi.
Combien d'enfants ai-je vu mourir en dix ans, tués par leurs agresseurs, contaminés HIV par ceux-ci. Combien de brûlures de cigarette, de fractures, de petits regards perdus à jamais dans la profondeur de l’horreur
Les larmes des enfants et des parents aussi ont été si nombreuses que la mer pourrait déborder. Combien d'enfants, là-bas, ici, ont souffert dans la plus grande solitude, seuls face à leurs agresseurs

Combien d'heures d'angoisse et de peur avons-nous vécues avec nos équipes, peur des représailles, peur que la pieuvre se réveille et nous étouffe. Brûlures de cigarette, fractures, appels anonymes... la liste est longue.
Aujourd'hui, plus que jamais, nous devons lutter pour faire reculer l'horreur.

Monsieur Wathelet, vous avez déclaré que votre conscience était en paix. Je ne vous crois pas.
Parce que aucun être humain ne peut avoir aujourd'hui la conscience en paix. Vous avez signe un document qui a permis à un être humain délinquant et malade de commettre l'inacceptable. Deux avis négatifs étaient suffisants pour arrêter le processus de libération conditionnelle. Toutes les conditions étaient réunies, mensonge, lâcheté...
Un psychiatre de 82 ans suivait le dossier: permettez-moi de douter de l'efficacité!

J'ai espéré et je continuerai à espérer que quelqu'un, dans notre gouvernement, lèvera la main au nom de vous tous, pour dire aux parents des victimes, simplement: « Nous sommes responsables de la violence qui a été faite à vos enfants ».
Une voix, une seule, pour reconnaître, avec humanité et compassion, vos responsabilités hommes politiques.

De grâce royale en récidives, combien de temps encore devrons-nous attendre pour qu'une politique cohérente de lutte contre la pédophilie s'installe?
Combien d'enfants devront être sacrifiés ici et là-bas

Difficile, Monsieur De Clerck, de gérer la situation actuelle, au milieu d'un deuil collectif, où une fois de plus la solidarité belge fonctionne face à la mort.
Je vous ai rencontré plusieurs fois et je suis convaincue que vous ne direz jamais que votre conscience est en paix; parce que vous savez, mieux que nous, que des erreurs ont été commises.
Alors, je vous demande au nom des victimes, au nom des enfants, de vous battre pour obtenir les changements que nous réclamons... Vous battre pour que notre justice reprenne une forme humaine.

L'heure est au lynchage. La population veut voir de près la mort de M. Dutroux. Je vous demande de réfléchir. Julie, Mélissa et toutes les autres victimes ont droit à un procès, à un face-à-face avec notre justice. Ne les privez pas, une fois de plus, de leurs droits.

L'enlèvement des fillettes, les violences sexuelles, la pornographie, le passage des frontières ne se gérent pas en entreprise familiale.
Pour qu'un réseau de pédophilie, pour que la machine infernale fonctionne, il faut impérativement des consommateurs d'enfants protégés. Il faut des soutiens financiers et politiques.
Monsieur De Clerck, dans tous les réseaux de diffusion de cassettes pornographiques, une liste de clients existe.
Dans le cas présent, Monsieur Dutroux serait connecte à des clients belges et internationaux.
Les carences de l'enquête ainsi que les moyens financiers importants de Dutroux m'amènent â vous demander si vous possédez une liste de consommateurs.
Nous attendons de vous, Monsieur De Clerck, la transparence.

Marie-France Botte

Marie-France Botte se dit convaincue de l'existence d'une protection de Marc Dutroux.
Au siège de son asbl, les pétitions pour une politique cohérente en matière de pédophilie reviennent par centaines (11, avenue de la Jonction. 1060 Bruxelles. Tél: 02/534.16.28.)
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Il convoitait d’autres gamines

«Dernière Heure» du samedi 24 août 1996 page 3

LOUVEIGNÉ - La disparition de Julie et Mélissa, et son épilogue tragique, a semé une psychose en Belgique. Après le 24 juin 1995, nombreux sont les parents qui ont cru que leurs enfants allaient être enlevés.
A l'époque, les plaintes affluaient par dizaines, tant à la police qu'à la gendarmerie.
Actuellement, suite aux événements que l'on connaît, les coups de fil aux autorités sont de nouveau fréquents. Ainsi, à Louveigné, on affirme avoir vu Jean-Michel Nihoul. Info ou intox ?

Un dossier à Neufchâteau
« C'était le 26 juillet dernier. Vers 13 heure, je sortais du domicile d'une voisine quand je l'ai vu. Il avait un drôle d'air. Il portait une chemise blanche, un veston gris et un pantalon chiffonné. Il avait une canette de bière à la main. Je n'y ai plus prêté attention, mais, une heure plus tard, une autre voisine m'a demandé qui était cet individu louche. Il montait et descendait sans arrêt la rue principale du village.
Le soir, vers 20 heures, il était toujours là. Le mari de la voisine est allé le trouver et lui a demandé ce qu'il faisait. Il a répondu qu'il était de passage à Banneux parce qu'il assistait aux 24 heures de Francorchamps. On lui a dit de partir, ce qu'il a fait. C'est la semaine dernière, quand on l'a vu a la télévision, que je l'ai reconnu c'était Jean-Michel Nihoul, je suis formelle.
J'ai appelé la gendarmerie pour les prévenir. J'affirme que c'est lui, je veux même bien être confrontée avec cet homme », témoigne Mme L., domiciliée à Louveigné.
Le même jour, l'individu suspect se serait promené dans la cour de l'école communale et aurait pris des photos. Il aurait également approché trois gamines du quartier. Priscilla, Alisson et Davina sont âgées respectivement de 14, 12 et 8 ans. D'après elles, ce serait effectivement Nihoul qui les aurait suivies.
Plusieurs autres personnes du village l'ont également vu. Les petites disent aussi avoir été photographiées. La gendarmerie est venue plusieurs fois à la maison.
Mais nous n'en savons pas plus actuellement», explique le papa des enfants.

A la gendarmerie de Sprimont, on reste prudent : « Il est vrai que plusieurs personnes ont cru reconnaître Jean-Michel Nihoul, mais il n'y a rien de concret pour l'instant.
L'individu aurait rôdé plusieurs heures dans le village. Ce qui serait étrange pour des personnes vraiment animées de mauvaises intentions. D'habitude, elles font leur coup et puis s'enfuient. Quoi qu'il en soit, un dossier va être transmis aux enquêteurs à Neufchâteau.

A-t-on, le 26 juillet dernier, évité un nouveau drame ? Priscilla, Alisson et Davina ont-elles échappé de peu aux griffes de Dutroux et consorts ? Rien ne permet actuellement de l'affirmer, mais un doute subsistera toujours...

Nathalie Evrard
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Un indicateur devenu gênant

Il mangeait à tous les râteliers

«Dernière Heure» du samedi 24 août 1996 page 3

BRUXELLES - Deux des comparses présumés de Marc Dutroux, Michel Nihoul et Michel Lelièvre, ont été des indicateurs de la gendarmerie. Ils ont aidé la BSR de Dinant, au moins dans une affaire, à remonter toute une filière de voitures volées. C'est son avocat qui l'affirme, Me Frédéric Clément de Cléty.
Nous pouvons ajouter que Nihoul, qui mangeait à tous les râteliers, a travaillé aussi pour la police judiciaire, et notamment la brigade de Bruxelles... dans des affaires de moeurs.
Il y a mieux : le 19 septembre 1983, Nihoul offrait d'être l'indic de la section financière de la PJ de
Liège dans le dossier 30/83 du juge Regibeau (il s'agissait du fameux scandale des Hôpitaux de l'Est). Sa proposition fut transmise pour accord à une substitute du parquet général de liège, depuis peu procureur générale : MMe Anne Thily en personne... qui connaît donc depuis... treize ans l'un des principaux suspects de l'affaire Julie et Mélissa !

L'ami des monstres
Son avocat explique que c'est « fortuitement » que la 23e brigade serait arrivée à soupçonner Nihoul. « C'est en examinant la liste des communications téléphoniques reçues par Marc Dutroux dans les jours qui ont suivi !a disparition de Laetitia Delhez que la PJ a découvert son nom.
Il est exact que M. Nihoul a téléphoné plusieurs fois durant cette période fatidique à Dutroux au sujet de la réparation de sa voiture. Dutroux avait proposé de réparer cette voiture en échange d'une dette qu'il avait contractée vis-à-vis de M. Nihoul pour une expertise immobilière (20.000Fr). Dutroux et Nihoul se sont rencontrés tout au plus deux ou trois fois.

Et Michel Lelièvre ? Nihoul aurait fait sa connaissance via Casper Flier (interpellé lundi à Hastière, libéré). Nihoul explique qu'il « s'est pris d'amitié » pour Lelièvre qu'il a « cherché à aider » !
Selon son avocat, Nihoul aurait donc travaillé pour la BSR de Dinant dans des affaires de voitures volées et Michel Lelièvre lui servait d'indicateur. Ses tuyaux ont permis de démanteler toute une filière. La gendarmerie de Dinant, qui se retranche derrière le secret professionnel, ne fait aucun commentaire, mais ne s'émeut pas : " C'est fort possible. Nos portes sont ou vertes. Le fait de recevoir des informations ne signifie pas que nous délivrions des certificats de bonnes vie et moeurs aux individus qui nous renseignent.
Ajoutons que des informations -pas du tout confirmées - font état de la présence de la petite Nathalie Geijsbregts (disparue en février 1991, à l'âge de 9 ans) assise à l'arrière d'une voiture au volant de laquelle un témoin prétendrait reconnaître M. Nihoul.
Vraiment un drôle de zigue, ce Michel Nihoul, qui a longtemps prétendu être le factotum d'hommes politiques, dont deux PSC de Bruxelles, Paul Vanden Boeynants et l'échevin Jean Leroy.
A son casier, la seule condamnation remonte à 1974: une faillite frauduleuse. Mais l'intéressé est tombé souvent sur une justice bienveillante et... très lente. Il sera enfin jugé le 23 octobre à Bruxelles pour le scandale « SOS Sahel », un dossier que le juge de Haan considérait comme bouclé en... 1989 déjà.
Il est vrai que la section financière du parquet a mis... trois ans à lire le dossier pour lequel Nihoul est défendu par l'avocat Jean-Paul Dumont.
Une autre affaire encore vaut à Nihoul d'être inculpé depuis janvier d'émission de chèques sans provision et de banqueroute simple. Le dossier, qui traîne de puis novembre 1992, a déjà connu... cinq juges d'instruction !

Gilbert Dupont
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A Bertrix, jeudi soir : L’hommage de Laeticia

«Dernière Heure» du samedi 24 août 1996 page 3

Laetitia Delhez, voulant sans doute se tenir à l'écart d'une trop forte pression médiatique, ne s'est pas rendue à Liège aux funérailles de Julie et Mélissa.
Mais elle a tenu à rendre hommage aux deux fillettes qui, comme elle et Sabine Dardenne, ont été enlevées et séquestrées par Dutroux et ses complices.


A l'église de Bertrix, jeudi soir, Laetitia a pris la parole au cours d'une messe en mémoire des petites disparues.

Laetitia, 14 ans, avait été libérée le 15 août une semaine après son enlèvement, en même temps que Sabine, qui sera elle restée deux mois et demi aux mains de ses ravisseurs.

(Ph. Reuter)
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Dutroux avait des billets de banque locaux

Un policier belge en Slovénie


«Dernière Heure» du samedi 24 août 1996 page 3

PRAGUE - Malgré les indices certains de nombreux contacts de Marc Dutroux et de ses complices avec des pays d'Europe centrale, aucun nouvel élément n'était venu, vendredi après midi, s'ajouter au dossier de la présence d'An et Eefje dans une de ces contrées.

En début d'après-midi, on apprenait qu'un policier, officier de contact auprès de l'ambassade belge à Vienne et chargé des relations avec les polices d'Europe centrale, était arrivé à Bratislava, capitale de la Slovaquie, pour informer les responsables locaux de l'état d'avancement de l'enquête. Les recherches se sont en effet un moment déplacées vers l'Est, de Tchéquie vers la Slovaquie, notamment en tenant compte du fait que Dutroux était porteur d'argent slovaque au moment de son arrestation fin 1995.
La Slovaquie, comme plusieurs de ses voisins de l'Est, est également confrontée au problème du tourisme sexuel et même à la pédophilie organisée, comme l'admettent certains hauts fonctionnaires, dont Rudolf Gajdos, le directeur d'Interpol à Bratislava.

Avis de recherche

Ce dernier, tout comme l'avait déjà fait la police tchèque, a confirmé avoir reçu au début de l'année un avis de recherche concernant les jeunes Flamandes An Marchal et Eefje Lambrecks, disparues depuis le 22 août 1995.
La police slovaque n'exclut pas, par ailleurs, l'existence de réseaux pédophiles : selon M. Gajdos, des magazines et des vidéos pornographiques découverts au Benelux ces dernières années auraient pu être fabriqués en Slovaquie.
Le même officier de liaison belge devrait arriver lundi à Prague, pour poursuivre les contacts avec les autorités tchèques, ainsi que nous l'a confirmé Gregr Zelenicky, le patron d'Interpol à Prague
« Vous savez, à l'heure actuelle il ne s'agit que d'un travail d'information et de routine.
Aucun élément neuf ne nous permet de dire que les filles sont chez nous. Mais il est normal que nous poursuivions l'enquête. »

« Peu de chances »...
Journaliste au Prague Post Jan Stojaspal suit le dossier de près et a déjà eu de nombreux contacts avec les responsables de l'enquête, qui restent néanmoins, selon ses dires, très discrets :
« Le sentiment général qui semble régner parmi la police tchèque est qu'il y a très peu de chances que les filles se trouvent sur notre territoire ou même en Slovaquie. Il est clair qu'il n'est pas toujours facile de retrouver quelqu'un dans ces milieux, mais jusqu'ici, même parmi les prostituées, aucune rumeur n'a jamais couru sur des réseaux de filles enlevées dans des pays occidentaux et que l'on retiendrait de force. »

Enfin, comme nous le confiait, avec un certain cynisme, le concierge de l'hôtel Meteor Plaza, à qui nous avions expliqué l'affaire :
« Pourquoi voudriez-vous que les responsables du proxénétisme tchèque fassent venir des filles de cet âge d'Europe de l'Ouest avec tous les problèmes que cela pose, alors qu'à l'Est et même ici en
Tchéquie, il y a déjà beaucoup trop de gamines prêtes à faire ce métier »...

Ph. B.
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Dans un océan de fleurs : Un long défilé devant les tombes

«Dernière Heure» du samedi 24 août 1996 page 3


FLÉMALLE - De mémoire de gardien de cimetière, on n'avait jamais vu ça à Flémalle, « même pas à l'enterrement d'André Cool, où il y avait pourtant beaucoup de monde.
Les deux tombes sont comme une île dans un océan de fleurs et de télégrammes, et ce vendredi, au lendemain des funérailles de Julie et Mélissa, elles accueillaient encore bon nombre d'anonymes venus rendre un dernier hommage aux deux petites victimes de Marc Dutroux.

« Je n'ai pas pu venir jeudi, ni les jours avant parce que j'étais en vacances », s'excuse une dame en déposant un énième bouquet de fleurs sur la pelouse du cimetière.
« Là-bas, en France, on ne parlait que de ça. Vous pensez bien que ça m'a émue, et mon mari aussi. Sitôt rentrés, nous sommes allés chez le fleuriste et puis nous voici... »

Venus de toute la Belgique, ils étaient des centaines, jeudi, et ils seront probablement encore des centaines les jours prochains, à se faufiler à travers les rues étroites de Mons Lez Liège (Flémalle) jusqu'à ce petit cimetière où les deux tombes n'ont pas encore été refermées.
«Il faut encore attendre quelques jours avant de poser les pierres tombales », jette un des fossoyeurs, professionnel. Puis, bien vite, sa voix tremble d'émotion et il confesse « que le métier n'est pas toujours facile, surtout quand ce sont des enfants qu'il faut enterrer. » « Vous savez, j'ai moi aussi des gosses, alors je devine un peu ce que les parents et la famille peuvent ressentir. »

Le jour des funérailles, les employés communaux se sont d'ailleurs dépensés sans compter pour que tout se passe aussi bien que possible, commençant leur journée dès six heures du matin et ne la terminant que douze ou treize heures plus tard. « Normalement, le cimetière ferme ses portes à quinze heures, mais là c'était impossible. A dix-neuf heures, voyant qu'il venait toujours des gens, on est partis en laissant les grilles ouvertes », poursuit un des employés.

Près de la grille qui marque l'entrée du cimetière, un vieil homme esquisse discrètement un signe de croix. Il « n'entre pas », explique t’il finalement parce qu'il n'en a pas le courage ». « Mes petits-enfants ont perdu la vie dans un accident de voiture voici près de cinq ans et ça a été un choc terrible. Leur mère ne s'en est jamais remise et moi, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer en pensant au calvaire enduré par Julie et Mélissa, mais aussi par leurs familles.
A ses côtés, une jeune fille avoue qu'elle ne connaissait pas les deux fillettes, mais qu'il y a des drames face auxquels on ne peut rester insensible.

Un autre hommage a encore été rendu à Grâce-Hollogne : l'école ou les petites Julie et Mélissa étaient élèves sera rebaptisée de leurs prénoms

Jo. M.

Avis de recherche non urgent !(DH samedi 24 août 1996pg2)


Avis de recherche non urgent !

Un nouveau document accablant ne laisse pratiquement plus planer le doute sur la(les) protection(s)dont jouissait Marc Dutroux

« Dernière Heure » du samedi 24 août 1996 page 2

BRUXELLES - Et de six ! Après Marc Dutroux, Michèle Martin, Michel Lelièvre, Michel Nihoul et le grec Michael Diakostravianos, le juge de Neufchâteau Jean-Marc Connerotte a délivré hier un sixième mandat d'arrêt. Claude Thirault, 30 ans, un ami de Dutroux, domicilié à Grez-Doiceau, a été arrêté en début d'après-midi. Il est décrit par son voisinage comme caractériel et violent. On se souvient même, sur place, d'une vive altercation avec un voisin, frappé à l'aide d'une batte de base-ball. Thirault, qui vivait de la mutuelle (il avait perdu un oeil dans un accident de moto), se vantait en outre d'être un voleur de voitures.
Il vivait seul - sa femme l'avait quitté - avec ses deux jeunes enfants de 5 et 2 ans.

L'arrestation de Thirault est le signe que l'enquête progresse, même si An et Eefje, les deux Limbourgeoises disparues il y a eu exactement un an hier, restent introuvables.

Par ailleurs, le procureur du Roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, a déclaré vendredi soir lors de l'émission spéciale que consacrait la RTBF à la pédophile, que Marc Dutroux figurait sur plusieurs des 3 à 400 cassettes vidéo saisies dans ses différents domiciles. « Tous les individus seront identifiés si possible » et « seront poursuivis si on me laisse faire », a ajouté le procureur Bourlet, en reconnaissant avoir, dans le passé, été bloqué par sa hiérarchie sur d'autres dossiers non liés à la pédophilie.

Fouilles
Du côté de Charleroi, les investigations ont continué dans les différents repaires de Marc Dutroux dans la région. Après avoir entrepris d'importantes fouilles dans la nuit de jeudi à vendredi à Sars-la-Buissière, les gendarmes et la Protection civile ont déserté le site maudit pendant la journée d'hier.
Ils étaient cependant présents dès 8 h du matin à la rue Daubresse, à fumet, ancien domicile de Bernard Weinstein, le truand abattu par Marc Dutroux et enterré à Sars aux côtés de Julie et Mélissa.
Plus tard dans la journée, c'est à la maison de la chaussée de Philippeville, à Marcinelle, où avaient été retrouvées Sabine et Laetitia, que les gendarmes et les chiens se sont rendus. Des gendarmes ont continué de sonder les murs et d'examiner les moindres coins et recoins de l'habitation où les enquêteurs sont persuadés de pouvoir encore découvrir des indices permettant de retrouver la trace d'enfants toujours disparus. Tous les meubles ont été évacués et du matériel a été emporté.

Les enquêteurs ont, en outre, évalué le résultat des examens de jeudi notamment à Sars-la-Buissière, en vue de préparer les nouvelles investigations qui seront entreprises, la semaine prochaine, avec le superintendant anglais Bennett et son matériel très spécialisé. C'est ce que l'on déclaré vendredi à la gendarmerie de Charleroi où l'on souligne les difficultés des recherches. Nombreux sont les appels qui parviennent aux enquêteurs. Aucun n'est laissé au hasard.
Chacun d'eux est analysé et recoupé. On a également appris que ce samedi, deux habitations ayant appartenu à Marc Dutroux seront également fouillées dans la région de Charleroi probablement à Jumet et à Ransart.
La maison que possédait Marc Dutroux à la rue des Gris, au numéro 33, à Montignies-su r-Sambre, pourrait intéresser dans des délais assez brefs les enquêteurs, puisque le dernier inculpé, Claude Thirault, y aurait été domicilié en 1994.

Enfin, on annonçait également hier qu'une nouvelle cache de la bande avait été découverte: un entrepôt, situé au numéro 116 de la rue Lemoine, à Rancart, et que louait Diakostavrianos depuis le mois de décembre 1995, On a aperçu Lelièvre à plusieurs reprises, semble-t-il, à Rancart.
Les enquêteurs de la BSR d'Arlon et de Bruxelles ont soigneusement examiné le hangar, mais, le sous-sol étant occupé par un stand de tir à l'arc, il paraît impossible que Dutroux ait pu y aménager la moindre cache.
Quatre véhicules ont cependant été saisis, une Toyota Celica, deux Peugeot 505 et une Ford Sierra. Et tandis que les fouilles se poursuivaient, nos confrères de RTL-TVI faisaient état d'un nouveau document accablant pour la justice. Ce document précise que le 7 juillet 95, quand la gendarmerie de Grâce-Hollogne a reçu de Charleroi les fameuses informations concernant Dutroux (lire dans nos éditions du 21 août) et ses projets d'enlèvements de famines, celles-ci ont été immédiatement transmises au Bureau central de recherches à Bruxelles (BCR). Nous sommes le 7 juillet et les informations, on s'en souvient, sont suffisamment précises et inquiétantes pour être traitées avec la plus grande rigueur (il est, par exemple, ait mention des travaux de Dutroux dans les caves d'une de ses maisons, pour y loger des enfants en attente d'être expédiés à l'étranger).
Pourtant, ce n'est que le 24 août 95, plus d'un mois plus tard!, que le BCR envoie à toutes les brigades de gendarmerie du pays un avis de recherche concernant Dutroux. An et Eefje ont alors disparu depuis deux jours. Julie et Mélissa depuis deux mois. Elles sont toujours envie...

Accablant. D'autant que le document du BCR ne ressemble pas aux avis de recherche hyperprécis qui sont habituellement livrés: on ne parle pas des agissements suspects de Dutroux, par exemple, mais on évoque moins explicitement « des faits commis sur des mineurs et des vols ».
Plus stupéfiant : en haut du document, la mention non urgent ! Le rapprochement avec d'autres délits ? Inconnu, lit-on sur l'avis du BCR... alors que l'on n'est pas en droit d'ignorer que Dutroux a écopé de 13 ans de prison en 89 pour viols et séquestrations de mineurs. Préjudice ? Néant ! ! !

Une telle avarice de détails, sur un homme au passé plus que douteux, alors que l'on tente de retrouver quatre filles mystérieusement disparues, évoque, plus que jamais, une quelconque protection en haut lieu de Dutroux et consorts. Plus loin, l'avis cite par contre tous les moyens de transport de Dutroux, dont une fameuse CX 25 grise, dont on a beaucoup parlé dans l'enlèvement d'An et Eefje.

Un détail que l'on n'exploitera pas. Négligences ? Il est bien malaisé de le croire, de la part d'un service comme le BCR, rompu à diffuser, à longueur d'année, des avis de recherche pointus.
Le document est signé par le major Decraene : un homme d'expérience, à la tête de la cellule disparitions de la gendarmerie. Le même qui affirmait voici peu, devant les caméras; que les premiers jours qui suivent une disparition sont capitaux pour l'enquête.

Pour An et Eefje, c'était le deuxième jour sans nouvelles. Pour Julie et Mélissa, le deuxième mois. Mais dans leur sinistre cache de Sars-la Buissière, les gamines étaient bien vivantes.

N.F., F.M. et Gil

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Recherche de corps :Les chiens, trop tard ?


« Dernière Heure » du samedi 24 août 1996 page 2



SARS-LA-BUISSIÈRE – Plusieurs équipes de maîtres et de chiens ont été dépêchées sur les lieux des fouilles des propriétés de Dutroux.
Les animaux viennent de la gendarmerie, de la Protection civile et même d'un service allemand qui a délégué quatre bergers... malinois.

« C'est triste de venir maintenant, explique Alain Deneus, l'un des responsables de la brigade canine de la Protection civile basée à Namur).
Je suis sûr à 150 % que si nos chiens avaient été utilisés lors des premières perquisitions on aurait retrouvé Julie et Mélissa en vie.
Quand tout sera terminé, je demanderai d'ailleurs de pouvoir faire un test dans la maison de
Marcinelle. »

L'ensemble des chiens présents sont éduqués pour la recherche de corps, les canidés allemands étant plus spécialement formés pour repérer des personnes décédées.
« La plupart des chiens policiers allemands sont dressés à Stückenbrock, près de Düsseldorf, explique

Ernest Geiger, ex-conseiller technique pour la formation des chiens de la police de Bruxelles. La formation des chiens de catastrophe est longue.
On demande d'abord à l'animal de retrouver à l'odeur son maître caché dans un trou. Puis on ajoute une personne étrangère dans la cache, avec le maître. Enfin, seule la personne étrangère reste cachée.
On multiplie les exercices et les difficultés : Le trou est de plus en plus éloigné, profond ou dissimulé. Certains chiens peuvent aussi indiquer des personnes décédées. Le maître doit pouvoir interpréter très précisément le comportement de son animal.

La dernière intervention de chiens de catastrophe chez nous remonte au 1er mars 94 après l'explosion d'un building de Berchem Sainte-Agathe. Les animaux provenaient de l'asbl Fire Rescue Dogs Team, qui forme en ce moment une trentaine de chiens.

B. F.

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Dans quel monde vit-il ?

La tragique ignorance d’un commissaire


« Dernière Heure » du samedi 24 août 1996 page 2

BRUXELLES - En Belgique, qui compte dix millions d'habitants, il en existe un - un ! - qui ignore l'existence de l'asbl Marc et Corine pour n avoir jamais entendu parler, au cours des derniers mois, de son travail formidable réalisé dans l'aide à la recherche d'enfants disparus.
Cette personne, accrochez-vous, est policier ! Et pas n'importe lequel puisqu'il dirige l'un des corps de police de l'agglomération bruxelloise !!!

Nous aurons la pitié de ne pas le nommer. Précisons tout de même qu'il a sous ses ordres nonante policiers pour une commune de 30.000 habitants.

Or donc, mercredi, des policiers interpellent sur la voie publique des escrocs à la petite semaine qui prétendent récolter des fonds pour l'asbl Marc et Corine, association qui n'a jamais entrepris de telles démarches. Les escrocs sont ramenés au commissariat. Le commissaire en chef est immédiatement avisé. Mais il parait tomber des nues et ne pas très bien comprendre ce dont il s'agit...
« Quoi ?, lance-t-il à son officier. Et d'abord, c'est quoi, cette asbl Marc et Corine?? »
L'officier croit avoir mal ouï. Mais non: son chef ignore visiblement tout de l'asbl liégeoise.
Il va même lui donner l'ordre de se renseigner sur cette « mystérieuse » asbl Marc et Corine et de vérifier ses activités !
Persuadé de rêver debout, l'officier demanda à son patron de mettre l'ordre par écrit. Ce que le commissaire en chef fit.
Du coup, l'officier de police a bien dû téléphoner au président François Kistemann pour lui annoncer qu'il était chargé très officiellement d'enquêter sur l'asbl et de lui réclamer une copie de ses statuts.
A ce jour, l'asbl Marc et Corine, bien sûr, ne s'est pas exécutée.

Fax et excuses
L’officier était honteux jusqu'au bout des oreilles. Dans le dos du commissaire en chef, il a présenté ses plus plates excuses à l'asbl. Par fax, il lui a expliqué comment son chef lui avait donné l'ordre d'enquêter sérieusement sur Marc et Corine.

Les paroles du procureur du Roi de Neufchâteau sont dans tous les esprits. Il y a huit jours, Michel Bourlet lui rendait hommage, affirmant qu'il avait découvert une association efficace ayant tout à fait sa place au côté des autorités judiciaires dans les affaires de disparition. Visiblement, des responsables de corps de police vivent sur la planète Mars, quand ce n'est pas sur Alpha du Centaure.

Les errements de l'enquête menée à Liège après les disparitions de Julie et Mélissa font scandale en Belgique et hors de nos frontières. Mais ceci explique cela……

Gilbert Dupont

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