samedi 19 juillet 2008

L’insoutenable attente('Meuse'28'08'1996)


L’insoutenable attente

« UNE » du journal « LA MEUSE » du mercredi 28 août 1996

Toute la journée, les enquêteurs ont travaillé à Jumet à la recherche de corps qu'on redoutait être ceux d'An et Eefje

Pendant toute la journée d'hier, depuis 9 h du matin, la Belgique a tremblé. Selon les aveux qu'aurait faits Marc Dutroux (c'est du moins ce qu'affirmait le journal Le Soir aussitôt vigoureusement démenti par le procureur Bourlet), An et Eefje, les deux jeunes Limbourgeoises enlevées il y a un an à la cote belge, auraient été assassinées et enterrées sous un hangar à Jumet

(La photo aérienne d'hier en fin de matinée: le début des fouilles).

Les corps auraient été recouverts d'une dalle en béton sur laquelle un véritable bric-à-brac avait été en tassé. Ce bric-à-brac a été dégagé. Peu après 17 h, les forces de l'ordre annonçaient que la dalle était attaquée. En fin de soirée, rien ne permettait une confirmation de ces pénibles rumeurs.
Les autorités annonçaient alors que les fouilles seraient suspendues à la tombée de la nuit, mais à 21 h, on creusait toujours, des bâches cachant le travail des pelleteuses... puis des pelles à main.

Une heure plus tard, tout était arrêté, des fouilles doivent reprendre ce matin.

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Aucun avocat ne veut défendre Dutroux

Me de Quévy, qui fut son conseil en 1989 mais ne veut plus l'être, l'a longuement rencontré en prison. Il nous a raconté ce tête-à-tête.
Dutroux, c'était à prévoir, se pose en victime dans tout ce qui lui est reproché ou presque.

La pédophilie fléau mondial('DH'28'08'1996 pg4)


La pédophilie fléau mondial

Ouverture du premier congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants

Le plus brutal des crimes

«La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 4

STOCKHOLM - Une chorale d'enfants a accueilli, hier, les délégués de 126 pays, à l'entrée du centre de conférence de Stockholm, où se tient, pour cinq jours, le premier congrès mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants.
Les chants étaient purs, le ton grave : sur les visages se lisait la détermination des 1.200 participants à faire cesser l'esclavage de centaines de milliers d'enfants dans le monde, alors que le scandale de l'affaire Dutroux alimente encore toutes les conversations...

Le Premier ministre suédois, Goeran Persson, qui a ouvert les travaux en présence de la reine Silvia de Suède, n'a manqué de dénoncer « le plus brutal et le plus dégoûtant des crimes », ajoutant que des millions d'enfants de par le monde sont victimes de sévices sexuels. Durant les cinq jours de cette conférence, 10 à 12 millions d'adultes abuseront ainsi du million d'enfants forcés à se prostituer dans la seule Asie, a rappelé Ron O'Grady, coordinateur international du mouvement Ecpat (End Child Prostitution in Asian Tourism), à l'origine de cette conférence avec l'Unicef. Ecpat revendique notamment le droit de rassembler, seule, des preuves et de transmettre ensuite ces informations aux autorités judiciaires qui les valideraient.

Hommage silencieux
Les participants ont d'emblée observé une minute de silence à la mémoire des petites victimes violées, séquestrées, assassinées, du Brésil à la Thailande, des Philippines à la Russie, en passant, hélas, par la Belgique.
La délégation belge comprend 15 personnes, dont le ministre des Affaires étrangères Eric Derycke, arrivé aujourd'hui.

Ironie du sort : la Belgique, en comparaison avec d'autres, apparaît comme un pays a la pointe de la lutte contre les abus sexuels. Son délégué général aux droits de l'enfant est même devenu un modèle pour la Tunisie, qui compte créer pareille fonction, et s'est inspirée de notre législation pour instaurer son code de protection de l'enfant.

Enfin, hier encore, le député européen Philippe Monfils déposait au Parlement européen, une résolution d'urgence contre la pédophilie, Il y est question de développer une cellule de lutte contre les réseaux au sein d'Europol.

A propos du monstre Dutroux, Lisbet Palme, présidente d'Unicef Suède et veuve du Premier ministre assassiné Olof Palme, a déclaré : « Le plus important c'est de pouvoir parler du problème, regardez le drame qui se déroule actuellement en Belgique, et tous ces adultes en pleurs ! » « Les enfants méritent mieux que cela », a ajouté M. O'Grady d'un ton grave, décrivant « un commerce mondial, qui repose sur des cartels internationaux de criminels et de maniaques sexuels, qui traversent toutes les frontières »...
Les fameux réseaux, dont plus personne ne peut douter de l'existence aujourd'hui et qui semblent effectivement avoir tissé une toile d'araignée mondiale...
Durant les six années de la campagne Ecpat, j'ai beaucoup vieilli », a tristement souri M. O'Grady.
« Nous avons vu des histoires terribles, des exemples bouleversants d'esclavage. Le scandale découvert en Belgique est certes choquant, mais nous n'avons pas fini d'être choqués par des affaires similaires qui vont émerger dans d'autres pays... »

Les délégués semblent en tout cas, au terme de ce premier jour, d'accord pour parler de fléau mondial, et pour organiser une répression de même dimension, « sans échappatoire ». « Pour que les marchands du sexe ne se sentent nulle part en sécurité », a résumé Klaus Kinkel, ministre allemand des Affaires étrangères. C'est le moins que l'on puisse souhaiter.
N. F.
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La carte de sécurité junior étendue en brabant wallon

Le refuge des « Parents Secours »


«La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 4

BEAUVECHAIN - « N'accompagne jamais quelqu'un que tu ne connais pas ! Ton corps est a toi, personne ne peut le toucher ! »
Cet avertissement de la gendarmerie de Beauvechain figure sur des Cartes Junior que les enfants de la localité peuvent se procurer gratuitement. Avec cette carte d'un genre nouveau, sur laquelle figurent leur photo, leur adresse et les coordonnées de personnes à contacter, les enfants qui se sentent en danger peuvent se signaler à des Parents-Secoua reconnaissables à une affiche apposée à l'entrée de leur maison.
En lançant cette expérience-pilote en mai, la gendarmerie de Beauvechain améliorait ainsi le principe de la carte de sécurité proposée voici deux ans par les gendarmeries d'Alost d'abord, de
Tournai et de Leuze-en-Hainaut ensuite.
En collaboration avec Carrefour J, un service d'aide en milieu ouvert de Wavre, elle associait la Carte Junior aux Parents-Secours, un mouvement né au Canada en 76 (il existe là-bas plus d'un million de Parents-Secours) et relayé dans notre pays par Parents Secours à liège.

Apporter une aide immédiate
La pancarte Parents-secours est un point de repère pour les enfants, identique partout en Belgique », précisent M. Meuwis, commandant en second de la gendarmerie de Beauvechain et Cristian Borremans, coordinateur du projet chez Carrefour-J.
« La maison du parent-secours est un refuge momentané, où est apportée une aide immédiate à l'enfant. Que celui-ci soit perdu, malade, blessé, effrayé ou suivi par un inconnu, le parent-secours est là pour le rassurer et prévenir ses parents.
A Beauvechain, deux cent soixante et un enfants se sont ainsi procuré une Carte Junior, tandis que vingt-quatre parents ont demandé à être parents-secours.
Une enquête de moralité a été réalisée par la police. Le parquet de Nivelles vient d'en accepter toutes les candidatures. Dès septembre, le projet sera donc effectif », poursuit-on chez Carrefour-J
(tél: 010-24.30.78).
D'autre part, nous allons l'étendre sur Grez-Doiceau. La commune de Chaumont-Gistoux est aussi intéressée, tandis qu'à Wavre, nous sommes prêts a reprendre les quatre parents de quartier qui réalisent déjà une mission identique et à étendre le système. »
De son côté, La Croisée, un autre service d'aide aux enfants, compte reprendre le projet sur les communes de Rixensart, Lasne et Waterloo. Annick Dupire et Géraldine Fiévez attendent les offres de collaboration de parents au 02-652.10.70.
Enfin, des créations de Parents-Secours se développent actuellement à Namur, Neupré, Bruxelles,
Dison, Verviers et Blégny.

J.-P.V.
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La commune en a assez des pétitions et des voeux pieux

Braine l’Alleud assigne l’état


«La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 4

BRAINE-l'ALLEUD - « Faisons un 100 m ou un marathon, pas un jogging ! Les pétitions et les souhaits pieux, y en a marre ! »
Emmanuel Hendrickx, le bourgmestre de Braine-l'Alleud, n'a pas lésiné sur les formules, lundi soir, pour que son conseil communal accepte le principe d'une attaque en justice contre l'Etat belge.
Devant un public plus nombreux qu'à l'habitude, il a défendu vigoureusement le principe d'une attaque en justice en responsabilité contre l'Etat, à la suite des enlèvements d'enfants et notamment ceux de Julie et Mélissa. Il évoque « le préjudice moral causé à l'ensemble des citoyens pour les fautes commises dans les enquêtes et dans les devoirs d'information et d'instruction ».
Le PSC (minorité) s'est abstenu au vote : « Ce n'est pas en hurlant avec les loups que l'on répond à la digne indignation des Brainois ».
Emmanuel Hendrickx : « Celui qui trouve cette action déplacée adopte le même comportement que ceux qui ont voulu libérer Barabbas. Comment pouvons-nous imaginer de telles défaillances, lacunes et errements quand les auteurs appartiennent à ces corps de l'Etat dont la mission est justement de découvrir les lacunes des autres ? Les citoyens ne comprennent pas comment, averties en 93, les autorités n'ont pas réagi sur le champ. Est-ce à cause de la routine ou d'une protection secrète ? Le cri de révolte du citoyen doit trouver un écho. Il n'accepterait pas que les plus proches de ses élus laissent aller le cours des choses. »
Le bourgmestre voit dans cette affaire « une des causes de la défiance croissante de la population à l'égard de ses institutions ».
Autre argument : « La Ligue de protection des animaux a bien le droit d'aller en justice. Pourquoi pas le citoyen ? »

Demande de soutien
Le bourgmestre a déjà reçu un important courrier de soutien à ce sujet mais il précise aussi que sa volonté d'aller en justice lui vaut déjà pas mal d'ennuis.
Les quatre élus d'Ecolo (opposition) se sont abstenus parce qu'ils n'avaient pas été tenus suffisamment au courant de la démarche du bourgmestre, les cinq du PSC parce qu'ils estiment
« Qu’il y a mieux à faire sereinement et dignement ».
Techniquement, le bourgmestre de Braine-l'Alleud estime que les communes intéressées par son initiative devraient se grouper pour former une asbl de soutien qui aurait accès aux tribunaux sur la base de l'intérêt collectif. Il invite les communes intéressées à prendre contact avec lui.

Le groupe PSC estime par contre que l'attitude du bourgmestre est démagogique, que « c'est une honteuse récupération politicienne, une démarche vide de sens ». Il s'y est donc opposé.

L. Sc.
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Nihoul et le PS : A Liège, nul n’est informé

«La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 4

LIÈGE - Michel Nihoul, soupçonné de participer au réseau de pédophilie de Marc Dutroux, a-t-il servi de courrier aux socialistes liégeois pour aller récupérer de l'argent noir en Suisse ? Le journal socialiste flamand De Morgen y croit dur comme fer qui relie cette information au financement du projet Centre Médical de l'Est.
Ce projet avait été initié, au début des années '80, par Edmond Leburton, singulièrement refroidi par les grèves des médecins.

C'est un de ses amis, le docteur Jean-Marie Guffens qui devait en assurer la direction, ce CME étant implanté dans la Basse-Meuse. Et c'est entre ce médecin et Michel Nihoul qu'il y aurait eu problème, lors du rapatriement d'une certaine somme d'argent de Suisse vers la Belgique.
A l'époque, le Bruxellois avait, semble-t-il, préféré investir une partie de cet argent dans un bar de la capitale.
Que reste t-il de tout cela quinze ans plus tard ? Le docteur Guffens a disparu de l'environnement liégeois. Il habiterait « quelque part à la Côte d'Azur ».

A la Fédération liégeoise du PS, personne ne se souvient avoir vu ou connu Michel Nihoul.
« Ça ne me dit rien du tout, ni dans le cadre du CME ni dans un quelconque autre cadre », affirme Hubert Radermacker, secrétaire fédéral à Liège entre 1982 et 1985. « Si quelque chose de ce type a été fait, cela s'est fait en-dehors de moi
Même son de cloche du côté de Maurice Demollin qui a aussi été secrétaire fédéral du PS liégeois, mais beaucoup plus tard.

Quant au Centre Médical de l'Est, il n'a jamais vu le jour. Le terrain qui devait l'accueillir devait, un moment, accueillir un autre projet liégeois : un hippodrome qui, lui aussi, a été abandonné.

Ed. F.
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Enquête sur enquête : Thily a déjà son idée

«La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 4

LIÈGE - L'enquête sur l'enquête se poursuit au palais de justice de Liège. Le procureur général de Liège, Mme Thily, a été chargée par le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck, de déterminer si des lacunes ou des dérapages avaient eu lieu lors de l'enquête sur la disparition de Julie et Mélissa.
Lundi, le procureur général a entendu Martine Doutrewe, la juge d'instruction qui a été chargée de diriger toute l'enquête.

Hier après-midi, Mme Thily a procédé à l'audition du premier substitut, M. Hombroise. Aucun élément n'a évidemment filtré de ces rencontres...
Aujourd'hui, le procureur général liégeois se rend à Bruxelles pour rencontrer M. De Clerck. Aucune audition ne sera donc réalisée au palais de justice de liège ni aujourd'hui, ni vendredi. Jeudi, les autres enquêteurs pourraient être mis sur le gril par Mme Thily. «A moins que toute l'affaire ne soit classée d'ici là. Pour moi, les choses sont déjà assez claires maintenant », a remarqué, énigmatique,Mme Thily.

Dans nos éditions d'hier, nous écrivions qu'un commandant de gendarmerie du district de Liège avait été entendu à Neuchâteau dimanche et pourrait encore l'être par Mme Thily. Hier, le colonel Van den Broeck, chargé du service presse au commandement de la gendarmerie, a tenu à spécifier qu'aucun membre de la gendarmerie n'avait été convoqué par le procureur général.

Un autre coup de fil émanant d'une personne anonyme a tenu à réfuter l'information concernant l'audition à Neuchâteau. «Je n'ai pas été entendu, c'est faux », disait la voix, refusant toutefois à communiquer son identité....

Une chose est en tout cas certaine : le mystère plane sur cette enquête sur l'enquête. Et de toute part, on craint que des noms compromettants ne soient cités...

N. E.
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LE MONDE ENTIER SOUS LE COUP DE L'ÉMOTION

Un drame qui fait la une de Time et de Newsweek

La presse internationale suit de près les derniers développements de la sinistre affaire Dutroux.

Cette semaine, les deux plus grands hebdomadaires américains, Time et Newsweek consacrent également leur une à ce dossier, reproduisant en couverture les photos des petites Julie et Mélissa.

Enfants à vendre (Chiidren for sale) titre Newsweek, qui détaille les différentes filières dans le monde.

Time retrace pour sa part le parcours de Dutroux, mettant au passage en exergue les lacunes de l'enquête. Les deux hebdomadaires s'intéressent également aux trafics internationaux d'enfants. Une réalité qui passe, hélas, par chez nous.
(Ph. Christophe Bernard)








Dutroux aussi monstrueux que cynique ('DH'28'08'1996 pg3)


Dutroux aussi monstrueux que cynique


An et Eefje disparaissaient en août 95, à Ostende

Une longue année d’espoir et d’angoisse

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

OSTENDE - An Marchal et Eefje Lambrecks ont 17 et 19 ans au moment de leur disparition, la nuit du 22 au 23 août 1995. Les deux amies, étudiantes, passaient des vacances à la côte depuis le 18 août, avec des copains d'une troupe de danse et de théâtre.
Elles louaient un bungalow du Marinapark, à Westende. Le 22 au soir, elles se rendent à deux au casino de Blankenberge, pour assister à un spectacle d'hypnose du mage Rasti Rostelli. An' et Eefje montent sur scène.
Elles quittent le casino à 23 h 45 et manquent de justesse le dernier tram vers Westende. Elles ne pourront prendre que le tram suivant, le tout dernier, à 0 h 45. Qui ne va pas plus loin qu'Ostende.
Au terminus, le chauffeur du tram leur conseille de prendre un taxi jusqu'à Westende. Ce qu'elles ne font pas. Un témoin les voit une dernière fois sur le Visserskaai. Ensuite, c'est le trou noir.
Dans leurs aveux, Dutroux et Lelièvre expliqueront qu'ils ont passé la journée du 22 à la côte à la recherche d'une proie. Alors qu'ils roulaient en voiture, ils ont aperçu An ou Eefje dans le tram et ont décidé de l'enlever.
Selon Lelièvre, Dutroux et lui sont intervenus au moment où les deux filles commençaient à faire du stop pour rentrer vers Westende. An et Eefje ont été poussées dans la voiture et droguées aux médicaments. Leur calvaire a commencé.

Parents mécontents
Dès le début de l'affaire, les parents estiment que les policiers de la côte privilégient beaucoup trop l'hypothèse de la fugue. Pour Paul et Betty Marchal, leur fille An ne peut pas avoir disparu volontairement. Il existe des éléments précis. An avait téléphoné à ses parents pour organiser un repas et une fête à la maison; elle avait déjà acheté tous les cadeaux. Le soir des faits, elle portait aussi ses lentilles de contact et n'avait avec elle ni son produit d'entretien ni ses lunettes de réserve.
L'asbl Marc et Corine diffuse rapidement des centaines d'affiches.
De nombreux témoignages affluent. On voit les filles à Coxyde, à Herentals, à Anvers. La première piste suivie est celle de l'hypnose. Les parents pensent (et pensent toujours) que Rasti Rostelli ne les a pas complètement sorties de leur sommeil hypnotique. Ils espèrent qu'à la vue des avis de recherche, les filles vont se réveiller.
Des proches des familles parcourent les rues et les cafés d'Ostende, à la recherche du moindre renseignement. Des centaines de personnes se mobilisent dans la région de Hasselt et viennent à la côte pour mener des battues, avec l'aide des pompiers.
Fin août, alors qu'un juge d'instruction n'est toujours pas désigné, la PJ de Bruges propose de mettre un mouchard sur le téléphone des Marchal, à leurs frais!
Début septembre, deux hélicoptères survolent les dunes entre la France et la frontière hollandaise, sans résultats.
En octobre, des touristes belges affirment avoir vu An et Eefje à la Costa Brava, notamment dans un bar karaoké de Lloret de Mar. Les témoins racontent qu'elles ont chante a deux reprises. La piste paraît sérieuse: les deux chansons en question étaient connues d'An et d'Eefje.
Au printemps dernier, les Marchal décident de faire imprimer et de vendre des autocollants avec les photos des deux filles, pour engager les services d'un détective privé. Le père d'Eefje Lambrecks n'est pas d'accord et dépose plainte au parquet de Hasselt.
C'est le divorce entre les familles éprouvées, qui n'entretiendront plus de rapports. En juillet, l'émission Perdu de Vue (TF1) avait marqué son accord pour programmer une séquence sur An et Eefje en septembre.

B. F.
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Les nerfs à fleur de peau

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

La Belgique entière a les yeux fixés sur Jumet.La Belgique attend. Elle a les nerfs à fleur de peau.
Les horreurs commises par Dutroux et sa bande sont devenues quasiment le seul sujet de conversation de cette terrible fin d'été. Cette attente est atroce, insupportable, inhumaine.
Pour les parents d'An et ceux d'Eefje, ces dernières heures auront, sans aucun doute, été les plus pénibles de leur existence. Lundi, à Neufchâteau, Paul et Betty MarchaI parlaient encore d'espoir.
Ils souriaient. Hier soir, tard, au moment où nous bouclions nos dernières éditions, cet espoir demeurait au fur et à mesure que tombaient les informations...

Voici près de quinze jours, au moment de la découverte des corps des petites Julie et Melissa, un extraordinaire mouvement de solidarité et de colère s'est développé dans l'opinion publique. Deux exigences :
1) une plus grande efficacité dans les enquêtes contre les pédophiles et
2) l'établissement d'une série de mesures destinées a mieux protéger la population de ces monstres. Au premier rang de ces mesures, le vote de peines incompressibles qui interdiront toute possibilité de libération conditionnelle aux bourreaux d'enfants.

Jusqu'à présent, on ne sait trop pourquoi, le ministre de la Justice a obstinément refusé de défendre ce principe réclamé par le peuple. M. De Clerck parle de commission d'évaluation, de projets de mise à l'épreuve, d'avis d'experts... Bref, il tente de noyer le poisson.
C'est ce que l'on appelle un déni de démocratie, la découverte possible de nouveaux cadavres d'enfants et d'adolescentes à Jumet rend la position du ministre encore plus scandaleuse.
Ces prochains jours, le mouvement populaire doit et va s'étendre,le temps n'est plus où quelques ministres pouvaient se permettre de jouer avec la vie des citoyens en libérant à tout va des criminels dangereux, des désaxés avides de sang et de plaisirs interdits. Nous devons crier bien haut notre volonté de prendre notre destin en main et de défendre la vie de nos gosses.

C'est dans cet esprit que nous avons décidé, hier, d'imprimer l'autocollant Protégez nos enfants que vous proposera ce mercredi votre libraire.
Pour que personne n'oublie. Pour que tous ces jeunes ne soient pas morts en vain. Et pour que, demain, d'autres ne tombent pas entre les mains infâmes des pédophiles.

Michel Marteau
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Pas d’avocat pour le monstre

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

ARLON - « Sincèrement, accueillir Dutroux et sa bande, cela n'a rien d'un privilège ! »
Appuyé contre la lourde porte d'entrée grise,prêt à prendre son service, ce gardien de la prison d'Arlon n'en dira pas plus. Certes, on est loin de l'agitation de la mi-août, au moment où les détenus de cet établissement pénitentiaire de la province de Luxembourg ont appris la présence de Dutroux et de ses complices dans leurs murs. Mais il demeure une drôle d'atmosphère au 29 de la rue Castilhon...
Les détenus ne parlent que de cette histoire, explique une mère venue voir son fils écroué pour un, vol de voiture. En fait, il est arrivé un peu avant Dutroux. Il n'est ce pendant pas resté longtemps dans sa cellule : !e jour de l'incarcération de celui-ci et de Lelièvre notamment, lui et les détenus de son étage ont été emmenés dans une autre section. Dutroux et ses complices occupent donc tout le huitième étage. Ils n'ont pas le moindre contact avec les autres prisonniers.
Hier par exemple (lundi), ils ont fait évacuer tous les parloirs parce que l'un des neuf recevait une visite. Je crois que cela vaut mieux pour eux...
D'après le directeur de la prison, Germain Chalon, la tension perçue pendant le triste week-end du 15 août, lors de la découverte des corps de Julie et de Mélissa, s'estompe. Les cris et les menaces les plus diverses sont aujourd'hui confidentiels. La bande de Dutroux cherche d'ailleurs à s'isoler du reste des détenus, de peur des représailles. « Ils ne demandent pas à pouvoir quitter leur cellule, précise Germain Chalon. De toute façon, ils n'en auraient guère l'occasion car ils sont, la plupart du temps, soumis aux interrogatoires. Pour le reste, ils disposent de la télévision et des journaux comme ailleurs.

Désigné d'office
Qui aura la redoutable tâche de défendre Dutroux ? La question reste, à l'heure actuelle, sans réponse. Et pour cause, en raison des préjudices imputables à ce type d'affaire, plusieurs avocats, dont un pénaliste bien en vue du barreau de Bruxelles, ont été contraints de renoncer à prendre la défense du monstre de Sars-la Buissière. Conséquence immédiate de cette situation peu banale, le bâtonnier sera sans doute obligé de désigner un avocat, car Dutroux compte faire appel aux services d'un pro déo commis d'office.
Par ailleurs, il se dit que Dutroux aurait l'intention de demander la nomination d'un collège d'experts psychiatres: il serait chargé de se pencher sur l'opportunité d'un internement. Le compagnon de Michèle Martin invoquerait effectivement une maladie mentale grave ou un état de démence qui le rendrait totalement incapable de contrôler ses gestes. Ben tiens !

N. Dz
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Georges Zicot

Photos osées de l’inspecteur

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

MAUBEUGE -Georges Zicot, l'inspecteur principal à la PJ de Charleroi placé sous mandat d'arrêt, en connaît un bout sur le vol des voitures. Comme enquêteur, mais aussi, à l'occasion, comme victime. Effectivement, deux canailles du Nord de la France lui ont dérobé son véhicule en 1995, retrouvé par les gendarmes de Maubeuge
Les Français l'ont interrogé sur la découverte, dans la voiture, de cartouches 9 mm, liées à sa profession, mais aussi sur le contenu d'une enveloppe brune dans laquelle étaient glissées quelques photos polaroïd. On voit en scène, très scabreuse, deux dames et un monsieur.
Lequel, pour les pandores français, est bien... Georges Zicot.
Les enquêteurs d'Outre-Quiévrain n'ont pas poussé davantage les investigations, vu que les filles semblaient majeures. Vu aussi que G. Zicot se présentait comme travaillant à la section moeurs.

M.Pe.
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Dutroux en Slovaquie :Ils y étaient début août

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

BRATISLAVA - Le pédophile belge Marc Dutroux a séjourné en Slovaquie du 2 au 4 août en compagnie de plusieurs de ses complices, une dizaine de jours seulement avant son arrestation, a indiqué mardi le directeur du bureau slovaque d'Interpol, M. Rudolf Gajdos.
Dutroux s'est notamment rendu à Topolcany, petite ville de province située à 70 km au nord-est de
Bratislava, où il venait depuis 1994 pour « se reposer » et « chercher de nouveaux contacts » avec des jeunes femmes, selon M. Gajdos.
Apparemment, il avait rapidement assimile le slovaque (apparenté au tchèque).
La police slovaque a également retrouvé des traces de séjours dans ce pays de la compagne de Dutroux, Michelle Martin, et de ses complices, Michel Lelièvre et Michael Diakostavrianos.
Dutroux, qui se faisait passer pour un marchand de pneumatiques d'occasion importés d'Allemagne et de Belgique, profitait de ses déplacements en Slovaquie pour contacter des jeunes filles d'environ 18 ans, dont plusieurs devaient être ensuite recrutées comme « vedettes » de films pornographiques.

Deux des filles en question, interrogées par la police, se sont dites « choquées » tant en apprenant la nature des véritables activités de Dutroux que le fait qu'elles soient apparues dans des vidéos porno. Elles ont affirmé avoir été droguées et ne s'être rendues compte de rien. Jusqu'à présent, la police slovaque n'a pas trouvé de preuves formelles d'activités criminelles de Dutroux en Slovaquie et aucune des jeunes femmes interrogées sur cette affaire n'a voulu porter plainte contre lui, selon le chef de la section slovaque d'Interpol.
Cependant, il serait soupçonné de « délits graves dont le viol d'une jeune fille », selon certaines sources policières slovaques.
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Les parents de Julie et Mélissa soutiennent ceux de An et Eefje

Nous on sait que les petites sont près de nous !


« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 3

LIEGE- L'attente est longue... Toutes les minutes apportent leur lot d'espoir, mais aussi de désespoir. Une rumeur, un coup de fil, un indice, et on y croit. Un démenti, un courrier, et c'est l'enfer, les idées noires.
L'attente, les parents de Julie et de Mélissa connaissent. Pendant pratiquement 14 mois, ils ont attendu des nouvelles des enfants.
Bonnes ou mauvaises. Bien sûr, l'espoir de les retrouver vivantes était plus fort que nous. Mais ne rien savoir était pire encore...

« Maintenant on sait. Ça ne comble pas notre chagrin mais ça nous aide à tenir le coup», explique Jean-Denis Lejeune, le papa de Julie.
« Quand on ne sait pas où sont les enfants, on se pose des tas de questions sur leur souffrance, leurs conditions de vie,... C'est ça qui est terrible. Et nous sommes maintenant de tout coeur avec les parents d'An et d'Eefje, d'Elizabeth Brichet,... Nous avons rencontré cette dernière lundi, elle a perdu son espoir de retrouver la petite vivante. Mais elle voudrait savoir... De notre côté, on sait maintenant où sont les gamines. Et on sait aussi que si on veut être près d'elles, on le peut; elles ne sont pas loin de nous » !

Les rumeurs
Ces derniers jours, la tension a été à son comble pour les parents de Julie et de Mélissa. Ils ont tout d'abord beaucoup espéré lorsque Sabine et Laetitia ont été retrouvées, puis ont été abattus par le chagrin. En même temps, ils étaient révoltés... Cette pression a duré plus d'une semaine. Maintenant, ils ont besoin de calme. Les familles Lejeune et Russo ont quitté leur domicile pour quelques jours. Afin d’être à l'écart de la presse et des coups de fil incessants.
« Où en est votre asbl ? Qu'allez-vous faire ? » « Il faut vous battre, on vous soutient ! ».
Les sympathisants sont nombreux. Ils ne veulent assurément pas mal faire mais pour les parents, ce harcèlement est insupportable.

Concernant l'asbl, rien de concret n'a encore été décidé. Les choses vont se faire, mais pas tout de suite. Il faut que tout soit bien pensé. Il est en effet inutile de mettre plusieurs petites bicyclettes sur un chemin. Ce qu'il faut, c'est remplir un wagon costaud, qui tienne bien sur les rails. Des actions, nous en ferons, c'est certain.
Nous les déciderons avec notre avocat, Victor Hissel », remarque M. Lejeune.
Concernant l'avocat, les parents de Julie et de Mélissa tiennent à préciser qu'ils savaient que Me Hissel avait défendu un pédophile il y a 4 ans. « Notre conseil ne nous a jamais rien caché. Nous l'avons donc choisi en connaissance de cause. Nous nous sommes dits que s'il connaissait le milieu des pédophiles, il pourrait mieux nous défendre ». Cela pour mettre fin aux rumeurs.

Nathalie Evrard


On redoute le pire à Jumet('DH'28'08'1996 pg2)



On redoute le pire à Jumet

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 2

Après les aveux inquiétants de Dutroux, les fouilles vont reprendre ce matin

NEUFCHÂTEAU / JUMET - Réentendue lundi, Michelle Martin a fourni des éléments neufs aux enquêteurs. Notamment sur sa propre participation à la séquestration des fillettes. Après la déposition de sa femme, Marc Dutroux a de nouveau été interrogé.
C'est alors, selon nos sources, qu'il a bien reconnu avoir fait disparaître cinq personnes, dont An et Eefje.
Dutroux a été amené à Jumet, lundi en fin de soirée, dans un hangar à proximité du chalet de son ex-complice Bernard Weinstein, rue Daubresse 63-65. II y a indiqué les endroits où les enquêteurs devaient chercher.
Des aveux dignes de foi ? Le procureur du Roi de Neufchâteau a lancé un appel au calme, pour éviter la propagation des rumeurs les plus folles.

Vers 22 h 30, mardi, au moment où les fouilles ont été stoppées, aucun corps n'avait en tout cas été découvert. C'est tout le quartier autour de la rue Daubresse qui a été entièrement bouclé par de très importants effectifs de gendarmerie. Des camions conteneurs de la Protection civile sont venus à plusieurs reprises et sont repartis avec un fatras incroyable d'outils et de ferrailles qui étaient entreposés dans l'atelier et le terrain jouxtant la maison de Bernard Weinstein. On a aussi évacué une brouette remplie de papiers divers appartenant à Weinstein.

A 13 h, l'épouse de Dutroux a été amenée sur place. Vers 16 h, pour mettre un terme aux rumeurs les plus folles, des journalistes ont été invités à venir constater qu'aucune fouille du sol n'avait encore été entreprise. Ce n'est donc qu'ensuite, une fois le terrain déblayé, que des chiens détecteurs de cadavres ont été lâchés sur le terrain. Ceux-ci ont marqué plusieurs endroits. Pour quatre d'entre eux, le radar de sol anglais a lui aussi détecté quelque chose d'anormal.

A 21 h, loin des regards de la presse et des curieux, les enquêteurs continuaient à sonder le sol du hangar. Des bâches cachaient les travaux des fouilles.

A 22 h, les recherches se poursuivaient à la simple pelle. Vers 22 h 30, les fouilles étaient officiellement stoppées. Elles reprendront ce matin.

Nihoul à Bertrix?

Autre sujet de préoccupation, la complicité de Michel Nihoul. On sait que celui-ci nie avoir pris part au réseau de prostitution enfantine. Des témoins, hollandais, se sont pourtant manifestés. Ils assurent avoir vu M. Nihoul près de Bertrix le jour même de l'enlèvement de Laetitia.
Bien sûr, ils ne connaissent pas le suspect, mais sont sûrs de l'avoir reconnu sur base des photos parues dans la presse et à la télévision. Ces témoins doivent être réentendus prochainement.

Hier, le procureur du Roi, Michel Bourlet, a encore reçu la visite de responsables de l'asbl Marc et Corine, MM. Malmendier et Deleuze. Ce dernier est le papa de Laurence Mathues, retrouvée morte après une surdose de médicaments. Un décès qui pourrait être lié à une tentative d'enlèvement par la bande Dutroux. Le procureur a, semble-t-il, dissuadé le papa de se constituer partie civile dans l'arrondissement judiciaire ardennais.

On a également appris qu'une enquête allait être menée à l’inspection de la pharmacie. II est évidemment impossible, pour le commun des consommateurs, de disposer d'un stock de médicaments à base d'opiacée d'un volume tel que celui découvert chez Marc Dutroux. II utilisait ces médicaments pour endormir ses victimes.

Par ailleurs la chambre du conseil a confirmé les mandats d'arrêt contre Michaël Diakostravianos et Claude Thirault, l'un et l'autre inculpé d'association de malfaiteurs, considérés comme des complices de Marc Dutroux. A sa sortie du palais de justice, Thirault continue à se camoufler le visage sous son sweat-shirt, qui porte l'inscription « Complices »...

Rapt manqué

D'après des informations du quotidien germanophone Grenz Echo, Marc Dutroux pourrait également être mêlé é une tentative d'enlèvement d'enfant. Le 9 août dernier, jour du rapt de laetitia, un homme a tenté d'enlever une fillette de 7 ans, à quelques kilomètres à peine d'une entreprise de matériaux de construction, à Rodt, près de Saint-Vith. On sait que Dutroux était un client de l'entreprise en question.

L'inconnu a essayé de forcer la gamine à rentrer dans sa voiture. La petite s'est violemment débattue et a réussi à prendre la fuite. La fillette se souvient d'une voiture grise, une Citroën, qui aurait été aperçue à plusieurs reprises par différents témoins. Deux hommes auraient été vus à bord du véhicule. Uniquement des coïncidences?

M. Pe., F. M., A. V. P. et B. F.
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Attente chez Paul et Betty Marchal

Ils n’écoutent que M.Bourlet

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 2

HASSELT - L'attente s'est poursuivie, hier, toute la journée, pour les parents d'An.
Rendue plus insoutenable encore par les horribles rumeurs transmises à la vitesse de la lumière jusqu'à Hasselt. « Nous nous efforçons de ne plus y faire attention, soupire Betty Marchal.
Vous savez, tous !es jours, nous recevons plusieurs appels nous lançant telle ou telle piste. Pas plus tard qu'hier, c'était pour nous signaler qu'on avait retrouvé An et Eefje... dans un hôpital des environs. »

Tantôts alarmistes, tantôt optimistes
Refusant de croire ces bruits tantôt alarmistes tantôt optimistes, les Marchal ne se fient plus à la parole que d'un seul homme, le procureur du Roi de Neufchâteau.
« Nous l'avons rencontré lundi. Il nous a écoutés et nous a surtout promis de nous tenir au courant au fur et à mesure. Ce qu'il a fait jusqu'ici, en nous appelant tous les jours. Nous lui accordons donc toute notre confiance ».
Un fil ténu qui permet à Paul et Betty de ne pas sombrer dans le défaitisme. Pas un seul instant, hier après-midi, le couple n'a craqué.
Pourtant, dès le matin, leur maison a été littéralement prise d'assaut par les journalistes. Vers onze heures, leur salon était véritablement transformé en salle de presse. Sans jamais montrer le moindre signe de nervosité et de lassitude, M. et Mme Marchal répondent aux questions.
Sans oublier, entre deux interviews et avant le énième coup de sonnette, d'offrir une tournée de café aux envahisseurs.

« Gare aux rumeurs »
II faut aussi répondre au téléphone, dont chaque sonnerie suspend les conversations. Tantôt, c'est un homonyme qui souhaite faire quelque chose pour « les autres Marchal». Puis c'est une voisine ou une amie, alarmée par ce qu'elle a entendu ce matin à la radio. Ou un anonyme, qui dispose
« D’importants renseignements ». Ils seront consignés dans le bloc notes, dont le contenu est régulièrement transmis aux enquêteurs.
Soudain, cela s'agite dans les fauteuils. C'est que le télétexte de la RTBF vient de céder la place à l'annonce d'une édition spéciale à treize heures
Presque aussitôt, la police judiciaire de Bruges appelle, se voulant rassurante : « Ne croyez pas tout ce que l'on raconte. Il n'y a rien de vrai. » Quelques instants avant le début du JT, c'est Michel Bourlet qui prévient les parents de ne pas s'affoler en entendant les bruits répercutés sur les ondes : « ils ne sont absolument pas fondés ».

Seul Neuchâteau
VTM, de toute façon, ne souffle mot des derniers développements. En revanche, ils donnent la parole aux parents d'Eefje. Une apparition qui ne laisse pas indifférent leurs compagnons d'infortune. «Je trouve un peu dommage qu'ils aient cru bon de se plaindre, via un article du Volk, ils accusent Michel Bourlet de ne leur donner aucune information, et nous reprochent de ne leur communiquer aucun élément en notre possession. Alors que nous leur avons, au contraire, proposer de servir de relais entre le procureur de Neufchâteau et leur maison. C'est triste. » Profitant de ce que les micros sont tous suspendus à ses lèvres, Paul lance un vibrant hommage à l'asbl Marc et Corine. « Qui a toujours été à nos côtés. Sans jamais faire défection. »
L'heure du dîner a depuis longtemps sonné lorsque les journalistes rendent à leurs hôtes un semblant d'intimité, quittant le living pour se poster devant l'entrée. Et entendre Paul répéter inlassablement que la vérité ne sortira que de la bouche de Michel Bourlet...

Véronique Lamquin
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DIVERS (Colonne de gauche)

« La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996 page 2

AFFAIRES : PAS DE LIEN ENTRE PONCELET ET DUTROUX

Suite à l'arrestation de Georges Zicot et à ses aveux concernant des trafics de voiture notamment liés aux activités de Dutroux, certains ont tracé un lien entre l'affaire Dutroux et l'affaire Simon Poncelet, du nom de cet inspecteur de la PJ de Mons, assassiné en février dernier, qui avait notamment travaillé sur un trafic de voitures. Le parquet de Mons a tenu à faire une mise au point : il n'y a aucune raison de jeter des ponts entre l'affaire Dutroux et la mort tragique de Simon Poncelet. Le trafic de voitures sur lequel travaillait l'inspecteur sera évoqué devant le tribunal correctionnel de Mons, le 20 septembre prochain. Comparaîtront, des prévenus qui n'ont rien à voir avec les complices de Marc Dutroux.

PÉDOPHILE : UN JEUNE DE 20 ANS ARRÊTÉ A NIMY
A la funeste plaine de jeux à Nimy, un moniteur bien peu scrupuleux, aurait profilé de sa situation pour abuser de fillettes. Six d'entre-elles avaient porté plainte pour attouchements et attentats à la pudeur, durant leur plaine de jeux de juillet. Les forces de l'ordre ont arrêté un jeune homme, étudient, de 20 ans, domicilié à Quaregnon. Il aurait touché le sexe de petites filles et se serait livré à des attouchements par-dessus les vêtements des fillettes. Présenté à la juge d'instruction Mm• lefèbvre, il a été placé sous mandat d'arrdt pour attentats à la pudeur avec violences pour menaces (les victimes étant âgées de moins de 10 ans). Le parquet de Mons n'a pas révélé l'identité du jeune homme qui devra subir une expertise psychiatrique.

PÉDOPHILIE : UN ANGLAIS ARRETÉ A LIÈGE
Le juge d'instruction Closon a placé sous mandat d'arrdt,mardi matin, un citoyen britannique, M. John Pearsan. Âgé de 40 ans, celui-ci vit dans un mobilhome et mendie régulièrement sur le parking du GB de Rocourt. Il avait sympathisé avec plusieurs enfants du quartier. Il aurait meure emmené des enfants se promener à Ostende et Bruxelles. Deux frères, âgés de 10 et 12 ans, aurait ainsi fait l'objet d'attentats à la pudeur, d'attouchements et l'un d'entre eux aurait même été violé !
Ce que conteste avec énergie John Pearson qui explique qu'il aurait, à une seule reprise, déshabillé un enfant afin que celui-ci prenne un bain tant il était sale. John Pearson a été incarcéré à la prison de Lantin mardi en fin de journée.

PÉDOPHILIE : UN HOMME DE 59 ANS ARRÊTÉ A ANVERS
Un homme de 59 ans, louis V.T., a été placé mardi sous mandat d'arrdt à Anvers. Il s'en étale pris à un jeune garçon qui en avait informé sa mère. Des perquisitions menées à son domicile de Kapellen ont donné lieu à la saisie de photos d'enfants dans des poses équivoques.

PÉDOPHILIE : UN TOURISTE ARRÊTÉ... CHEZ LUI
Un touriste allemand qui avait fui les Philippines avant l'ouverture de son procès pour abus sexuel sur une fillette de 9 ans a été arrêté en Allemagne où il sera jugé pour ces faits. L'homme d'affaires, âgé de 34 ans, originaire d'Iserlohn, a été arrêté lundi et son procès devrait s'ouvrir en octobre. La victime, qui a été confiée à une organisation de protection des enfants à Manille. Le touriste avait été inculpé en janvier par la justice philippine pour avoir à quatre reprises au moins maltraité la fillette. II avait été remis en liberté sous caution ainsi qu'un de ses amis âgé de 24 ans, également inculpé. Les deux hommes en avaient profité pour fuir en Europe avec de faux papiers. Pour lutter contre le tourisme sexuel, la législation allemande permet de juger en Allemagne pour des faits commis à l'étranger des citoyens allemands accusés d'abus sexuels sur mineurs.


PÉDOPHILIE : UN AUTRE ANGLAIS ARRÊTÉ EN ALBANIE
Un touriste britannique a été arrêté et inculpé de pédophilie, dimanche, dans le port albanais de Durres (40 km à l'ouest de Tirana). Paul Thomsan, 34 ans, originaire du Wilshire, a été pris en flagrant délit dans sa chambre d'hôtel en compagnie de deux garçons, deux frères âgés de 8 et 9 ans.
M. Thomson, divorcé et ère de deux enfants, a rejeté les accusations portées contre père Il a déclaré qu'il s'était lié d'amitié avec les deux enfants car ils lui rappelaient ses propres enfants vivant.

NAMUR : PROTECTION DES ENFANTS TUNISIENS
Le ministre des Relations internationales de la Région wallonne, Jean-Pierre Grafé, a décidé l'octroi d'une somme de 470.000 F destinée à la formation de 23 tunisiens délégués à la protection de l'enfance. Cette aide fait suite à la demande d'un représentant du bureau de l'Unicef à Tunis.
Le nouveau code de protection des enfants tunisiens, se base en grande partie sur celui qui existe chez nous.

BONN : LES 200 CRIMES SEXUELS DE 2 FAMILLES
Appelés à juger le cas le plus grave connu à ce jour d'abus sexuels (200 crimes entre 94 et 96) commis contre des enfants en Allemagne, les juges du tribunal de Mayence doivent faire face, depuis 234 jours, aux limites des procès pour pédophilie et inceste. 24 adultes, membres de deux familles, sont accusés d'avoir violé et torturé les 16 enfants des deux familles (dont certains d'à peine six mois), dé les avoir loup l'une 8 l'autre pour en abuser sexuellement. Beaucoup de ces actes sadiques auraient été filmés.
Après des mois d'auditions, le procès est au point mort. Le principal problème, réside dans la question de la comparution des enfants devant le tribunal, qui, en l'absence de toute autre preuve, est indispensable pour établir la culpabilité des auteurs d'abus sexuels. Dans ce cas-ci, certaines victimes sont trop jeunes pour témoigner, d'autres refusent de le faire. Les Juges envisagent des interrogatoires par vidéo Interposée, qui limiteraient l’impact émotionnel pour l'enfant


RECHERCHE D'ENFANTS : UNE AGENCE EUROPÉENNE
Le groupe du Parti Populaire Européen (PPE) au Parlement Européen, réuni à Helsinki pour des journées d'études sous la présidence de Wilfried Martens, a proposé, mardi, que soit créée, au sein d'Europol, une agence spécialisée centralisant toutes les données et établissant un registre de tous les enfants disparus ou kidnappés. Un projet de résolution d'urgence qui devrait être débattu au parlement européen à Strasbourg, le 19 septembre a été rédigé. Dans cette résolution, le PPE demande également que la Commission Européenne rédige un rapport sur la question du bien-être des enfants.

L’insoutenable attente('DH' 28'08'1996)


L’INSOUTENABLE ATTENTE

« UNE » du journal «La Dernière Heure » du mercredi 28 août 1996

Lundi soir, Marc Dutroux a fait de nouveaux aveux terribles, affirmant aux enquêteurs avoir fait disparaître cinq personnes, dont An et Eefje.

D’importantes fouilles ont été opérées dans ce cadre dés mardi matin dans la propriété de Bernard Weinstein, le complice assassine par Dutroux, rue Daubresse, 63-65 a Jumet.

La Protection civile a déblaye toute la journée un hangar pour permettre des fouilles plus approfondies. Hier soir, ces opérations d'envergure, interrompues par l'obscurité vers 22h30, n'a toujours rien donné.

Ainsi que l'on peut aisément l'imaginer, des heures épouvantables pour les parents des enfants toujours portés disparus, comme ici ceux d'An Marchal.

(Ph. Reuter, Visio-Press et D.Bauweraerts)

L’affaire Dutroux jusqu’au bout('Wallonie'27'08'1996)


L’affaire Dutroux jusqu’au bout

La « UNE » du journal « La Wallonie » du mardi 27 août 1996

Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck a voulu mettre les choses au point hier en fin de journée.
II a répété que tout sera mis en oeuvre pour que les enquêtes sur le dossier Dutroux aboutissent.

Le procureur près la Cour de Cassation, Jacques Velu, devrait déterminer s'il y a eu des manquements dans les enquêtes, notamment dans les échanges entre les parquets de Liège et de Charleroi.

De son côté, le procureur général de Liège, Anne Thily, a ouvert une enquête «sur I'enquête» dans le cadre du dossier Julie et Mélissa.


A Neuchâteau, un dixième suspect a été arrêté

(Notre photo Belga : le ministre De Clerck rendant récemment visite aux parents de Julie et Mélissa)

Jusqu’au bout('Vers l’avenir'27'08'1996 pg7)



Stefaan De Clerck à Michel Bourlet :

« Je veux qu'on aille jusqu'au bout ! »

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 7

Le ministre de la Justice Stefaan De Clercka tenu à répéter, lundi, que tout sera mis en oeuvre pour qu'aboutissent les enquêtes sur le dossier Dutroux. Il a par ailleurs précisé que des mesures seront proposées, vendredi, au conseil des ministres.

L'enquête continue avec tous les moyens, sans obstacles, ni interventions, Je veux, comme tout le gouvernement, que l'on aille jusqu'au bout », a répété lundi le ministre de la Justice. Il répondait ainsi indirectement au procureur du Roi de Neufchâteau qui avait laissé entendre vendredi qu'il irait jusqu'au bout « si on le laissait faire ».

Stefaan De Clerck n'a pas détaillé les mesures qu'il compte proposer au conseil des ministres. Rappelons cependant qu'il avait annoncé son intention, lundi dernier, de revoir l'application et le suivi des libérations conditionnelles. Hier, il a précisé que la problématique des réseaux de pédophilie serait également envisagée et s'est défendu d'agir dans la précipitation, soulignant qu'une note d'orientation avait déjà été déposée en juin,

Une seconde mission
Le ministre de la Justice, qui avait chargé lundi dernier le procureur général de Liège, Anne Thily, de mener une « enquête sur l'enquête », lui a confié une seconde mission. Il veut la clarté sur les déclarations contradictoires du juge d'instruction liégeois, Mme Doutrewe, et la gendarmerie.
Cette dernière dit avoir donné certaines informations qu'elle détenait à la juge, ce que celle-ci nie.
Le procureur général près la Cour de cassation, Jacques Velu, a reçu pour sa part la mission d'examiner tout le dossier pour voir si il y a eu des manquements dans les enquêtes, notamment dans les échanges d'informations entre les parquets de Charleroi et de Liège.

Enfin, Stefaan De Clerck a rencontré son prédécesseur, Melchior Wathelet, qui avait signé la libération conditionnelle de Marc Dutroux en avril 1992.
II lui a demandé de lui transmettre le dossier de libération conditionnelle de Marc Dutroux.
Selon M. De Clerck, M. Wathelet lui a dit qu'il lui donnerait une réponse dans les prochains jours.
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Jean-Luc Dehaene soutient Stefaan De Clerck

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 7

Le Premier ministre a fait part de son plein appui à l'action et aux initiatives du ministre de la
Justice à propos des disparitions d'enfants

Dans un communiqué publié lundi à l'issue d'une rencontre avec Stefaan De Clerck, Jean-Luc Dehaene précise qu'il a eu ces derniers jours des contacts réguliers avec le ministre de la Justice, qui le remplaçait, et qu'il a suivi de près les événements.

Le ministre de la Justice a régulièrement fait rapport sur l'état de l'enquête judiciaire, souligne M. Dehaene, qui dit espérer que la justice fera rapidement toute la clarté dans ce dossier.

Le Premier ministre assure encore qu'il appuie pleinement « l'action et les initiatives du ministre de la Justice visant à déceler les erreurs et négligences éventuelles lors de l'enquête antérieure et à prendre les sanctions qui s’imposent ».
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Liège : début de l'enquête sur l'enquête

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 7

Conformément à la demande formulée la semaine dernière par le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, le Procureur général de Liège, Mme Anne Thily, a entamé lundi matin son «enquête sur l'enquête » afin de déterminer si des lacunes, des dérapages ou des enquêtes parallèles sont intervenus dans les investigations menées récemment sur les disparitions d'enfants, dont principalement celles de Julie et Mélissa.
Rappelons que le même type de rapport a également été demande par M. De Clerck au Procureur général près la cour de Cassation, Jacques Velu.

Au palais de justice de Liège, une bonne partie de la matinée de lundi a été consacrée à l'audition de la juge d'instruction liégeoise Martine Doutrewe qui, précisément, a eu en charge durant 14 mois le dossier des deux petites martyres de Grâce-Hollogne.

Tant à son arrivée qu'à sa sortie du bureau du procureur général, Mme Doutrewe s'est refusée à toute déclaration.
D'autres enquêteurs doivent encore être entendus par Mme Thily, dont sans doute un commandant de gendarmerie du district de Liège,
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126 pays à Stockholm pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 7

Plus de 1000 délégués de 126 pays et d'une cinquantaine d'organisations internationales et non gouvernementales (ONG) se réuniront de mardi à samedi à Stockholm pour donner une réponse internationale concertée à l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, une industrie en pleine expansion.

Face à ce fléau qui jette chaque année plus d'un million d'enfants sur le marché mondial du sexe, une industrie « humaine » qui rapporte des milliards de dollars, les participants à la conférence de Stockholm adopteront mercredi une «déclaration et un programme d'action» établissant les priorités en matière de coordination et de coopération aux niveaux 1ocal, national et international, ainsi qu'en matière de prévention, protection, réadaptation et réinsertion des victimes de cette prostitution enfantine.
« II ne s'agit pas d'une conférence diplomatique et le texte adopté n'aura pas valeur de traité ou de loi, mais son impact sera certainement considérable, vu le niveau de l'engagement international », estime Lars Loennback, ambassadeur au ministère suédois des Affaires étrangères et chef de presse de la conférence.

Près de cinquante ministres
L'intérêt suscité ces derniers mois par la conférence pose d'ailleurs un problème aux organisateurs suédois qui ont vu trop petit en choisissant le Folkets Hus comme lieu de conférence. « Il n y aura pas de places assises pour tous les délégués lors de la séance inaugurale et nous devrons limiter l'accès à quatre personnes par délégation », a indiqué M. Loennback.
Malgré son côté informel et la participation, sur un pied d'égalité de gouvernements, d'organisations non gouvernementales et d'organismes internationaux, près de 50 ministres ou vice-ministres de la Justice, des Affaires sociales, de la Santé ou de la Famille interviendront dans le débat. L'Allemagne a même délégué son ministre des Affaires étrangères Klaus Kinkel - tout comme la Belgique, le Canada et le Laos -, le Cambodge son Premier ministre, tandis que l'épouse du président colombien, Mme Jacquin Strauss de Samper, et la princesse Maria-Thérésa de Luxembourg, dirigeront les délégations de leur pays, selon les organisateurs.
La délégation française sera conduite par Xavier Emmanuelli, secrétaire d'État à l'Action humanitaire, la délégation américaine par le ministre adjoint de la Justice Laurie Robinson.

Pas seulement discuter
La conférence sera organisée autour de neuf thèmes, objets de rapports, qui couvrent les formes principales de la prostitution et de la vente d'enfants, ainsi que la pornographie enfantine. « La conférence se déroulera en trois temps », a explique June Kane. « Après les déclarations officielles des chefs de délégation et l'adoption de la déclaration de Stockholm et du programme d'action, hauts fonctionnaires, experts, juristes, professionnels de la santé et militants se réuniront dans 57 différents ateliers pour définir l'ampleur du problème, mettre leur expérience en commun, et dégager de nouvelles idées et moyens de lutte.
Enfin, vendredi, des réunions a u niveau régional et national permettront d'élaborer des plans d'action au niveau des pays. II ne s'agit pas seulement de discuter, mais d'ouvrir la voie à un processus dynamique», souligne June Kane.
La conférence doit constituer un nouveau pas en avant après l'adoption de la Convention sur les droits des enfants, adoptée en 1989 par l'Assemblée générale des Nations-Unies et ratifiée par 187 pays.
Le congrès mondial de Stockholm sera clôturé samedi par la reine Silvia de Suède qui, sortant de sa réserve constitutionnelle, a déjà lancé en juillet le débat dans son pays en demandant l'adoption d'une nouvelle législation contre la pornographie enfantine.
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Une urgence mise en relief par l'affaire Dutroux

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 7

Le Premier ministre suédois Goeran Persson ouvrira en présence de la reine Silvia de Suède ce congrès international, le premier de ce genre organisé à ce jour, dont l'urgence a été mise n relief par l'affaire d'enlèvements d'enfants et la découverte 'un réseau international de pédophiles en Belgique.

« L’affaire Dutroux a éveillé l'opinion publique européenne et illustré de manière dramatique ce que nous savions déjà tous au niveau des gouvernements ou ONG : l’exploitation sexuelle des enfants n’est pas le seul fait de la Thaïlande ou du Brésil, mais elle existe dans pratiquement tous les pays», a souligné lundi June Kane, conseiller à l'UNICEF et porte-parole du Congrès.
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La CGSP suggère le recours à l'armée

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 7


La CGSP-Militaires a suggéré que l'armée apporte rapidement son aide en cas de disparition de personnes, soulignant que ce recours aux forces armées pourrait faire gagner un temps précieux dans de tels cas.
Une centaine de casernes couvrent un territoire allant d'Ostende à Arlon et même Cologne (en Allemagne).
Chaque caserne possède des fax et des photocopieuses et une garde y est assurée en permanence. Jour et nuit, des chauffeurs sont présents et des transports y sont disponibles », a noté le syndicat socialiste.
Selon la CGSP-militaires, le personnel de garde pourrait reproduire rapidement des avis de disparition diffusés par les autorités judiciaires puis les placer dans des endroits comme des gares, des arrêts de bus ou des écoles. Les militaires pourraient aussi participer aux battues organisées pour retrouver un disparu.
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L’enlèvement de Molenbeek des précisions

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 7

Le parquet de Bruxelles a précisé les circonstances de l'enlèvement d'une fillette de 13 ans.
L'adolescente a été agressée par plusieurs individus alors qu'elle attendait le bus 63, vendredi vers 16 heures, à Molenbeek Saint-Jean, afin de se rendre chez sa grand-mère.

Elle a été surprise par un homme qui l'a saisie à la gorge par l'arrière et lui a bande les yeux pendant qu'un autre la maintenait par les pieds. Elle a été transportée dans une voiture où les inconnus lui ont administré de force des cachets somnifères que la malheureuse a essayé de recracher.

La petite victime se souvient d'attouchements à la poitrine et ignore si elle a été victime d'autres attentats à la pudeur.
Elle a été relâchée (à une heure non précisée) rue de Neerpede à Anderlecht, où elle a pu demander de l'aide à une vieille dame qui passait par là et qui a pu prévenir les parents de l'enfant.
Un examen médical n'a pas permis de mettre en évidence des traces de violences et de sévices,

dixième arrestation('Vers l’avenir'27 août 1996 pg6)


Neufchâteau une dixième arrestation

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 6

Lundi, tandis qu'on annonçait une dixième arrestation dans le cadre de l'affaire Dutroux, les parents d'An Marchal ont rencontré le procureur du Roi Bourlet à Neufchâteau. Ils lui ont remis des documents sans en préciser la teneur. Selon M. et Mme Marchal, M. Bourlet s'est montré fort intéressé.

Plus que jamais sans doute, Neufchâteau est une ville en état de siège. Depuis l'annonce, dimanche soir, de trois nouveaux mandats d'arrêt, et la confirmation d'une dixième arrestation, lundi, les abords de la gendarmerie et du palais de justice sont en ébullition. C'est en effet en ces deux endroits que sont régulièrement entendus les différents inculpés.

Un dixième mandat
Le dixième mandat d'arrêt a été décerné à l'encontre de Pierre Rochow, vingt-quatre ans, domicilié rue du Nord, à Courcelles, qui a été inculpé de participation à une association de malfaiteurs impliqués dans des vols et recels d'objets volés. Il s'agit d'un des trois jeunes gens qui avaient été séquestrés en décembre dernier, à Jumet, par Bernard Weinstein et Marc Dutroux, dans le cadre d'un différend portant sur un vol de camion.
C'est cette affaire qui avait valu à Marc Dutroux de passer quelques mois en prison, entre décembre 1995 et mars 1996. Ce sont ces trois mois qui ont été fatals à Julie et Mélissa. Jusqu'à présent au moins, rien n'indique que les quatre personnes arrêtées dimanche et lundi soient concernés par les faits d'enlèvements et de séquestration.

Le « Grec » à nouveau entendu
Lundi matin, Diakostavrianos est arrivé au palais peu après 9 h. Il a quitté les lieux sous escorte une heure plus tard environ. Une visite des parents d'An et Eefje est annoncée en matinée, mais seuls M. et Mme Marchal, gravissent les marches du palais de justice vers 11 h 30. Ils se refusent à ce moment à toute déclaration.

Par ailleurs, les parents de Julie et Mélissa ont également été reçus, lundi, au palais de justice de Neufchâteau.
En début d'après-midi, lorsqu'ils ressortent pour se restaurer, les Marchal échangent quelques mots avec la presse. Tout au plus apprendra-t-on que le couple a confié « des documents » au procureur de Neufchâteau, «des documents susceptibles d intéresser M. Bourlet » déclare en substance le père d'An. Il ne s'agirait cependant pas d'une (i liste », référence faite à une rumeur selon laquelle M. et Mme Marchal seraient en possession des noms d'individus ayant trempé, de près ou de loin, dans des affaires de pédophilie.

M. et Mme Marchal confiants
Les parents d'An Marchal ont quitté Neufchâteau vers 15 h, non sans avoir confirmé qu'ils ont bien cédé certains «papiers » à M. Bourlet : « Nous sommes heureux de savoir que le procureur est intéressé par les résultats de nos recherches. Il considère ces documents avec beaucoup de sérieux.
Les Marchal se disent d'autre part convaincus que l'enquête aboutira : «Nous avons beaucoup de respect pour M Bourlet et l'équipe qui travaille à ses côtés », déclare encore M. Marchal et son épouse ajoute : « A ce point de l'enquête, il est nécessaire d être derrière lui. »

En outre, les parents de la jeune disparue ont le sentiment que le dossier de trafic de camions volés n'occultera pas ceux liés aux enlèvements d'enfants.
Le procureur du Roi de Neufchâteau et les Marchal n'ont, pour l'instant, fixé aucun autre rendez-vous. « Ce n'est pas vraiment nécessaire, précise M, Marchal. Nous avons téléphoné hier soir et nous sommes ici ce matin. » Une façon de dire qu'entre les autorités chestrolaises et les parents des adolescentes enlevées, le courant passe bien.
À leur départ, M. et Mme Marchal ont été salués par les applaudissements de badauds venus aux nouvelles sur la place Charles Bergh. Peu fréquenté en début de matinée, le parking qui fait face au palais de justice a été envahi par les journalistes, les cameramen et les preneurs de son au fil des heures. Quelques curieux se sont joints aux membres de la presse. Certains touristes ont même fait un crochet par Neufchâteau - histoire sans doute d'être, pendant quelques instants, au coeur de l'événement.

Chambre du conseil ce mardi
Au coin de la place, le Café de la Liberté ne désemplit pas. Journalistes et badauds viennent s'y désaltérer. À l'heure des repas ou, tout ou moins, lorsque l'information le permet, tout ce petit monde, poussé par la faim, envahit les snacks environnants.
La bonne affaire pour les restaurateurs ? S'il est vrai que les événements actuels sont favorables au commerce local, on aurait cependant préféré en jouir dans d'autres circonstances.

Qu'en est-il, pendant ce temps, des interrogatoires et des mandats d'arrêt ?
Arrivée de Namur vers 12 h 30, Michèle Martin a été longuement entendue par les enquêteurs dans les locaux de la gendarmerie hier après-midi. Aucune information n'a filtré.

On apprend d'autre part que Diakostavrianos et Thirault devraient passer en chambre du conseil ce mardi matin. Georges Zicot, l'inspecteur principal de la PJ de Charleroi, Gérard Pinon et Thierry Dehaan, devraient également être entendus aujourd'hui.

Philippe COLLING
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Le radar anglais ausculte les caves de Sars la Buissière

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 6

On avait, jusque hier après-midi, le sentiment que les enquêteurs ne savaient trop où chercher. Dans la matinée, ils ont visité trois lieux fréquentés par la bande Dutroux. Sans succès. Mais dans l'après-midi, John Benett, le spécialiste anglais, a déployé son matériel à Sars la Buissière.

On a vu les enquêteurs à Jemeppe-sur-Sambre, tôt hier matin. Ils ont à nouveau inspecté la maison de la grand-mère de Marc Dutroux. Puis ils furent à Montignies-sur-Sambre, dans l'immeuble de la rue des Gris que Dutroux avait louée à Claude Thirault, arrêté le 23 août. Ils avaient emmené des chiens pisteurs belges et allemands. Une architecte expert les accompagnait pour faire le relevé des volumes des pièces et les comparer aux plans initiaux du bâtiment.

Gendarmes et hommes de la protection civile ont développé la même méthode mais avec plus de moyens à Jumet, dans la propriété de Bernard Weinstein. Les chiens étaient présents. Les architectes aussi. Mais dès 9h du matin, les enquêteurs ont surtout dégagé les lieux encombrés d'un indescriptible fatras. Opération indispensable pour pouvoir mener des recherches plus approfondies. Au bout de quelques heures, ils avaient dégagé un camion de ferrailles, moteurs et pièces détachées. Les chiens n'ont rien reniflé de particulier.

Une dalle de béton à Sars
Le superintendant John Bennett est arrivé à Sars la Buissière peu après 13 h afin de commencer les fouilles approfondies de la maison maudite et du vaste terrain adjacent où ont été déterrés les corps de Julie et Mélissa. Il n'a pas mis le nez dehors de tout l'après-midi, malgré la surveillance acharnée des photographes et cameramen groupés aux abords de la maison. L'Anglais, toujours dans son élégant complet gris est surtout resté dans la cave de la maison. Il était accompagné de trois employés de la société responsable du fameux « ground radar » utilisé, avec succès, lors des fouilles de la maison de l'horreur, à Gloucester.

Selon les maigres informations qui filtraient en surface, le commissaire Bennett comptait bien achever hier encore, en soirée sans doute, l'examen minutieux des caves qui couvrent près de 70 mètres carrés. Au cas où un doute se présenterait, des fouilles plus poussées encore, devraient être organisées, dans la nuit ou dans les jours qui viennent.

Le radar sonde en effet le sol à une certaine profondeur, au moins trois mètres et détecte les irrégularités dans le sous-sol.
Ces fouilles visent surtout à apporter la certitude que Marc Dutroux n'a pas enseveli quelque victime dans son jardin sans l'avoir avoué.
En fin de journée, le scanner de sol a détecté des irrégularités sous une dalle de béton. Les marteaux piqueurs se sont alors mis en branle dans une grande effervescence.

Mais vers 21 h, on a appris que le radar anglais n'avait détecté que deux gros cailloux...
Les enquêteurs ont arrêté leurs recherches à ce moment mais d'autres ont poursuivi les investigations à Montignies sur Sambre, plus tard dans la soirée, où ils étaient rejoints par M. Jongen, un spécialiste néerlandais.

F.M. et O.L.
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Quels liens entre Zicot et Dutroux

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 6

L'arrestation de Georges Zicot fait des vagues à Charleroi. Ses confrères de la PJ évoquent la possibilité d'une cabale. Le procureur du roi de Charleroi souligne la gravité des accusations. Le procureur général du Hainaut, dont le nom a été cité dans un dossier de Zicot, s'explique.

Georges Zicot, 45 ans, est accusé par le juge Connerotte d'association de malfaiteurs, faux, usage de faux, vol de voitures, etc. Il a été inculpé ce week-end, en même temps que Gérard Pinon, un mécanicien de Dampremy qui va fêter ses 41 ans et Thierry Dehaan, un agent d'assurance de Brabant-Wallon. Hier, Pierre Rochow, 24 ans, le fils d'un démolisseur de Courcelles, a été à son tour placé sous mandat d'arrêt.

Ces quatre dernières inculpations doivent être situées dans le cadre d'un dossier parallèle à l'affaire Dutroux. Une enquête qui porte sur des trafics de voitures volées. En octobre 1995, Bernard Weinstein dérobe un camion à Braine-l'Alleud. Il l'entrepose dans un hangar loué par Dutroux, à Lodelinsart. Mais les deux hommes se font doubler par deux complices : Pierre Rochow, 24 ans, et Jadeau, rejoint par sa fiancée. Dutroux et Weinstein les séquestrent tous trois à Jumet le 3 novembre dernier.

C'est dans le cadre de cette affaire que Dutroux passe trois mois en détention préventive alors que Weinstein disparaît. L'enquête est menée par la police communale. Mais Zicot est informé que le fameux camion volé se trouve dans ce hangar, au numéro 63 de la chaussée de Bruxelles, à Dampremy. Une porte cochère, à l'effigie d'« Euro Truck Centre » donne accès à des boxes pour voitures, un hangar et l'arrière d'une maison coquette entourée de hauts murs. Elle est occupée par Gérard Pinon, celui-là même qui a loué son entrepôt à Marc Dutroux. À l'extérieur on trouve, abandonnés, une excavatrice et deux coffres-forts arrachés d'un mur.

Fraude à l'assurance
De son initiative, Zicot dresse une série de procès-verbaux sur ce fameux camion. Ces PV ne rendent pas compte de la réalité, estiment les enquêteurs de Neufchâteau. C'est grâce à ceux-ci que l'assurance a été tenue de rembourser la prime de vol. Or l'agent d'assurance n'est autre que Dehaan, qui fut aussi inculpé ce week-end. Mais ce vol de camions semble léger pour justifier des inculpations aussi graves.

En fait, il apparaît que Zicot et Dehaan, au moins, sont déjà impliqués dans un autre dossier de fraude à l'assurance : le fameux dossier de « la Porsche volée », où l'on trouve le nom du procureur général du Hainaut, Georges Demanet (voir ci-contre). M. Demanet ne fait guère de commentaires sur l'inculpation de l'officier de la PJ.

II affirme que jamais il n'avait eu aucune animosité pour Zicot. Mais il souligne que si l'inspecteur de la PJ a été cette fois placé en détention préventive, « c est parce que ce fameux vol de camion est probablement lié au meurtre de Bernard Weinstein ». Les faits sont graves.

Une cabale
La gravité des faits, pour le procureur du roi de Charleroi, repose sur autre chose. Thierry Marchandise a écourté ses vacances pour répondre notamment des graves accusations qui pèsent sur le parquet de Charleroi. Pour lui, «sil s'avère que
Zicot a rédigé de faux procès verbaux, c'est tout le fondement de la justice qui est remis en question. Cela signifie que la magistrature ne peut plus faire confiance en ces PV. Mais M. Marchandise ne préjuge pas. Il se peut aussi que le milieu ait voulu faire tomber Zicot.

Du côté de la PJ, c'est la consternation. Pour Claude Lemaire, commissaire principal, il faut éviter l'amalgame. « Rien ne dit, jusqu'ici, que Zicot ait protégé Dutroux dans le dossier des enlèvements d'enfants. »
Pour lui, comme pour ses collègues, Zicot était un excellent policier. A tel point qu'il a subi beaucoup de pressions du milieu des voleurs de voitures. Peut-être a-t-il rédigé de faux PV pour protéger des informateurs.

« Jusqu'à preuve du contraire, Zicot a donné entière satisfaction. La preuve, c'est qu'il a pu passer inspecteur principal le 1er octobre 1995, malgré un avis négatif du procureur Demanet.
« Un avis défavorable non fondé » avait tranché, le 5 septembre dernier, un comité de régulation composé de magistrats et de policiers, par huit voix contre une et une abstention.

Olivier LAMBERT
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Zicot et la Porsche du fils Demanet

«Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 6

Georges Zicot a confié, voici peu : «le procureur général de Mons a mis un contrat sur ma tête dans le milieu carolorégien. » Cette petite phrase ramène à la surface un dossier brûlant de fraude à l'assurance qui avait impliqué le fils de Georges Demanet. Le procureur s'en explique.

Philippe Demanet est expert automobile, attaché notamment au parquet de Charleroi. Célibataire, il vit chez son père, Georges Demanet, procureur général du Hainaut, à Thuin. Passionné de voitures, il achète en 1993 une Porsche 911 en leasing à la SPRL Adam, à Charleroi, pour 2 millions huit cent mille francs.
« Quelques semaines plus tard, il fait une déclaration de vol en Espagne. Et comme il est sous leasing, il doit en faire une autre à la police de Thuin. Mais la Royale belge se méfie et fait une enquête pendant plus de huit mois. Cette enquête interne est justement menée par Dehaan », affirme, aujourd'hui, le procureur du Hainaut. Une enquête judiciaire est par ailleurs en cours, où intervient Zicot.
Quelque temps plus tard, en février 94, poursuit Georges Demanet, je reçois un coup de fil du directeur d Axa. Il a été contacté par un certain Zicot qui prétend avoir retrouvé en Italie une Mercedes 250 volée à Zaventem.»
Le procureur général décide de porter l'affaire devant le parquet de Bruxelles, puisqu'elle touche un officier de police judiciaire du Hainaut.

Un entrepôt à Ransart
Zicot sera entendu mais pas inculpé. Mais le Comité P, la police des polices, poursuit ses investigations jusqu'en juin de cette année. L'instruction n'est pas finie. Parallèlement, le juge de Bruxelles instruit le dossier de fraude à l'assurance à charge de Philippe Demanet.
En juin 94, il ordonne des perquisitions chez son père, le procureur Demanet - où vit toujours Demanet fils - et dans un entrepôt de Ransart, à la rue Lemoine.

«Un entrepôt que mon fils avait loué à Daniel Philippron pour y entreposer les voitures qu'il devait expertiser. C'est vrai que les enquêteurs y ont trouvé une Porsche, mais pas trois comme on l'affirme aujourd'hui. Elle a été emmenée à Bruxelles pour déterminer si ce n'était pas celle de 1 Espagne. Mais c'était un autre modèle que mon fils avait acheté pour faire des courses automobiles. D'ailleurs, dès qu'on la lui a rendue, il la vendue à un ami. »

Quant à l'entrepôt de Ransart, il se situe justement là où Michel « le Grec » avait loué un espace pour entreposer ses pneus d'occasion.
Pur hasard, laisse entendre le procureur général. D'ailleurs, Daniel Philippron a prévenu les enquêteurs dès qu'il a reconnu le visage de Michaël Diakostavrianos dans les journaux...

O.L.
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Des jeunes slovaques témoignent contre Dutroux

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 6

La police slovaque a recueilli ces derniers jours des témoignages d'une dizaine de jeunes femmes slovaques qui avaient eu des contacts avec le pédophile belge Marc Dutroux, a indiqué lundi à l'AFP le directeur du bureau slovaque d'Interpol. Les policiers slovaques n'ont toutefois pas trouvé trace d'An et Eefje, les deux jeunes filles enlevées en Belgique en août 1995, a indiqué Rudolf Gajdos.

Les enquêteurs slovaques ont réussi à interroger une dizaine de jeunes femmes âgées d'environ 18 ans, dont plusieurs avaient voyagé en Belgique à l'invitation de Marc Dutroux ou l'avaient rencontré lors de ses déplacements en Slovaquie.
Certaines des jeunes femmes invitées par Dutroux en Belgique y auraient été engagées comme « actrices dans des films porno», selon M. Gajdos, mais« elles s'y étaient déplacées volontairement et sont toutes rentrées dans leur pays d'origine ».

Certaines d'entre elles ont cependant affirmé avoir été « sous l'influence de stupéfiants » et qu'elles « ne se souvenaient pas des détails » de leur séjour en Belgique. L'une des filles interrogées a déclaré avoir « sommeillé pendant trois jours » en Belgique, mais aucune d'entre elles n'a voulu porter plainte contre Marc Dutroux, a précisé M. Gajdos.

Selon le directeur du bureau d'Interpol à Bratislava, l'enquête en cours a également confirmé des déplacements de Dutroux en Slovaquie, en Autriche, en Hongrie et en République tchèque. Jusqu'à présent, « il n'y a pas eu de nouveaux indices » sur l'éventuelle « piste tchèque », ni de traces d'An Marchal ou d'Eefje Lambrecks en République tchèque.
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Une autre victime de Dutroux?

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 6

Parmi les disparitions récentes inexpliquées, d'autres pourraient peut-être encore être rapprochées de l'enquête en cours.
Le 18 septembre 1995, le corps d'une adolescente de 14 ans, Alexandra Scalon, de Lodelinsart, était retrouvé le long du cimetière de Charleroi nord. La jeune fille avait eu le crâne fracassé et avait été rouée de coups avec une rage peu commune. Mais, elle n'aurait, semble-t-il, subi aucune violence sexuelle.
Le juge d'instruction Sohet, de Charleroi, avait à l'époque, été chargé du dossier.
Est-ce le fait du hasard, Marc Dutroux avait déjà été interrogé sur cette affaire, par Georges Zicot, le policier de Charleroi arrêté et écroué dimanche soir...
Mais aucune preuve n'avait toutefois pu être retenue contre Dutroux à la suite de cet interrogatoire, selon la soeur de Zicot.
Il semblerait par ailleurs que le père de la jeune fille habite à quelques mètres de l'une des maisons appartenant à Dutroux.
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À Mons, on reparle du meurtre de l'inspecteur Poncelet

« Vers l’avenir » du mardi 27 août 1996 page 6

Six mois après le meurtre du jeune inspecteur tournaisien Simon Poncelet, d'aucuns se demandent si cette affaire n'est pas à relier avec les enquêtes de Neufchâteau.

Le fils du Procureur du Roi de Tournai, inspecteur judiciaire à Mons, avait été retrouvé sans vie dans le hall d'entrée de la PJ durant la nuit du 21 au 22 février 1996.
C'est pendant qu'il assurait la permanence de nuit qu'il avait été abattu de quatre balles de gros calibre. Il avait ouvert la porte d'entrée en toute confiance, sans arme.
Or, l'usage veut que l'inspecteur n'ouvre la porte d'entrée que s'il connaît la personne qui se présente. Etait ce le cas ?
L'enquête n'a jamais permis d'affirmer ni de démentir cette thèse.

L'éventualité d'un règlement de comptes personnel avait été écartée. Mais Simon Poncelet, entré depuis trois ans à la section « Recherches » de la PJ, s'occupait de divers dossiers relatifs, notamment, à des vols de voitures.

Le Parquet de Mons avait évoqué, une semaine avant les faits, une piste relative à un trafic ayant des ramifications jusqu'à Mons et Charleroi. Étudiée parmi beaucoup d'autres, cette piste n'a jamais rien donné.

Il ne fait aucun doute que les enquêteurs examineront cette affaire à la lumière de celles qui préoccupent depuis plusieurs jours la cellule d'enquête de Neufchâteau.





Et de dix !('Vers L’Avenir'mardi 27 août 1996)


Et de dix !

La « UNE » du journal «Vers L’Avenir » du mardi 27 août 1996

Pas de développement spectaculaire, lundi, mais l'enquête progresse toujours.
Tandis que Diakostavrianos était à nouveau interrogé à Neufchâteau, une dixième arrestation, celle de Pierre Rochow, de Courcelles, était décidée.

De son côté, le ministre de la Justice, Stefaan De Clerck, a affirmé sa volonté de voir l'enquête

« Aller jusqu'au bout ».

Il a également confié au procureur général auprès de la Cour de cassation la mission de déterminer s'il y a eu des manquements dans les enquêtes.

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Légende photo :

Le matériel de détection anglais ultraperformant a été pour la première fois mis en oeuvre à
Sars la Buissière, sous la direction du superintendant Bennet, de Scotland Yard (à droite).

Du radar de Bennett aux chiens de Hollande('Soir'mardi 27 août 1996 pg18)


Du radar de Bennett aux chiens de Hollande

« Le Soir » du mardi 27 août 1996 page 18

On ne cesse de perquisitionner, de creuser, d'utiliser des chiens et du matériel sophistiqué. Une première cependant, hier : on l'a fait à Ostende.
L' « affaire Dutroux » a des ramifications vers la côte ! Tout le long du week-end et lundi, des enquêteurs de la 23e brigade nationale de la police judiciaire, secondés par des gendarmes de la BSR d'Ostende et une équipe de la recherche technique de la P.J. de Bruges, ont, à la demande du parquet de Neufchâteau, passé au peigne fin un appartement au neuvième étage de la résidence Dauphins, au coin de la rue Louise et de la promenade Albert le,, face à la mer, à Ostende.

DES SACHETS REMPLIS DE VÊTEMENTS ET DE FILMS
Mais le travail le plus important semble avoir été fait dans un parking privé, rue des Soeurs Blanches. Là, deux boxes de garages ne servaient pas uniquement d'abri de voitures. Outre, une VW Golf verte, ces boxes étaient remplis à craquer de menus objets.
C'est dans le plus grand secret que les enquêteurs ont pu, le plus tranquillement du monde, fouiller les deux boxes de garage sis aux 3e et 4e étages de l'immeuble à garages pompeusement baptisé «Ritz».
Personne ne les y a dérangés, jusqu’au moment où ils ont dû faire appel aux pompiers d'Ostende, réquisitionnés pour fournir de l'aide en personnel et en matériel, de l'éclairage par exemple. Et dès lors, le gros camion rouge des hommes de feu, garé devant l'immeuble à garages, ne passait pas spécialement inaperçu.
Les pompiers ont complètement vidé les boxes de leur contenu hétéroclite. Les enquêteurs, qui savaient visiblement très bien ce qu'ils recherchaient, ont minutieusement examiné chaque objet.
Le «butin» total s'élevait hier soir à six sacs poubelles remplis de vêtements, d'enfants et d'adultes. Au pied des sacs, enveloppe dans un sac en plastique, une grande bobine de cinéma amateur 8 mm. Un film familial ou un film pornographique d'avant l'ère de la vidéo? Selon des propriétaires de boxes voisins, la personne qui conduisait la Golf verte serait un ou une octogénaire.

UNE FEMME D'UN CERTAIN ÂGE, À MOINS QUE...
A première vue, il s'agit d'une femme d'un certain âge. Mais je ne serai pas surprise d'apprendre qu'en réalité c'est un travesti, lance quelqu'un. Elle, ou lui, parlait en tous cas français et n'était pas particulièrement un bon chauffeur,il fallait toujours pas mal de manœuvres avant que ne soit rangée la petite voiture dans ce box plein de bric-à-brac.
Selon nos informations, les boxes de garage appartiennent ou sont loués par le propriétaire de l'appartement 9 C de la résidence Dauphins, rue Louise, 39, à Ostende.

DES PREUVES ACCABLANTES CONTRE UN SUSPECT
Hier, des enquêteurs de la 23eme brigade nationale de la P.J. de Bruxelles ont, avec l'aide de la recherche technique de la P.J.de Bruges, passé au peigne fin ledit appartement, occupé, selon le nom marqué sur la sonnette, par un certain Talmasse, qui ne semblait pas présent hier.
Si les enquêteurs sur place ne dévoilaient pas la raison de leur présence à la côte et ne disaient rien des éventuelles découvertes réalisées pendant les perquisitions, des sources bien informées nous assurent que cette opération a un rapport direct avec le dossier Dutroux.
Les vêtements d'enfants, le film 8 mm et les autres objets saisis dans les boxes et dans l'appartement pourraient, nous dit-on, être très accablants pour une personne déjà interpellée puis relâchée dans le cadre de cette enquête. Lundi soir, les enquêteurs ont mis les scellés sur les deux garages et sur l'appartement.

EDDY SURMONT
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Les caches de Dutroux complètement ratissées

« Le Soir » du mardi 27 août 1996 page 18

Hier, en début d'après-midi, John Bennett, malgré son impeccable complet gris, s'est enfoncé dans les décombres des caves de la maison maudite de Sars la Buissière, où le super intendant, qui s'était rendu célèbre à Gloucester, devait commencer les fouilles proprement dites. John Bennett était accompagné de trois personnes chargées du bon fonctionnement du «radar de sol» qui avait fait merveille dans la maison de l'horreur à Gloucester.
Les recherches seront cependant plus délicates à Sars la Buissière où l'enquêteur anglais semble ne disposer d'aucune indication précise sur la présence éventuelle de cadavres et où la surface à sonder est bien plus importante qu'à Gloucester.
Les recherches pourraient prendre plusieurs semaines, mais, hier, il semble que le super-intendant ait déjà sondé l'entièreté de la surface des caves, qui couvrent près de 70 m2. Il semble qu'on n'y ait rien découvert de suspect. Le super-intendant a de toute façon promis au procureur Bourlet la plus grande discrétion quant à d'éventuel les découvertes.

DEHORS, ON REBOUCHE
A l'extérieur, pendant qu'on s'affairait dans la cave, un bulldozer travaillait sans relâche dans le vaste jardin. On rebouche les trous creusés lors des fouilles, peut-être en prévision d'autres fouilles sur le terrain qui a rendu les corps de Julie et de Métissa.
A Jumet, rue Daubresse, aux abords du chalet miteux qu'avait occupé Bernard Weinstein, des engins de levage de la Protection civile ont commencé à emporter les lourds outillages entreposés dans l'atelier de Weinstein sous l'oeil des riverains curieux. Des chiens de décombres devaient une fois de plus être amenés à des endroits jusque-là inaccessibles à cause de ce fatras.
Deux architectes étudient, d'après les volumes de la maison et des caves, la possibilité d'existence d'une éventuelle cache.
Enfin, à Jemeppe-sur-Sambre, rue Lenoble, ainsi qu'à Montignies sur Sambre, rue des Gris, dans deux maisons pouvant avoir servi de caches à Dutroux, des gendarmes accompagnés de chiens de décombres et de chiens dressés à retrouver des cadavres ont opéré de rapides vérifications. Apparemment sans résultat.

FRANCO MEGETTO
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Des témoins auraient vu Elisabeth et Dutroux

« Le Soir » du mardi 27 août 1996 page 18

Michèle, une habitante de Dinant, affirme avoir vu Marc Dutroux en juin dernier, à Bagnères-de-Bigorre, dans les Pyrénées françaises, devant un établissement où elle pense qu'Elisabeth Brichet pourrait être retenue.
L'histoire remonte au 5 septembre 1995. Ce jour-là, Michèle et son mari, qui habitent la région dinantaise, étaient en vacances dans les Pyrénées. Après avoir rencontré une parente à Lourdes, ils avaient repris leur route, mais s'étaient égarés dans un bois.
Là, alors qu'ils circulaient sur une voirie secondaire, ils avaient croisé des piétons, un homme et une jeune femme.
En celle-ci ils sont certains d'avoir reconnu Elisabeth Brichet, disparue à Saint-Servais le 20 décembre 1989. Elle était chétive, son regard n'a pas quitté la plaque belge de notre voiture, explique Michèle.
Faute de pouvoir localiser de façon précise l'endroit de cette rencontre, une enquête n'a pas été possible à l'époque.

En juin de cette année, obsédés par ce souvenir, les Dinantais sont retournés dans la région et ont retrouvé enfin les lieux, à Bagnère de Bigorre. Ils s'y sont attardés dans le café tout proche, le temps de se persuader qu'il s'agit d'une maison de prostitution dans laquelle se trouve peut-être Elisabeth. En sortant de là, ils ont vu un homme qui avait remarqué leur voiture belge et qui semblait furieusement contrarié. Ils disent aujourd'hui, après avoir vu ses photos, que cet individu est
Marc Dutroux.

Ils ont informé la PJ de Namur de tous ces éléments et ils s'étonnent que les vérifications n'aient pas encore été effectuées alors que la vie de la jeune fille est peut-être en jeu.
Le père d'Elisabeth, Francis Brichet, a été tenu au courant de cette histoire et il partage l'incompréhension exprimée par ces personnes.

Ce nouvel épisode est en effet pour lui l'occasion de dénoncer sept années d'incommunication avec la justice, une justice de fonctionnaires dont les enfants meurent aujourd'hui.
M. Brichet explique que, si on ne l'a pas vu aux obsèques nationales de Julie et Mélissa, c'est que ces années de cauchemar l'ont rendu trop vulnérable et qu'elles ont rongé son coeur de père.
Il ajoute qu'en sept ans il a pourtant renversé des montagnes d'indifférence avec pour rançon quotidienne l'angoisse, la rancoeur et la révolte.
II se souvient de l'enquête qui a mis longtemps à commencer ou des témoins trop peu interrogés.
Il déplore cette guerre entre gendarmerie et PJ qui ne permet pas le regroupement des informations ainsi que le mutisme d'un juge qui promet d'informer et qui reste toujours évasif.

SABINE DORVAL
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Un défi mondial : arracher l’enfant aux marchés du sexe

« Le Soir » du mardi 27 août 1996 page 18

STOCKHOLM
De notre envoyée spéciale

Aujourd'hui s'ouvre, à Stockholm, le premier congrès mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales. Organisé conjointement par l'ONG Ecpat (End Child Prostitution in Asian Tourism), le gouvernement suédois et l'Unicef, ce congrès veut harmoniser les législations des États et mettre en oeuvre une coopération internationale pour lutter contre ce phénomène. On peut penser que le drame vécu actuellement en Belgique va peser lourd dans les débats de Stockholm.

CERNER L'AMPLEUR DU MARCHÉ DU SEXE DANS LE MONDE ENTIER
Chaque année, un million d'enfants tombent dans les filets de la prostitution, de la pornographie ou de la traite à des fins sexuelles. Les chiffres cités par Ecpat sont effarants : un demi million d'enfants prostitués en Inde, le double au Brésil, 400.000 en Thaïlande, mais il ne s'agit là que d'estimations. Et les données chiffrées manquent davantage encore pour les pays développés, Europe et Etats-Unis, qui ne sont touchés que depuis peu par le fléau.

L'un des objectifs de ce congrès est également de tenter de mieux cerner l'ampleur de ce marché du sexe. Une certitude: dans tous les continents, dans toutes les sociétés, l'exploitation sexuelle des enfants existe. Elle est souvent tacitement acceptée, voire protégée à différents niveaux de complicité et elle procure à ses auteurs des revenus colossaux.

C'est le trafic le plus lucratif après celui des armes et de la drogue. L'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales est un fléau relativement récent et sa dénonciation l'est davantage encore. Il y a six ans, à Chiangmai (Thaïlande), une série d'ONG lançaient la campagne Ecpat après avoir constaté l'ampleur des dégâts causés par le tourisme sexuel sur les enfants asiatiques. Depuis, Ecpat s'est étendu à d'autres pays non asiatiques, parallèlement à l'extension du tourisme sexuel en Amérique du Sud et en Afrique. Progressivement, sous la pression des ONG, les législations des pays tant occidentaux qu'asiatiques se sont renforcées. Interpol s'est associé à la campagne Ecpat qui a été relancée en 1993 jusque fin 1996.

Mais la réalité de l'exploitation sexuelle des enfants a pris également une ampleur sans précédent. Les raisons sont connues banalisation du tourisme sexuel, peur du sida qui pousse un nombre croissant d'adultes à se servir d'enfants comme partenaires sexuels, attitude complaisante des autorités qui tirent d'énormes profits de la prostitution...
Du côté des victimes, l'ignorance joue également un grand rôle dans l'exploitation sexuelle des enfants. Trop de parents ignorent le sort qui attend leurs enfants confiés (ou vendus) aux intermédiaires qui promettent argent et « une vie meilleure ».
D'autres, par contre, sont poussés par le désir d'acheter des biens de consommation inaccessibles sinon par la vente de leurs enfants.
Le congrès de Stockholm veut aborder quatre grands thèmes de réflexion : la prostitution enfantine et son implication dans le tourisme sexuel, la pornographie enfantine, les trafics d'enfants et enfin les caractéristiques de l'exploiteur d'enfants.

Le «client» classique n'existe pas. A côté des pédophiles, il y a aussi la masse des citoyens ordinaires qui ne savent pas ou ne veulent pas savoir les conséquences de leurs actes sur les enfants : touristes et hommes d'affaires qui se sentent protégés par l'anonymat d'un séjour à l'étranger, militaires, employeurs de personnel domestique, propriétaires de maisons closes, policiers...

RENDRE LES CONVENTIONS INTERNATIONALES EFFICACES
Les conséquences sur la santé physique et psychique des enfants sont tragiques : dans les pays asiatiques et africains, le sida a fait une progression fulgurante chez les enfants. Plus vulnérables physiquement aux infections, les enfants prostitués sont, de plus, forcés de prendre plus de clients qu'un adulte ne l'accepterait.

Comment réagir? Le congrès de Stockholm va sans doute aussi montrer l'efficacité des exploiteurs et la relative impuissance des lois. Le droit international dispose en effet de la convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par plus d'une centaine de pays et qui protège théoriquement l'enfant de toute forme d'exploitation.
Mais cet arsenal reste lettre morte quand, un peu partout dans le monde, les exploiteurs disposent de protections efficaces qui rendent les lois quasi inapplicables.

C'est la raison pour laquelle les ONG veulent continuer à privilégier l'action de terrain, mais avec des moyens accrus. Ecpat revendique le droit d'habilitation à constituer des dossiers de preuves sur les infractions constatées. Et surtout le droit de faire valider ces informations par des enquêteurs puis par les tribunaux.

Cela suppose pour les autorités politiques des pays concernés la volonté de coopérer avec les ONG spécialisées, ce qui est loin d'être évident pour le moment.
Au-delà des belles déclarations de principe en effet, la chape de silence et de complicité reste encore bien difficile à soulever.

MARTINE VANDEMEULEBROUCKE


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