jeudi 24 juillet 2008

Le martyre des petites séquestrées('Paris Match'29 août 1996)


Le martyre des petites séquestrées

"UNE" de « Paris Match » du jeudi 29 août 1996

Dans le repaire du monstre, le supplice de Julie et Mélissa

Julie Lejeune (à gauche) et Mélissa Russo répétait la fête de leur école quand elles ont disparu le 24 juin 1995.
Elles avaient 8 ans.Leurs corps ont été retrouvés dans le jardin de Marc Dutroux


Plus Jamais ça !('NvlGazette'29 août 1996 p15)


Plus Jamais ça !

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 15

Comme nous l'avons écrit déjà, et malgré les horreurs qu'apportent jour après jour une enquête fouillée, l'après Julie et Mélissa a déjà commencé. L'opinion est braquée désormais sur ce qu'il faudrait faire en matière de prévention, sur les moyens d'éradiquer le fléau, dans le droit fil du tout récent sommet de Stockolm.

Voici une première volée de réactions des lecteurs de « Rédac'Jeunes » plus que JAMAIS DE 7 a 77 ANS.
La synthèse de ces messages s'étalera naturellement sur quatre à six semaines compte tenu de la seule parution hebdomadaire de notre page de libre-expression.

Fin de vos messages et lettres de soutien vers la mi-septembre. Nous reprendrons plus tard, sur les nouvelles donnes qui seront apparues au fil des investigations et en fonction aussi des conséquences, tant judiciaires que politiques.


Corazia Calderone (32), de La Louvière :
«J'ai aussi une petite fille de 4 ans et cela me donne des frissons. Si l'on doit désengorger les prisons, que l'on envoie les pédophiles au...cimetière. Je pense que Dutroux n'est qu'un exécuteur et que les ordres venaient de plus haut ».
Sébastien Bik (13), de Wihéries:
« Je voudrais que les ministres prennent conscience de la gravité de ces événements. M. Wathelet ne devait pas agir de la sorte. Mes parents, mes amis, mes voisins sont révoltés ».
Daniel Van (35), de Marcinelle:
« J'estime que ces individus ne devraient pas bénéficier de la loi Lejeune et n'auraient jamais pu être libérés. Celui qui commet cet acte-là devraient être abattu sur-le champ comme un animal méchant ».
Valérie Doumont, (16) de Couillet: « J'ai 16 ans, deux frères et une petit soeur. Nous sommes en colère tous les quatre et j'espère que cet homme et cette femme subiront le même sort ».
Odile Bressan (13), de Montigny-le-Tilleul:
« Je trouve que c'est honteux d'avoir laissé sortir Dutroux si vite de prison. J'espère qu'in retrouvera les autres enfants en bonne santé. Les complices de Dutroux doivent subir le même sort ».
P.M (12), de Marcinelle:
« Je ressens une terrible haine à l'égard de ces gens qui vivaient à 300 mètres de chez moi. Mon papa qui roulait sans permis et sans assurance, n'a jamais tué ni blessé personne. Il a quand même fait un an de prison. Et des gens comme Dutroux sont libérés après 3 ans
Pour moi, pour mon frère de 9 ans et pour mes deux petites soeurs, c'est la peine capitale que méritent ces gens-là ».
Famille Charlier-Laudelout, de Mariembourg :
« Nous sommes de tout coeur avec vous et donnons la parole à nos enfants; Laëtitia 9 ans: Cela me touche beaucoup, on doit punir le coupable et lui faire ce que l'on a fait à Julie et Mélissa;
Michaël, 12 ans:
c'est horrible de faire des choses pareilles a des petites filles. Pourquoi y a-t-il des gens comme ça sur la terre ? Je m'appelle Diane, j'ai 33 ans et je tenais à ce que vous sachiez ce que pensent mes enfants.
Gaddi Cederna (10), d'Hornu:
Je vous écris au nom de mon petit fils. Nous pensons qu'il y a eu un manque de coordination entre la police et les gendarmes. Nous somme dans un pays où l'on paie un maximum d'impôts et il a fallu que l'on recoure à l'étranger pour disposer du matériel ad hoc.
Dutroux et sa bande doivent moisir en prison tout le reste de leur vie. J'espère qu'après ce drame, nos politiciens vont faire quelque chose.
Isabelle Hoquet (19), de Villers Perwin:
« Même à mon âge j'ai peur de sortir de chez moi et pourtant je serais capable de me défendre. J'hésite même à avoir un enfant ».
Nathalie Servais (18), de Gosselies:
« Pourquoi pas payer deux billets d'avion à Dutroux pour aller se faire électrocuter ou gazer aux USA ? On devrait les enfermer dans la même pièce que Sabine et Laetitia et les laisser mourir de faim. Pas de pitié pour ces individus monstrueux ».
Jonathan *(11) et Cédric (9) Declercq, de Châtelineau:
« Il doit souffrir aussi cet homme-là, il mérite même la peine de mort. « Je suis du même avis que mon frère aîné: des individus comme celà devraient souffrir un maximum ».
Jean-Christope Fancon (10), d'Estimes-au-Mont:
« Je suis triste car je sais que si maman me perdait elle serait très malheureuse. Ces gens sont complètement fous ».
Laurence Bernard (18), d'Harveng:
« Ma famille et moi sommes horrifiés. Depuis 14 mois, je ne cesse de penser à ces deux petites filles. J'ai mis leur photo dans ma chambre comme si c'étaient mes soeurs. J'espère que les lois changeront ».
Jason Cipoletta (15),Binche:
«Mon imagination est très forte car cet homme n'a pas de coeur, c'est un sadique. Il n'a pas de place dans notre communauté car faire cela aux enfants est injuste, nous sommes sans défense!»
Sabrina lannuzzo (16) et Deborah Betaert (16), Qulevrain:
«Notre deuxième cri de colère va contre la justice belge. Qui nous commande? Quels fous ont les rênes de la justice? Qui protège ce genre d'individu pervers? La laxisme et la complaisance sont au pouvoir. Que pouvons-nous faire, nous, jeunes filles de 16 ans, sinon nous protéger nous-mêmes?»
Laetitia Audain (16), Binche:
«J'en suis sûre, vous aviez rempli de bonheur, d'amour et de chants le coeur des personnes que vous connaissiez. Petites hirondelles, allez leur dire qu'on les aime, là où elles se trouvent, là où on les a envoyées.»
Régine Van Assel (20), Frasnes-lez-Gosselies:
«Ce ne sont pas des personnes, mais des monstres. C'est incompréhensible d'avoir laissé faire cela, le gouvernement et le roi qui n'a pas répondu à l'appel des parents, en cette fin de 20ème siècle!»
Magaly Strokosz (10), Couillet:
«On se croirait pendant la guerre. Pourquoi Wathelet et De Clerck ont-ils libéré ces pédophiles? C'est la panique partout chez les parents et les enfants d'abord. Moi, petite fille, j'habite fort près et j'en ai peur.»
Maurizio Emma (22), Monceau-sur-Sambre:
«Dans notre cité, on ne parle plus que de cet événement tragique. Moi, je suis jeune, je n'ai pas encore d'enfant et quand je vois ce qu'il s'est passé, j'ai peur, très peur de savoir que des dingues comme Dutroux soient en liberté mais le pire, ce sont ceux qui sont derrière tout cela, qui allongent l'argent pour pouvoir mettre en place un réseau pareil.»
Sabrina Gilbert (18), Trivières:
«Des personnages de ce genre ne devraient pas rester sur terre. On devrait les laisser mourir de faim comme ils ont laissé souffrir les deux gamines.»
Déborah Boone (15), Saint-Gilles:
«Je ne trouve pas de mot pour dire ce que je ressens. On devrait le laisser sans manger ni boire et l'enchaîner afin qu'il périsse dans une pièce sans aération jusqu'à la mort.»
Anne-Christy François (15), Houdeng-Goegnies:
«Je les ferais souffrir pour avouer tous les enlèvements qu'ils ont commis durant toutes ces années.»
Jessica Albert (15), Carrières:
«J'espère que Julie et Mélissa ont eu dans leurs dernières pensées une seule chose: nous savons que nos parents nous aiment et qu'ils ne nous laisseront pas tomber car nous savons qu'ils ont fait de leur mieux pour nous retrouver.»
Astrid Hoyois (16), Ecaussinnes:
«J'espère que Julie et Mélissa nous ont quittés en sachant que leurs parents les aiment et qu'ils ne les ont jamais abandonnées. Je crois qu'aucun enfant n’ignore que ses parents l'aiment. Il y a deux semaines, j'ai failli moi-même me retrouver sur des affiches parce que j'avais «oublié» de prévenir mes parents que j'étais arrivée à mon lieu de vacances. Depuis ce jour, je ne cesse de pleurer en pensant à ce que maman a vécu pendant les deux jours où elle était sans nouvelles. Elle n'a pas eu besoin de m'expliquer ce qu'elle a ressenti, j' ai compris en la voyant.»
Géraldine Harvengt (20), La Hestre, et Claudia Di Pappa (19), Fayt-les-Manage:
«En tant qu'étudiantes en psychopédagogie, notre contact permanent avec les enfants fait que nos sommes très touchées par cette affaire. La peine de mort serait dans un sens leur rendre servi ce car elle abrégerait leurs souffrances. Il serait plus juste de les condamner à perpétuité afin qu'ils méditent sur leurs crimes et qu'ils puissent exécuter des travaux d'intérêt public.»
Jonathan Lavalley (7), Cour-sur-Heure:
«Mais copains et copines pensent à elles deux mais le plus triste, ce serait le jeudi quand elles seraient au ciel. Mais dans notre coeur, elles resteront gravées.»
Pascale Saiv (28), Châtelineau:
«La révolte ne s'arrête pas là. Quand le ministre de la Justice donne l'impression de ne rien vouloir changer. Quelle déception, lorsque je l'ai entendu s'exprimer à la télévision! Quand un chien a la rage et qu'il mord, on le pique!»
Diana Agostini (53), Gosselies:
«Quelle grande joie, que de voir mes petits-enfants devant chez moi dans la prairie parmi d'autres enfants! Insouciants du danger, pleins de vie et heureux. Julie et Mélissa ont été stoppées net dans cet élan vers la vie par un monstre pervers se sachant protégé par des lois absurdes qui nous laissent sans recours. La mort serait trop douce pour de pareils individus.»
Patricia Lemeire (33), Châtelineau:
«Que les ministres et autres arrêtent de parler sans agir: une loi doit être votée et une urgence est à instaurer, enfin!»
Jules Meester(75), Wasmes:
«Je voudrais que le peuple tout entier manifeste sa colère et sa désapprobation par une grande manifestation à Bruxelles devant le ministère de la Justice et aussi devant le palais royal.»
Claude Amélia, Enghien:
«Je veux exprimer mon dégoût sur le système judiciaire qui a agi avec une légèreté incroyable. Je souhaite que toutes les volontés honnêtes de notre pays fassent front à ce genre de criminalité.»
Delphine Dupont:
«L'effort doit durer, même par manifestations si nécessaires, jusqu'à l'obtention totale des revendications. Il ne faut surtout pas, comme de coutume, laisser noyer le poisson: il ne faut rien oublier!... Rappeler!»
Robert Potiaux (73), Leernes:
«Je ne peux que venir offrir mes plus sincères condoléances aux malheureux parents des petites Julie et Melissa. Sachant combien utopique est mon souhait, j'aimerais posséder le pouvoir de faire renaître vos chères petites filles.»
Raymond Clospain (49), Chercq:
«La Justice est coupable, Dutroux aussi, on ne doit plus lui donner aucune chance.»
Viviane Pieppi (38), Jumet:
«La Justice n'est pas la justice: une moto volée, un vol à l'étalage sont plus punissables. Nos enfants ne peuvent plus sortir seuls, la peur les poursuit. »
Suzanne Simone (74), Mont-sur-Marchienne:
«La castration. Je leur ferais passer le goût du pain. Croyez-moi, ils regretteraient d'être venus au monde. Excusez ma colère justifiée, une mère, grand-mère, arrière-grand-mère... écoeurée.»
Roland Collin (76), Fraire:
«Aucun traitement ne saurait venir à bout de pareil individu. Mes douloureuses condoléances à mes petites filles chéries, Julie et Mélissa, un vieux papa de 76 ans.»
Gaston Putman (44), Seneffe:
«Messieurs les ministres, si vous avez des enfants, petits-enfants et qu'on vous les violait, tuait, je pense que vous souhaiteriez la mort de celui qui a fait ça car pensez que c'est votre sang, votre chair qu'on vous enlève...»
Francine Lavend'homme (57), Binche:
«Les anges au paradis. Les monstres, on les écrase! Une mamy au nom de sa petite-fille.»
Valérie Baeck (28), Court-St-Etienne:
«Il faut savoir que sur dix pédophiles, neuf récidivent. Il faut également savoir qu'une journée à la prison coûte à la société quelque 500 frs. Donc, afin que l'économie du pays remonte, rétablissons la peine de mort pour certaines personnes tels les pédophiles. Un enfant est tellement confiant, a tellement besoin de nous, se sent tellement en sécurité lorsqu'il est auprès d'un adulte qu'on ne peut le décevoir.»
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Pas mortes pour rien

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 15

Cette terrible nouvelle
laisse l'espoir sans appel
Un aurait aimé pourtant
Qu'il en soit autrement.
Julie et Mélissa
Ne méritaient pas ça
Mais maintenant il est trop tard
Pour les tirer de ce cauchemar.

Mes pensées sont pour leurs parents
Qui ne verront plus leurs enfants
Car aucun mot, aucune fleur
N'apaisera cette douleur.
Ils n'ont pas pu une dernière fois
Serrer leurs filles dans leurs bras
Leur dire combien ils les aimaient
Et à quel point elles leur manquaient.

Elles sont bien sûr au Paradis
Ce sont des anges qui me l'ont dit
Ce n'est pas une consolation
.dais je sais bien que j'ai raison.
Ces deux charmantes demoiselles
Ont mérité leurs paires d'ailes
Et par la force de notre amour
Dans nos coeurs elles seront toujours.

Mélissa et Julie
Ont payé de leur vie
La lenteur judiciaire
La négligence du ministère.

Où est donc cette Justice
Qui punit tous les vices
Pourquoi laisse-t-on des détraqués
Agir en toute impunité
Alors que de toute évidence
On n'ignore pas leur préférence ?
Pourquoi le sort de ces enfants
Laisse-t-il les « grands indifférents »
S'en prendre ainsi qu'aux innocents
Mérite le pire des châtiments !

Il reste encore beaucoup à faire
Alors, « MESSIEURS » du ministère
Mettez-vous y dès maintenant
Ne sacrifiez pas d'autres enfants
Pour que la mort de ces fillettes
Ne tombe pas aux oubliettes.
Dites-vous bien que leurs parents
Qui pleurent le sort de leurs enfants
Ont la pensée bien légitime
Que leurs gamines sont VOS victimes
Car maintenant ils font les frais
De ce que vous appelez « décret »

Méditez donc ces réflexions
E t surtout tirez-en la leçon
Quand vous ferez de nouvelles lois
Pensez JULIE ET MELISSA
Deux petites, filles sûrement gentilles
Qui ont un jour perdu la vie
Et, faites en sorte qu'au moins
Elles ne soient pas mortes pour rien.

Florence Claessens
(28 ans) Queue du Bois
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Seuls contre un monstre

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 15

Seules contre un monstre qui les a assassinées
Deux fillettes qui ne demandaient qu'à être aimées
Mais le destin en ayant décidé autrement
A arraché la vie à ces deux enfants
En créant chez tout le monde une terrible douleur
Leurs portraits resteront au plus profond de nos coeurs

Quand la, justice va-t-elle enfin commencer à penser
A nous les enfants, à nous protéger
En enfermant ce genre d'individus sans pitié
Dans des cellules, à vie, et en jetant la clé

J'exprime mes plus sincères condoléances aux parents
Eux â qui on a tué leur sang
Je sais que nos pleurs n'y changeront rien
Mais un peuple entier ressent la douleur et les soutient

Chère JULIE et MELISSA
On vous le promet :

JAMAIS ON NE VOUS OUBLIERA

Sabrina (16) et Daisy (15) Rue des Ateliers à Chapelle-lez-Herlaimont
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L’EXTRÊME RIGUEUR

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 15

De Marc DALOZE, 44 ans, de Charleroi

Pour Julie et Mélissa, il FAUT à tout prix que leurs morts ne soient pas VAINES.
Il est CAPITAL de venger l’injustice, suite aux démarches trop lentes, trop indécises, trop TARDIVES.
La population et la justice doivent condamner les coupables d'une façon cruelle, horrible, physique, morale et très immorale la souffrance subie par des maniaques du sexe.
La peine maximale, la souffrance maximale, la mort lente, à petit feu, à très petit feu.

Grosses bises, paix, amour et justice à nos deux amies au ciel très étoilé

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L’Extrême tendresse

De Laurent, 8 ans, de Florennes

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 15

Un bouquet de fleur pour Julie et Mélissa, avec tout mon amour !


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La Une des journaux en Israël

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 15

Notre excellente collaboratrice israélienne Nilit qui a déjà écrit de nombreuses fois dans REDAC'JEUNES nous envoie via M. Konopnicki de l'asbl centre d'information et de documentation du Moyen Orient, le message suivant:

«Je suis étudiante en droit en Israël. Il y a 4 ans, je suis venue en Belgique dans le cadre d'une mission culturelle entre nos deux pays. Au cours de ma visite j'ai passé quelques jours à Charleroi et dans les environs où j'ai eu l'occasion de rencontrer des jeunes qui m'ont réservé un accueil enthousiaste.
Pour cette raison, j'ai été particulièrement choquée d'apprendre les détails du drame affreux qui se passe chez vous.
Je m'associe à la douleur qui frappe les parents et les proches de Julie et Mélissa.
En Israël, ces horribles nouvelles font la Une des journaux depuis plusieurs jours et tout le pays suit le déroulement des opérations qui, espère-t-on, aboutiront à l'éradication des réseaux de pédophilie.

Nous espérons que de tels crimes ne se produiront plus nulle part, conclut la jeune Israélienne qui nous signale que des amis et amies travaillent sur des déclarations qui seront reproduites dans «REDAC'JEUNES»

Des correspondants de «REDAC'JEUNES» dans l'IDAHO (ouest américain) et dans l'OHIO (est) nous téléphonent que même les chaînes locales de TV (plus de 200 aux USA) parlent de l'affaire...




La mère d’Elizabeth Brichet à Jumet('NvlGazette'29 août 1996 p9)


La mère d’Elizabeth Brichet à Jumet

Que voulait-on lui montrer?

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 9


Disparue il y a près de sept ans maintenant, la petite Elizabeth Brichet constitue une véritable énigme: elle s'est littéralement volatilisée, le 20 décembre 1989 à Namur. Ce jour-là vers 15 heures 30, elle prend la direction du domicile de sa copine Vanessa, à cent cinquante mètres de chez elle. Vers 19 heures, elle reprend le chemin de chez elle: elle n'y arrivera jamais.

Qu'est-elle devenue? Mystère.
Toutes les hypothèses ont couru. Des commissions rogatoires ont été ordonnées aux Canaries, parce qu'on avait cru l'y avoir aperçue. En juin 1995, la dernière conduisait les enquêteurs à Santa Cruz: on affirmait avoir identifié la jeune fille dans une maison de passe. Les personnes rencontrées sur place ont nié avoir jamais vu Elizabeth.

Parce qu'elle faisait partie des proies possibles de Dutroux, son nom a été cité dès l'arrestation du pédophile. On a donc forcément pensé à la situer parmi les victimes dont on rechercherait le corps, ces derniers jours à
Jumet. Une thèse repoussée par la version officielle qu'avance le porte-parole de la gendarmerie, sur place. Pourtant, la mère d'Elizabeth est venue à Jumet, ce qui a aussitôt relancé les rumeurs.

Comment ne pas se dire que si on la faisait venir, c'est qu'on avait quelque chose à lui montrer, quelque chose qui ne pouvait être que les restes supposés de sa fille? Les restes, en tout cas, du petit corps d'une des victimes de Dutroux.

Mais malgré cette présence, qui confirmait une macabre découverte, on a persisté à assurer, côté gendarmerie, qu'on n'avait rien trouvé, et qu'on n'avait dès lors fort peu à dire.

En fait, c'est une autre rumeur qui avait amené Mm Bouzet à Jumet: l'annonce de la découverte possible de nouvelles victimes.
Elle estime en effet que si le corps de son enfant devait être retrouvé, c'est à elle qu'il appartiendrait de le reconnaître...

P. M K.

(Grande photo: M.S.)
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Justice et enquête

Qui fait quoi ?


« La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 9

Procureur du Roi, procureur général, juge d'instruction, chambre du conseil... des mots que nous manions tous les jours, actualité oblige. Alors, autant savoir de quoi et de qui on parle exactement.
Remettons les pendules à l'heure en suivant un parcours judiciaire-type, du délit au procès.
Les enquêteurs de la police ou de la gendarmerie appréhendent X, auteur présumé d'un délit. Ils alertent le parquet pour qu'il décide des suites à donner.
Rapidement: cette première privation de liberté ne peut pas dépasser 24 heures.
Pour prendre sa décision, le procureur du Roi, ou son substitut au parquet, entend X. Il tient également compte d'éventuels antécédents.
Quand le délit est grave, le procureur décide généralement d'envoyer X devant le juge d'instruction.
Ce magistrat est chargé de constituer le dossier « à charge et à décharge », c'est-à-dire à la fois pour et contre X.
Dans le cas où le juge d'instruction pense, à la lumière de ces premiers éléments, que X est coupable, il l'inculpe. Et si, en outre, le juge pense que laisser X en liberté est dangereux, il lui décerne un mandat d'arrêt qui permet de placer X en détention préventive.
X est donc toujours sous les verrous mais dans un délai de cinq jours, la chambre du conseil devra décider s'il y restera ou non.
La chambre du conseil ne juge pas X, elle se prononce seulement sur la nécessité de le maintenir en détention préventive. Sa décision porte sur un mois. Elle est susceptible d'appel, devant la chambre des mises en accusation : l'inculpé eut contester son maintien en détention, ou le parquet contester sa remise en liberté.
Pendant ce temps, le juge d'instruction poursuit son enquête.
Pas tout seul, évidemment ! Il peut faire appel à la police judiciaire, la PJ, rattachée aux parquets et dépendant du ministère de la Justice. Ou à la gendarmerie, qui dépend, elle, du ministère de l'Intérieur.

La BSR (brigade de surveillance et de recherche) en fait partie. Entre PJ et gendarmerie, ce n'est pas toujours la franche camaraderie...
Quand le juge d'instruction a bouclé son dossier, c'est encore la chambre du conseil qui décide si X doit être innocenté (non-lieu), interné (sur base d'un rapport psychiatrique) ou jujé par un tribunal.
Il existe encore une quatrième possibilité: la suspension du prononcé, par laquelle la chambre retient la culpabilité mais surseoit aux poursuites.
Selon la gravité des faits commis, contravention, délit ou crime l'inculpé sera juge par un tribunal de police, un tribunal correctionnel ou une cour d'assises.

Toutefois, un crime peut être correctionnalisé. C'est d'ailleurs très souvent le cas des faits de pédophilie et, plus généralement, de viol.

La cour d'assises est en Belgique le seul «tribunal populaire»: ce ne sont pas des magistrats professionnels qui s'y prononcent mais bien un jury composé de douze personnes tirées au sort. La cour d'assises a une autre particularité : elle n'a pas de degré d'appel.

Autrement dit, ses décisions ne peuvent pas être revues. Toutefois, si les formes de la procédure n'ont pas été respectées en cour d'assises, la Cour de cassation peut casser son arrêt.
Ce n'est qu'un des rôles de la Cour de cassation, juridiction suprême qui arbitre les conflits entre juges. Dans l'affaire Dutroux, les errements de l'enquête vont faire l'objet d'une enquête disciplinaire par le procureur général près la Cour de cassation.
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Ses victimes étaient des fillettes

Trente mois (sursis partiel) pour un pédophile à Bruxelles


« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 9

Un Bruxellois d'une quarantaine d'années a été condamné mercredi à trente mois de prison avec sursis probatoire pour ce qui excède la détention préventive dans le cadre d'un dossier de pédophilie.
Christian S. était poursuivi pour viols, attentats à la pudeur et outrage aux bonnes mœurs sur des fillettes.
Il devra s'acquitter de 30.000 francs d'amende et verser des dommages et intérêts à titre provisionnel sur un dommage à évaluer: 100.000 francs aux parties civiles constituées pour la petite Sabine et 50.000 francs pour la petite Marie.
Cette peine, qui est conforme à la jurisprudence habituelle du tribunal correctionnel de Bruxelles, a été qualifiée par la présidente, Me Claire De Grijse, de «très sérieux avertissement pour l'avenir afin de soutenir les efforts destinés (à ce que le prévenu) parvienne à une maîtrise de ses pulsions sexuelles».
Christian S. devra se soumettre durant ces trois années de probation à la tutelle d'une assistante de probation et devra également suivre une thérapie auprès d'un praticien ou d'un centre de son choix.
Si la dénonciation des agissements répréhensibles de Christian est récente, les faits dénoncés le sont moins puisque certains d'entre eux remontent à 1984. «Sabine» a aujourd'hui 13 ans mais elle se rappelle avec acuité les attouchements dont elle fut victime lorsqu'elle logeait chez le fils du prévenu, le petit «Benoît», alors camarade d'école.
Christian la soumettait à des attouchements et l'obligeait parfois à dormir avec lui. Après une discussion avec sa mère à l'occasion d'un événement dramatique, Sabine lui révèle qu'elle a été victime de Christian lorsqu'elle avait 9 ans.
L'affaire a été portée devant la justice Cette dénonciation met à jour d'autres affaires: Christian s'en est pris à d'autres copines de classes de son fils et à des enfants de ses concubines successives.
Interrogé par la présidente, Christian n'a pas admis être un pédophile, une réponse classique dans ce type de délinquance.
«Ce genre de choses, c'est dégoûtant. Je ne suis pas comme ça. Je reconnais avoir fait des choses que je ne devais pas. J'ai eu un moment d'égarement. J'ai cherché de l'aide mais je n'en ai pas trouvé. Ce problème a été résolu en famille.
Pendant 6 mois, j'ai vécu à la cave. Je devenais dépressif et je me suis mis à boire et c'est dans ce contexte qu'il y a eu le dérapage avec la petite «Marie» (fille d'une de ses compagnes).
Les mois passés en prison m'ont permis de faire un examen de conscience. J'ai pris contact avec un centre pour mettre fin à ces horreurs. Je veux absolument donner toutes les garanties à la société. Je ne cherche pas d'excuses. »

Le ministère public, désirant conserver la sérénité du tribunal, a mis en évidence «le contexte très sensible suite à cette affaire très pénible qui secoue la Belgique (l'affaire Dutroux).
J'ai été contacté par des avocats inquiets et qui craignaient que mon office et le tribunal aient la main plus lourde.
Mais il s'agit plutôt de garder la même sérénité dont le tribunal fait usage pour juger ce type d'affaire. Si il y a un problème, c'est au niveau de l'exécutif qu'il doit se régler. Je ne serai donc pas plus sévère». Le procureur a réclamé une peine assortie d'un sursis probatoire partiel car «le prévenu n'est pas prêt pour sortir de prison. Je laisse la fourchette de la peine à votre appréciation».

Les parties civiles s'étaient sont offusqués des contestations ou de la minimisation de responsabilité émises par le prévenu et ont réclamé réparation: «si le prévenu s'est montré insensible à la détresse de ces jeunes enfants, peut être se montrera-t-il plus sensible sur le chapitre d'une réparation financière». Deux montants, l'un de 100.000 sur un dommage de 500.000 et l'autre de 250.000 sur un dommage de 500.000 francs avaient été réclamés par les deux parties civiles présentes à l'audience.
M° Dayez, défenseur du prévenu, n'a pas caché la difficulté de la tâche qui lui incombait, compte tenu des arguments qu'il comptait invoquer concernant la prescription de certains faits, leur limitation quant à la durée de la période infractionelle visée par la citation ou encore la contestation partielle de certaines accusations.

M° Dayez s'est surtout servi du rapport de l'expert psychiatre qui décrit Christian S comme un «névrosé accessible au remord et qui peut inhiber ses pulsions de type pédophilique» et non comme un psychopathe. Il en déduit que son client est donc récupérable, a consience de la gravité des faits, «désire expier ses fautes». Me Dayez a rejoint le ministère public pour la peine à appliquer, soit une «peine sévère» mais a demandé au tribunal l'application d'un sursis probatoire de longue durée» car une «longue détention n'arrangera rien».



A la « Une » dans toute l’europe('NvlGazette'29 août 1996 p8)


A la « Une » dans toute l’europe

«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 8

Depuis quelques semaines, la presse internationale ne parle plus que de cela: les réseaux pédophiles et, sur tout, leurs victimes. La découverte des corps sans vie de Julie et de Mélissa a révolté l'opinion, que ce soit en Belgique, en France, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, ou même en Espagne.

Les illustrations à la «une» de toute la presse étrangère suscitent l'émotion: la peine si ce sont les photos de Julie et de Melissa, celles des affichettes, où d'autres, prélevées de l'album souvenir des parents Russo et
Lejeune, désormais arrêtés à la date du 24 juin 1995.
La honte ou la rage si, par contre, ce sent les visages froids des coupables ou des suspects dans cette atroce affaire.
Ces photos, comble de l'ironie, ont fait le tour du monde comme l'ont fait les avis de disparition ou de recherche.
Les titres, qu'ils fassent la manchette ou non, se veulent chauds et évocateurs. Tous, tantôt avec pudeur et dignité, tantôt avec dureté, s'interrogent sur la leçon que l'on sera capable de retirer de ce désormais sinistre
fait divers.
L'Europe en émoi ne peut retenir ses larmes, et tape du poing sur la table pour que justice soit faite: plus jamais ça !

En France, les magazines parlent
La presse quotidienne française dans son ensemble suit, avec le même acharnement que nos journaux, l'évolution de l'enquête.
Les magazines et autres hebdomadaires, de leur côté, développent de foisonnants articles.
Le martyre des petites séquestrées » titre Paris Match, dont le stock dans les librairies s'est vendu comme des petits pains.
Le magazine offre à ses lecteurs de nombreuses photos grand format sur douze pages.

Ici Paris reprend les photos bouleversantes de l'enterrement des deux fillettes sur deux pleines pages. Le magazine aborde également le problème des déviances sexuelles et reprend dans ses lignes des cas similaires de pédophilie ayant eu lieu outre Quiévrain.

VSD, outre deux pages entières de photos en couleurs, propose un long dossier récapitulatif sur le parcours de l'accusé. L'hebdomadaire ne manque pas non plus de s'interroger sur les motivations qui ont poussés le ministre Wathelet à rendre sa liberté à Marc Dutroux. « Il n'aurait jamais dû sortir de prison », lit-on dans l'article.

Scandale en Angleterre
La presse londonienne suit avec attention les évolutions de l'enquête menée par la police belge. D'autant plus que l'Angleterre a elle-même vécu des faits semblables lors de la terrible affaire des époux West et des découvertes macabres de la «Maison de l'horreur» à Gloucester. Lors de cette affaire, une vingtaine de corps avaient été retrouvés à maints endroits de son domicile. Frederik West était, lui-aussi, un déviant sexuel.
Un enquêteur britannique, le superintendant John Bennett, qui avait participe aux recherches de Gloucester a même été dépêché en Belgique avec son matériel sophistiqué.

Le Herald Tribune de ce mercredi s'interroge sur les mesures qui pourraient être prises pour arrêter ces actes sauvages sur les enfants, faisant également référence à la conférence de Stockholm. Le quotidien réfère également aux crimes sexuels perpétrés aux États-Unis où le renforcement de certaines lois punissent sévèrement les abuseurs d'enfants.
Les couvertures des hebdos internationaux comme Time et Newsweek ont édité d'énormes plaquarts en couleurs sur les meurtres insoutenables dont la Belgique est victime.

Mais, l'important reste surtout l'avenir, et la question de Newsweek se veut pertinente : « Le plus sale business au monde : Qu'est-ce qui pourrait être fait pour endiguer le commerce de la pornographie liée aux enfants ? »
Quatorze pages sont consacrées à la prostitution et à l'exploitation, quelle qu'elle soit, des enfants de par le
monde.

Le Time, lui, se veut pudique. Il ne révélera pas les visages de Laetitia et de Sabine. Mais les dix pages consacrées à l'affaire seront d'une très grande richesse informative, tant pour les photos que pour les développements.
Un bon dossier au niveau international...

Même en Espagne
« El pederasta Dutroux » fait également la «une» en Espagne.
Un envoyé spécial d'El Mundo recueille, au fil des découvertes, les informations les plus fraîches sur «l'événement». Tout a été mis en oeuvre pour que les lecteurs ne perdent aucun développement de l'enquête en cours.
Aux Pays-Bas, tout le monde retient son souffle. La photo d'An et Eefje occupe toujours la première page du Telegraaf, une manière d'entretenir l'espoir de les retrouver en vie. Nos voisins bataves suivent l'actualité belge avec une extrême attention.

Les Allemands font de même. La «une» du Bild fait dans le sensationnel, tandis que l'Express s'interroge : « Encore plus d'enfants morts ? » Quant à Der Spiegel, il remplit huit pages sur la prostitution des enfants et sur les réseaux pédophiles.
Jamais on aura autant entendu parler du fléau qu'est celui de la pédophilie depuis la disparition des petites Julie et Melissa.

La découverte de leurs corps sans vie a réveillé l'opinion.
Peut-être maintenant les choses vont-elles commencer à changer?

Sophie Driesen
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FEMMES ET BOURGMESTRES

«Elles s'unissent pour contrer les pédophiles »


« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 8

PARCE que les bonnes résolutions ne doivent pas rester lettre morte, parce que l'arrestation de Dutroux n'est que la face visible de l'iceberg et parce que la volonté de contrer la pédophilie doit demeurer vivace dans les mois et les années à venir, les femmes bourgmestres de Wallonie sont sur le pied de guerre.
La fibre maternelle n'y est pas étrangère, d’autant plus qu'elles considèrent à juste titre ? Le monde masculin laxiste en la matière.

Ce mercredi matin, à Huy, une poignée d'entre elles a participé à la tenue d'une « Concertation spécifique » destinée à fourbir des armes susceptibles d'assurer une meilleure protection de nos enfants face à la force aveugle, au danger permanent que représentent les abuseurs.

Aux côtés de la sénatrice-bourgmestre de Huy, Anne-Marie Lizin, se trouvaient ses collègues PS, PSC et PRL d'Esneux, Jenny Levêque, de Houyet, Marie-Claude Lahave, de Juprelle, Christine Servaes (ff), de Neupré, Josée Pagnoul, de Trooz, Denise Laurent ainsi que Pierrette Cahay, ex-bourgmestre de Visé.
Lancées la veille, les invitations n'ont pas permis aux quatorze femmes bourgmestres (en Belgique, sur 598 bourgmestres, on en dénombre au total 32) de Wallonie et de Bruxelles d'être présentes.
N'empêche que l'initiative n'a pas laissé ces dames indifférentes: Watermael, Vaux-sur-Sûre, Wasseiges, Modave, Floreffe... ont d'ores et déjà marqué leur soutien.
Au terme du premier tour de table, le groupe a déjà pris la décision de rencontrer le ministre de l'Intérieur, M. Vande Lanotte.

Par là, le groupe souhaite s'assurer que des informations sur les libérations conditionnelles leur seront transmises, en temps voulu, lors des réunions pentagonales qui confrontent gendarmerie, police, bourgmestres et procureurs du Roi. Les bourgmestres veulent aussi s'assurer que le suivi de justice sera concrètement appliqué.

Rappelons que leur rôle concernant l'ordre public n'est pas mince. Mais comment assurer la protection des pédophiles en liberté conditionnelle lorsque la population exprime sa fureur. Parfois, la volonté manque...
Secundo: il sera demandé au ministre que la pédophilie devienne la priorité des priorités au sein des ZIP, que, dans chaque commissariat, des équipes soient mieux formées à cet effet. Et, enfin, que l'on mène des actions répressives à l'égard des organisateurs de réseaux tout comme des consommateurs. Les femmes bourgmestres appuieront, en tout cas, les projets de loi allant en ce sens. La couleur est annoncée, plus question pour elles de faire marche arrière, de ne pas transformer l'émotion suscitée en actions concrètes et pratiques.
Une chose semble sûre : elles y mettront toute la ténacité qu'une telle action induit.

Y.J.W.
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Le Ministre Derijcke à la conférence de Stockholm

Pour la mondialisation de la répression

«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 8

Le discours du ministre belge des Affaires étrangères, Erik Derycke, était particulièrement attendu par les participants au congrès mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants, qui ont les yeux braqués sur la Belgique et les développements de d'enquête sur les agissements de Marc Dutroux et ses complices.

Mr Derycke a souligné, mercredi à Stockholm, le caractère planétaire de l'exploitation sexuelle commerciale des enfants et plaidé pour une action urgente et solidaire, sous la forme de l'élaboration d'un système répressif mondial s'appliquant à ce type de crimes. Une tâche à laquelle a Belgique doit apporter sa contribution.
«Nous vivons tous aujourd'hui en Belgique dans l'ombre de l'infamie et de l'horreur», a affirmé M. Derycke au cours de son allocution, mettant l'accent sur la barbarie mise à jour petit à petit depuis l'ouverture du dossier
Dutroux. «Cette affaire dramatique a révélé en Belgique et en Europe ce terrible mal que notre conférence est appelée non seulement à dénoncer mais à combattre».

Arsenal législatif insuffisant
Pour le ministre des Affaires étrangères, l'arsenal législatif «remodelé en 95» dont dispose la Belgique pour combattre les crimes sexuels visant des enfants n'est pas suffisant.
Selon M. Derycke, ce type de criminalité doit en effet être combattu au niveau planétaire.
«Le phénomène que nous combattons est un symptôme de ce mal qui accable les sociétés modernes: l'homme est devenu objet commercial plutôt que sujet de droit».
L'apport de la Belgique dans la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants a été souligné par le ministre. Une des priorités de la politique belge reste le suivi du Traité des Nations-Unies sur les droits de l'Enfant.
Une conférence interministérielle chargée de mettre en oeuvre les obligations prises par la Belgique dans le cadre de ce Traité aura lieu en septembre.

En ce qui concerne la traite des êtres humains «dont le trafic d'enfants», M. Derycke a déclaré que la Belgique introduirait avant la fin de l'année une proposition d'action commune dans le cadre du troisième pilier du Traité de Maastricht. «L'instrument nouveau que nous proposerons visera à améliorer la coopération judiciaire en matière de répression de la traite des personnes humaines et s'articulera à travers des mécanismes de coopération internationale et une rationalisation des mécanismes nationaux déjà existants», a-t-il précise.
Toujours au niveau européen, M. Derycke a également noté l'importance de la ratification rapide par tous les membres de l'Union de la convention Europol établie pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants. Afin que sa mise en oeuvre soit réalisée sans délai et sans réserves.
Mais si l'exploitation sexuelle des enfants est une expression extrême de l'injustice et de la manière dont la société se conduit à l'égard des enfants, M. Derycke a observé qu'il fallait également se pencher sur les droits des enfants en général: droits économiques, sociaux, culturels, ainsi que politiques et civils.

Un phénomène mondial
Mais si l'actualité focalise actuellement l'attention sur la Belgique, elle ne doit pas occulter la réalité quotidienne des pays en voie de développement. Une réalité désarmante puisque plus d'un million d'enfants de part le monde sont abusés sexuellement.
La pauvreté est un terrain propice à l'exploitation sexuelle des enfants. «Le degré de protection qu'une famille peut offrir matériellement diffère des situations socio-économiques des différentes régions de par le monde. Ce clivage socio-économique fait que trop de familles ont vu leurs enfants devenir victime de ces pratiques dans l'indifférence complice des autorités locales et des pays riches. Ce scandale ne cessera que grâce à une action concertée des pays donateurs et des pays bénéficiaires de l'aide au développement. L'expérience de coopération de la Belgique dans ce domaine, nous démontre l'intérêt mutuel d'une telle approche», a expliqué M.Derycke.

Si on appliquait déjà les lois existantes...
Erik Derycke a en outre réaffirmé la nécessité de voir chaque pays mettre en œuvre des mesures pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants.
«Beaucoup de traités et de lois sont signés mais leur application est ensuite une deuxième obligation que chaque pays doit remplir», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Stockholm, où il venait de prendre la parole devant le congrès mondial sur l'exploitation sexuelle des enfants.
Le dramatique fait divers qui ébranle la Belgique actuellement nous amène à la triste constatation que même dans un pays d'Europe occidentale, de tels drames peuvent se produire. «Mais il ne faut pas jeter un regard égocentrique sur le problème, qui est mondial. Ce qui s'est passé en Belgique ou en Grande-Bretagne (référence à l'affaire West, «la maison de l'horreur») se passe dans le monde entier», a déclaré M.Derycke.
Pour le ministre des Affaires étrangères, l'exploitation sexuelle des enfants n'est rien d'autre que l'expression extrême d'un système socio-économique ultra-libéral où l'on peut acheter «même le corps d'un enfant»*

La Belgique à la pointe...heureusement...
La Belgique est à la pointe de mesures contre les abus sexuels visant des enfants, a rappelé le ministre.
Elle est notamment un des premiers pays au monde à avoir inscrit dans sa législation le principe d'extraterritorialité. Ce principe permet d'ores et déjà de poursuivre en Belgique toute personne, belge ou étrangère, coupable d'infractions sexuelles commises à l'étranger à l'égard de mineurs de moins de 16 ans.
L'ordre a par ailleurs été donné à toutes les représentations diplomatiques belges de faire suivre tous les dossiers d'abus sexuels d'enfants commis à l'étranger.
M. Derycke a enfin rappelé pour la presse étrangère que son collègue de la Justice, Stefaan De Clerck, avait présenté récemment plusieurs mesures pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants, qu'il soumettra d'ailleurs vendredi au conseil des ministres.
En conclusion, le ministre a insisté sur la nécessité d'élaborer, surtout à travers une coopération et une solidarité multilatérale réelle la mise en oeuvre d'un système répressif mondial s'appliquant aux crimes sexuels contre des enfants. Un tel sujet trouve, selon lui, sa place dans les négociations en cours à New-York sur la création d'une cour criminelle internationale.




La colère de nos lecteurs(NvlGazette'29 août 1996 p7)


Réactions : La colère de nos lecteurs

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 7

A l'évidence, nos lecteurs ne lâchent pas prise. Ils sont résolus à aller jusqu'au bout de leurs revendications et de leur colère pour que la vérité éclate et que la Justice fasse son travail correctement.

M. R.D. de Marcinelle: «Après le procès que fera-t-on de toute cette bande parce que prendre ça en charge pour un résultat nul, il y a de quoi se révolter. C'est nous qui allons encore payer toute une panoplie de traitements inutiles.»

Mme. Marie Dupin de Sars-la-Buissière: «On nous accuse, nous habitants de ce triste village qu'est Sars-la-Buissière, de n'avoir rien dit sur la situation de ce monstre. Mais tous ne connaissaient pas Dutroux, ni ses antécédents. Si certains connaissaient son passé judiciaire, pourquoi n'ont-ils pas réagi?»

M. Roger Hocquet de Gosselies: «Quand la perversité s'attaque à l'innocence, quand l'inhumanité engendre l'innornmable, il faut éradiquer les tueurs de l'enfance, enfermer à Jamais ces monstres abominables.»

M. Silvestrin de Mont-sur-Marchienne:«D'autres monstres, les commanditaires de Dutroux, sont encore en liberté; pour combien de temps encore? Pour toujours, si nous ne sommes pas vigilants. Combien faudra-t-il encore d'enfants sacrifiés, immolés sur l'autel de la perversion; combien faudra-t-il encore de familles détruites à jamais? Nous_ réclamons que justice soit faite pour qu'un jour nos enfants puissent sortir sans crainte.»

M. Gérard Vandendyck de Frasnes-lez-Anvaing. «Plus aucun Belge ne devrait voter. Car si les ministres sont las et là, à quoi servent-ils? C'est grâce aux électeurs qu'ils ont obtenu leur place.»

Mme. Monique De Paemelaere de Corroy-le-Château: «LePremier ministre n'était pas présent aux funérailles des deux petites malheureuses. Il était en vacances mais l'Italie n'est pas le bout du monde. Il aurait pu prouver à tous les Belges qu'il est le Premier ministre de tous.»

M. Alain Dieux d'Erquelinnes: «Où est passée la liste des clients des cassettes pédophiles de la clique à Dutroux ? Y figuraient-ils des noms gênants ou trop importants? Oserait-on la faire disparaître pour couvrir des gros bonnets? Dans ce cas, il est à craindre que les inculpés actuels, «touchés par les remords» ne se «suicident» dans leur cellule, avant la fin de l'enquête...»

Mme. Sylvie Gérard de Nalinnes: «Vous tous, qui régissez notre société, de quel droit vous permettez-vous de rendre la liberté à ces monstres que vous engendrez ? Ils tuent avec leurs mains, vous tuez avec vos écrits. Avez-vous la conscience tranquille, entourés de votre armada de psychologues et autres escrocs tous aussi incapables que vous?»

M. Constant Lelubre de Haine-Saint-Pierre: «C'est à l'époque des élections, quand nous devrons aller aux urnes, que les affiches, que nous, voyons actuellement sur nos murs et aux fenêtres, devront être publiées pour rappeler au public, les incompétences, les manquements des responsables politiques.»

M. Pierre Cornul de Pont-de- Loup: «J e tiens à remercier ce jeune homme de 17 ans, qui, à Bertrix, a eu la présence d'esprit de relever le numéro de la plaque de la camionnette, permettant ainsi de remonter jusqu'à ces monstres.»

M. Max Lechien de Vellereille-Brayeux nous rapporte la déclaration d'un magistrat de la Cour d'Appel, à la suite de la mort d'un enfant dans un accident de roulage; déclaration publiée dans un organe de presse: «Les parents d'enfants tués dans un accident de circulation font en réalité une affaire».
Dans un arrêt, il a même stipulé: «que, normalement, la victime aurait encore vécu pendant un certain nombre d'années à la charge de 'ses parents (études), si bien qu'il faut tenir compte des économies que le décès a entraînées.» Sans commentaire!

M. Lucien Mathieu de Frameries: «Il faut inviter tous les présidents de partis politiques à mettre tout en oeuvre pour qu'un projet de loi instaure les peines incompressibles et qu'il soit rapidement déposé. Il faudra acter et publier leurs réponses.»

M. F. Meunier de Gilty: «Il est grand temps de se réveiller devant l'insécurité que vivent les enfants et leurs parents. Il est du devoir du roi et de la reine d'agir pour changer cette situation enfin et vite. Que fait-on pour les Droits de l'Enfant dans notre société

Mme. Jeanne-Marie Caille-Cuvelier de Mons: «Je déplore la mansuétude de certaines Cours de justice envers les pervers (un juge n'a-t-il pas dit lors du procès d'un immonde pédophile: «à tout péché miséricorde»).
Sans doute, a-t-il là un péché véniel... Les victimes étaient si petites. Alors condamnation probable: trois ave et un pater au maximum par péché...»

M. Vanden Ende de Viesville: «Depuis trop longtemps, l'armée de politiciens et les légions de ministres, qui malmènent ce pays, narguent un peu trop leurs électeurs par l'incompétence, l'indifférence, la corruption et j'en passe...»

M. Serge Strokosz de Couillet: «Pourrons-nous connaître enfin une vraie justice en Belgique pour le bien des enfants et celui des parents. Que va-t-on donner comme peines à ces anormaux ?. La prison ? Ils y seront traités comme des pachas.»

M. Arcq de Marcinelle: «J'espère sans trop y croire que si des gros bonnets se trouvent sur les cassettes de Dutroux, qu'elles ne disparaîtront pas!

Mme. Colette Laurent de Boussu-Bois: «Veillez à punir ces pédophiles qui salissent notre société et qui gâchent l'innocence de nos enfants. Nous n'avons qu'eux et c'est la plus grande richesse que nous pouvons avoir. La pureté d'un enfant est ce qu'il y a de plus beau.»

M. C. Adam de Haine-Saint-Pierre: «J'ai 75 ans et je croyais que le plus dur était fait, comme disait Tome Culot. Hélas, je ne croyais pas que ce qui se passe aujourd'hui était encore possible.»

M. Henry Malcotte de Forges-lez-Chimay: «Dutroux touchait une pension de 38 000 fr. par mois. Il y a 30 ans, j'ai perdu un poumon et l'oeil droit, je ne peux pas percevoir de pension pour mon handicap car je suis un petit indépendant...»

Jacqueline et Edmond Heeckhout de Mons: «Notre société judéo-chrétienne est basée sur le profit, la compétition, la moralité souvent bafouée. Dieu est mort, l'argent est roi. Et, pour lui, que d'ignominies commises. Il faut recréer des cellules familiales valables, établir en tout temps un dialogue, ne pas oublier et la dignité et la responsabilité. Et nous réclamons pour tous les pervers, l'incompressibilité des peines de prison.»

Mme. Deborah Van Gorp de Jumet: «Je trouve inadmissible que les parents d'enfants disparus ne puissent pas participer à l'enquête. A Marcinelle, les enquêteurs ne se doutaient-ils pas que les enfants ne leur répondraient pas lorsqu'ils les appelleraient? Par contre, elles auraient répondu aux appels de leurs parents.»

M. Jean Lombard de Charleroi: «Pourquoi la Justice n'a-t-elle pas fait son travail? Y a-t-il de gros manitous dans cette affaire? Ce sont des petites filles qui paient pour «les gros».

M. René Sauvage de Montigny-le-Tilleul: «A cet horrible drame s'ajoute l'incroyable laxisme, voire la complicité, du juridique et du politique. On comprend que n'aboutissent pas les enquêtes des tueries du Brabant wallon, de Cools, des transporteurs de fonds... Il est à craindre que, seuls, les subalternes soient sanctionnés. Les rares magistrats intègres seront tôt ou tard muselés: celui qui dit la vérité sera exécuté. Les bonzes de la magistrature, serviteurs du pouvoir et de l'argent, plus soucieux de carrière que de justice, ignorent avec superbe la vox populi.»

Mme. Viviane Boudant de Binche: «Dutroux doit payer ainsi que le reste du réseau de pédophilie. Et, surtout, que la Justice fasse ce qu'elle doit faire et alors nous aurons encore la joie de vivre et de voir nos enfants rire et jouer, sans avoir peur.»

Mme. Doriane Maudoux de Charleroi: «Pourquoi se compliquer la vie avec ce Marc Dutroux après les atrocités qu'il a commises sur des enfants. Certes, il faut l'enfermer... mais dans les mêmes conditions que ces petites victimes.»

M. Martin Hennuy d'Erquelinnes: «A quand un peu plus de conscience chez les gendarmes. Ils ont entendu des plaintes d'enfants, en perquisitionnant chez Dutroux à Marcinelle. Ils savaient que Julie et Mélissa avaient disparu, il savait que Dutroux était pédophile mais il ne leur est pas venu à l'idée d'aller voir ce qui se passait... Cela vous laisse pantois.

M. Robben de Marcinelle: «Comme beaucoup de citoyens, j'ai aidé à élire des responsables politiques incapables de redresser l'économie et de faire respecter l'ordre et la justice en Belgique.
Aussi, ne me sentant plus capable de faire un choix, je compte ne plus me rendre aux urnes, lors des élections.»

Mme Marie-Yvonne Dumont de Maurage: «Dutroux et ses complices sont des gens qui ne sont pas dignes de vivre. Il faut les punir par des châtiments sévères de ce qu'ils ont fait aux petites filles.»

Mme. Claudie Lassoie d'Asquilies: «Nous sommes dirigés par des gens pour la plupart corrompus. Nos prisons sont surpeuplées et ce sont les individus les plus dangereux qui sont libérés. A quand une vraie justice, gérée par des gens intègres. On se demande à quel point nous ne sommes pas des masochistes, menés par des sadiques? Faudrait savoir...»

M. et Mme. De Bon-Hanciaux de Mont-sur-Marchienne: «Tout notre système est rongé par une administration tatillonne, sans réelle ambition mais surtout incapable de coordonner ses différents services. Il est urgent de remettre de l'ordre dans tout cela sous peine de voir le citoyen ordinaire s'éloigner davantage encore du monde politique et faire ainsi le jeu des fossoyeurs de notre système démocratique. La vérité a un prix et je pense que les parents de Julie et de Melissa ont largement payé. Ils ont maintenant le droit de savoir, comme nous tous citoyens-électeurs, ce qui s'est réellement passé.»

L’ingéniosité machiavélique de Dutroux('NvlGazette'29 août 1996 p6)


L’ingéniosité machiavélique de Dutroux

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6

Depuis la libération de Sabine et Laeticia le 15 août, les enquêteurs ont percé à jour les secrets de la sinistre maison de Marcinelle

Dès le début de l'enquête, policiers et magistrats chargés de ce terrible dossier avaient dit leur surprise devant l'habileté dont avaient fait preuve ceux qui avaient construit la « prison » où furent retenues Sabine et Laetitia, au 128, de l'avenue de Marcinelle, à Marcinelle.
Les enquêteurs et les magistrats ont d'ailleurs expliqué par cette habileté l'échec d'une première perquisition effectuée quelques jours plus tôt dans cette même maison. « Pourtant, nous disait hier un magistrat, les enquêteurs chargés de cette perquisition avaient été parfaitement informés de ce que l'on recherchait lors d'un briefing préalable ». La prison des deux petites était en effet parfaitement indécelable.
Et de multiples précautions avaient été prises par les geôliers pour qu'elle le reste.
Le flair des chiens était annihilé par le système de ventilation mis au point par les ravisseurs des deux fillettes. Ce système qui refoulait l'air vicié et amenait dans la pièce de l'air frais était relié à une buse communiquant avec l'extérieur.
Celle-ci était placée de telle façon qu'elle ne puisse fournir aucune indication aux chiens.
Les murs qui entouraient la prison étaient eux-mêmes rendus totalement opaques par la pose de plaques intérieures empêchant qu'on ne détecte, par des forages thermiques ou la pose de caméras, toute présence humaine.
Enfin, le système d'ouverture de la porte d'accès, dissimulée derrière une armoire fixée au mur, était lui-même un petit chef d'oeuvre d'ingéniosité. Ce n'est en effet qu'après le déclenchement d'un premier mécanisme secret, qu'il était possible d'actionner le mécanisme général d'ouverture, fonctionnant par un système de rotation sur poulies.
L'ouverture ainsi pratiquée (de 30 à 40 cm) ne permettait le passage que d'une seule personne à la fois.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle lorsque Dutroux a accompagné les policiers lors de la seconde perquisition, il est passé le premier par l'ouverture qu'il venait d'actionner. Les policiers craignaient que la pièce ne soit piégée. Il ne s'y trouvait que deux petites filles.

Philippe Crêteur
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Michèle Martin en aveux partiels

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6

La journée s'est déroulée sans révélations fracassantes, hier à Neufchâteau. L'épouse de
Dutroux, Michèle Martin, semble cependant s'être «mise à table», elle qui niait jusqu'ici avoir eu vent des forfaits commis par son mari.

Journée relativement calme, hier, devant le palais de justice de Neufchâteau, les débats se concentrant essentiellement dans les locaux de la gendarmerie de la localité.
En fin de matinée cependant, le procureur du Roi, M. Bourlet, s'est absenté un moment avant de réapparaître accompagné de Michèle Martin, l'épouse de Marc Dutroux.
Michel Lelièvre les a suivis de peu. «Cela fait partie du processus normal de l'enquête. Nous poursuivons les auditions.
Mais jusqu'à présent, aucun élément nouveau n'est à signaler», a commenté le major Guissard, hier en fin de matinée.En fin de journée, l'audition de ces deux personnes se poursuivait toujours.
Vers 17 h 30, le juge d'instruction Connerotte est également arrivé sur les lieux.
Aux alentours de 18 h, l'agence Belga a annoncé que Michèle Martin commençait à faire des aveux partiels. Lors de son arrestation, elle avait nié être au courant des activités de son mari. « Elle reconnaît maintenant sa participation à certains des faits reprochés à Marc Dutroux », ajoute-t-on à Neufchâteau sans toutefois préciser si ces aveux portaient sur des enlèvements ou des séquestrations.
Si peu d'informations filtraient, hier, à Neufchâteau, on sait cependant que le dossier concernant l'enlèvement d'An et Eefje a été transmis mercredi matin du parquet de Bruges au parquet de Neufchâteau.
Celui concernant Julie et Mélissa a également été transmis en fin de journée par le parquet de Liège. Sept gros volumes le composent.

Dossiers transmis
C'est le troisième dossier d'enlèvement d'enfants dans lequel est impliqué Marc Dutroux qui est ainsi officiellement remis au procureur du Roi Michel Bourlet et au juge d'instruction Jean-Marc Connerotte.
Le premier concernait Sabine Dardenne et venait de Tournai.
De son côté, l'agence Belga ajoute qu'il n'est d'ailleurs pas impossible que soient également envoyés au parquet chestrolais d'autres dossiers concernant des tentatives d'enlèvement et d'enlèvement, voire même de meurtres d'enfants restés jusqu'à ce jour inexpliqués. C'est ainsi qu'un dossier en provenance du Parquet d'Eupen concernant une tentative d'enlèvement le 9 août dernier à Saint-Vith pourrait être transmis à
Neufchâteau.
Il en serait de même du dossier concernant la petite Laurence Mathues, retrouvée morte d'une surdose à Fernelmont (province de Namur) et qui se trouve à l'heure actuelle entre les mains du juge Marotte de Namur.
De ce côté, en effet, les médicaments qui auraient provoqué la mort de la jeune fille sont les mêmes que ceux dont Marc Dutroux se servait pour enlever ou profiter de ses victimes.

Des renforts dès ce lundi
On sait également que le parquet de Neufchâteau recevra un magistrat en renfort dès lundi. Il devrait venir du parquet d'Arlon. Le second juge d'instruction sera le juge Langlois, juge au tribunal de 1ère instance de Neufchâteau, qui exerce les fonctions de juge délégué à l'instruction lorsque le juge Connerotte est absent ou en vacances.
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Un à côté gênant du dossier Dutroux

Le Procureur général de Mons et les Porsche de son fils

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6

Quoi qu'il en dise, M. Georges Demanet, Procureur général près la Cour d'appel de Mons semble mal pris. Alors qu'il avait, à l'époque, émis un avis négatif sur une possible libération de Marc Dutroux, en raison de la dangerosité de l'individu, voilà que l'affaire Dutroux lui revient en pleine figure, façon boomerang, et pour d'agaçantes raisons familiales.

C'est que M. Demanet a un fils, Philippe, expert automobile de son état et même expert auprès du Parquet. On admettra que cela lui confère, en théorie au moins, certaines raisons de s'y connaître en matière de véhicules. Or, que s'est-il passé?
Philippe Demanet a acheté une Porsche,d'un modèle particulier et paraît-il fort rare, qu'on lui aurait présentée comme une voiture neuve.
Le vendeur était la SPRL Adam Auto Service dont le responsable Bernard Adam, domicilié sentier Saint Jacques à Gilly, est le fils d'un commissaire de police de Charleroi.
Il a affirmé l'avoir payée 3 millions et demi de francs. Or, cette voiture n'était pas neuve: on dit maintenant qu'elle aurait eu deux ans à l'époque.
Une constatation s'impose: le numéro de châssis d'une voiture permet de savoir quelle est son année de construction.
Un expert automobile est mieux placé que quiconque pour le savoir. Et Philippe Demanet aurait pu s'en rendre compte. Qu'il ne l'ait pas fait permet de douter de ses capacités à rester l'expert du Parquet.

Attaché a sa plaque
Toujours est-il qu'en septembre 1993, cette voiture a été volée en Espagne à Philippe Demanet. Il a déclaré ce vol à sa compagnie d'assurance, la Royale Belge. Comme il est d'usage, elle a ouvert une enquête avant de débourser, enquête que justifiait d'autant plus le montant considérable du préjudice.
Cette enquête a été menée par un responsable du contentieux de la compagnie, Thierry Dehaan.
L'enquête a officiellement conclu à la bonne foi du préjudicié, puisque le montant réclamé a bien été versé à
Philippe Demanet, ce qui lui a permis de s'acheter une autre Porsche: c'est elle qu'on retrouvera dans un hangar de Ransart en juin 1994, hangar dont Philippe Demanet était le locataire.
Selon le communiqué qu'a diffusé mardi soir le Procureur général Demanet pour prendre la défense de son fils, cette deuxième Porsche n'a aucun rapport avec la première: il n'est pas question de penser qu'il s'agirait de la même voiture, faussement volée puis maquillée après que le «préjudicié» eut touché la prime d'assurance.
Fort bien. Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Il se fait que l'immatriculation de cette deuxième Porsche était la même que la première, ce que les enquêteurs n'ont pas manqué de constater. Il s'agissait de la plaque LRS. 911.
Explication fournie par Philippe Demanet via la bouche de son père: c'était une plaque personnalisée qui lui avait coûté 25.000 francs. Il y tenait beaucoup et avait donc voulu la conserver. Et, explique encore le Procureur général, lorsqu'on avait volé la Porsche, elle était en fait nantie d'un doublon des plaques:
Philippe Demanet avait placé à l'arrière de la voiture le genre de plaques qu'on installe habituellement à l'avant.
Cela, à titre conservatoire, en somme, et pour qu'on ne lui vole pas sa (chère) plaque d'origine.

Une imitation de plaque
On est évidemment tout disposé a croire cette version, même si elle est surprenante.
Ainsi donc, Philippe Demanet a demandé, en 1993, une immatriculation qu'il a copiée dès qu'il l'a obtenue, pour circuler avec un double de la même plaque. Que n'importe quel quidam fasse de même, et il aura à fournir de solides explications. Ici, l'affaire se passant à Thuin, à la police communale, commune du domicile de Philippe Demanet qui est encore celui de son père le Procureur général, et les choses se passent apparemment sans encombre. Philippe Demanet a pu, en un premier temps, circuler avec une imitation de plaque officielle et, en second temps, rouler à bord d'un véhicule nanti d'une plaque signalée volée.
Il y a des facilités qui étonnent le bon peuple, et qui ne sont sans doute pas autorisées au premier venu. Il reste que Philippe Demanet n'a jamais été en rien inquiété, moins encore inculpé de quoi que ce soit.
L'histoire n'est pas terminée pour autant.
On serait même tenté de dire qu'elle a commencé là, et que c'est alors qu'ont débuté les ennuis de l'inspecteur de PJ Georges Zicot. C'est lui qui a enquêté à propos du vol de la Porsche. C'est lui qui, sachant qui en était le préjudicié, a poursuivi cette enquête. C'est lui encore qui, à Lodelinsart, avait mis la main en septembre 93, avant le vol en Espagne, sur une des Porsche de Philippe Demanet. La même?
Il ne faut pas confondre les Porsche, insiste le Procureur général de Mons lequel, apprenant que Georges Zicot pouvait être mêlé à une affaire de Mercedes volée, en a averti le commissaire général de Vroom.
L'enquête menée alors par le juge d'instruction Laffineur, à Bruxelles, n'a pas abouti à l'inculpation de Georges Zicot.

Volée... mais retrouvée
Ce n'est que l'avant-dernier chapitre de la saga Porsche de Philippe Demanet. On a en effet appris que le même juge Laffineur avait demandé à entendre il y a quelques jours Bernard Adam, gérant du garage où Philippe Demanet avait acheté sa première Porsche.
On dit aussi que le même Bernard Adam a ramené cette même Porsche entre les mains des enquêteurs.

D'où on peut déduire qu'il savait au moins où elle se trouvait, après le vol commis en Espagne, et on se garde bien, provisoirement, d'écrire vol entre guillemets. Le dossier est donc loin d'être clos.
Il y a quelques jours, quelques-uns de ses acteurs ont été placés sous mandat d'arrêt à Neufchâteau: c'est le cas de Thierry Dehaan et de Georges Zicot, pour faux et usage de faux.
C'est le versant «trafic de voitures» de l'affaire Dutroux. On n'ira plus loin, sous peine de se voir reprocher de fâcheux amalgames.

Ce n'est, dira-t-on, qu'un à côté pénible, et forcément secondaire en regard de l'horreur des faits reprochés à
Dutroux et aux siens. Sans doute. Il reste qu'un sentiment de malaise s'installe, et que le Procureur général de
Mons, M. Demanet, semble familialement mal pris.
Avec toute la considération qu'on doit à ce haut magistrat, on voudrait ajouter ceci: est-il bien normal qu'occupant les fonctions qui sont les siennes, il se revête des attributs du Procureur général pour prendre la défense de son fils ?
Que l'on sache, Philippe Demanet, resté muet jusqu'ici, est largement majeur. En se lançant dans des justifications qui conjuguent un sentiment honorable de père de famille et ses fonctions de plus haut magistrat hennuyer, le Procureur général près la Cour d'appel de Mons nous offre le pénible spectacle d'un mélange des genres qui ne peut que nuire à l'idée qu'on se fait d'une certaine sérénité de la Justice.
C'est tout ce qu'on en dira pour le moment, en se réservant d'y revenir.

Philippe MAC KAY
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Georges Zicot et le « gang des BMW»

Entrave à une enquête allemande en 94 ?


« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 6

L'affaire Dutroux et les dossiers connexes - notamment de trafic de voitures - semblent pousser leurs ramifications jusqu'au-delà de nos frontières. On verra par ailleurs que la police slovaque soupçonne Dutroux de divers forfaits dont un meurtre. Le PJ man Georges Zicot est à présent soupçonné par la police allemande...

Georges Zicot, l'inspecteur principal de la police judiciaire de Charleroi qui pourrait avoir été un des «protecteurs» de Marc Dutroux et se trouve en état d'arrestation, a peut-être, en 1994, fait obstacle à une enquête menée par la police de Cologne contre une bande internationale de voleurs de voitures.
«Nous ne sommes tout simplement jamais parvenus à approcher plusieurs suspects de ce trafic dont la plaque tournante était à Charleroi», a déclaré mercredi à l'agence de presse allemande DPA un porte-parole de la police de la grande ville rhénane.
Les enquêteurs belges s'étaient refusés à procéder à l'interpellation des suspects et avaient réclamé une commission rogatoire.
La police allemande était à l'époque aux trousses d'une bande surnommée «le gang des BMW» qui avait volé une impressionnante série de véhicules dans la région de Cologne pour les transférer ensuite en Belgique.

Quatre membres belges de la bande avaient pu être interceptés en Allemagne et l'enquête conduisait apparemment les investigateurs vers Charleroi.

Georges Zicot était, rappelle t-on, spécialisé précisément dans les affaires de trafic de véhicules, une activité à laquelle Marc Dutroux a également été mêlé.


fouilles pénibles sous la pluie ('Nvl Gazette'29 août 1996 p5)


Aux yeux du monde

Edito de Benoît DEGARDIN

«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 5

On parle toutes les langues aux abords de la rue Daubresse à Jumet. Les GSM grésillent, les flashes crépitent, les pieds pataugent, et au milieu de ce ballet bruyant autant que boueux, les journalistes de télévision tentent de se concentrer pour réciter leur texte face caméra. Ne parlons même pas des premières pages de la presse du monde entier.

Le dossier Dutroux est incontestablement l'événement médiatique numéro un de ce mois d'août.- Et ce n'est pas seulement parce qu'il a pour personnage central un désaxé, pour décor des bicoques sordides et pour précédent l'affaire de Gloucester.
Des confrères de la BBC venus prendre le pouls chez nous ont résumé tout l'intérêt de l'opinion publique en deux mots: les enfants.

Le sang, la mort, la perversité entrent moins en compte ici que la nature des victimes : on a touché à l'innocence. Et c'est une fois de trop.
Inlassablement et avec de plus en plus d'audience, les campagnes contre la pédophilie s'intensifient. Le congrès de Stockholm qui s'est ouvert mardi en est en quelque sorte un premier aboutissement.

Mais il manquait une histoire concrète, quelque chose qui confirmerait aux yeux de tous de quoi la pédophilie est capable et quel est le martyre de ceux qu'elle utilise comme «matière première».
Eh bien, tout cela, on l'a trouvé à Marcinelle, à Sars la Buissière et peut-être demain à Jumet, ou ailleurs.
Les trafics d'enfants et les abus sexuels en tous genres qu'ils alimentent sont enfin sortis des rapports de commissions, des notes de synthèse et des revues médicales spécialisées.

D'un seul coup de projecteur, on peut imaginer aujourd'hui ce qu'est la souffrance d'une Miette de dix ans -qu'elle soit livrée à un Dutroux dans la cave d'un taudis ou à un touriste allemand sur une plage des Philippines et quelle ingéniosité un pédophile peut déployer pour arriver à ses fins

Il a fallu des drames et des visages pour que cette évolution abominable des moeurs devienne une réalité, quelque chose que l'on voit et qui devient insupportable.
Cette découverte à donc au moins le mérite de nous ouvrir les yeux.

Benoît DEGARDIN
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On ira jusqu’au bout...

«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 5

On ira jusqu'au bout pour retrouver des corps s'il y en a» a déclaré hier le commandant Johan Dewinne, responsable de la DVI, en parlant des fouilles à Jumet.
Le chalet, le terrain et les annexes de Jumet seront systématiquement fouillés, grâce à tous les moyens humains et techniques dont disposent les enquêteurs. Le commandant Johan Dewinne estime que ce sera fait d'ici vendredi soir.
Pour l'instant, a-t-il confirmé, aucun corps n'a été trouvé. Il a précisé que les 5 endroits creusés dans le hangar n'ont pas donné de résultat.

Quant au terrain, il faut d'abord le débarrasser de la couche de remblai, épaisse de 3 à 4 mètres: «Au dessous, quand on arrive à la terre ferme, on peut presque voir à l'oeil nu si la terre a été remuée. Si c'est le cas, on creuse ra plus profond.»

Dans les caves, le radar n'a rien repéré, mais elles ne sont pas encore entièrement déblayées.
L'équipement technique utilisé permet de déceler les cavités.
Ainsi, mercredi après-midi, il a permis de repérer une «cavité»: il s'agissait en fait d'une bouteille enterrée!
Après Jumet, les enquêteurs fouilleront les autres propriétés, «selon les demandes du procureur du Roi de Neufchâteau».

A Sars-la-Buissière et à Keumiée, la protection civile prépare déjà le terrain.

Enfin, les enquêteurs sur place disposent des dossiers concernant les disparitions inquiétantes des dix dernières années qui pourraient être liées à l'affaire Dutroux, ils sont au nombre de 13: «Ces dossiers nous aideront à identifier les corps si nous en trouvons», dit encore M. Dewinne qui commande la DVI
(Disaster Victim Identification), spécialisée dans les identifications des victimes lors des catastrophes.

An.D.
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Jumet : une gadoue à 5 mètres de profondeur

Des fouilles pénibles sous la pluie


«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 5

Mercredi, les fouilles se sont poursuivies toute la journée à Jumet, tout autour du chalet de
Weinstein. Dans des conditions très difficiles à cause de la pluie. Et apparemment sans résultats pour l'instant.

Le périmètre de la rue Daubresse à Jumet est resté bloqué toute la nuit et toute la journée de mercredi.
Et la pluie est tombée, à verse, à seau, inondant tout le site des recherches, tant à l'intérieur du hangar qu'à l'extérieur, dans le terrain vague, où les enquêteurs travaillent toujours sur base des indications de Marc Dutroux.
La nuit précédente, celui-ci leur avait plus ou moins montré quatre endroits où chercher, apparemment en leur citant des
noms...

La propriété est trouée comme un gruyère
Vers 10 heures du matin, les enquêteurs se sont donc remis à l'ouvrage. Simultanément à l'intérieur du hangar et sur le terrain vague. Pendant ce temps, les opérations de déblayage ont continué à Sars-la-Buissière.
A l'intérieur du hangar de Jumet, les fouilles se font à la pelle, en quatre endroits différents: par précaution, afin de ne pas endommager ce que l'on pourrait dégager, mais aussi parce qu'il n'est pas possible d'y amener une grue. Les trous sont profonds d'environ 1,5 mètre à 2 mètres, et, selon le porte-parole de la gendarmerie, ils n'ont encore rien «donné».
A l'extérieur, une partie du terrain a été creusée sur 5 à 6 mètres de profondeur: «A partir de maintenant, on ne creuse pas plus profondément, mais on élargit l'excavation».
On le croit sans peine: toute la journée, des camions de la protection civile ont emporté des bennes entières de terres. Visiblement, les fouilles extérieures n'ont pas encore permis de dégager quoi que ce soit d'intéressant non plus.

Le major Boudin fait désormais ses communications en quatre langues (français, néerlandais, anglais et allemand) sans se départir de son flegme face aux nombreuses questions qui l'assaillent:
«Je n'ai pas d'informations là-dessus» est la réponse qui revient le plus souvent dès que l'on essaie d'aborder un autre sujet que l'état d'avancement des travaux. Ce que l'on sait, c'est que ni le superintendant britannique John Bennett ni le procureur du Roi de Neufchâteau ne se trouvent à Jumet. Ce qu'il dit aussi, c'est que, contrairement à une rumeur persistante, on n'a pas trouvé de tunnel ou de souterrain.

Au même moment, un responsable de la protection civile parlait pourtant d'une «cavité retrouvée en dessous d'une dalle de béton»...
Au tour des caves

Tout au long de la journée, la pluie a redoublé d'intensité. A tel point que la ville a fait installer deux marquises à l'entrée de la rue pour protéger les journalistes qui attendent patiemment. Les badauds, eux, sont nettement plus clairsemés que la veille...

A 17 heures, le porte-parole, le major Jean-Marie Boudin, annonce que l'on a déblayé une partie des sous-sols du chalet de Bernard Weinstein: les chiens hollandais (spécialisés dans la recherche de cadavres) y sont passés. On doit aussi les examiner à l'aide du matériel anglais de détection. Mais même si le «ground-radar» indique quelque chose, il n'est pas prévu de creuser dans les caves ce mercredi: «On doit d'abord déblayer toute la maison avant de commencer à y creuser».

Il explique également que la pluie et la gadoue rendent très difficiles les recherches du «nez hollandais», Harry Jongen.
Cet officier hollandais est spécialisé dans la recherche de corps datant de la deuxième guerre mondiale et a acquis une expérience unique au monde. Il travaille avec des tiges enfoncées dans le sol.
Mais même les Hollandais peuvent ne pas apprécier la drache...

Les enquêteurs commencent-ils à douter des informations, des indications que leur a fournies Marc Dutroux?
Ne pensent-ils pas que Dutroux se moque d'eux?
«Je ne suis pas plus sceptique qu'hier» déclare M. Boudin. Ce que l'on peut interpréter de diverses façons... mais il confirme: «Les recherches se pour suivront jeudi et peut-être vendredi. »

Anne DAUCHOT ; Ph. Denis GAUVAIN et Bernard DELENTREE
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Dutroux soupçonné du meurtre d’une jeune Slovaque

« La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996 page 5

Marc Dutroux est soupçonné du meurtre d'une jeune Slovaque, a annoncé le chef du bureau slovaque d'Interpol, Rudolf Gajdos.
Celui-ci a déclaré que Dutroux était aussi soupçonné d'avoir préparé l'enlèvement d'au moins une autre Slovaque.
Mais il s'est empresse d'ajouter qu'en l'état actuel des choses, des preuves manquent encore pour accuser formellement Dutroux d'agissements criminels en Slovaquie. Seules existent de fortes présomptions.
Ainsi, « une des hypothèses de la police dans l'affaire du meurtre d'une jeune tzigane, en juillet de cette année à Topolcany, dans l'ouest de la Slovaquie, est que Marc Dutroux pourrait y être impliqué », a dit Gaj dos sans préciser l'âge de la victime.

Une des raisons qui étayent cette hypothèse est la ressemblance de Dutroux avec un portrait-robot du coupable présumé.
Le chef d'Interpol-Slovaquie a expliqué que le portrait-robot du meurtrier de la jeune Tzigane correspondait « à 60 % » à celui de Dutroux et que ce dernier s'était rendu à Topolcany à l'époque du meurtre.
Par ailleurs, un témoignage d'une personne qui aurait été complice de Dutroux laisse supposer que le Belge aurait violé une femme à Trencin, une autre localité de l'ouest du pays.

Selon Rudolf Gajdos, Dutroux a effectué plusieurs visites en Slovaquie, en particulier dans les environs de Trencin et Topolcany, où il croyait, selon certaines informations, pouvoir facilement approcher des jeunes filles.
Une dizaine de jeunes Slovaques se sont rendues en Belgique à son invitation. Deux d'entre elles, âgées de 17 et 21 ans, ont notamment été reconduites en Slovaquie le 2 août dernier. Mais peut-être sous l'influence de somnifères que leur aurait fait absorber Dutroux, elles se souviennent mal de ce qui s'est passé lors de leur séjour en Belgique. L'une d'elles a déclaré qu'elle avait dormi pendant trois jours. Toutes deux auraient par ailleurs suivi librement Dutroux en Belgique, le considérant comme un « homme normal et affable », selon M.
Gajdos.

« La police belge nous a aussi informés que Dutroux et un autre homme avaient aussi envisagé l'enlèvement d'au moins une Slovaque », a dit encore dit le représentant d'Interpol.
Il apparaît certain que Dutroux et ses complices ont eu de multiples contacts avec des jeunes nés filles en Slovaquie, mais apparemment, il ne s'agissait pas de mineures d'âge, ce qui rend l'enquête d'autant plus malaisee.

Par ailleurs, à Vienne, un porte-parole du ministère autrichien de l'intérieur, Rudolf Gollia, a démenti les informations de presse selon lesquelles il était établi que Dutroux aurait tourné en Autriche des films vidéo pornographiques avec de jeunes Slovaques. Il n'y a pas de preuve à ce sujet non plus, bien qu'il existe effectivement une bande spécialisée dans les films pornographiques avec des enfants qui opère à Vienne et recrute ses victimes en Slovaquie.

Un reporter de la revue autrichienne News, se faisant passer pour un client potentiel, a ainsi pu prendre rendez-vous dans une maison privée de Bratislava avec trois fillettes de 12 ans par l'intermédiaire d'un certain Jiri K., qui fait des affaires dans le domaine de la pornographie à Vienne. Le journaliste, dont le reportage doit paraître jeudi, s'est vu proposer un choix de 70 jeunes adolescentes, avec lesquelles des vidéos pornographiques avaient été tournées. Sur base des découvertes du reporter, Jiri K. a été interpellé par la police viennoise et placé sous mandat d'arrêt mardi
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ANTHEE

Les enquêteurs sont revenus à Anthée


«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 5

Dimanche, les enquêteurs de la PJ sont venus perquisitionner une maison à Anthée (Onhaye). La vieille bâtisse en pierre, située au 27 de la rue Delcourt, à proximité de l'église, avait été occupée par Casper Flier et Michel Lelièvre. Il paraît même, selon le voisinage, qu'ils y étaient venus accompagnés d'enfants.
Mardi après-midi, les enquêteurs sont revenus à Anthée. Et ils ont entrepris des fouilles, à l'aide du matériel communal, dans un terrain proche de l'habitation.

En début de soirée, on restait discret à propos de ces fouilles. Certains prétendaient même « qu'on ne faisait que nettoyer le terrain ». Mais la présence de policiers en uniforme et l'ampleur « du nettoyage » laissaient supposer que l'on cherchait bien quelque chose.
Apparemment, aucun indice n'a été retrouve à cet endroit. Et mercredi, en début de matinée, l'endroit était de nouveau calme.

Annie Delfosse
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Des fouilles également à Merlemont (Philippeville)

«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 5


Mercredi en fin d'après-midi, une équipe de la brigade de gendarmerie de Philippeville et une équipe de la B.S.R. sont descendues rue Tienne Wérichet à Merlémont, un lotissement situé dans ce village de l'entité de Philippeville non loin de la route de Givet.

Dans le cadre de l'affaire Dutroux et de son comparse Michel Lelièvre, il semble qu'un contrôle a été nécessaire dans un immeuble sis 13a à l'extrémité dans cette petite zone résidentielle. En effet, si cet immeuble est occupé par un couple qui ne semble n'avoir jamais été cité dans l'affaire», on remarque dans l'annuaire téléphonique que pour le même immeuble, un numéro d'appel est alloué à un certain M. Lelièvre.

Est-ce pour contrôler l'identité de ce M. Lelièvre ou alors pour perquisitionner plus en profondeur ce chalet que les forces de l'ordre sont descendues à Merlemont. Toutefois, alors qu'elle avait débuté vers 18 heures, l'intervention des forces de l'ordre à l'intérieur de l'immeuble n'était toujours pas terminée à 21 heures.
Peut-être en saura-t-on plus dans les heures qui viennent.
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Fouilles chez un démolisseur à Keumiée

Diakostavrianos s'y rendait souvent


«La Nouvelle Gazette» du jeudi 29 août 1996 page 5

Mardi après-midi, les gendarmes et la protection civile ont fouillé le terrain d'un démolisseur à Keumiée. Ils y sont restés jusque tard dans la nuit.

Des recherches ont été entreprises mardi en début d'après-midi, à Keumiée, rue de la Brasserie, dans un terrain clôturé.
D'abord avec de petits moyens. Puis, vu l'ampleur de la tâche, à l'aide des excavatrices de la protection civile. Les fouilles se sont poursuivies ici jusque vers minuit et demi environ et elles n'ont pas repris mercredi.
On n e sait pas trop ce qu'ont trouvé les gendarmes, mais ils démentent avoir découvert des vêtements d'enfants qui seraient suspects.
Sur place, il y a bien des vêtements d'enfants dans un sac, mais ils n'ont pas été emporté par les enquêteurs, sans doute parce qu'ils ont la certitude que ces vêtements appartenaient aux gosses de Bruno Tagliafero, l'ancien occupant des lieux, qui vivait là avec son épouse et ses deux enfants.

Bruno Tagliafero était démolisseur, comme son père avant lui. Il était connu pour vendre des pneus neufs à très bas prix ainsi que pour faire commerce de pneus de récupération avec le Portugal.
Il a habité au 32 de la rue de la Brasserie avec sa famille, dans une caravane installée sur le terrain. Il est décédé brutalement, le 5 novembre 1995, d'une crise cardiaque dit-on, ( ??? NTB ) le lendemain de son retour d'un voyage au Portugal où il avait passé un mois. Il avait 33 ans.

Pendant son voyage au Portugal, il semble que deux hommes aient plus ou moins «gardé» le site. Dans le quartier, on dit aussi que, pendant son absence, l'une des caravanes qui se trouvaient sur le terrain avait été déplacée et remontée sûr une dalle en béton, coulée à ce moment-là.

On sait également que le démolisseur Bruno était une connaissance de Michel le Grec, Michel Diakostavrianos, qui tenait commerce de pneus d'occasion importés d'Allemagne, dans un hangar de Ransart, qui a également été fouillé. Diakostavrianso, actuellement sous mandat d'arrêt, rendait souvent visite à Bruno Tagliafero à Keumiée.
C'est peut-être la raison qui a motivé les recherches sur son terrain, qui est clôturé et cadenassé depuis son décès.

An.D.

Ph. Denis Gauvain




Marc Dutroux, monstrueux et méticuleux('Nvll Gazette'29 août 1996)


Marc Dutroux, monstrueux et méticuleux

« UNE » de « La Nouvelle Gazette » du jeudi 29 août 1996

Les enquêteurs en sont de plus en plus convaincus: Marc Dutroux avait tout prévu. C'est ce que prouve l'agencement de la maison de Marcinelle où il a séquestré Sabine et Laetitia.

Un système de ventilation y avait été installé, pour réduire à néant le flair des chiens policiers. Les murs avaient été renforcés de plaques empêchant la détection de présences humaines.
Une porte donnant accès aux «cellules» était munie d'un dispositif secret.

A Jumet, les recherches qui se sont poursuivies dans des conditions météo épouvantables ont été interrompues hier soir.

Photo B. Delentrée
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L'inspecteur principal Georges Zicot n'a pas fini de défrayer la chronique le voici a présent soupçonné par la police allemande d'avoir fait obstacle à une enquête dans le cadre d'un trafic de voitures.
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La maman d'Elizabeth Brichet, disparue en 89, est venue à Jumet. On se demandait qui l'avait appelée.
Mais c'était à sa propre demande.


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