vendredi 8 août 2008

An et Julie;Eefje et Mélissa('La Wallonie'4 septembre 1996)


An et Julie


Eefje et Mélissa


« UNE » du journal « La Wallonie » du mercredi 4 septembre 1996

Le réseau de pédophilie? Un mirage('DH'4 septembre 1996 p5)


Le réseau de pédophilie? Un mirage

« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5

LIÈGE - Michel Nihoul a été accueilli bruyamment, hier matin, au palais de justice de Liège. Protégé par un gilet pare-balles et entouré de gendarmes, il est entré au poste de garde sous les huées et les...crachats des autres détenus.
Michel Nihoul, inculpé de la seule prévention de participation à une association de malfaiteurs, est actuellement détenu à Namur.

Hier, son maintien en détention préventive a été examiné par la chambre des mises en accusation de liège. Le parquet ne lui reproche pas clairement, actuellement, d'être intervenu dans les enlèvements d'enfants. On ne lui connaît non plus aucun rôle dans la vente de cassettes vidéo », explique Me Virginie Baranyanka.

Nihoul nie tout. Surtout être un proche de Marc Dutroux. Il l'a rencontré quatre fois, notamment à l'occasion d'une expertise immobilière, d'un dépannage de voiture - Dutroux et Lelièvre ont réparé le véhicule de Nihoul - et d'une autre visite immobilière.

De plus, Dutroux et Lelièvre n'ont jamais déclaré que notre client était impliqué dans leurs manigances. L’hypothèse d'un réseau de pédophilie n'est qu'un mirage... »,défend Me Frédéricq Clément de Cléty.
Le nom de Nihoul a cependant été cité dans deux affaires d'enlèvement. Celui de Nathalie Geijsbregts, disparue le 26 février 1991, et celui de Laetitia Delhez. Nihoul n'a pas encore été entendu dans le premier dossier; pour le deuxième, il a fourni un alibi. Il se serait trouvé en France en compagnie de Michel Vanderelst, l'ex-avocat d'Haemers...

Une trentaine d'enquêteurs se chargent actuellement du seul cas de Michel Nihoul. De nombreuses confrontations doivent encore avoir lieu. C'est pourquoi la chambre des mises en accusation de Liège a confirmé son maintien en détention.

N. E.
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Nouvelle saisie de cassettes vidéo

Un proche de Nihoul


« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5

BRUXELLES - Tandis que les fouilles aboutissaient rue Daubresse, à Jumet, les recherches menées au départ de Bruxelles par la police judiciaire permettaient, hier matin, de saisir entre 200 et 300 cassettes vidéo chez un proche de Michel Nihoul, l'agent immobilier arrêté pour association de malfaiteurs dans le cadre de l'affaire Dutroux.


Les cassettes seront examinées, comme les centaines d'autres du même tonneau saisies depuis quinze jours. Depuis la mi-août, on peut estimer à plus de trois cents le nombre de policiers et gendarmes oeuvrant à temps plein sous la direction du juge Connerotte et du procureur Bourlet.
Brigade nationale et PJ de Bruxelles concentrent leurs efforts à Bruxelles sur le seul Michel Nihoul, qui est considéré comme l'un des moteurs de toute l'affaire. Les enquêteurs le soupçonnent d'être l'organisateur commercial du réseau. La bande, pensent-ils, avait besoin d e rabatteurs et pouvait compter sur de «Petites mains comme Marc Dutroux, Michelle Martin, Michel Lelièvre et Bernard Weinstein (assassiné fin de l'année passée).

Les petites mains travaillaient pour leur compte mais aussi, pensent-ils, pour des commanditaires basés à Bruxelles. Ces derniers utilisaient des enfants enlevés aux quatre coins du pays ou amenés de l'étranger et qu'ils livraient à une clientèle qui reste a identifier.

Identification
Ça, c'est, sur papier, l'hypothèse de travail horrible... qu'aucun élément décisif, jusqu'à présent du moins, ne vient confirmer.

Ce n'est pas faute de chercher.En quinze jours, les policiers remuent du monde à Bruxelles. Lundi, la PJ a ré interrogé le conseiller communal d'Etterbeek, Henri Tombeur, détenu depuis le 8 juillet pour pédophilie. Nihoul et Tombeur se connaissaient, mais le milieu qu'ils ont pu fréquenter était plutôt celui des partouzes entre adultes consentants. Il n'a pas été trouvé trace de participation de mineurs.

Mais les recherches se poursuivent. Elles seront fastidieuses.
Parmi les cassettes saisies, figurent des cassettes commerciales mais aussi des vidéos filmées en privé.

Le travail va consister à identifier les personnes qui figurent sur ces documents en espérant, au fil des interrogatoires, qu'un adulte crachera le morceau sur Michel Nihoul.

Si ce morceau existe. Car, jusqu'à présent, Nihoul nie et trouve explication à tout (voir ci-dessus). Le 24 juin 1995 -jour de l'enlèvement de Julie et Mélissa -, il assure s'être trouvé à Givet avec l'ancien avocat bruxellois Michel Vander Elst, l'ancien avocat de Patrick Haemers, jugé et condamné aux assises pour 'enlèvement de Paul Vanden Boeynants.

Gil.
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Dutroux venait d'être exclu

38.500 F D'INDEMNITÉS


« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5

BRUXELLES - Bien avant la révélation de ses terribles méfaits, Dutroux était dans la ligne de mire de l'inspection de l'Inami (Institut national d'assurance maladie-invalidité). En juillet, il avait été exclu de la mutuelle.

Avant de réagir, l'Inami avait été trompé par Dutroux. Lui et sa femme bénéficiaient du statut de VI P0. U n médecin conseil avait en effet estimé que leur séjour en prison les avait minés moralement et physiquement, les rendant incapables de travailler...

Michelle Martin touchait, elle, un peu plus de 40.000 F d'indemnités. Les époux vivaient séparés

Marc Dutroux et son fils Frédéric (12 ans) habitaient à Marcinelle, tandis que Michelle Martin demeurait à Sars-laBuissière avec les deux autres enfants, Andy (2 ans et demi) et Céline (9 mois). Une séparation théorique pour toucher des indemnités d'isolés...

Après dénonciation, les inspecteurs ont notamment interrogé des voisins de Dutroux et fait des photos (sur l'une d'elles, on a ensuite identifié un des complices).

Des activités et des revenus parallèles ont été mis au jour. On a parlé du commerce des voitures mais aussi selon le dossier Inami, d'«activités liées aux maisons », sans autre précision. En juillet, le versement des allocations pour invalidité a été stoppé. l'Inami s'apprête à demander le remboursement de sommes perçues illégalement.

Le ministère des Finances s'est lui aussi intéressé aux maisons de Dutroux. Rien d'anormal n'a été relevé. Avec un revenu proche des 80.000 F, les Dutroux ont obtenu en 1992 un prêt hypothécaire pour la maison de Sars-la-Buissière (payée 1.850.000 F). L'immeuble de Marcinelle avait été payé 250.000 F, en 1985, et celui de Marchienne-au-Pont, 300.000 F en 1986. En 84, Martin avait encore payé 325,000 F pour une autre maison à Mont-sur-Marchienne.

B. F.
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Psychiatre de 82 ans

Lui aussi a été berné !


« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5


BRUXELLES - L'une des conditions de la libération anticipée de Dutroux était de suivre un traitement psychiatrique. Formellement, s'y est parfaitement tenu,

En compagnie de sa femme, et jusque dans les dernières semaines précédant son arrestation, il s'est rendu chez un neuropsychiatre bruxellois. Des attestations prouvent notamment qu'il a consulté son psychiatre les 3 avril, 3 et 20 mai et 25 juin 96.

Au lendemain du drame, le ministre de la Justice a estimé qu'il n'était pas normal que le neuropsychiatre, au nom du secret médical, n'ait pu alerter les autorités de la dangerosité de son patient. A l'administration pénitentiaire, on notait en outre que d'autres médecins, au nom de la sécurité de la société, n'hésitaient pas à dénoncer certains de leurs patients.

Nous avons retrouvé le neuropsychiatre de Dutroux, le docteur Emile Dumont. Il a globalement refusé de s'exprimer. A la question de savoir s'il avait la conscience tranquille, le psychiatre a toutefois répondu par l'affirmative. «Avertir qui et de quoi ? Je n'étais au courant de rien ! Il ne m'a jamais rien dit. » Malin, Dutroux a décidément berné tout le monde, y compris son psy...

On reste enfin toujours étonné par l'âge du docteur Dumont. Est-il normal qu'on confie le traitement d'un être aussi dangereux que Dutroux a un médecin de 82 ans ?

B. F.
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Le gentil papy qui abusait d’Aurélie

Une émission de la RTBF retrace l’histoire de Zénon.D,graçié par le roi

« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5

BRUXELLES - C'est l'histoire d'un gentil papy ordinaire. Un homme respectable, unanimement apprécié.

Au-dessus de tout soupçon. Aurélie, 8 ans, l'aime beaucoup. Jusqu'au jour où elle évoque, à sa grande soeur, « les points d'interrogation dans sa tête ». La vérité éclate : le gentil papy se révèle être un pédophile.

Très habilement il a attiré Aurélie dans ses filets, avant de passer aux menaces : « Moi, je suis quelqu'un de bien, un ancien combattant je m'occupe de l'église.... On ne te croira pas si tu le dis. On dira que tu es une sale petite fille... ».

Le genre de menaces qui font peur aux gosses.
Aurélie se tait, ne dit rien de ce qui se passe dans la maison voisine : les masturbations, les fellations, le viol technique comme le nomme la loi. Dénoncé, papy croira, jusqu'au dernier moment, qu'il sortira libre de son procès. D'ailleurs, la justice ne juge pas bon de l'incarcérer en préventive. En Assises, il s'effondre quand il prend quinze ans. Mais grâcié par le Roi, Zénon D. quitte la prison après quinze mois.
Aujourd'hui libre, il séjourne dans une maison de retraite ardennaise, en toute quiétude...

L'histoire que l'émission faits Divers de la RTBF (20 h 10) nous relate ce mercredi soir, avec beaucoup de sobriété, a suscité une vive émotion au début de cette année.

Pourtant, c'est peut-être moins la grâce royale que la réinstallation de Zénon, au sortir de la prison, à 5,8 kilomètres de sa petite victime qui avait soulevé des levées de boucliers, initié des pétitions et des rencontres coup de gueule avec le ministre De Clerck (le dossier, pour lequel Melchior Wathelet avait demandé des compléments d'information a été bouclé par son successeur).
Pour la première fois depuis l'affaire, Aurélie, 13 ans aujourd'hui, a accepté, à visage découvert et avec l'accord de ses parents, de parler de ce qu'elle a vécu.

« Oui, j'étais contente de le voir aux assises, car cela prouvait qu'il était coupable ».

Et que sa parole n'était pas mise en doute... La grâce royale? « Le Roi aurait quand même pu lire le contrat avant de le signer. Moi, j'ai envie de dire aux enfants qui ont le même problème que moi de vraiment en parler.
Comme ça ils seront aidés. Ils se sentiront mieux dans leur peau ».

Pas un partenaire
Aux côtés d'Aurélie, qui a surmonté ces affreux moments après des mois de cauchemar, Yves-Hiram Haesevoets, psychothérapeute de l'équipe SOS-enfants de ULB témoigne du fait qu'un enfant n'est jamais -comme a voulu le faire croire Zénon - un partenaire sexuel consentant : «Aurélie était une petite fille de 8 ans: une enfant qui croyait recevoir de l'affection de quelqu'un qu'elle considérait comme un grand-père.

En échange, elle a reçu des attouchements. L'adulte l'a baratinée et a profité de sa crédulité ».
Le spécialiste souligne l'angoisse provoquée par la remise en liberté de l'abuseur : Et le traumatisme est toujours là, latent. Un élément comme !a réinstallation du pédophile dans les environs peut tout réveiller ».

Un mauvais exemple en matière de pédophilie que ce monsieur si gentil? Peut-être. Quoiqu'il en soit, son cas a permis de mettre en évidence une série de dysfonctionnements (déjà...) dans la justice depuis lors, le ministre


De Clerck a promis de distinguer les dossiers d'abus sexuels d'enfants de ceux des criminels de droit commun quand il s'agira de quémander la signature royale. Le vieux monsieur a été prié de déménager suffisamment loin d'Aurélie. Lors d'une rencontre, qui aurait été souhaitée par le Palais, Stefaan De Clerck a encore présenté ses excuses officielles aux parents de la gamine.
Les promesses sont une chose...L'actualité plus récente a montré qu'elles ne coupaient pas nécessairement la voie à tous les dysfonctionnements.

Nancy Ferroni
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Sabine à Kain, l'esprit serein

Consigne respectée


« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5

TOURNAI - Consigne respectée, mardi matin, devant le collège Notre-Dame de la Tombe, à Kain. Sabine Dardenne a retrouvé dans le calme ses amis de classe. Dans un communiqué, le directeur de l'établissement, M. Guy De Saint Martin, avait demandé aux journalistes de « s'abstenir de toute intervention le jour de la rentrée ainsi que dans les jours qui suivront. » La direction du collège Notre-Dame de la Tombe souhaitait que « la rentrée scolaire des élèves et de Sabine en particulier se déroule dans la plus grande sérénité.


Vendredi dernier, en collaboration avec l'association SOS Parents Enfants et avec l'aide du service d'appui social de la gendarmerie de Tournai, une réunion d'information s'était tenue dans l'établissement pour les élèves et les professeurs de la classe de Sabine « afin que son retour se passe dans les meilleures conditions.

Au service d'appui social de la gendarmerie, on dit avoir tenté de permettre à tous, « tant aux élèves qu'aux professeurs, de se sentir sereins, du moins d'obtenir certaines réponses à toutes les questions que l'on peut se poser, cela tant dans un souci de bien faire que dans un souci de professionnalisme », commente Benoît Pollet.


Mardi, tout s'est donc passé normalement. Seul un agent de police avait été dépêché sur place, comme tous les matins, pour régler les petits embarras de la circulation. Les parents, les enfants, les professeurs se sont retrouvés dans le calme.

Et Sabine Dardenne a gagné sa classe. La direction du collège Notre-Dame de la Tombe était satisfaite : «Seuls quelques journalistes flamands se sont présentés lundi matin, pensant que c'était ce jour-là que Sabine rentrait en classe. Je les ai reçus pour leur dire qu'il n'en était rien... »,nous a expliqué le directeur, M. Guy De Saint Martin.

A. Desauvage
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Sobre rentrée pour Laetitia

Le vœu de la famille

« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5

BERTRIX - Accompagnée de sa maman, Laetitia Delhez est rentrée hier matin à l'institut Notre-Dame de Bertrix. Libérée de ses ravisseurs le 15 août dernier en même temps que Sabine Dardenne, elle a donc repris le chemin de l'école, comme elle l'avait annoncé quelques jours après son retour à la maison.


Du côté de la direction de l'institut Notre-Dame où elle rentre en 4e année professionnelle, on a joué dès le départ la carte de la collaboration avec les parents et l'équipe chargée du suivi psychologique. « Nous souhaitions un retour le plus discret possible, explique M. Chatin, l'un des directeurs de l'institut.


Nous avons rencontré Laetitia chez elle afin de la rassurer et de préparer au mieux sa venue. Jusqu'à présent, tout s'est bien déroulé : nous n'avons pas le moindre problème a signaler, que ce soit dans sa classe ou dans la cour de récréation. Nous veillons vraiment à ce qu'elle puisse retrouver un équilibre en toute quiétude.

A l'instar de bon nombre d'établissements, la rentrée scolaire de l'institut Notre-Dame s'étale sur plusieurs jours. Depuis la fin de la semaine dernière, chaque section est passée par un petit briefing, juste le temps de demander aux élèves de ne pas regarder Laetitia comme une bête curieuse. Une lettre émanant de la direction, envoyée en ce début de semaine à tous les parents, réitère également ce souhait.


Dès dimanche, par l'intermédiaire de l'Agence Belga, la famille de la jeune Bertrigeoise avait elle aussi lancé un appel dans ce sens en direction des médias. Laetitia a d'ailleurs refusé, ainsi qu'un directeur, de poser pour une photo devant son école, sur le temps de midi, ce mardi.


Elle aspire désormais a reprendre un rythme de vie normal, entourée de sa famille et de ses camarades de classe.

Nicolas Druez
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Un mois infernal

« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 5

Vendredi 9 août:
Enlèvement de Laetitia à Bertrix. Un témoin relève le numéro d'immatriculation d'une camionnette.

Mardi 13 août:
Arrestation de Marc Dutroux, un pervers récidiviste, à Charleroi. Le parquet demande à la presse de ne pas ébruiter l'information.

Jeudi 15 août:
Suite aux aveux de Dutroux, Sabine et Laetitia sont libérées dans une maison de Marcinelle.

Vendredi 16 août:
Arrestation de Michel Nihoul, homme d'affaires.

Samedi 17 août:
Découverte des corps de Julie et de Mélissa, à Sars la-Buissière, ainsi que de la.dépouille de Bernard
Weinstein, complice de Dutroux.

Dimanche 18 août:
Les familles de Julie et Mélissa mettent la Justice en accusation à travers une lettre ouverte.

Lundi 19 août:
Début de l'hommage à Julie et Mélissa au funérarium de Grâce-Hollogne. L'ancien ministre Wathelet répond aux critiques.

Mardi 20 août:
Un reportage de RTL-TVi révèle que les enquêteurs étaient depuis longtemps au courant des activités de Dutroux.

Mercredi 21 août:
Les limiers belges reçoivent l'appui du superflic anglais John Bennett.

Jeudi 22 août:
Funérailles de Julie et Mélissa à Liège.

Vendredi 23 août:
Au cours d'un débat sur la RTBf, le procureur du Roi à Neufchâteau Michel Bourlet promet d'aller jusqu'au bout, "si on me laisse faire":

Samedi 24 août:
Perquisition chez Georges Zicot, inspecteur principal de la PJ de Charleroi.
Dimanche 25 août:
Zicot est mis sous mandat d'arrêt, de même que deux autres individus, ce qui porte à neuf, le nombre de mandats décernés dans le cadre de l'enquête.

Lundi 26 août:
Michelle Martin, la compagne de Dutroux, avoue sa participation à la séquestration des fillettes

Mardi 27 août:
On apprend que Dutroux s'est rendu en Slovaquie, début août, à la recherche de jeunes modèles pour films pornographiques.

Mercredi 28 août:
Début des fouilles dans un hangar à Jumet.

Jeudi 29 août:
Deux jeunes filles, Séverine et Rachel, disparaissent à Liège.

Vendredi 30 août:
Le gouvernement présente son plan d'action contre la pédophilie.

Samedi 31 août:
Séverine et Rachel sont retrouvées près de Cologne.

Dimanche 1er septembre:
Dans son édition du week-end, le quotidien De Morgen publie la liste des congés pénitentiaires octroyés jadis à Dutroux.

Lundi 2 septembre:
Le fils du procureur Demanet est inculpé d'escroquerie à l'assurance. Son assureur était l'une des personnes inculpées à Neufchateau,en même temps que l'inspecteur Zicot.

Mardi 3 septembre:
Découverte d'ossements humains provenant de deux corps à Jumet: ceux de An et Eefje.

Une dizaine d'affaires toujours non élucidées('DH'4 septembre 1996 p4)


LES DOSSIERS QUI INTÉRESSENT LES ENQUÊTEURS

Une dizaine d'affaires toujours non élucidées

« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 4

BRUXELLES - Après les terribles aveux de Marc Dutroux sur la présence de nouveaux cadavres dans la propriété de son complice Bernard Weinstein, les gendarmes spécialisés dans l'identification des corps ont rassemblé, dès la semaine dernière, un maximum de renseignements sur les enfants disparus ces dix dernières années.
Des dossiers complets ont été envoyés à Neufchâteau (celui de An et Eefje entre autres), alors que, dans d'autres affaires, les gendarmes reprenaient directement contact avec les familles.

Mise à jour des dossiers
La liste des vêtements ou des bijoux que portaient les enfants au moment de leur disparition a été remise à jour, complétée parfois par de nouvelles informations en provenance des parents. Les signes distinctifs (particularités physiques ou autres) et les fiches médicales et, surtout, dentaires ont été ras semblés et transmis au team d'identification, pour faciliter et accélérer son travail. Outre les disparitions d'An et d'Eefje, près d'une dizaine d'autres affaires toujours non résolues ont alors été analysées, pour autant de familles plongées dans une angoisse terrible.

La liste de l'angoisse

•Gevrye Cavas
Ce jeune enfant de 6 ans, d'origine turque, disparaît le 6 février 1985 à Molenbeek. Son père lui avait interdit de sortir jouer au football. Gevrye a tout de même voulu suivre son grand frère. On ne l'a plus jamais revu. La PJ de Bruxelles n'a jamais ménagé ses efforts, enquêtant jusqu'en Australie. Sans succès.

•Ilse Stockmans
Originaire d'Aarschot, Ilse (19 ans) a disparu près de la gare de Louvain, e 12 février 1987. Elle devait prendre le train pour regagner Aarschot. Personne ne sait ce qu'elle est devenue.

•Elisabeth Brichet
En rentrant d'une visite chez une copine, Elisabeth (12 ans) disparaît à quelques centaines de mètres de sa maison, à Saint-Servais, près de Namur, le 20 décembre 1989. Sa maman a mené elle-même l'enquête. On ignore ce qu'est devenue la fillette.

•Nathalie Geijsbregts
Le 26 février 1991, son papa la dépose à un arrêt de bus scolaire à Leefdaal, près de Louvain. Nathalie (10ans) disparaît. Des témoins affirment avoir vu une voiture grise rôder dans les parages.

• Loubna Benaïssa
Loubna, une petite Marocaine de 9 ans, disparaît le 3 août 1992, à Ixelles. Elle se rendait dans un supermarché tout proche de sa maison, rue Gray, pour y acheter du yaourt. On ne l'a plus jamais revue.

•Ken Heyrman
Le 4 janvier 1994, après avoir joué avec des amis, à Anvers, Kim et son frère Ken Heyrman décident d'aller au terrain de football de Merksem. Ils disparaissent ensemble. Quelques semaines plus tard, on retrouve la petite Kim (11ans) dans les eaux du port d'Anvers. Violée, assassinée.
On est sans nouvelles de son frère Ken, 8 ans.

•Sylvie Carlin
Agée de 19 ans, Sylvie disparaît à Roucourt, le 15 décembre 1994. Elle était partie à pied vers le domicile de sa soeur, à deux kilomètres environ de chez elle. Personne ne l'a revue. Son oncle habite Sars-la-Buissière.

•Liam Van Den Brande
Le 3 mai 1996, ce petit garçon de 2 ans et demi était en train de jouer près de sa maison, à Malines, quand il a disparu. Ses parents ne croient pas que Liam a pu se diriger seul vers la route et pensent qu'il a été enlevé. La police a privilégié l'accident, sondant des étangs voisins.

B. F.
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PARTOUT DANS LE MONDE

Traque aux pédophiles


« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 4

LONDRES - L'horrible dossier de pédophilie qui secoue la Belgique semble avoir servi de détonateur dans le monde entier. Un peu partout, les consciences se réveillent et la justice traque sans pitié les pervers.
C'est ainsi qu'un diplomate britannique, ancien premier secrétaire à l'ambassade de Tokyo, a comparu mardi devant un tribunal de Southwark (sud de Londres),pour avoir importé en Grande-Bretagne des vidéos pornographiques, dont la majorité montrant des actes de pédophilie homosexuelle.

Robert Coghlan, 54 ans, père de deux enfants, a introduit en Grande-Bretagne 109 vidéos pornographiques dont 70 contenaient des scènes de pédophilie, selon l'accusation.

Ce diplomate venait d'être nommé à l'ambassade de Madrid lorsqu'il a été arrêté en mars dernier par les douaniers britanniques. Les vidéos ont été découvertes par les douaniers dans son déménagement, en transit en Grande-Bretagne.

En Espagne, le parquet de Séville a demandé l'ouverture d'un procès contre 48 personnes, dont un ancien juge et deux artistes, accusées notamment de prostitution de mineurs et de vente de matériel pornographique.
Cette affaire avait éclaté en 1995 après la découverte d'un réseau de corruption de mineurs. l'enquête avait conduit à la fermeture, début novembre, de trois clubs homosexuels de Séville. Les mineurs victimes de ce réseau dépassaient la vingtaine, la plupart âgés entre 15 et 17 ans.
Parmi les accusés, figurent le juge responsable du tribunal des mineurs à Séville, Manuel Ricotara, et deux artistes, le chanteur et acteur davier Gurruchaga et l'humoriste forge Cadaval.

Haut magistrat français en garde à vue
En France, un haut magistrat de la cour d'appel de Chambéry a été interpellé mardi matin par les gendarmes et placé en garde à vue, dans le cadre de l'instruction par le parquet de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) d'une affaire de moeurs.
Le magistrat ayant eu vent, par un hebdomadaire local de HauteSavoie, de sa prochaine interpellation, s'est présenté lui-même, vers 14 h, à la section des recherches de la gendarmerie de Chambéry.
II serait entendu dans le cadre d'une enquête ouverte pour « attouchements à caractère sexuel sur mineure » à la suite d'une plainte déposée par la DDASS de Haute Savoie.

Enfin, quatre hommes ont été mis en examen et écroués à Marseille pour le viol d'une adolescente de 12 ans, à la fin du mois de juillet. Les auteurs présumés avaient enlevé leur victime le 27 juillet, à proximité de son domicile, situé dans un quartier populaire de Salon-de-Provence. Elle avait été séquestrée et violée pendant trois jours avant d'être relâchée sur le parking d'un centre commercial.

Les quatre hommes ont été interpellés au début du mois d'août, grâce aux indications de l'adolescente, dont les parents avaient déposé plainte plusieurs jours après les faits. Ce viol n’à aucun rapport avec un réseau de pédophilie, a-t-on précisé de source judiciaire.
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IDENTIFICATION

Le pénible travail du DVI


« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 4

BRUXELLES - Appuyant le travail du médecin-légiste, une unité spéciale de la gendarmerie a été charmée de l'identification des resteshumains retrouvés.

Ces gendarmes du Desaster Victims Identification, ou team DVI, ont déjà fait preuve de leurs compétences dans des affaires terribles comme l'explosion d'un stand de tir à Jette, le naufrage du Herald of free Enterprise, l'incendie de l'hôtel Switel ou la catastrophe aérienne de Bucarest.

Depuis plus d'une semaine, le DVI se préparait au pire, rassemblant un maximum de détails concernant une dizaine d'enfants disparus.
Le travail pénible d'identification consiste à comparer les données post mortem (tout ce qui a été recueilli sur place) et les informations ante mortem rassemblées grâce aux témoignages des proches.

Quand l'état du corps ne permet pas une reconnaissance immédiate, les premiers éléments à comparer sont les vêtements, les fragments de documents, les bijoux ou les montres, et leur emplacement. Il peut être capital de savoir que telle alliance est portée à tel doigt de la main gauche ou droite.

Si ces données ne suffisent pas,entrent alors en ligne de comte la morphologie générale, la forme des oreilles (percées ou non), du nez ou de la bouche, la couleur, la longueur et la texture des cheveux.

Dans le cas de corps masculins, l'avancée de la calvitie et sa forme peuvent être très utiles. La présence de traces d'opérations chirurgicales (cicatrices) peut être déterminante. Les fiches de soins dentaires se révèlent aussi souvent capitales dans les cas les plus difficiles.
S'il ne reste que des fragments de corps, une analyse génétique comparative (victime / parent) permet d'obtenir une certitude quasi absolue.

B. F.
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Les parents de Mélissa bouleversés

Si seulement on avait été écoutés

« La Dernière Heure » du mercredi 4 septembre 1996 page 4

LIÈGE - « J'ai peur. Oui. Mais pour moi, la pire des choses, ce serait de ne plus revoir le corps de ma fille; qu'on mette un sceau sur le cercueil sans que je ne puisse plus la voir »...

Les déclarations de Marie-Noëlle Bouzet, la maman d'Elisabeth Brichet, hier à nos confrères de RTL TVi, ont une nouvelle fois mis en évidence la douleur des parents de Julie et de Melissa qui n'ont pu identifier le corps de leurs enfants avant l'inhumation.

Nous l'avions demandé, mais cela nous a été refusé, pour notre bien psychologique. Une nouvelle fois, on a décidé à notre place de ce qui était bien ou non pour nous!», explique Carine Russo.

Hier, la maman de Julie a désiré rencontrer la juge d'instruction liégeoise Martine Doutrewe, qui s'est chargée de l'enquête. « Nous ne l'avions plus vue depuis le mois d'avril, quand elle nous avait lu la lettre macabre envoyée au journal la Meuse. Carine voulait absolument la rencontrer et je suis allée avec elle.

Mais après un quart d'heure, quand j'ai entendu qu'elle ressortait encore le même discours, j'ai préféré quitter le bureau », souligne Gino Russo.

Terrible doute
La maman voulait éclaircir cer tains points, concernant notamment l'enquête et l'identification des petites. « Le samedi, Mme Thily nous a dit que les petites étaient reconnaissables et portaient des vêtements.
Le lendemain, un commissaire de la PJ nous disait le contraire. Deux sons de cloche en deux jours, c'est beaucoup.

Quand j'ai demandé à Martine Doutrewe comment on pouvait être certains qu'il s'agissait de nos enfants, elle nous a répondu que Dutroux avait lui-même désigné l'endroit et les identités ! Finalement, j'ai récupéré des boucles d'oreilles identiques à celles de Mélissa. Mais ça ne prouve rien.

Après que notre avocat fut intervenu - parce qu'on nous le refusait ! -, on nous a aussi remis une mèche de cheveux de nos gamines.

C'est la même texture mais pas la même couleur... Il faut qu'on se rende à !'évidence, mais ce n'est pas facile. L’identification n'a pas été faite de manière scientifique et rigoureuse. Et pour moi, il reste malgré tout un doute... »,poursuit Mme Russo.

Ce n'est pas fini!
La terrible nouvelle tombée hier a bouleversé les parents des petites liégeoises. « Ça me fait mal deux fois. D'abord, parce que nous sommes devenus amis avec les pa vents d'An et que nous sommes de tout coeur avec eux. Mais aussi parce que je pense à toutes les démarches qu'on a faites pour que l'enquête se déroule mieux, avec plus d'hommes. Si au moins on avait voulu nous prendre en considération... Si on avait été écoutés, les choses auraient peut-être été différentes ! Nous en sommes sûrs », remarque M. Russo.

A Liège, l'enquête sur l'enquête touche à sa fin. « Chacun reste sur ses positions, se rejetant la faute.

C'est trop facile... Il faut que quelqu'un prenne ses responsabilités ! Seuls les enquêteurs de terrain ont pris notre affaire à coeur.

Ce sont les seuls. Alors, que les autres arrêtent de chercher des excuses et, surtout qu'ils cessent de leur jeter la pierre ! », explose Carine Russo. « Martine Doutrewe n'a jamais manifesté beaucoup d'intérêt pour notre affaire. Elle n'a d'ailleurs pas eu l'air bouleversée... Nous n'avons été entendus qu'à Neufchâteau, mais c'était trop tard pour sauver les petites.
Attention, malgré la découverte des corps, tout n'est pas résolu. Pour nous, ça reste important de savoir ce qu'il s'est passé durant toute la détention de nos filles.

On n'est qu'au début de l'enquête, c'est loin d'être fini...

Nathalie Evrard

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