vendredi 29 août 2008

Le roi Albert soutient les familles des disparus(« Le Soir » 6 septembre 1996 p15


Le roi Albert soutient les familles des disparus

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Après les parents d'An et de Mélissa, les souverains ont reçu ceux d'Eefje, de Loubna et la maman d'Elisabeth.

Comme le Palais l'avait annoncé dans un communique sans équivoque sur la poursuite de l'enquête et la volonté de la voir aboutir, le roi Albert et la reine Paola ont encore reçu, hier au palais de Bruxelles, plusieurs parents d'enfants disparus.

Ceux concernés par l'actualité la plus récente mais également certains parents qui vivent dans l'angoisse depuis de nombreuses années déjà sans qu'ils aient jamais su vraiment ce qu'il était advenu de leurs filles.
C'est ainsi que le matin, le Roi et la Reine ont accueilli les parents d'Eefje Lambrecks puis ceux de Sabine Dardenne, qui avait été retrouvée à Marcinelle le 15 août.

Ensuite, ce fut au tour des parents de Laetitia Delhez, l'autre jeune fille libérée des griffes de Dutroux et sa bande, de franchir les grilles du Palais, suivis par ceux de Loubna Benaissa qu'accompagnait leur fille aînée et, enfin, par Marie-Noëlle Bouzet, la maman de la petite Elisabeth Brichet.

Une série d'audiences dont la teneur officielle ne filtre, pas en raison de la confidentialité des colloques royaux mais qui, de l'avis de plusieurs des parents que nous avons pu contacter, montre bien la détermination des souverains de se tenir résolument à leurs côtés, dans les moments difficiles qu'ils traversent mais aussi dans les semaines et les mois à venir si, d'aventure, on voyait quand même apparaître un essoufflement ou, pire encore, un frein dans l'enquête.

- Non seulement ils nous ont écoutés avec une très grande attention, mais ils ont également tenu à exprimer leurs tristesses personnelles, tout en demandant comment nous avions pu vivre ses quatre années, explique Nabella Benaissa, la soeur aînée de la petite Marocaine d'Ixelles.
Aucun sujet, même parmi les plus graves voire les plus politiquement sensibles, n'a d'ailleurs été évité selon les personnes reçues au Palais.
Il fut donc tant question des conditions de détention inhumaines des enfants que de la nécessité, aux yeux de certains parents, de voir introduire des peines incompressibles et donc de ne plus appliquer la loi Lejeune telle qu'elle existe actuellement pour les abuseurs d'enfants.
Une autre constante de ces rencontres, bien résumée à la fois par le papa de Sabine, la maman de Laetitia et la soeur de Loubna: le Roi comme la Reine partagent réellement la souffrance des familles reçues et en perçoivent bien la réalité même s'ils vivent dans un environnement un peu surprotégé.

On est donc loin, très loin des audiences protocolaires «classiques» et on ne peut, évidemment, s'empêcher de les rapproches des rencontres du roi Baudouin avec celles et ceux qui étaient partis en guerre contre la traite des êtres humains.

MICHELLE LAMENSCH et CHRISTIAN LARORTE

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Pas de funérailles communes pour An et Eefje

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

L'enterrement de An et Eefje ne se déroulera pas lors d'une cérémonie commune.

Eefje Lambrecks sera inhumée samedi matin après une messe funèbre qui sera célébrée à 10 h 30 dans l'église (OLÉ des Aryen n dans le quartier Banneux à Hasselt.

L'enterrement d'An Marchal aura lieu à 14 heures à la cathédrale Sint-Quintinus (SaintQuentin), dans le centre-ville.

Hier après-midi, des membres de la troupe théâtrale d'Hasselt, avec lesquels An et Eefje passaient leurs vacances à la côte lorsqu'elles furent enlevées, se sont recueillis devant le cercueil de chacune d'elles, au funérarium de la ville (photo).

Les grands-parents de Mélissa Russo se sont aussi rendus jeudi après-midi chez la famille Marchal pour exprimer leurs condoléances. Initialement, les parents de Mélissa devaient eux-mêmes se rendre à Hasselt. Finalement, seuls les grands-parents y sont allés. Photo Belga
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La maman d’Élisabeth veut savoir

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Sur la table de son living, le «Ciné-Revue a été sorti du lot de journaux et magazines qui tapissent un coin du sol de la pièce. L'article avance que le réseau de pédophilie débusque à l'arrestation de Marc Dutroux existait depuis longtemps.

Même avant sa libération en 1992. Et sans doute, toujours selon l'article de la revue, déjà en 1989.

Pour la maman d'Élisabeth Brichet, qui a précisément disparu en décembre 1989, un nouvel espoir de retrouver une trace de sa fille se dessine. Un espoir malgré l'horreur qui découle de cette idée.

Elle nous reçoit chez elle, fatigués par l'émotion des dernières semaines. Depuis la libération de Sabine et Laetitia et la découverte des corps de Julie et Métissa, suivie de l'exhumation des corps d'An et Eefje, cette mère, Marie-Noëlle Bouzet, vit doublement sa peine, sa rage, son désespoir, son dégoût.

Solidaire des parents de victimes, elle ne peut peut-être s'empêcher de pensés qu'elle préférerait être à leur place. Parce qu'ils savent.
Elle, elle attend depuis longtemps et ne peut vivre en dehors de cette disparition qui la hante, jour et nuit.

Élisabeth a disparu le 20 décembre à quelques mètres de chez elle à Saint-Servais près de Namur sur le trajet qui la ramenait de chez une amie habitant la toute proche chaussée de Waterloo. Et depuis, plus aucune trace de la jeune fille, âgée à l'époque de douze ans.

En sept ans d'enquête, les parents d'Élisabeth ont rebondi de pistes en espoirs, de témoignages multiples en déceptions décourageantes. De commissions rogatoires envolées aux Canaries, en enquêtes menées en Espagne,sans succès, les chances de revoir leur enfant leur sont apparues bien minces.

Aujourd'hui, Marie-Noëlle Bouzet est persuadée que sa fille est passée dans les mains de la bande à Dutroux. Et elle attend que parmi les nombreux coups de fil qui lui parviennent à nouveau depuis près de trois semaines, il y en ait un qui confirme cette hypothèse.

Dégoûtée qu'aujourd'hui, seulement aujourd'hui, l'existence de réseaux de pédophilie en Belgique soit forcément reconnue. Pour elle, la révélation de l'horreur a été comme un soulagement. Jusque-là, ses contacts avec les enquêteurs, les voisins, etc.., étaient teintés d'incrédulité quant à l'existence d'un tel réseau, ne fût-ce qu'en Europe.

Sept ans, c'est long. Et pourtant pour Mme Boulet, c'est comme si c'était hier, tant sa vie, depuis ce début de soirée de décembre 1989, ne se déroule qu'autour de la recherche de l'enfant.

De cette vie couleur espoir, un signe, celui de son message sur son répondeur qui tourne inlassablement depuis sept ans: Vous êtes bien chez la maman d'Élisabeth Brichet...

Attente d'un témoignage? Un de plus. Un espoir résigné. Sept ans d'absence ne présagent rien de bon pour sa fille. Marie-Noëlle la voit dans un réseau de prostitution ou morte, enterrée quelque part.

C'est pour cette raison qu'elle s'était rendue de son propre gré à Fumet, la semaine dernière, pendant les fouilles opérées dans une des propriétés de Marc Dutroux, là où on a retrouvé les corps d'An et Eefje.
Je ferai le deuil d'Élisabeth lorsque je pourrai la reconnaître, morte ou vivante.

C'est pour cette raison, qu'après, elle quittera la Belgigue où chaque rue, chaque bois lui rappellent la disparition d'Élisabeth.

RAPHAËLLE KERSTENNE
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Le ferrailleur de Keumiée en savait il trop ?

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Les fouilles systématiques entreprises autour des différentes caches de MarcDutroux, dans la région de Charleroi, sont sur le point de se terminer. Hier, à Keumiée, elles se sont pourtant poursuivies tout au long de la journée avec un bel acharnement.


Trois puis quatre pelleteuses de la Protection civile et de l'armée, ainsi qu'une bonne trentaine d'hommes ont inlassablement retourné le vaste terrain d'un hectare, qui avait appartenu à Bruno Tagliaferro, le ferrailleur de 33 ans décédé en novembre.

On avait parlé de crise cardiaque puis de surdose. Hier, sa veuve était présente sur les lieux des fouilles, rue de la Brasserie

Elle s'est exprimée devant les nombreux journalistes présents en faisant des révélations pour le moins fracassantes. Selon elle en effet, son mari serait mort parce qu'il connaissait les activités de Dutroux.

La jeune femme affirme que son époux était en possession d'une liste qui pourrait avoir été enterrée quelque part sous le terrain et sur laquelle figuraient entre autres les noms de Dutroux et de Weinstein.

Les gendarmes présents n'ont pas semblé accorder beaucoup d'importance a ce témoignage peut être un peu trop exalté. Il n'empêche qu'on ignore toujours ce que cherchaient les enquêteurs sur le fameux terrain de Keumiée: des armes, des documents?

En fin d'après-midi, le capitaine Ardenne de la gendarmerie de Namur est venu annoncer que les fouilles seraient définitivement arrêtées entre 18 et 20 heures.

Le gendarme est resté toujours aussi flou sur la nature des indices recherchés dont la présence sur le terrain de Keumiée aurait été signalée par un des prévenus de l'affairé. Il a en tout cas admis que les fouilles n'avaient pas permis de retrouver le moisdre indice.

A Sars-la-Buissière également, les fouilles devraient bientôt se terminer sans avoir apporté de nouvelles découvertes.

F. M.
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Un avocat bruxellois refuse de défendre Dutroux

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Victor Van Aelst, du barreau de Bruxelles, ne défendra pas Marc Dutroux. La bâtonnière de Neufchâteau, Me Danielle Annet, avait pris contact, mercredi, avec l'avocat bruxellois, mais, après avoir bien réfléchi, celui-ci a refusé, jeudi, «en conscience», d'assister Dutroux en justice:

- Je suis marié, j'ai trois enfants. Cette affaire dégage tellement d'émotion que je crains le pire pour celui qui va accepter la mission parce qu'il risque de «payer les frais ».


C'est regrettable, mais, pour moi, c'est impossible.
Fort logiquement, Me Annet avait gardé sa démarche confidentielle. Le journal «HetVolk» a toute fois annoncé, jeudi, que la bâtonnière de Neufchâteau avait «officiellement sollicité» Me Van Aelst. Et que ce dernier avait demandé un délai de réflexion jusqu'à jeudi soir.

Le temps presse. Marc Dutroux doit passer le 13 septembre en chambre du conseil. Celle-ci statuera sur son maintien en détention. A cette date, Dutroux devrait pouvoir bénéficier des services d'un avocat.

Devant le refus de Me De Quévy, qui a jusqu'ici assuré la défense de Dutroux, la bâtonnière de Neufchâteau, rappelons-le, a été chargée de lui désigner un conseil «commis d'office.

La difficulté de la tâche a incité Me Annet à élargir le champ de ses investigations aux barreaux d'Arlon, de Liège et de Bruxelles.


Et, à bonne source, on nous assure que la désignation d'un avocat pour Dutroux interviendra dans le délai souhaité.

Selon le «Volk», Me Van Aelst aurait immédiatement accepté la mission s'il avait été seul. Le journal faisait dire à l'avocat qu'en aucun cas son épouse et ses trois enfants ne pouvaient devenir les victimes de psychopathes frustrés ne faisant pas la différence entre la mission de
l'avocat et les méfaits de son client.

En l'absence de la bâtonnière bruxelloise, retenue à l'étranger, son remplaçant nous a assuré que, s'étant tenu à des propos généraux sur l'affaire Dutroux, Me Van Aelst n'avait commis aucune infraction à la déontologie de l'avocat en s'exprimant ainsi dans la presse.

Contacté, jeudi, par nos soins,McVan Aelst a même ajouté :Il est indispensable que Marc Dutroux puisse connaître un « bon » procès.

Son cas est presque désespéré, mais une justice buste fait du bien à tout le monde.

J'ai une longue expérience des assises et j'ai déjà plaidé pas mal de « cas désespérés ».

Voilà pourquoi, sans doute, on avait pensé à moi.

C'est l'affaire du siècle. L'avocat qui sera désigné va devoir y consacrer deux ou trois ans de sa vie professionnelle. Mais, pour moi, ce n'est pas possible.
Et je pense qu'il sera extrêmement dur pour un père de famille d'accepter pareille cause.. .


M. L.

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Errements

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Dans leurs éditions de jeudi,les journaux «La Meuse-La Lanterne» et « La Nouvelle Gazette» s'en sont pris avec virulence à la manière dont «Le Soir» informe ses lecteurs dans ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Dutroux.

Il nous faut donc réaffirmer avec fermeté ce qui est pour nous une évidence et un principe quotidien : notre couverture de ces événements se fait dans la recherche de la vérité et dans le respect de nos règles de déontologie.

Cela ne peut se faire qu'au prix d'une grande rigueur. Nous nous y attachons depuis toujours. Spontanément.

LE SOIR
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Diplomate incarcéré

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Un diplomate britannique, ancien premier secrétaire à l'ambassade de Tokyo, a été reconnu coupable jeudi par un tribunal de Southwark (sud de Londres) d'avoir importé en Grande-Bretagne des vidéos pornographiques, dont la majorité montraient des actes de pédophilie.

Convaincu d'avoir introduit en Grande-Bretagne 109 vidéos pornographiques dont 70 contenaient des scènes de pédophilie, Robert Coghlan, 54 ans, a été incarcéré en attendant de connaître vendredi la sentence qui peut aller jusqu'à sept ans de prison.
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MF Botte à Neufchâteau

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Marie-France Botte a été reçue jeudi au palais de justice de Neufchâteau par le procureur du Roi Michel Bourlet.


Cette rencontre faisait suite à l'émission de la RTBF au cours de laquelle M. Bourlet avait fait part de sa détermination à mener l'enquête jusqu'au bout «si on le laissait faire».

A cette occasion, il avait convié Mme Botte, connue pour son combat contre la pédophilie en Asie du Sud-Est et déterminée à démasquer les réseaux européens et belges, à le rencontrer.
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Grèce : violeur de 30 enfants

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Un quinquagénaire, coupable d'au moins trente viols d'adolescentes âgées de 12 à 17 ans, a été arrêté mercredi à Athènes.
Gérassimos Bilis-Samaras, 52 ans, en retraite anticipée «pour raisons de santé», a reconnu avoir violé en dix ans « au moins trente» adolescentes.


Il menaçait ses victimes avec un poignard, enregistrait leur voix et les photographiait afin de les dissuader de le dénoncer. Parmi ses victimes figure une amie de son fils âgée de douze ans.
La police a procédé à l'arrestation alors qu'il tentait de violer des jumelles enlevées et conduites dans une région déserte.
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Afrique du Sud 129 enfants tués

« Le Soir » du vendredi 6 septembre 1996 page 15

Le ministre de la Justice Dullah Omar a révélé au Parlement que 129 enfants avaient été tués et plus de 10.000 viols répertoriés en Afrique du Sud entre 1994 et 1995.


Séparées à l’heure des funérailles('Meuse' 6 septembre 1996 p11)


Séparées à l’heure des funérailles

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

L'impossible réconciliation entre les familles Marchal et Lambrecks mènera à des enterrements en deux temps, samedi à Hasselt.

Le bouleversant rassemblement autour des deux cercueils blancs de Julie et Mélissa, la communion unanime dans la douleur des parents unis dans l'adversité ne se reproduira pas à Hasselt....

Enlevées ensemble, retrouvées mortes côte à côte, An et Eefje seront séparées à l'heure des funérailles. C'est sans doute la seule ombre au tableau d'un extraordinaire élan de sympathie qui se manifeste également autour des familles Marchal et Lambrecks.


Mais cette fausse note tient à la seule volonté des parents. De ce fait, elle ne mérite aucune critique.
Ce que l'on pressentait s'est confirmé hier: brouillées depuis un an sur la manière de mener les recherches de leurs enfants, les deux familles ne sont pas parvenues à surmonter leurs divergences de vues à l'heure de la séparation. Malgré le fait que mercredi, le père de Eefje annonçait le retrait de sa plainte déposée contre le père de An pour une question de vente d'autocollants... Un geste de conciliation qui n'a pas suffi. Les tentatives de trouver un terrain d'entente, menées par le doyen de Hasselt, le père Jozef Forier, voire même par le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, sont restées vaines.
A quoi bon chercher les responsabilités? «Parlons plutôt de ce qui va bien... » confiait le père de An.

Deux églises, deux cimetières
C'est donc en deux temps que Hasselt rendra un dernier hommage à ses deux jeunes filles. En deux temps mais en un jour, ce samedi. La messe funèbre pour Eefje sera célébrée au matin, à 10 h 30, en l'église
Onze Lieven Vrouw der Armen, dans le quartier Banneux.

Les funérailles de An auront lieu à 14 h, en la cathédrale Saint-Quentin d'Hasselt, dans le centre-ville - l'église de la paroisse de la famille Marchal étant trop petite -.


Deux cimetières aussi : contrairement à Julie et Mélissa, An et Eefje ne reposeront pas côte à côte....


Voilà qui ne semble pas clarifier l'organisation pratique des funérailles. A commencer par la présence ou non d'autorités. Hier, en fin d'après-midi, aucune décision n'avait encore été officiellement arrêtée quant à la présence de représentants du gouvernement.

Que ce soit au niveau national ou de la Région flamande. Il est plus que probable que le ministre e la Justice, Stefaan De Clerck, se rendra aux deux cérémonies.


Cette fois, un représentant du Roi devrait aussi figurer dans l'assemblée. «La décision n'est en rien liée à des questions protocolaires, mais au respect du voeu des familles. Les parents de Julie et Mélissa souhaitaient accorder la priorité à la population entière » souligne-t-on au Palais royal. Impossible aussi de savoir si les deux cérémonies seront retransmises en direct à la télévision.

Autant de zones d'ombre qui n'empêchent pas la population de manifester massivement sa sympathie et sa compassion en allant saluer les dépouilles mortelles de An et Eefje. En deux endroits différents...

P.Hx.

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Le Roi et la Reine ont reçu les parents d'Eefje, de Sabine, de Laetitia, de Loubna et d'Elisabeth

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

Comme ils l'avaient promis mardi, nos Souverains ont passé le grand braquet hier pour recevoir la plupart des familles actuellement éprouvées par une disparition d'enfants.

En effet, si mercredi ils avaient déjà reçu en audience les parents de Métissa Russo en compagnie de Marie-France Botte, ainsi que les parents d'An Marchai en fin d'après-midi, ce jeudi matin, c'était au tour des parents d'Eefje Lambrecks à se rendre à Bruxelles, suivis des parents de la petite Sabine Dardenne et de Laetitia Delhez, libérées toutes deux à Marcinelle le 15 août dernier.

L'après-midi, ce fut au tour des parents et de la sueur aînée de Loubna Ben Aïssa, une fillette marocaine de 9 ans qui avait disparu à Ixelles, le 5 août 1992, en allant faire une course. Puis de Mme Bouzet, la maman de la petite Elisabeth Brichet, disparue elle à Namur depuis 1989, à l'âge de 12 ans.
A chaque fois, c'est une Mercedes du Palais qui est venue chercher ces familles à leur domicile avant de les reconduire chez elles.

Les entretiens ont été très courtois, le Roi et la Reine écoutant les histoires des uns et des autres.
Si nos Souverains n'ont pas encore rencontré les parents de la petite Julie Lejeune, c'est vraisemblablement parce qu'ils sont encore en repos à l'étranger.
On a appris également qu'ils seront représentés aux funérailles de An et Eefje. Visiblement, le palais royal veut rattraper le temps perdu dans la douloureuse période que traverse actuellement le pays.
Le poids moral que veut aujourd'hui donner le Roi à l'enquête devrait favorablement l'influencer ainsi que les moyens que le gouvernement compte mettre en oeuvre pour que de tels drames ne se reproduisent plus.

L.G.

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ABUS SEXUELS
Laurette Onkelinx veut prendre du recul...et ouvre son catalogue d'initiatives

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

COMME chaque citoyen, nous sommes envahis par un sentiment de révolte et de haine, déclare la ministre-présidente faisant allusion à l'affaire Dutroux. Celui-ci étant qualifié de «cas exceptionnel ».
En Communauté française, parmi les 3.499 signalements d'enfants aux équipes SOS Enfants en 1995, les suspicions de maltraitance sexuelle représentent 36% des situations.
Et Laurette Onkelinx d'égrener les mesures prises par la Communauté. Ainsi les écoles primaires recevront une cassette de l'émission « Ici Bla Bla » réalisée avec le PrHayez (SOS Enfants) tandis que 20.000 exemplaires de la brochure « Ta sécurité, toi aussi, penses-y » (Missing Children) seront bientôt disponibles à l'Administration de l'Aide à la jeunesse ( 02/413.26.31) et chez le délégué général aux droits de l'enfants
(2 02/203.07.42) et 40.000 exemplaires du livre « Mini-Fleur de Cactus et son hérisson » seront également mis à la disposition des enseignants demandeurs. Il s'agit de répondre à l'angoisse profonde des enfants; ainsi Maryse Thonon (Ecoute-Enfants) a évoqué cette petite fille qui avait baptisé deux poupées du nom de Dutroux et de son épouse avant de les enfermer dans une boîte que sa mère ne pouvait ouvrir. Quant aux professionnels de l'enfance et de l'éducation, ils peuvent obtenir la brochure « Un enfant n'est pas un partenaire sexuel » auprès de l'Administration de l'Aide à la jeunesse.
La ministre-présidente signale le dépôt avant la fin de l'année d'un décret relatif à la coordination de la lutte contre la maltraitance devant le Conseil de la Communauté française. Ses grandes lignes: la création d'une commission de coordination par arrondissement, l'obligation pour les professionnels de l'enfance et de l'éducation d'apporter une aide à l'enfant quand ils ont connaissance d'une situation de maltraitance et, dans l'impossibilité d'agir personnellement et de mettre fin à la maltraitance, l'obligation - sous peine de poursuites pénales - d'informer une autorité compétente. Plus immédiatement, Laurette Onkelinx débloquera deux millions pour former dans chaque PMS une personne de référence et se réjouit de voir fonctionner un service téléphonique gratuit pour enfants (Ecoute Enfants 0800/144.00) où des professionnels sont au bout du fil et ce, 24 heures sur 24, à partir du 1 er octobre.
Malaise
Si on se félicitera de ces mesures, ne faut il pas cependant regretter qu'elles aient dû attendre les drames que l'on sait pour trouver une (amorce de) concrétisation ? En 1994, lors d'un débat organisé par notre journal, le projet de décret exigeant le signalement de la maltraitance était déjà sur la table et Laurette Onkelinx évoquait le renforcement des équipes SOS-Enfants. Aujourd'hui, elle reconnaît que «leur budget n'a pas diminué ». Les 2 millions qui assureront la formation d'agents spécialisés de PMS ne doivent pas faire oublier les menaces qui planent sur les PMS-IMS. Enfin,ne faut-il pas remarquer avec le délégué général aux droits de l'enfant Claude Lelièvre qu'un contrôle des personnes en contact avec les enfants (dans les secteurs de l'aide à la jeunesse, des organisations de jeunesse, du sport) n'a toujours pas été instauré?

Ph. Allard


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Quand le commerce reflète la psychose

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

L'AFFAIRE Dutroux a créé une onde de choc au sein de la population et les parents inquiets multiplient les précautions. Ils peuvent notamment donner à leurs enfants un Mypaal, traduisez: My personnel alarm.
Selon un porte-parole de la firme qui le commercialise, Quorum international, les ventes de cet appareil ont progressé ces derniers temps.
Mais qu'est-ce exactement que le Mypaal ? Un petit système d'alarme que l'enfant accroche à ses vêtements grâce à un clip et qu'il peut déclencher en tirant la cordelette attachée au Mypaal ou, plus simplement, en appuyant sur un bouton situé au dos de l'appareil. S'il est déclenché, le Mypaal émet un bruit d'environ 103 décibels, ce qui a pour effet, selon un distributeur indépendant que nous avons rencontré, d' «alerter l'entourage mais aussi de perturber l'agresseur». Ce distributeur favorise « le contact avec les gens » pour vendre son produit et il a remarqué que « depuis l'affaire Dutroux, les gens sont plus craintifs mais, pour la plupart d'entre eux, ça se passe ailleurs, c'est pas chez eux ». De plus, il affirme, contrairement à Quorum international, que les ventes n'ont pas réellement progressé, qu'il ne veut pas faire de l'argent avec le malheur des autres. Le Mypaal, sur le marché depuis quatre ans, coûte 570 FB et est destiné aux enfants de plus de 10 ans. La firme Quorum international entend également sortir un bracelet-radar qui devrait permettre aux parents d'entendre une alarme sonner lorsque leur enfant s'éloigne trop d'eux. Un produit qui devrait bien marcher dans le climat actuel.
Quorum, Customer Service 555.12.12

M.S.


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DERNIERE MINUTE

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

Weinstein et le CRIES
En août dernier, un homme qui a travaillé en compagnie de Bernard Weinstein et qui l'avait reconnu à la télévision s'est présenté spontanément dans une police communale de l'agglomération de Bruxelles pour y faire un certain nombre de déclarations. Il a notamment désigné un grand nombre de terrains qu'il avait visités en compagnie de Weinstein: des terrains que le juge connaissait mais qui prouvent la bonne foi du témoin. A cette époque, plusieurs d'entre eux n'étaient pas encore connus du grand public. Mais l'homme a ajouté qu'il savait que Weinstein fréquentait régulièrement un Ixellois, connu des services de police pour avoir été impliqué (et condamné) dans le premier réseau pédophile découvert dans notre pays, celui du CRIES, en mars 1987. Une perquisition a été effectuée chez cet homme le 27 août: elle a permis de saisir des « vieilles » photos « d'art » représentant des enfants nus, des photos qui dataient de la précédente affaire. L'homme n'a pas été plus inquiété. Signalons tout de même que le CRIES était installé 281, chaussée d'Ixelles, non loin de la rue du Conseil.

Nihoul connu dans les quartiers chauds
Hier, un animateur de rue actif à la place Fontainas, à Bruxelles, haut lieu de la prostitution des mineurs dans la capitale, a déclaré à la télévision que nombre de ses « protégés » lui signalaient ces derniers jours qu'ils avaient croisé fréquemment Michel Nihoul, ces dernières années.

Carte Belgique Loisirs
Marc Dutroux pourra encore difficilement dire qu'il n'était pour rien dans le meurtre d'An et Eefje puisqu'il se confirme qu'à côté de leurs ossements retrouvés sous le hangar de Bernard Weinstein, à Jumet, les enquêteurs ont également récupéré une carte Belgique Loisirs au nom de... Marc Dutroux !

Le gouvernement wallon
Évoquant« les événements au cours du mois d'août, concernant Julie et Melissa, et maintenant An et Eefje », le ministre président de la Région wallonne, Robert Collignon, a déclaré hier que des fleurs et des télégrammes ont été envoyés aux familles des victimes.
« Ce n'est pas directement dans nos compétences mais je crois que l'ensemble de la solidarité wallonne est tout à fait acquise à ces événements. Il est aussi de notre responsabilité de vouloir que la lumière soit faite et que des événements pareils ne se reproduisent pas.

Disparitions d'enfants: aide et prévention
DE plus en plus d'enfants disparaissent; on ne l'entend que trop. Mais il existe des associations dont la volonté est de prévenir ce genre de drame. Le programme de Parents-Secours a pour but le quadrillage de quartier par des gens de confiance prêts à aider et protéger les enfants se retrouvant seuls dans -une situation embarrassante. Ces foyers se reconnaissent par une pancarte placée bien en vue sur une fenêtre. Pour les enfants, cette pancarte est un repère, un symbole d'aide. Aujourd'hui, plusieurs dessinateurs s'associent pour créer deux affiches, dont le but est de prévenir les enfants du danger de suivre ou parler à un inconnu. Se sont joints à ce projet: Gos, Olivier Saive, Batem, Tibet et Dany. Il ne manque plus qu'un budget pour financer cette bonne idée, et tous les sponsors seront les bienvenus. Renseignements: Mmme Graillet ou M-, Duquesne, Parents-Secours: rue Surlet, 32-34,4020 Liège, 2: 041/41.10.99.

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Le Soir se défend

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 11

Nous avons accepté de publier le droit de réponse suivant, que nous a adressé la rédaction de notre confrère Le Soir;

« Dans leurs éditions du 5 septembre 1996 et sous la signature du même rédacteur, « La Nouvelle Gazette », « La Meuse » et « La Lanterne» ont violemment attaqué «Le Soir » et, particulièrement, un de ses journalistes. Depuis l'ouverture du dossier Dutroux au Parquet de Neufchâteau, la presse consacre de nombreux articles à la manière dont elle-même fonctionne. Des articles de réflexion. De polémique aussi.
« C'est ainsi que « Le Soir » a été l'objet de critiques de confrères qui nous reprochent d'avoir écrit trop tôt ce qu'eux-mêmes ont repris par la suite. La plus violente émane des trois journaux précités.
« Nous tenons à préciser ce qui suit:

1. Nous avons respecté le black-out demandé. L'information allusive que nous avons publiée ne pouvait pas, et n'a pas mis en péril ni l'enquête, ni la libération de Laetitia et de Sabine.
2. Nous n'avons jamais affirmé qu'il y avait cinq cadavres dans la propriété de Jumet. Nous n'avons fait que préciser que Marc Dutroux avait indiqué des endroits où il pourrait y avoir cinq cadavres, dont ceux d'An et Eefje. En ce qui concerne les deux Limbourgeoises, les faits nous malheureusement ont donné raison. De plus, nous n'avons jamais publié d'édition spéciale pour donner cette information, mais nous avons simplement utilisé notre édition « après-midi », qui paraît tous les jours sauf le samedi, comme les observateurs de la presse belge le savent.
3. Il est évident que le trouble qui entoure aujourd'hui certains membres du milieu judiciaire de Charleroi n'est pas de la compétence du procureur du Roi Michel Bourlet. Il est dès lors compréhensible que celui-ci ait infirmé que des policiers ou magistrats de Charleroi, sauf Georges Zicot, soient concernés par les dossiers dont il a la charge, sans que cela implique de sa part un démenti de nos informations.
4. Enfin, Alain Guillaume, journaliste au « Soir » et cible particulière de la hargne de « La Nouvelle Gazette », « La Meuse » et « La Lanterne », ne siège pas au conseil de déontologie de l'Association générale de la presse belge, contrairement à ce que ces journaux écrivent.
Clôturons donc cette polémique en répétant que nous faisons l'impossible pour mériter la confiance de nos lecteurs. »
« Le Soir»

Ce droit de réponse ne nous a pas été transmis dans les formes légales. C'est donc par courtoisie et par esprit confraternel que nous l'avons publié. Il nous faut cependant bien répondre à la réponse, et nous le faisons, donc
1. « Le Soir » a, dit-il, respecté le black-out sur l'orientation de l'enquête vers Charleroi, à propos de l'enlèvement de Sabine et de Laetitia. Il n'a publié qu'une information « allusive ». La nuance est subtile, qui va de l'information simple à l'information allusive. Il est un fait : cette information, allusive ou non, a bien été publiée.
2. « Le Soir » a bien été le seul à dire que, seIon Dutroux; il se trouvait à Jumet cinq cidavres, dont ceux d'An et Eefje. Nous répétons qu'il était pour le moins prématuré d'en faire l'annonce aux parents des disparues, même si les faits ont donné raison, par la suite, à cette annonce.
3. « Le Soir » se contente d'évoquer le démenti du procureur du Roi de Neufchâteau, M. Bourlet; pourquoi passer sous silence celui du procureur du Roi de Charleroi, M. Thierry Marchandise, au moins aussi net et qui va à l'encontre des rumeurs avancées le matin même?
4. Nous prenons acte que M. Alain Guillaume ne fait pas partie du Comité de déontologie de l'Association des Journalistes. Il est en effet membre de son Conseil de Direction, ce qui n'est pas moins important.


Annie Bouty arrêtée(«Meuse» 6 septembre 1996 p10)


Annie Bouty arrêtée

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 10

Fouilles dans un immeuble d'Ixelles

Des fouilles importantes ont commencé dans cette maison, située 35, rue du Conseil à Ixelles. C'est la première opération du genre menée à Bruxelles depuis le début de l'affaire Dutroux.
Les enquêteurs s'intéressent surtout à une « anomalie » architecturale de l'immeuble.

Comme on le prévoyait, c'est à Bruxelles que les enquêteurs de Neufchâteau concentrent désormais leurs efforts. L'ex-avocate bruxelloise Annie Bouty, ancienne compagne de Michel Nihou!, a été placée sous mandat d'arrêt ,jeudi après-midi par le juge d'instruction Connerotte.
Appréhendée par la 23e brigade mercredi, vers 17 h, et interrogée une bonne partie de la nuit, elle a été inculpée d'association de malfaiteurs dans le cadre du dossier «pédophilie» (86/96).

Au même moment, une perquisition était menée à Ixelles, rue du Conseil (à deux pas de la maison communale), chez un pédophile de 49 ans arrêté depuis le 1er juillet dans le cadre d'une autre affaire (le viol présumé de quatre mineurs). Cet homme aurait entretenu des relations suivies avec plusieurs membres de la bande à Dutroux.
Annie Bouty avait déjà été interpellée une première fois dans ce dossier à la mi-août, en même temps que Michel Nihoul, mais elle avait été libérée faute de preuves. Elle avait toutefois été «reprise» régulièrement par les enquêteurs.

Mercredi, vers 17 h, elle était interpellée une nouvelle fois par les policiers de la 23e brigade. On sait qu'elle est soupçonnée d'avoir assiste son ancien ami (ils ont vécu ensemble de 1975 à septembre 1982 et ont eu deux enfants, un fils et une fille âgés aujourd'hui de 17 et de 15 ans),
Nihoul étant lui-même soupçonné d'être «l'organisateur commercial» du réseau. Annie Bouty pourrait, notamment, avoir fait usage des téléphones attribués à la petite secte installée notamment dans son immeuble, la « Celestian Church of Christ », pour aider le réseau de son ami et cela en toute discrétion.

Un prête-nom?
On sait aussi que Bouty pourrait avoir servi de prête-nom à Nihoul pour la gestion de certaines sociétés. Dans l'immeuble qu'occupaient Nihoul et Bouty, 99, avenue Henri Jaspar, à Saint Gilles, la police locale a relevé une boîte postale ouverte au nom de la société IMMOCAUD attribuée à Nihoul. Cette société entretenait des relations commerciales avec la Guinée. Cinq autres sociétés, n'appartenant officiellement à personne, pourraient également avoir été utilisées par le couple. Interrogée longuement sur de très nombreux éléments d'enquête recueillis par les policiers, Annie Bouty a fait des aveux partiels. Elle a reconnu sa participation a des infractions «périphériques» du dossier (recel et vol) mais nie avoir participe au réseau en tant que tel.
En milieu de matinée, Annie Bouty a été transférée à Neufchâteau. A 12 h 50, elle entrait, menottée, par l'arrière du palais de justice, à bord d'une Ford Mondeo. Elle était ensuite longuement interrogée par le juge: a 15 h 25, elle ressortait du cabinet de M. Connerotte, inculpée et arrêtée.

Un informaticien au chômage
Au même moment, des fouilles impressionnantes étaient entamées dans une maison située 35, rue du Conseil à Ixelles, les premières à Bruxelles depuis le début de l'affaire Dutroux.
En réalité, tout a commencé mercredi lorsque la chambre du conseil de Bruxelles a reporté sine die l'examen d'un dossier de pédophilie à charge d'un Ixellois de 4 ans, Roland Corvillain. Cet homme, placé sous mandat d'arrêt le 1 juillet dernier par le juge d'instruction bruxellois Guy Laffineur, est accusé d'avoir violenté quatre mineurs d'âge, les enfants de proches du suspect. Interrogé par la brigade judiciaire de la police d' Ixelles, Corvillain, un informaticien au chômage depuis quelques mois, avait reconnu un viol mais niait les trois autres. Il était pourtant formellement reconnu par un deuxième enfant et les deux autres cas étaient dénoncés par un témoin.

Un lien avec Loubna ?

Mercredi, le parquet de Bruxelles s'apprêtait à demander le renvoi en correctionnelle du quadragénaire lorsque, à la demande du parquet de Neufchâteau (qui arguait d'éléments nouveaux), l'affaire fut reportée.
Hier matin, dès 9 h, la rue du Conseil était barrée et les riverains invités à enlever leurs véhicules. En début d'après-midi, des policiers ixellois et des gendarmes bruxellois entamaient les recherches dans l'immeuble, en attendant un collègue de Neufchâteau. Les enquêteurs s'intéressent surtout à une « anomalie » architecturale de l'immeuble: c'est la raison pour la quelle deux camions de la voirie (pour embarquer les débris) sont arrivés sur place vers 13 h.

Dans les heures qui ont suivi, on a vu arriver six chiens, le radar de John Bennett et des marteaux piqueurs. Preuve que les recherches n'allaient pas se limiter a une perquisition, d'ailleurs déjà effectuée en juillet par la police locale, sans résultats. On sait que dans la cave notamment, une dalle de béton qui semble inutile a été repérée.

C'est elle que les enquêteurs attaquaient prioritairement hier. Mais, peu avant 19H, les recherches ont été étendus sur l'ensemble du bâtiment, ainsi qu'au jardin.

Pourquoi Neufchâteau s'intéresse-t-il à Roland Corvillain ? Il semble que quelques années plus tôt M. Corvillain ait été détenu après une condamnation sans rapport avec les faits actuels. Au cours de sa détention,le quadragénaire aurait rencontré à peu près tous les membres de la bande à Dutroux. Et on sait aujourd'hui qu'il avait maintenu ses relations avec les principaux suspects de l'affaire.

On sait aussi que des témoins affirment avoir vu des membres de la bande dans cet immeuble. Coïncidence ? La rue du Conseil est située précisément à côté de la rue Goffart... où devait se rendre la petite Loubna Ben
Aïssa (9 ans à l'époque) pour rejoindre le magasin Match, en août 1992. Une disparition qui n'a toujours pas été résolue.
Mais qui le sera peut-être bientôt: peu avant 20H, hier soir, en effet, le lieutenant Surin, officier de liaison de la gendarmerie, annonçait à la presse qu'un « élément concernant cette disparition a peut-être été retrouvé», rue du Conseil. Il s'agissait d'un vêtement d'enfant, découvert enterré dans le jardin...

Philippe Crêteur

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Le juge Connerotte et le procureur Bourlet sous haute protection

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 10

De jour en jour, les mesures de protection entourant le juge d'instruction Jean Marc Connerotte et le procureur du Roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, sont renforcées.

On se croirait en Italie quand il s'agit de protéger les magistrats traitant de dossiers mafieux. Preuves que les rumeurs selon lesquelles les deux hommes feraient l'objet de menaces sont prises très au sérieux.
On connaissait déjà les Mercedes blindées encadrées de véhicules de la gendarmerie. Jusqu'à mercredi, la surveillance était plutôt discrète aux abords du domicile du juge Connerotte, dans le village de Lacuisine (Florenville): un combi de gendarmerie et quelques membres de l'escadron spécial d'intervention dont deux personnes qui logent dans le salon du magistrat instructeur!

Mais depuis hier, la petite rue où habite le juge a carrément été coupée à la circulation ; hier après-midi, on installait même aux abords de l'habitation des fils barbelés et des chicanes sur la chaussée
Par ailleurs, la fille du magistrat est accompagnée à l'école du village par la gendarmerie, ce qui, dans un premier temps, a inquiété les parents des autres enfants.

Impressionnante aussi, la sortie, mercredi soir, du procureur du Roi, Michel Bourlet qui fait l'objet des mêmes mesures de protection de la gendarmerie de Neufchâteau. Avant que la Mercedes blindée ne quitte l'arrière du bâtiment, deux gendarmes, vêtus de gilets pare-balles, mitraillette au poing, ont examiné les alentours.

Sécurité encore à la prison d'Arlon, ou,, hier, des travaux importants de rénovation de la façade ont été interrompus. L'échafaudage qui avait été installé devra être démonté...


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La caissière du « Gel 2000 » : à joindre au dossier Dutroux ?

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 10

Marc Dutroux est-il aussi impliqué dans l'assassinat de Laurence Wojtcyk,cette jeune caissière du «Gel 2000» disparue en mars et retrouvée dans le canal à Charleroi, trois mois plus tard ?


Des témoins le prétendent, et il se dit que des gendarmes de Neufchâteau se penchent sur cette affaire depuis plusieurs jours. Laurence Wojtcyk, 25 ans, habitant à Farciennes, était caissière du supermarché de produits surgelés «Gel 2000» à Châtelineau.


Quelques minutes avant la fermeture du magasin, le 16 mars, la jeune femme avait disparu. On avait cru à un braquage qui aurait mal tourné, puisqu'on n'avait pas retrouvé la trace de la caisse du magasin. Des semaines durant, les recher ches n'avaient rien donné, malgré la diffusion par affichettes du portrait de Laurence, et celle d'un portrait-robot d'un homme qui aurait été vu à proximité.

Le 3 juin dernier, un batelier apercevait un corps flottant dans les eaux du canal, à Charleroi, à la limite de Montignies-sur-Sambre. Alerté, l'éclusier de service avait averti les autorités judiciaires qui avaient fait ramener sur le chemin de halage le corps d'une jeune femme qui avait visiblement séjourné plusieurs semaines dans l'eau. L'autopsie pratiquée par le médecin légiste, le docteur Beauthier, n'allait pas tarder à confirmer ce que les proches craignaient: il s'agissait bien du corps de Laurence Wojtczyk, identifiée grâce aux radiographies de sa dentition, mais aussi aux bijoux d'un type particulier et d'origine polonaise qu'elle portait.


La malheureuse avait été victime d'une véritable mise à mort: elle avait les mains liées dans le dos et les pieds entravés, et un bâillon lui avait été attaché sur la bouche.

C'est précisément la présence de ces liens qui aurait, dit-on, attiré l'attention des enquêteurs qui travaillent actuellement sur l'affaire Dutroux. Comme on le sait, les corps d'An et Eefje exhumes mardi rue Daubresse à Jumet avaient été entravés eux aussi.

Faut-il y voir une signature macabre, de la même nature que celle découverte sur le corps de Laurence ?

D'autre part, des témoins auraient reconnu en Dutroux un homme qu'on a vu rôder à plusieurs reprises autour du «Gel 2000» peu avant la disparition de Laurence Wojtczyk. Enfin, on fait valoir que l'endroit où on l'a retrouvée n'est pas très éloigné de la maison du 128, route de Philippeville, à Marcinelle, où habitait Dutroux, et où il a séquestré Sabine et Laetitia.

Reste à savoir quel aurait été le mobile de cet assassinat. Selon de premières informations, on pencherait pour l'hypothèse d'un acte de vengeance, exercée non pas sur la jeune femme, mais en guise de règlement de comptes, vis-à-vis de quelqu'un qu'elle aurait connu.

On en est là actuellement, mais il faut évidemment se garder d'anticiper. D'ailleurs, le dossier relatif à l'assassinat de Laurence Wojtczyk est toujours à l'instruction à Charleroi. Ni le parquet carolorégien, ni le magistrat instructeur, M. Hennuy, n'ont encore reçu de demande de transfert de ce dossier vers Neufchâteau. Mais il va de soi que, dans cette affaire comme dans d'autres, tout ce qui a trait à des disparitions non élucidées ne manque pas de susciter des recherches plus approfondies, à Neufchâteau.

Po MK.
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Un avocat du barreau d’Arlon pour Michèle Martin

« La Meuse » du vendredi 6 septembre 1996 page 10


Me Victor Van Aelst, un des ténors du barreau flamand bruxellois, a été approché mercredi par le bâtonnier de Neufchâteau pour défendre Marc Dutroux. Au nom du principe sacré qui exige que tout inculpé puisse être défendu, Mc Van Aelst, qui s'est illustré dans de nombreux procès d'assises et qui bien sûr est parfait bilingue, était prêt à assister le monstre de Sars la Buissière, mais il réservait sa réponse, car il devait se concerter avec son épouse et ses enfants.

Hier, Me Van Aelst a refusé «pour des raisons familiales » de défendre Dutroux. Comme Me Didier de Quevy. ancien avocat du pédophile, l'avait fait avant lui et pour les mêmes raisons. Toutefois, il se disait hier à Neufchâteau qu'un avocat du barreau local serait prêt à assurer la défense de Dutroux ; il l'aurait même rencontré hier à la prison d'Arlon.

Quant à Michèle Martin, elle a trouvé un avocat du barreau d'Arlon, M: Philippe Darge, un habitué des cours d'assises en province de Luxembourg. Contacté hier, celui-ci nous a déclaré à propos de sa cliente: «Il semble qu'elle ne réalise pas grès bien tout ce qui se passe.»


An et Eefje funérailles séparés!(«Meuse» 5 septembre 1996)


An et Eefje funérailles séparés!

« UNE » de « La Meuse » du vendredi 5 septembre 1996

C'est officiel depuis hier: il n'y aura pas de cérémonie commune pour l'enterrement des deux jeunes filles

Eefje sera inhumée samedi matin après une messe dans une église du quartier de Banneux à Hasselt
Pour An, il y aura une messe à la cathédrale dans le centre-ville, samedi après-midi

Photo: les parents d'Eefje Lambrecks dans la chapelle ardente

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LE RÉSEAU DUTROUX: L'ENQUÊTE

« UNE » de « La Meuse » du vendredi 5 septembre 1996

Hier, Annie Bouty, l'ancienne compagne de Nihoul, a été entendue à Neufchâteau et placée en état d'arrestation. Elle a fait des aveux partiels

A Ixelles, importante perquisition, puis fouille avec marteaux piqueurs dans la maison de Roland Corvillain (49).

Arrêté depuis le 1er, juillet et accusé de 4 viols, ce pédophile connaît plusieurs membres de la bande de Dutroux et habite tout près de l'endroit où a disparu la petite Loubna Benaïssa en août '92 .

Une dalle en béton qui se trouve dans la cave de l'immeuble intriguait particulièrement les enquêteurs

Enfin, il y a peut-être un lien entre Dutroux et l'assassinat de la caissière du Gel 2.000 de Châtelineau dont le corps a été repêché dans la Sambre (Pages 10,11)

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