dimanche 7 septembre 2008

Nos enfants. Onze kinderen.( «Dernière Heure» 7 septembre 1996)


Nos enfants. Onze kinderen.

 « UNE » de « La Dernière Heure » du samedi 7 septembre 1996

 Madame, Monsieur,

 Jusqu'au bout, vous avez refusé de parler d'An et d'Eefje au passé.

Durant cet interminable voyage dans les ténèbres, tout au long d'une année terrible, vous avez vécu entre peur et espoir, au fil des rumeurs et des démentis.

A cet océan d'angoisse, vous opposiez la dignité tranquille qui a rapidement forcé l'admiration de tout un peuple uni. Car ce sont des Belges - et non pas des Wallons et des Flamands - qui, au fil des mois, ont partagé l'attente douloureuse des Marchal et des Lambrecks, des Lejeune et des Russo.

Les larmes ne connaissent pas de frontière, fût-elle linguistique.

En ce triste samedi, qui verra deux familles porter en terre de jeunes filles victimes de véritables monstres, nous pensons à vous, Paul et Betty, Jean et Rachel.

 

Nous voulons vous dire notre amour, notre soutien, notre respect.

La Belgique pleure. Mais la Belgique se réveille. L'incroyable incompétence avec laquelle ont été menées plusieurs enquêtes, la passivité coupable de certains magistrats et les révélations de la presse dans l'affaire Dutroux ont créé dans la population, mais aussi dans le monde judiciaire, une véritable onde de choc.

Les choses bougent. Enfin

 

Après cinq années de tâtonnements, de fausses pistes, de guerre des parquets et de tentatives de sabotage politique, l'enquête sur l'assassinat d'André Cools vient de connaître un rebondissement totalement inattendu, avec l'arrestation de Richard Taxquet, commanditaire présumé du crime. Le ou les tueurs à gages semblent identifiés et localisés. Il importe maintenant que d'autres dossiers, comme celui des tueurs du Brabant, puissent connaître une nouvelle dynamique. Peut-être faudrait-il en parier au procureur Bourlet, l'homme qui a donné le coup de pied salutaire dans la fourmilière...

 

Oui, on veut la justice, toute la justice. Pour vos enfants. Nos enfants. Onze kinderen.

 

La Rédaction

 

A l’école en combi de gendarmerie(«Dernière Heure» 6 septembre 1996 pg 4)


A l’école en combi de gendarmerie

PROTECTION MAXIMALE POUR LES ENFANTS DES MAGISTRATS CONCERNÉS

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 4

NEUFCHÂTEAU - La gendarmerie fait de plus en plus fort pour assurer la sécurité des magistrats qui s'occupent du dossier Marc Dutroux et du dossier annexe, celui qui a trait au trafic de voitures dans lequel semble impliqué un inspecteur principal de la policejudiciaire de Charleroi Georges Zicot.

Lorsque le procureur Bourlet doit quitter le palais de justice, il est précédé d'hommes qui inspectent les abords. Lesquels sont habillés du gilet pare-balles. Les Mercedes blindées qui véhiculent ces magistrats sont souvent escortées d'autres voitures de l'escadron spécial d'intervention.

Crainte des parents

Ce n'est pas tout. L'on sait que l'enfant du juge Connerotte se rend à l'école du village en voiture de la gendarmerie. La venue de la petite écolière, ainsi escortée, ne laisse pas indifférente nombre de parents d'élèves qui, nous dit-on, ont exprimé leurs inquiétudes à la direction de l'école. Selon leur raisonnement, si un quelconque danger pèse sur la fille du juge, alors la menace s'étend à 'ensemble de la population scolaire. Après trois journées a ce régime, la peur, dans les chaumières, s'est atténuée.

Jusqu'à présent, la blondinette supporte bien l'épreuve de l'escorte. Elle a juste pris peur en voyant, sous la fenêtre de sa chambre, des gendarmes en uniforme, mitraillette à la main. Les deux gardes de l'escadron spécial d'intervention, qui ont leur lit... dans le salon du juge et de son épouse, font désormais partie du quotidien de l'enfant.

Une couche en plus

Nouvelle étape, hier et avant hier, dans la gradation des mesures de sécurité. Après avoir inspecté le palais de justice sous toutes ses. coutures, des spécialistes ont visité la demeure du juge dont ils ont analysé portes et fenêtres. On croit savoir qu'ils ont suggéré de poser une porte blindée à l'étage où la famille Connerotte pourrait trouver refuge en cas de coup dur.

Hier après midi, l'étroite route de campagne qui longe la propriété du magistrat ainsi que les rues adjacentes ont été interdites à la circulation.

En première ligne, des barrières Nadar bloquent le passage. Au-delà, les gendarmes ont posé des barrières de fils barbelés. Juste devant la maison, ont été posées de semblables ustensiles, en chicane. Il subsiste juste un petit passage qui permet au juge ou à son épouse de rentrer chez eux.

Réduire les effectifs

le dispositif permet aussi de réduire les effectifs des gendarmes, de faction toute la journée à proximité immédiate du domicile, gendarmes que la hiérarchie estime menacés eux aussi. Moins il y en a d'exposés, mieux c'est.

M. Pe.

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Nihoul conduirait au réseau Cries

LE SCANDALE DE LA FIN DES ANNÉES 80

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 4

 BRUXELLES - L'information n'est qu'un début d'information, mais nous croyons pouvoir annoncer que des liens - dont il reste à préciser l'ampleur - ont existé entre le réseau Dutroux-Nihoul et le réseau Cries, le gros scandale pédophile des années quatre-vingt.

En mars 1987, la section jeunesse de la PJ de Bruxelles découvrait un véritable réseau organisé et parfaitement structuré de fourniture de matériel pédophile (K7, photos,...).

Dans leurs recherches, les policiers allaient notamment débusquer un haut fonctionnaire de l'Unicef (les Nations unies pour l'enfance, ndlr) en poste dans la capitale belge. L’un des suspects, un bon père de famille, s'était pendu en prison au lendemain de son arrestation par la juge Véronique Paulus de Châtelet.

Les condamnations allaient tomber sec sur les principaux organisateurs, qui écopèrent du maximum prévu à l'époque par le code pénal, jusqu’à dix ans d'emprisonnement.

Les enquêteurs ont toujours dit,qu'au printemps 87, ils n'avaient as pu aller jusqu'au fin fond de 'affaire. Nous avons souvenance de la photo terrible d'un tout petit enfant -un bébé -que les policiers avaient retrouvée lors d'une peruisition et qu'ils avaient diffusée ans l'espoir de l'identifier. Ce qui n'a pas été possible.

Le réseau utilisait des documents vidéo et photographiques mettant aussi en scène des gosses de moins de cinq ans. Au fil des ans, les responsables du Cries sont sortis de prison...

Photos d'art

Il y a quelques jours, un Bruxellois se présentait dans un commissariat. Les journaux avaient publié les photos de Bernard Weinstein, le complice assassiné de Marc Dutroux et qui habitait, rue Daubresse, à Jumet, le chalet où ont été retrouvés les corps d'An et Eefje.

Le Bruxellois allait déclarer qu'il avait travaillé jadis avec Weinstein. Il a commencé par désigner plusieurs terrains connus de Weinstein : certains ne l'étaient pas encore de la justice. En outre, le témoin allait raconter qu'à l'époque Weinstein était en contact à Bruxelles avec un individu qu'il a toujours suspecté d'être attiré par les petits garçons,un certain R. Le renseignement a paru intéressant au juge Connerotte qui, le jour même, chargeait la police de perquisitionner au domicile de R.

Les policiers y ont retrouvé des photos d'art d'enfants nus datant des années 1987/89. Et c'est alors qu'ils ont appris que le fameux R. avait été condamné dans le scandale du Cries. Donc, Bernard Weinstein, complice de Dutroux, était en relation avec un pédophile notoire condamné dans l'affaire du Cries.  

Gilbert Dupont

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Le radar de Benett est d’origine belge

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 4

 DIEST - Le radar actuellement utilisé par John Benett pour fouiller les maisons de Dutroux a été créé à la fin des années 80 par une entreprise de Diest. La firme Blis NV était une succursale de l'entreprise de construction et de rénovation Rens installée à Herselt. Cette entreprise plaçait notamment les tuyaux nécessaires pour les sociétés d'électricité. Lors de ces travaux, des problèmes pratiques bien déterminés étaient rencontrés: le sous-sol belge semblait être parsemé de câbles, de tuyaux et de conduites, dont beaucoup ne soupçonnaient plus l'existence. De plus, la plupart des plans de conduites qui étaient mis en cartes semblaient être de mauvaise qualité. Cela provoquait des trous forés dans les conduites existantes, avec les conséquences désastreuses qui s'ensuivent.

Entre 1986 et 1990, toute une série d'expériences ont été effectuées. Finalement, un système radar qui pouvait détecter tant les matériaux ferreux que non-ferreux a été mis en place. Cet appareil, qui avait la forme d'une tondeuse à gazon, envoyait un signal via un computer de telle sorte que les câbles n'étaient pas atteints.

Bons résultats

Selon Guido Krieckmans, à l'époque directeur de Blis NV, c'était la première société qui expérimentait un tel système radar. Les résultats étaient bons», explique G. Krieckmans. « Les différences dans nos mesures étaient petites. Elles dépendaient du sous sol où le radar était utilisé. Grâce à différents paramètres, on est parvenu à créer un appareil dont les écarts devenaient Finalement négligeables. La seule chose que l'on ne pouvait faire nous-mêmes, c'était les antennes-radars qui étaient montées sur les engins.

Elles étaient livrées par une entreprise anglaise qui les avait conçues pour la recherche de mines durant la guerre des Falklands. Lorsque notre appareil était autrefois exposé à l'occasion du Flanders Technology à Gand, un journaliste local l'avait décrit comme une tondeuse à gazon spéciale. C'était exactement le même appareil que celui utilisé aujourd'hui par Benett pour les fouilles.

Blis NV a dû fermer ses portes en 1990. Guido Krieckmans se doute que le brevet d'invention, après un détour par Liège, est arrivé entre les mains des Britanniques. Krieckmans a donné sa démission quelques mois avant que la faillite ne soit prononcée et a ainsi perdu l'affaire de vue. Hélas, le monde des entreprises ne manifestait pas un grand intérêt à cette époque pour l'appareil.

L'entreprise n'a jamais été reprise. M. Krieckmans se réjouit néanmoins que plusieurs entreprises de construction belges aient découvert l'utilité de cet appareil qu'ils utilisent sur une grande échelle.   

Patrick Decock

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Michelle Martin a trouvé un avocat

UN CANDIDAT SÉRIEUX POUR DÉFENDRE DUTROUX

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 4

NEUFCHÂTEAU - Il ne faudra sans doute pas attendre le 13 septembre, date de la prochaine comparution de Marc Dutroux en chambre du conseil, pour connaître le nom de l'avocat du diable.

Plusieurs candidats se sont officiellement présentés hier. Après la défection de son ancien conseil bruxellois, Dutroux avait fait appel au bâtonnier de Neufchâteau pour qu'il lui désigne un avocat. Me Danièle Annet, a nouvelle bâtonnière de Neufchâteau, a entamé des consultations. Elle nous a confirmé, hier soir, que plusieurs candidats s'étaient manifestés ». Il revient maintenant à Me Annet de désigner officiellement celui qui aura a lourde tâche de défendre le monstre de Sars-la-Buissière. Ce devrait être fait assez rapidement. « Mais, pour l'instant, je répète que ma décision n'est pas prise, qu'il est trop tôt pour citer un nom... », précisait Me Annet.

On sait cependant que l'un des avocats volontaires est sur le point d'être désigné. Il s'agit d'un ténor du barreau de Neuchâteau, absent durant les derniers jours et qui ne s'est donc manifesté qu'au milieu de cette semaine.

Contacté hier soir, cet avocat nous a confirmé sa candidature, estimant qu'elle était en bonne voie, qu'il n'y avait en fait plus que quelques éléments de procédure à régler. Attendant la décision officielle, il n'a pas souhaité s'exprimer publiquement sur les motivations qui l'ont poussé à se proposer pour défendre Dutroux.

Plus tôt dans la journée, le nom de Me Vic Van Aelst, avocat bruxellois, avait également été évoqué.

Celui-ci a finalement refusé d'assurer la défense de Marc Dutroux. L'émotion est si forte qu'il est impossible d'assurer actuellement cette tâche avec la sérénité et l'indépendance nécessaire », a-t-il dit.

Des inconnus avaient placardé jeudi matin devant chez M. Van Aelst des photos des quatre fillettes assassinées, avec une mention : « Ici habite le défenseur de Dutroux ».

Ténor du Luxembourg

Pour Michelle Martin, qui éprouvait elle aussi des difficultés à être assistée d'un avocat, le problème est apparemment résolu. De source judiciaire, on a appris hier que Me Darge avait accepté de la défendre.

Me Darge, d'Arlon, est l'un des ténors de la province du Luxembourg, habitue aux procès d'assises. Il aurait déjà rencontré

Michelle Martin à la prison de Namur. Malgré nos efforts, il ne nous a pas été possible, jeudi soir, d'entrer en contact avec Me Darge.

Me Bouchat, avocat du barreau de Charleroi, avait été contacté au préalable par Martin mais avait refusé de la défendre. Des menaces anonymes de mort lui avaient été adressées ainsi qu'à sa famille.

Légalement, tout accusé en assises doit être assisté d'un avocat.

B. F.

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Maurane veut apporter son soutien à Marie France Botte

« Sous forme de chanson, si les parents le demandent »

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 4

Terriblement sensibilisée aux problèmes des enfants abusé; Maurane ne veut néanmoins surtout pas passer pour une récupératrice.

BRUXELLES - Comme le reste de la population belge, Maurane est sous le choc. Et si elle rencontrait Marie-France Botte, hier après midi, ce n'était pas seulement pour lui confier son émotion, celle d'une jeune maman, mais aussi pour lui témoigner, ouvertement, son soutien.

Je pense que Marie-France et es gens qui l'entourent sont un peu trop seuls et prennent en tout cas beaucoup trop de risques. C'est très bien si, pour leur action, ils peuvent bénéficier du soutien d'artistes, de personnes publiques.

- Comment avez-vous ressenti les tragiques événements de ces dernières semaines?

- Maurane : « 1e suis comme tout le monde: révoltée. Ce problème est tellement grave, tellement complexe. C'est comme une grande toile d'araignée et si on gratte autour, on peut certainement encore révéler des choses épouvantables. Je rejoins Mme Botte quand elle dit qu'il y a forcément des protections derrière... Les gens qui procurent des passeports à des pédophiles pour leurs activités à l'étranger, ces autres qui peuvent se permettre d'acheter des cassettes à 60.000 dollars .'ces personnes ne sont pas de petites gens. 1I est impossible de rester silencieux face à ce drame. Je n'ai pas le courage, ni le cran de Marie-(rance Botte, mais je n'ai jamais pu fermer ma g... et ce n'est pas maintenant que je vais changer! Pas à corps perdu

- Avez-vous confiance en la justice belge?

- Maurane : « C'est vrai qu'il y a de quoi douter quant au suivi de l'enquête. Quand on entend Dutroux dire qu'il est intouchable, quand on entend /e procureur dire qu'il ira jusqu'au bout si on le laisse faire... II y a eu tellement de légèreté jusqu'ici autour du dossier... Je me demande parfois qui nous dirige. Ma peur est que l'on n'en parle plus une fois que l'on aura pris ses marques. Je constate, d'autre part, sans être féministe, que les femmes publiques sont nettement plus nombreuses à avoir pris position que leurs collègues masculins. Pour le reste, disons qu'il ne faut pas foncer à corps perdu, mais agir avec ses moyens.

 - Agir... De quelle façon dans votre cas?

- Maurane : « D'abord, dès le début de cette affaire, j'ai envoyé un fax à l'opération Marie-France Botte. C'est une petite goutte dans l'océan, mais si nous, artistes, pouvons dire tout haut ce que tout le monde pense... Oui, je pourrais associer mon image publique à l'opération et j'espère que je serai suivie: les artistes ont déjà montré combien ils pouvaient être solidaires pour de grandes causes, comme sol en si (ndlr : solidarité-enfant-sida) par exemple.

 - Est-ce que votre coup de gueule pourrait se traduire en chanson ?

- Maurane « Évidemment, une chanson, cela m'est venu à l'esprit... Mais je ne ferai jamais une chose pareille sans que la demande émane des parents des amines. La mort de leurs enfants leur appartient. C'est trop délicat autrement et je ne veux pas passer pour une récupératrice. Mais, par ailleurs, je devrais évoquer le sujet au cours de mon prochain spectacle, qui, depuis longtemps déjà, doit s'appeler buste une petite fille.

J'ai demandé à Mme Botte de m'écrire quelque chose, une page du programme, qu'elle m'aide à trouver les mots justes pour en parler entre deux chansons.

- Maurane, militante ?

- Maurane : « J'ai toujours pensé, jusqu`ici, qu'il était inutile d'être une chanteuse engagée, mais, là, je commence sérieusement à penser différemment...

Interview réalisée par Nancy Ferroni

 

 

Des similitudes troublantes( «Dernière Heure» 6 septembre 1996 pg 3)


Des similitudes troublantes

 L'ASSASSINAT DE LAURENCE WOJTCZYCK LIÉ AU DOSSIER?

 « La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 3

 CHÂTELINEAU - Les enquêteurs de Neufchâteau ont-ils une piste qui permettra d'élucider l'assassinat de Laurence Wojtczyck, disparue de Châtelineau en mars dernier ? Certes, ils ne sont pas saisis du dossier sur lequel planche la PJ de Charleroi.

Pourtant, en rassemblant des indices, ils se demandent si l'on ne va pas, une fois de plus, tomber sur te sinistre Dutroux. Laurence Wojtczyck était âgée de 25 ans. Fiancée à Grégory, elle travaillait au magasin Gel 2000, une petite surface ouverte à Châtelineau. Laurence effectuait un remplacement.

Le magasin vide

Ce samedi 16 mars, des clients passent à proximité du magasin, légèrement isolé, à la rue Trieu Kaisin. Ils s'étonnent. Car il est environ 17 h 30 et le magasin est plongé dans l'obscurité.

II y a plus: les affiches annonçant la fermeture à 18 heures, seule, à ce moment, Laurence aurait dû se trouver au boulot.

L'alerte est donnée. Les gendarmes découvrent d'emblée le blouson de la caissière, abandonné sur la chaise.

Mais pas de trace ni de la sacoche ni du tiroir-caisse qui ne devait pas contenir beaucoup d'argent.

Les enquêteurs de la BSR déterminent que la carte bancaire de la disparue avait servi après ce samedi. En effet, le dimanche, on avait essayé de l'utiliser au distributeur de Gilly, où elle avait été avalée à la suite de l'opposition faite par les proches. A l'époque, un témoin avait même repéré l'utilisateur de la carte et on avait tiré un portrait-robot. II s'agissait d'un homme de type européen, mesurant 1 m 80, aux cheveux châtains coupés court et ébouriffés. II portait un jeans bleu et sale, ainsi qu'une chemise à carreaux, style canadien.

La thèse de la fugue de l'employée du magasin n'avait apparemment pas convaincu beaucoup de monde. D'autant que Laurence vivait le bonheur avec Grégory.

Ligotée dans la Sambre

Deux mois plus tard, alerté par un éclusier, l'on repêchera un corps de la Sambre, non loin de l'écluse de Marchienne. Après une pénible autopsie, le médecin légiste identifie la victime comme étant la disparue du Gel 2000 de Châtelineau. Il s'appuie aussi sur les empreintes dentaires. La présence des bijoux polonais que portait Laurence ajoute encore à la conviction des enquêteurs.

A l'époque, ceux-ci parlent d'une véritable mise à mort. La victime a les mains ligotées dans le dos. Les pieds sont entravés. Un bandeau lui couvre les yeux. Un bâillon lui cache la bouche.

Jamais cet assassinat n'a été élucidé, ni par la BSR ni par la PJ de Charleroi qui lui a succédé.

Comme An et Eefje?

Le dossier Dutroux permettra-t-il de donner une impulsion nouvelle à l'enquête ? La question mérite d'être posée. Car les enquêteurs,sous la houlette du duo de magistrats chestrolais, se sont montrés intrigués par deux éléments, deuxindices.

Tout d'abord, il apparaît qu'un ou deux témoins ont prétendu avoir remarqué Marc Dutroux aux abords du Gel 2000 de Châtelineau, ce triste samedi 16 mars.

On a également appris que les policiers se sont aussi beaucoup intéressés aux liens qui immobilisaient la jeune dame: elle était bâillonnée de la même façon que l'étaient An et Eefje.

Éléments suffisants

Des indices suffisants? L’enquête le dira peut-être. A noter que le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte n'est nullement saisi de ce dossier. Pour qu'il en soit ainsi, il lui appartiendra, a lui et à ses hommes, de recueillir les éléments suffisants pour joindre, le cas échéant, cet assassinat au dossier à charge de Dutroux.

Dans les milieux de l'enquête, on estime, a priori, que l'agresseur cherchait davantage à punir un proche de Laurence. Pour quelles raisons ? Peut-être ce proche était il lié à un réseau de prostitution.

C'est en tout cas l'une des pistes.

 

M.Pe.

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 Le marché de la prostitution ?

 La belle famille de la caissière du Gel 2000 réagit

 « La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 3

 CHARLEROI – Mystérieusement disparue de son lieu de travail – le Gel 2000 de Châtelineau -, Laurence Wojtczyck, 24 ans, avait été retrouvée morte dans la Sambre quelques semaines plus tard.

« C'était à cinq cents mètres de la maison de Dutroux sur la chaussée de Philippeville à Marcinelle », témoigne son beau-père, chez lequel elle vivait depuis deux ans en compagnie de son fils Gregory qu'elle devait épouser.

« Ici, nous sommes convaincus de l'existence d'un lien avec sa bande. Aucune preuve ne permet de l'affirmer, mais c'est une sorte d'intuition. » Selon M. Gilles, on peut penser que Laurence a été enlevée pour alimenter un réseau de prostitution à l'étranger. «A 24 ans, elle faisait plus jeune que son âge. Sur les photos, on ne lui en donne d'ailleurs pas plus de 17. Elle a peut-être retenu l'attention de Dutroux, qui a alors organisé son kidnapping. Quant aux raisons de l'assassinat, le beau-père hésite: «A-t-elle essayé d e fuir, !es choses ont-elles mal tourné ? Ses ravisseurs se sont ils rendu compte de son âge et ont-ils préféré l'éliminer ?.Ce dont nous sommes sûrs, c'est qu'elle a eu affaire à des crapules.

Pour M. Gilles et sa famille, l'affaire Dutroux apporte des espoirs d'élucidation à cette affaire toujours à l'état d'énigme. « Dans nos rapports avec la justice et les enquêteurs, nous avons vécu un peu la même chose que les parents de Julie et Mélissa . Nous nous retrouvons quand ils disent n'avoir rencontré aucune humanité, aucune vraie coopération de la part des enquêteurs. Nous non plus, la BSR ne nous a jamais tenus informés de l'évolution des recherches. Lorsque nous voulions savoir quelque chose, nous devions nous déplacer nous-mêmes. »

Vagues contacts

Enfin, nous n'avons eu que de vagues contacts avec les magistrats saisis de l'affaire. Ah, il est beau l'appareil judiciaire en Belgique. On a Parfois l'impression que les criminels ont droit à un meilleur traitement et à plus d'égards que les victimes ! », s'indigne-t-il. Pour Gregory, Laurence n'aurait pas pu être au courant d'un trafic d'enfants avec les pays de l'Est, comme son origine polonaise l'a laissé supputer à certains, « pour la bonne et simple raison qu'elle ne sortait qu'en sa compagnie ».

Comme son père, il croit à la piste de l'enlèvement pour le marché de la prostitution. « Il y a trop de coïncidences pour ne pas y songer : la proximité de la maison de Dutroux, la façon dont elle était bâillonnée et, enfin, la ressemblance entre Nihoul et !'homme identifié comme son ravisseur, en possession de sa carte de crédit », explique M. Gilles. « Si des découvertes sont faites, nous espérons cette fois ne pas être tenus à l'écart. »  

D A

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Deux cérémonies séparées, ce samedi

 « La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 3

 LES FUNÉRAILLES EN DIRECT À LA TV

HASSELT - Il n'y aura pas de cérémonie commune à Hasselt, pour les funérailles d'An et Eefje.

Les parents ne se sont pas mis d'accord. Eefje Lambrecks sera inhumée samedi matin après une messe célébrée à 10 h 30 dans l'église O.L.V der Armera (Notre-Dame des Pauvres) dans le quartier Banneux à Hasselt. L'enterrement d'An Marchal aura lieu à 14h à la cathédrale Sint-Quintinus (Saint-Quentin), dans le centre-ville.

Les chaînes de télévision RTBF,RTL-TV i, B-RT N et VT M retransmettront les obsèques en direct, comme elles l'avaient fait pour Julie et Mélissa. VTM et la B RTN associeront leurs moyens techniques pour filmer les deux cérémonies.

Mercredi soir, la famille Marchal est allée rendre un dernier hommage à la dépouille d'An dans le funérarium Pierards, le long de la

Kempischesteenweg. Celui-ci est ouvert au public de 9 h à 21 h, ce vendredi encore. A la demande de la famille, les appareils photos et les caméras ont été interdits à l'intérieur de la petite chapelle. Au funérarium, quelques dizaines de personnes sont venues se receuillir, jeudi. Même émotion au funérarium Jamart, de Kuringen, où le cercueil d' Eefje a été transporté. La famille de la jeune fille s'était elle aussi rendue au funérarium mercredi.

Différend entre les famiIles

On avait imaginé un moment que les funérailles d'An et d'Eefje se dérouleraient au même endroit, en même temps. Malgré les tentatives de conciliation du doyen d'Hasselt, M. Forier, les familles n'ont pas souhaité que An et Eefje, unies dans une même mort atroce, soient enterrées ensemble.

Mercredi encore, Paul Marchal avait lancé un appel au père d'Eefje pour qu'il renonce aux actions judiciaires contre lui. Jean Lambrecks avait déposé plainte parce que Paul Marchal avait annoncé qu'il allait procéder à la vente d'autocollants représentant les deux jeunes filles disparues pour financer l'engagement d'un détective privé afin e les retrouver. Jean Lambrecks s'était indigné parce qu'il n'avait pas été prévenu de l'intitiative alors que la photo de sa fille se trouvait également sur l'autocollant. Cet incident avait jeté un froid entre les deux familles. Jean Lambrecks n'a pas retiré sa plainte, mais le parquet l'a classée.

Itinéraires à suivre

Si vous souhaitez vous rendre aux obsèques, samedi, voici les itinéraires les plus simples à suivre.

Pour Eefje, l'église est située au coin de la Banneuxstraat et de la Kiewitstraat, dans le quartier Banneux (Banneuxwijk), à quelques kilomètres du centre-ville. En venant de Bruxelles, quittez la E313 à la sortie 27. Au ring de Hasselt, prenez à gauche sur la Herkende Singel. Suivez ensuite la direction N74 Eindhoven. Après le pont surplombant le canal Albert, la deuxième route importante à droite est la Banneuxstraat. L'église est à quelques mètres de là. En venant de liège, quittez à la sortie 29. Prenez à droite sur le ring de Hasselt (Gouv. Roppe Singel) puis suivez la direction Eindhoven N74 pour rejoindre l'itinéraire décrit plus haut.

Pour An, la cathédrale est en plein coeur de la petite ville d'Hasselt. Il suffit d'emprunter la sortie 28 de la E313 et de suivre les indications vers le centre de Hasselt. Attention, il y a très peu de places de parking dans le centre ville. La gare des Chemins de Fer se trouve également à quelques centaines de mètres du centre. La police locale ne prendra aucune disposition particulière en matière de règlement de la circulation, mais de nombreux agents guideront les automobilistes.

 B. F.

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Les parents inquiets reçus au Palais

 « La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 3

 EEJE, SABINE, LAETITIA, LOUBNA

 BRUXELLES - Quatre nouvelles audiences royales ont été consacrées ce jeudi par Albert II à ces familles meurtries par les disparitions, les enlèvements, les séquestrations d'enfants. D'abord les parents d'Eefje Lambrecks, ensuite ceux de Sabine Dardenne et de Laetitia Delhez, ces deux gamines séquestrées par Dutroux à Marcinelle, et qui ont fort heureusement échappé à un funeste sort. Le Roi a également rencontré les parents et la soeur aînée de Loubna Ben Aïssa, une fillette de 9 ans, dont on reste sans nouvelles depuis le 5 août 92.

Albert Il poursuivra ces rencontres, notamment avec les parents de Julie Lejeune, actuellement à l'étranger. Mercredi, les Souverains s'étaient déjà entretenus pendant deux heures avec Gino et Carine Russo, les parents de la petite Mélissa, ainsi qu'avec Paul et Betty Marchal.

Si les parents de Sabine se sont refusés à tout commentaire, la maman de Laetitia, à Bertrix, Patricia Martin, qui vit toujours sous calmants depuis l'enlèvement de sa fille, nous a confié ses impressions.

Nous avons reçu un coup de téléphone du Grand Maréchal de la Cour, mercredi soir, pour nous annoncer que le Roi et la Reine souhaitaient nous rencontrer. L'entrevue a duré une bonne heure, durant laquelle les Souverains nous ont posé beaucoup de questions sur la santé de Laetitia. Le Roi nous a répété, comme il l'avait dit aux Russo, que l'on irait jusqu'au bout de l'enquête. Ç'a nous a fait chaud au coeur, vraiment, de voir qu'il est avec nous.

 La gym, sa crainte

A l'école hier, Laetitia n'a pas assiste a l'entrevue. Sa maman confirme qu'elle va bien : « Ma fille m'étonne par sa solidité. Elle a tout raconte. Et depuis, ça va mieux. Elle ne veut pas de psychothérapeute. » La rentrée scolaire, mardi, s'est effectuée sans encombre. Les directives passées par le préfet ont été respectées : Laetitia n'a pas été regardée comme une bête curieuse, n'a pas été pressée de questions déplacées.

La jeune fille redoute cependant, par-dessus tout, de se retrouver confrontée à Dutroux, pour les besoins de l'enquête. Pour l'instant, elle a juste confirmé aux enquêteurs que c'était bien Lelièvre et Dutroux qui l'avaient enlevée.

Durant sa séquestration, elle n'a plus vu que le second qui est le seul à avoir abusé d'elle. Sabine, sa compagne d'infortune, a encore téléphoné à Bertrix mercredi soir. Mais pour Laetitia, pour ses trois frères et soeur, plus rien ne sera jamais comme avant. Ici, on ne se déplace plus qu'en voiture, avec papa maman.

Et ce jeudi matin, Laetitia était très nerveuse à l'idée de fréquenter le cours de gym, qui se donne au complexe sportif. Ce complexe d'où elle revenait quand elle a été enlevée en août dernier...

 Nancy Ferroni

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 ONKELINX : « Réagir en prenant du recul »

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 3

 BRUXELLES - « Il convient maintenant de réagir en prenant du recul, en refusant l'amalgame et les solutions simplistes ». Comme prévu, faisant suite notamment aux réunions de la cellule de crise de l'ONE, Laurette Onkelinx, ministre-Présidente de la Communauté française, a activement relancé hier les différentes mesures de prévention dont s'est déjà dotée la Communauté française en matière d'abus sexuels des enfants.

En compagnie du délégué général aux droits de l'enfant, Claude Lelièvre, et de la présidente de l'ONE, Marie Dosée Laloy, Mme Onkelinx a aussi rappelé, pour dédramatiser le propos, que c'est dans sa famille et auprès de ses proches que l'enfant court le plus de risques: 90 % des cas pris en charge par les équipes SOS enfants sont des cas de maltraitance intra-familiale.

Le concret, pour le reste, passe par plusieurs mesures

- Un décret sur la maltraitance sera déposé, au Conseil de la Communauté française, pour une meilleure coordination de l'aide et de l'intervention.

- Des personnes de référence seront spécialement formées dans les centres PMS. La ministre a, pour cela, dégagé un budget spécial de 2 millions. Elle veut par ailleurs obliger chaque école à désigner une personne de référence, qui disposera de toutes les informations pour pouvoir réagir rapidement en cas de nécessité.

- Comme annoncé dans nos colonnes, le téléphone vert Ecoute enfants (0800/144.00) sera disponible 24 heures sur 24 tous les jours, à partir du 1ef octobre.

- Toutes les écoles primaires vont recevoir une cassette vidéo de l'émission spéciale Ici bla-bla.

- Enfin, 20.000 exemplaires de la brochure Ta sécurité, toi aussi, penses-y (Missing ChiIdren), ainsi que 40.000 exemplaires de Mimi-fleur de cactus seront mis à disposition des enseignants.

N.F.

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La veuve de Tagliaferro dénonce

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 3

KEUMIÉE - II y avait encore un important déploiement de moyens hier à Keumiée, rue de la Brasserie, sur le terrain qui avait appartenu à Bruno Tagliaferro, un démolisseur âgé de 33 ans et qui était mort en novembre dernier dans des circonstances qualifiées de troubles par certains.

Le terrain de près d'un hectare encombré de carcasses de voitures et de vieux pneus est le type même du terrain de prédilection de Marc Dutroux. D'après les gendarmes,un ou plusieurs prévenus auraient fait des révélations concernant ce terrain qui auraient poussé Neufchâteau à s'y intéresser de très près et à y envoyer d'importants effectifs. Les fouilles y ont duré toute la journée, mais devaient être définitivement interrompues dans la soirée, l'entièreté du terrain ayant été retournée sur plus d'un mètre sans apporter le moindre élément ou indice significatif, si ce n'est quelques loques découvertes sous une dalle de béton.

Une liste

L'événement a plutôt été provoqué sur place par l'arrivée fracassante de la veuve de Bruno Tagliaferro qui a affirmé aux journalistes à la cantonade que son défunt mari connaissait les agissements et les trafics de Marc Dutroux, que c'est à cause de cela qu'il est mort (on a parlé d'overdose le concernant).

L'épouse a encore divulgué l'existence d'une soi-disant liste qui était en la possession de son mari, qui pourrait avoir été enterrée et sur laquelle figuraient les noms de Dutroux et Weinstein, au moins. La veuve s'est plainte du peu d'intérêt accordé par la gendarmerie à ses déclarations.

Il est vrai que les gendarmes présents semblaient considérer la scène avec beaucoup de recul. Ailleurs enfin, les fouilles devraient également prendre fin à Sars la Buissière, sans avoir rien donné.

F.M.

 

 

 

 

Une maison d’Ixelles passée au peigne fin(«Dernière Heure» 6 septembre 1996 pg 2)


Une maison d’Ixelles passée au peigne fin

 Il y a quatre ans disparaissait Loubna

 « La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 2

 IXELLES - Il y a quatre ans disparaissait, en pleine heure de midi, à Ixelles, une petite fille de neuf ans et demi, Loubna Benaïssa, que sa maman avait envoyée acheter des yaourts pour son frère, au Aldi de la rue Goffart, à trois cents mètres de chez elle.

Toute la journée d'hier, des fouilles, comparables à celles menées depuis quinze jours dans les propriétés de Dutroux, ont été exécutées, à deux petits pâtés de maisons de la rue Goffart. Des renseignements troublants exploités par la brigade judiciaire d'Ixelles, sont à l'origine de ces recherches, décidées à Neufchâteau par le juge Connerotte. Des heures durant, elles ont été menées par la BSR, au moyen du matériel qui a servi à Jumet et à Sars-la-Buissière, avec l'aide de six chiens-cadavres allemands, dirigés par l'expert néerlandais Harry Jongen, surnommé Nez fin.

La presse, cette fois encore, contribue à l'enquête. Les photos, largement diffusées, de Marc Dutroux et des autres ont fait tilt, rue du Conseil à Ixelles. Des habitants affirment que deux au moins des personnages de la bande ont été vus dans le bâtiment situé au numéro 35. Ce qui n'a rien de surprenant : nous révélions hier que Dutroux (qui est Ixellois de naissance !) et Weinstein, avaient fréquenté la région bruxelloise au moins depuis quinze ans.

Les policiers se sont alors rappelés que l'adresse - 35, rue du Conseil - ne leur était pas, du tout inconnue. Le 1er juillet dernier, ils y avaient appréhendé l'occupant du premier étage, un certain Roland Corvillain, un informaticien au chômage, âgé de 49 ans. Le 2 juillet, le juge Guy Laffineur plaçait Roland Corvillain sous mandat. Il a été dénoncé par sa compagne, qui a déposé plainte, affirmant que son ami avait violé ses enfants, ainsi que ceux d'une amie. Au total, quatre viols d'enfants. L'enquête aurait démontré la véracité de deux faits. Corvillain lui-même en avouerait un.

A Neufchâteau, il n'a pas fallu une fraction de seconde au juge Connerotte pour exploiter la piste à fond. Roland Corvillain était déjà connu de la justice, mais pas pour pédophilie. Une enquête financière avait été menée à sa charge en 1987, que le parquet avait classée sans suite. L'informaticien a fait de la prison... où il rencontré Marc Dutroux. Les relations de prison se sont poursuivies à la sortie de taule. On sait à présent que Dutroux s'est rendu, au moins une fois dans cette maison. Quant à Nihoul, il s'y rendait très souvent. L'inspecteur Zicot y aurait également été vu...

Roland Corvillain est toujours détenu à Forest. Mardi, la chambre du conseil de Bruxelles aurait dû le renvoyer en correctionnelle pour des faits de viol sur une mineure de moins de 16 ans, mais le parquet de Neufchâteau s'y est opposé. L'affaire a été remise sine die.

En juillet, la police d'Ixelles avait perquisitionné l'adresse. Mais il y a deux mois, on était loin de penser à toutes ces caches aménagées en tombes ou en cages. Aussi, le béton coulé dans la cave de Corvillain n'avait-il pas vraiment intrigué les inspecteurs. Il en a été autrement, évidemment, quand les gendarmes de Neufchâteau ont découvert à la cave, cette dalle de béton coulée sans but architectural apparent, sinon peut-être d'y dissimuler quelque chose... Ou quelqu'un ?

La coïncidence est effrayante, mais les policiers ont tout de suite pensé à la petite Loubna Benaïssa, disparue le 6 août 1992, non loin de là. A nouveau, pour toute une famille - reçue jeudi au Palais par le Roi et la Reine - les heures d'hier furent terribles, quand des ouvriers attaquèrent la dalle au marteau-piqueur...

Poupée dans le jardin

Hier soir, le lieutenant Surin déclarait qu’un élément relatif aux disparitions d'enfants avait peutêtre été trouvé... ». Il s'agissait en fait d'un jouet d'enfant - une poupée - qui se trouvait dans une citerne d'eau de pluie enfouie dans le Jardin du n°35.

Par ailleurs, il est désormais établi que Dutroux se trouvait bien à Ostende le jour de la disparition d'An et Eefje. Corvillain et sa compagne séjournaient aussi à Ostende à cette période et, aux dires de cette dame, Corvillain se serait longuement absenté en ce triste jour d'août 1995...

 

Gilbert Dupont

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Arrestation d’Annie Bouty, amie de Michel Nihoul

 « La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996 page 2

 La femme de paille a rejoint son complice

BRUXELLES - Arrestation, hier à Neufchâteau, de l'ex-avocate bruxelloise Annie Bouts. C'est un coup dur pour Michel Nihoul, son ami,que les enquêteurs soupçonnent avoir animé une filière d'exploitation sexuelle d'enfants fournis par le réseau Dutroux & co.Annie Bouts, 49 ans, avait été (ré) interpellée, mercredi à 17 h, avenue Jasper 99, à Saint-Gilles, qui est aussi l'adresse de Nihoul.

L'audition s'est prolongée jusqu'à 5 h du matin. En douze heures, Annie Bouty a fait des aveux. Ces aveux portent sur des points périphériques (du style vol, recel) du volet Nihoul de l'affaire Dutroux.

Des hommes de la brigade national de la police judiciaire ont assuré le transfert d'Annie Bouty qui est arrivée, menottes aux poings, à 12 h 55, au palais de justice e Neufchâtels. A 15 h 25, le juge Conforte délivrait mandat d'arrêt. Annie Bouts rejoignait son ami Nihoul derrière les barreaux.

Elle est la onzième personne arrêtée, mais la dixième incarcérée, un ami de Dutroux, Pierre Rocou, ayant très vite été libéré.

Parler d'Annie Bouty, c'est parler de Michel Nihoul, tant leurs vies s'épousent. Selon les enquêteurs,

Bouty était depuis quinze ans la femme de paille d e Nihoul, le paravent légal des activités avouables -ou non? - de l'homme d'affaires bruxellois.

Radio JOB

C'est déjà l'histoire d'un vieux couple. A Louette-Saint-Pierre, près de Geline, on se rappelle qu'au début des années 80, Nihoul venait quasi tous les week-ends dans une petite maison de campagne, louée à une amie de l'époque d'Annie Bouty. D'abord très uni, le couple a eu des hauts et des bas. Annie Bouty est revenue, sans Nihoul, mais avec un autre homme. Puis les relations ont repris, traversées d'orages...

En juillet 1994, maître Bouts est condamnée, par la 49e chambre, à deux fois deux mois de prison pour escroquerie et organisation d'insolvabilité, laissant l'ami Nihoul déborder d'activités fébriles touchant à tout.

 

Qui ne le connaît pas à Bruxelles? Journalistes - il intervient en faveur d'hommes politiques, comme Paul Vanden Boeynants et l'échevin de Bruxelles ville, Jean Leroy -, policiers - il fréquente les PJ de Bruxelles et de Liège, ainsi que la SR de Dînant -, hommes d'affaires et politiques tout court, Nihoul est partout.

 

Les années 80, c'est l'époque un peu folle des premières radios libres. En septembre 85, Nihoul quitte Radio Activité - gérée par le beau-fils de feu Léon Defosait (FDF-PS) - pour JOB Radio (107 F.M.). Radio Activité émettait depuis le centre sportif d'Etterbeek, et Nihoul y animait notamment une émission de conseils.., juridiques, parfois avec «son ami Michel Graindorge .

Il aura même sa propre radio à son nom, en plein centre de Bruxelles. Car JOB Radio, c'est Jean Michel Radio: prénommé Michel,Nihoul s'est toujours fait appeler Jean-Michel. Le projet de radio locale est ambitieux. L'équipe compte 22 animateurs et techniciens. Les studios occupent tout le 27e étage du Centre Rosier, la tour Martine, au-dessus du siège du PRL,installé au 26e.

Le soir venu, Nihoul fréquente les milieux échangistes et partouzards de la capitale. Habitué du 124 (rue des Artérites, à Enterbekc), il devient un assidu du Dolo (dont la gérante se prénomme Dolores), rue du Germoir, à Ixelles. L'une des sociétés de Nihoul – une poissonnerie - fournit au club, huîtres et crustacés. Le Dolo, que ne fréquentent que des adultes, était-il le sommet visible d'un iceberg masquant un réseau pédophile structuré, offrant à la client tète des catalogues infâmes, ornés de photos de gosses? L'hypothèse reste à démontrer.

Depuis quinze jours, Nihoul nie en bloc. Mais il nie mal, nous dit-on. Les témoignages et les éléments matériels affluent. Des témoins affirment l'avoir vu rôdant à Bertrix, à bord d'un véhicule sus peut, le jour de l'enlèvement de Laetitia.

II est établi que Nihoul fréquentait la bande Dutroux depuis bien plus longtemps qu'il ne l'admet.

D'Anvers au quartier prostitutionnel de la place Fontaines à Bruxelles, c'est Jean-Michel qu'on reconnaît.

Le couple Nihoul-Bouty avait tissé un réseau international inextricable d'associations et sociétés.

II y a cette secte africaine, la Cèlestien Church of Christ, dont Bouts était le pivot apparent. La police vient encore de découvrir... six nouvelles sociétés, toutes aussi discrètes et mystérieuses, dont la société Immo-Caud dont on sait seulement qu'elle était en rapport avec la Guinée...

 

Gilbert Dupont

 

 

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Dernière minute

 

« La Dernière Heure » du vendredi 6 septembre 1996

 

 

DUTROUX : IL A FAIT DE LA PRISON EN POLOGNE Marc Dutroux a été détenu pendant un certain temps dans une prison polonaise, a affirmé jeudi un porte-parole de la police polonaise. Ce porte-parole, qui a voulu conserver l'anonymat, a précisé que « la police belge nous avait demandé des informations sur les activités de Marc Dutroux en Pologne », ajoutant que, pour le moment, il ne pouvait pas en dire davantage. Toutefois, le quotidien Super Express affirme que Dutroux a été détenu pendant plusieurs mois en Pologne pour ses liens supposés avec un réseau de vol et de contrebande de voitures. Le journal ajoute que Dutroux a résidé plusieurs fois en Pologne et qu'il aurait pu y faire fortune en « exportant » vers la Russie et d'autres pays de l'ancienne URSS des voitures volées à l'Ouest.

 

HASSELT : GRANDS-PARENTS RUSSO CHEZ MARCHAL Les grands-parents de Melissa Russo se sont rendus jeudi après midi chez la famille Marchal pour exprimer leurs condoléances après la découverte des corps d'An Marchal et d'Eefje Lambrecks, retrouvés mardi enterrés sous un hangar d'une des maisons de Marc Dutroux. Initialement, les parents de Melissa devaient. également se rendre à Hasselt. Finalement, seuls les grands-parents se sont rendus chez les Marchal.

 

ONNEZIES : APPEL À TÉMOINS CONCERNANT NIHOUL La police de Honnelles, commune située non loin de la frontière avec la France, a lancé un appel à témoins concernant de fréquents séjours de Michel Nihoul dans la localité d'Onnezies, petit village situé sur le territoire de Honnelles. A de nombreuses reprises, Nihoul a en effet été aperçu avec un ferrailleur de la région aujourd'hui en faillite. Selon un témoin, interrogé par la RTBF ce jeudi soir, « Nihoul se présentait comme un avocat. On le soupçonnait de trafic de voitures avec la France. » Un nouveau coup dur pour la défense de Nihoul...

 

GRÈCE : LE PRÉRETRAITÉ VIOLAIT DES ADOLESCENTS Un quinquagénaire, coupable d'au moins trente viols d'adolescentes âgées de 12 à 17 ans, a été arrêté mercredi à Athènes, a indiqué jeudi la police. Gerassimos Bilis-Samaras, 52 ans, en retraite anticipée « pour raisons de santé », a reconnu avoir violé en dix ans « au moins trente » adolescentes. II menaçait ses victimes avec un poignard, enregistrait leur voix et les photographiait afin de les dissuader de le dénoncer, a ajouté la police. Parmi les victimes de Samaras, marié deux fois et père de trois enfants, figure une amie de son fils âgée de douze ans. La police a procédé à l'arrestation alors qu'il tentait de violer des jumelles qu'il avait enlevées et conduites dans une région déserte près d'Athènes.

 

LONDRES : IMPORTATION DE VIDÉOS PÉDOPHILES

Un diplomate britannique, ancien premier secrétaire à l'ambassade de Tokyo, a été reconnu coupable jeudi par un tribunal de Southwark (sud de Londres) d'avoir importé en Grande-Bretagne des vidéos pornographiques, dont la majorité montraient des actes de pédophilie. Convaincu d'avoir introduit en Grande-Bretagne 109 vidéos pornographiques dont 70 contenaient des scènes de pédophilie, Robert Coghlan, 54 ans, père de deux enfants, a été incarcéré en attendant de connaître vendredi sa sentence qui peut aller jusqu'à sept ans de prison. Les journaux britanniques suivent l'affaire de près, parce que M. Coghlan avait guidé la princesse Diana lors de son voyage au Japon.

 

BESANÇON : UN JARDINIER PÉDOPHILE ÉCROUÉ

Un jardinier municipal de 46 ans célibataire, Jean-Noël Faivre, a été écroué mercredi soir à la maison d'arrêt de Besançon (France) par la substitute du procureur, Mme Florence Otthoffer, « pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, corruption de mineurs et incitation à commettre des crimes et délits ». L'homme avait l'habitude de recevoir dans son appartement les enfants de familles voisines. II organisait des jeux au cours desquels les perdants étaient soumis à des gages, notamment se mettre tout nus, pratiquer des attouchements et même des pénétrations buccales. Sont concernés, selon les premiers éléments de l'enquête, au moins une fillette de 11 ans et quatre garçons de 10, 11, 14 et 17 ans.

 

 

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