samedi 27 septembre 2008

L’ADIEU A AN ET EEFJE ( 'Ciné Télé Revue'12 septembre 1996 pg 29 ; 30 et 31)


L’ADIEU A AN ET EEFJE

 Ciné Télé Revue du jeudi 12 septembre 1996 page 29 ; 30 et 31

 L'émotion était grande samedi, à Hasselt, comme elle l'était à Liège deux semaines plus tôt, pour les funérailles de Julie et de Mélissa. Figée de douleur, la Belgique unie a revécu le moment poignant de l'ultime adieu, espérant que le mot «fin » viendra s'inscrire sur ce sinistre film. La même tristesse, les mêmes larmes, la même incompréhension et une sourde colère ont accompagné An et Eefje jusqu'à leur dernière demeure, dans cette terre limbourgeoise qu'elles affectionnaient particulièrement. Un adieu en deux temps, les deux jeunes filles n'étant pas inhumées au cours de la même cérémonie. Un différend oppose en effet les deux familles depuis que Paul Marchal a voulu vendre des photos d'An et Eefje afin de récolter des fonds pour engager un détective. Jean Lambrecks a même intenté une action en justice contre Paul Marchal, avant de retirer sa plainte. « Nos deux filles auraient dû être ensemble ici », expliqua le père d'An, des larmes dans les yeux. « Tous les parents auraient dû s'asseoir côte à côte, ici, en tout honneur »

Le matin déjà, l'église Notre-Dame des Pauvres était trop petite pour accueillir les quelque trois mille personnes qui voulaient être là pour soutenir la famille Lambrecks, durement éprouvée. Sur un écran géant dressé à l'extérieur, tous, après avoir applaudi l'arrivée des parents de Mélissa, d'Elisabeth, de Loubna

(la jeune Marocaine disparue le 5 août 1994 à Bruxelles) et d'An, ont suivi la messe, placée sous le signe de l'espoir. Une messe que la maman d'Eefje préparait depuis plusieurs mois, persuadée que sa fille n'était plus. Devant le cercueil blanc recouvert de fleurs,blanches elles aussi, déposées par une assistance émue, les membres de la troupe Arlequin, à laquelle appartenait Eefje, allumèrent sept cierges symbolisant les traits de caractère de leur amie disparue : paix, amour, fidélité, joie, justice, gentillesse et discrétion. Discrète comme cette cérémonie d'une grande simplicité, ponctuée de l'intervention d'un de ses oncles, qui lut un texte du philosophe Silesius qu'Eefje avait repris dans son travail de fin d'études sur les soins palliatifs

Pourquoi avoir peur de la mort, puisque nous y sommes destinés?')

Koen Wauters, du groupe Clouseau, son chanteur préféré, interpréta, les bras croisés, « Afscheid van een vriend » (Se séparer d'un ami), avant l'ultime message de la maman de la disparue. Alors que le cortège funèbre prenait la direction du cimetière de Kuringen, où Eefje devait rejoindre son petit frère Arjaan, mort à 4 ans, des centaines de ballons blancs s'élevèrent dans le ciel, porteurs de petites cartes sur lesquelles on put lire quelques réflexions de la jeune fille.

Quand entendrons-nous à nouveau des jeunes chanter dans les rues, simplement parce qu'ils sont heureux de vivre ? » S’interrogeait-elle notamment. Oui, quand?

L'après-midi, la même émotion est palpable autour de la cathédrale Saint-Quentin, au cœur de la ville. A l'intérieur de l'édifice religieux, où ont pris place au premier rang, selon le souhait de Betty et Paul Marchal, les parents d'enfants tragiquement disparus, Rubie interprète en français une chanson consacrée aux récents drames, et Helmut Lotti enchaîne avec « Dont cry little child ». Sur le cercueil d'An, Snoopy, son chien en peluche, monte la garde. Bouleversant de dignité et de courage, le papa d'An prend la parole pour remercier tous ceux et celles qui les ont soutenus, mais aussi pour crier sa révolte. « An et Eefje n'auraient pas dû être enterrées aujourd'hui.

Pendant un an, on nous a tout simplement ignorés. »

Au cimetière d'Hasselt, sur la pierre tombale d'An, ces quelques mots, dans les deux langues Lorsque nous revenions de vacances, An disait: "On ne sait ce que l'on perd que lorsqu'on ne l'a plus." » A son domicile, sa chienne préférée vient de mettre bas neuf chiots. Comme un signe d'espérance.

Le papa d'An Marchal :

« Jean-Luc DEHAENE n'a même pas trouvé le temps de nous téléphoner »

Son courage et sa dignité, comme celle de son épouse, ont ému la Belgique entière. Aujourd'hui, comme pour les parents de Julie,de Mélissa et d'Eefje Lambrecks, l'amie de sa fille jusque dans la mort, il ne reste à Paul Marchal) qu'un lourd combat à mener. Pour survivre.

Vous avez remis au procureur du Roi, M. Bourlet, des documents qui pourraient s'avérer compromettants pour des personnalités haut placées. Vous pouvez en dire plus?

- L'un de ces personnages gravite dans l'orbite du fameux Van Rossem. Personnellement, je crois que les deux affaires sont étrangères l'une à l'autre, mais leur point commun est la pédophilie. Au point où en est l'enquête, il ne fait guère de doute que des personnes haut placées sont impliquées.

Le procureur Bourlet prend très au sérieux le contenu de ces documents.

Si les noms des politiciens et des membres de la magistrature repris dans ces documents ont un lien avec l'affaire Dutroux, alors, il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de Belgique.

Savez-vous de quelle manière ces « personnalités » sont liées au réseau pédophile?

Qu'ils fassent partie du réseau ne fait aucun doute. Mais est-ce en tant que consommateurs, pour assouvir leurs instincts pervers, ou pour manipuler ou en faire chanter d'autres?

J'aurais tendance à croire Marie-France Botte lorsqu'elle dit qu'il existe des listes de noms de pédophiles et d'abuseurs d'enfants. Comment pourrait-il en être autrement, quand on voit la complexité de l'organisation autour de Marc Dutroux ?

Le simple fait qu'il ait pu, sans être dérangé, construire des cages souterraines pour y enfermer des gens comme des animaux, avant de les transférer ailleurs, est déjà surprenant. Qu'il ait pu compter sur des protections en ces circonstances précises est évident. J'ai récemment reçu un coup de téléphone d'un ancien détenu qui, pendant sa période de mise en liberté conditionnelle, avait été cueilli pour ivresse sur la voie publique. Il a été remis au trou,immédiatement. Il a dû purger le reste de sa peine. Et Dutroux, que l'on arrête pour vol de voitures durant sa propre période de liberté conditionnelle, on le relâche presque aussitôt.

Qui peut m'expliquer cette curieuse logique?

Soutenez-vous la demande de plus en plus pressante de l'opinion publique pour le rétablissement de la peine de mort, pourtant abolie il y a peu ?

Je suis en principe contre la peine de mort. Mais j'y suis d'autant plus opposé que son rétablissement pourrait convaincre Dutroux de ne plus faire la moindre déclaration. S'il sait que le châtiment capital l'attend et qu'il n'a plus rien à perdre, il n'aura plus la moindre raison de parler.

Mais je peux difficilement répondre sereinement a cette question. Je ressens tout naturellement une énorme agressivité à l'égard de Marc Dutroux. Pour ma part, on pourrait le mettre dans la même cage que celle dans laquelle il a enfermé les petites, et le laisser mourir de faim de la même façon. Quand il aura crevé, comme il l'a fait avec ses victimes, on pourrait le mettre dans un sac-poubelle et l'enterrer. (Pause)... Je sais, ce n'est pas très réaliste,mais c'est ce que je ressens.

- Les parents de Julie et de Mélissa n'ont pas été tendres avec les hommes politiques.Partagez-vous leur colère?

Entièrement. On ne peut pas dire que l'on ait été noyés de messages de sympathie de leur part. Quand il s'est agi d'assister à un match du club de Bruges, le Premier ministre n'a pas hésité à suspendre une réunion de cabinet. Mais pour nous, il n'a même pas pu décrocher son téléphone. Pas plus durant les douze mois pendant lesquels nous étions sans nouvelles de nos filles que maintenant. Non que j'attendais cela, mais

Est-ce trop demandé qu'un geste ou un mot de compassion ? On aurait apprécié que le Premier ministre nous donne un coup de fil pour simplement nous assurer que tout serait mis en oeuvre afin de retrouver nos filles. Mais non, pas la moindre nouvelle. Ses électeurs seraient-ils soudainement moins importants, une fois qu'ils lui ont donné leurs voix ?

- Certains vous ont reproché d'avoir trop parlé aux médias. La critique vous touche ?

- Oui et non. Oui, parce que je la trouve totalement injustifiée. Non, parce que ce sont toujours les mêmes qui émettent ce genre de critiques. Dans des circonstances pareilles, on ne peut pas vous demander, au nom de la sérénité, de rester sur la réserve. Si, tout comme les parents de Julie et de Melissa, nous ne nous étions pas fait entendre, si nous n'avions pas conspué certaines institutions, certaines structures, on n'aurait jamais retrouvé Sabine et Laetitia à temps. Après la disparition de Laetitia – alors qu'il y avait bien moins d'indices que dans le cas d'An et Eefje tendant à prouver qu'il s'agissait d'un enlèvement -, on a immédiatement mobilisé tous les moyens pour la retrouver. Si on avait procédé de la même manière un an auparavant, on aurait retrouvé nos filles vivantes.

- Vous avez dit que vous n'oublieriez jamais l'enterrement de Julie et de Mélissa...

- Quand ma femme et moi sommes arrives à Liège, la chaleur du public fut extraordinaire. Le public a spontanément applaudi. Une merveilleuse démonstration de. solidarité, qu'il est difficile d'exprimer par des mots. Un sentiment total d'appartenance à une communauté et la chaleur enveloppante de gens qui ne nous ont jamais abandonnés dans notre combat. Et qui, tout comme nous, ont envie que l'enquête soit menée jusqu'à son terme, quelles que puissent être les horreurs auxquelles nous pourrions encore être confrontés. Parfois, on me demande comment on peut tenir debout dans une telle épreuve. Précisément, parie soutien de toute la population. Ma femme et moi sommes très reconnaissants à tous ces gens, dans notre pays, qui nous ont témoigné leur sympathie par une petite carte, un coup de téléphone, ou un engagement personnel. Qu'ils en soient tous sincèrement remerciés.

 

 

 

 

Sept années qu'elle attend le moindre signe d'espoir.('Ciné Télé Revue'12 septembre 1996 page 26 et 28)


DOCUMENT EXCLUSIF

 ALLONS, MADAME, SI VOTRE FILLE AVAIT ÉTÉ KIDNAPPÉE, ON TROUVERAIT QUELQUE CHOSE.ON A BIEN RETROUVÉ LA PIPE DE VDB... »

 Sept années qu'elle attend le moindre signe d'espoir. Sept années qu'elle subit l'incompétence, l'imbécillité, les vexations scandaleuses d'une certaine police. La maman d'Élisabeth Brichet reçoit « Ciné-Télé-Revue ».

Accusations. Et honte.

Ciné Télé Revue du jeudi 12 septembre 1996 page 26 et 28

Il est un petit peu plus de 18 h 30, le 20 décembre 1989 à Namur, lorsqu'une enfant quitte une maison du quartier Saint-Servais, où elle vient de passer l'après-midi avec une bonne copine, pour rentrer chez elle. Elle n'y arrivera jamais. Quelque part, sur son chemin, se produira le sinistre scénario maintenant bien connu : une voiture qui ralentit, une portière qui s'ouvre. Puis, le néant. L'absence. Elisabeth Brichet, 12 ans, vient de disparaître. On ne la reverra plus. Pour ses parents commencent de longues années d'attente, d'angoisse et de doute. Car la justice, une fois de plus, ne se montrera pas vraiment à la hauteur de ce qu'exige cette situation tragique. Certes, te juge prendra son travail à coeur, mais la police, en revanche, aura nettement tendance à ne pas se fatiguer. Sept ans. Plus tard, à la lumière crue des événements horribles que vit le pays, la maman d'Elisabeth Brichet ne mâche pas ses mots. Elle accuse ce système qui, par corruption ou laisser-aller, par mauvaise volonté ou par imbécillité, permet qu'arrive l'inacceptable. II n'y a pas de mot pour qualifier ce que cette femme a enduré.

Dès le premier contact, au téléphone, les choses avaient été claires : « Si vous voulez faire pleurer avec le portrait d'une mère éplorée et prostrée qui attend son enfant, ne venez pas, vous perdriez votre temps. Moi, je me bats, et j'essaye d'avancer... »

Se battre, Marie-Noëlle Bouzet, la maman d'Elisabeth Brichet, ne fait que ça depuis sept longues années, révoltée parle peu de cas que l'on fait, en Belgique, de ces enfants qui disparaissent. Son chagrin, ce chagrin qui la ronge depuis des années, elle préfère le garder pour elle et, protégée par cette carapace que les événements lui ont fabriquée, elle ne le livrera pas en pâture aux journalistes qui viennent l'interroger.

« Souvenez-vous de ce que disaient, il y a quelques jours, les parents de Melissa ou ceux d'An, sur le mur d'incompréhension auquel ils se sont heurtés en se frottant à la machine judiciaire. Eh bien, dans mon cas, imaginez que les choses ont été trois ou quatre fois pires. Quand j'ai évoqué l'hypothèse d'un enlèvement à des fins de pédophilie, presque immédiatement après la disparition d'Elisabeth, c'est à peine si on ne m'a pas ri au nez en me traitant de pauvre folle. A l'époque, plus encore qu'il y a un an ou deux, personne n'acceptait, même un instant, de croire à cette hypothèse... »

Pourtant, la maman d'Elisabeth sera bien accueillie parle juge Guy Comeliau, en charge de son dossier et auprès duquel elle trouvera toujours une écoute attentive et de la compréhension. Seulement voilà : un juge d'instruction, ça travaille dans son bureau et ça n'a, le plus souvent, connaissance de la réalité des choses que par le biais des rapports et des procès-verbaux que lui adressent les enquêteurs. Ce sont les enquêteurs, en définitive, avec leurs faiblesses et leurs a priori, qui orientent l'enquête. Et, pour le commissaire Jean-Marie Deside, de la section jeunesse de la P.J. de Namur, les choses sont évidentes, limpides : Elisabeth a fugué, cela crève les yeux.

 « Pensez donc, j'étais une mère divorcée, une caractérielle, une instable incapable de s'occuper normalement de ses enfants. Il a fallu que les années passent et que mon fils réussisse ses études universitaires pour que mes interlocuteurs commencent enfin à se dire qu'au fond, nous étions peut-être une famille "normale", comme les autres... »

En attendant, le temps aura passé. Lorsque,à peu près trois mois après les faits, le fin limier de la police de Namur se rend compte que la fugue n'est peut-être plus aussi sûre qu'il le pensait, il se tourne vers l'hypothèse familiale

«J'avais des choses à dire, des pistes à proposer. On a refusé de m'entendre en me répondant à peu près que je racontais n'importe quoi dans le seul but de cacher la vérité, de camoufler ce qui se passait chez moi et qui expliquait, fatalement, la disparition de mon enfant. La preuve que ce n'était pas un enlèvement : on ne trouvait aucun indice. Sans cesse, on me répétait : "Allons, Mme Bouzet, si la petite avait été kidnappée, on trouverait quelque chose. On a bien retrouvé la pipe de VDB. Alors, arrêtez de fabuler et dites-nous ce qui s'est vraiment passé... » Brillante logique policière.

Cette fois encore, le commissaire Deside fera chou blanc. Ce nouvel échec ne le rendra ni plus modeste ni plus efficace, et sa dernière trouvaille sera celle de l'enlèvement suivi du viol : Élisabeth est morte, enterrée quelque part et on la retrouvera un jour. Ou peut-être pas, allez savoir ! Sans importance, d'ailleurs, affaire classée : la petite Brichet, pour des hommes comme Deside, n'est qu'un numéro de dossier, un nom sur une fiche, une abstraction qui ne doit surtout pas les déranger. Les victimes dans leurs cartons, leurs parents sous tranquillisants, et qu'on ne vienne surtout pas nous donner de leçons ou de conseils. C'est ça, le secret de la bonne police.

L'enquête, si on peut vraiment appeler ça une enquête, continuera, cahin-caha. Avec plus de bas que de hauts. Quand une dame digne de foi se présente et raconte avoir vu des choses qui méritent, au minimum, vérification, on la retourne sur le gril. La femme a aperçu une petite fille blonde aux yeux bleus à l'arrière d'une voiture, à l'heure des faits, mais, par honnêteté, elle refuse d'affirmer qu'il s'agit de la petite Élisabeth. Cette retenue devrait crédibiliser son témoignage. II n'en est rien. Le dialogue s'installe

Était-ce Élisabeth Brichet ?

Je ne sais pas, je ne la connais pas. Tout ce que je peux dire, c'est que c'était une petite fille aux yeux bleus...

- Soyez plus précise...Comment le pourrais-je sans aller plus loin que ce que j'ai vu?

Et le commissaire d'acter : « Le témoin ne reconnaît pas Élisabeth Brichet. » Point final. Le dossier se referme. Et tant pis si cette petite phrase du commissaire n'a rien à voir, mais vraiment rien, avec le fond de la déposition, dont elle constitue une scandaleuse interprétation.

Alors, dégoûtée, la maman d'Élisabeth va devenir cette empêcheuse de tourner en rond, cette femme qui refuse de faire bien gentiment son deuil, en silence, dans son coin : « Je les dérange, je les emmerde. C'est ça, la vérité. »

Vient, enfin, le soir du 15 août et la libération de Sabine et de Laetitia. Puis, deux jours plus tard, la découverte des corps de Julie et de Mélissa. L'horreur. La stupeur. Le sentiment glacial que sa propre fille a peut-être aussi subi une telle monstruosité. Des événements vécus avec d'autant plus d'intensité que Marie-Noëlle est devenue une amie des Russo et des Lejeune, puis des parents d'An Marchal. Autant de familles éprouvées, mais qui refusent d'abdiquer et qui mènent un combat commun, chacun aidant l'autre à se relever quand il tombe, à surnager quand il risque de se noyer. C'est le choc : « Tout d'un coup, j'ai compris que j'avais raison depuis le début. Et c'est encore plus terrible. Ce qui se passait, c'est vraiment ce que j'avais imaginé dans mes pires cauchemars : les petites enfermées dans une cave et livrées au bon vouloir de quelques pervers. Une amie m'a dit récemment que tout cela lui rappelait le conte de Hans et Gretel, les deux enfants enfermés dans une cage. C'est tout à fait ça. Une histoire tellement primitive qui semble sortir de la nuit des temps, de ce qu'il y a toujours eu de pire dans l'âme humaine... » Depuis, au rythme sinistre des enterrements, le temps a recommencé à couler et l'attente s'est réinstallée, mais les choses, pourtant, ont changé.

Suite page 28…..

Pour la justice, Marie-Noëlle Bouzet n'est plus tout à fait la demi-folle, l'agitée pour laquelle « on » aurait bien voulu la faire passer. Après tout, n'avait-elle pas raison ? Le bon commissaire Deside, lui-même, lui a téléphoné, sur un ton bourru, l'admonestant gentiment, comme une enfant rétive : « Allons, allons, Mme Bouzet, oublions nos petits différends et travaillons ensemble... » Elle lui a raccroché au nez. Mauvaise tête.

Dans sa petite maison, si agréable à vivre, si calme, si sereine, Marie-Noëlle attend encore.

Quoi, au juste ? « Si je dis que j'attends simplement que les pelleteuses aient fini leur travail, on me dira à nouveau que je suis une dure. Pourtant, j'ai deux réactions. J'ai envie, j'ai vraiment envie d'avoir confiance dans le juge Bourlet, mais en même temps, je crois vraiment que si on retrouve ma fille, ce sera l'oeuvre du hasard, de la chance... »

Qu'est-ce qui paralyse cette machine judiciaire qui devrait, pourtant, être au service des citoyens, les protéger ? Marie-Noëlle Bouzet a eu, malheureusement pour elle, largement le temps d'y réfléchir. Elle est presque devenue une spécialiste de la question.

« Un peu de corruption, sans doute, mais ça, c'est la Belgique un petit pays où tout le monde se connaît, surtout dans les sphères du pouvoir. Alors, fatalement, on peut "s'arranger". Pour le meilleur et surtout pour le pire. Pourtant, je crois qu'au niveau où nous nous trouvons, ce n'est même pas ça. Pas besoin de recourir à l'explication du complot ou de la corruption pour comprendre ce qui se passe dans ces affaires. Le pire de tout, c'est la connerie, l'étroitesse d'esprit, l'incapacité à concevoir les choses, les bourdes multiples et la paresse, cette paresse monumentale des hommes et d'un système qui finit par se paralyser... »

Sans parler du désintérêt. Quand, durant les discussions sur le futur partage des tâches entre la gendarmerie et la P.J., au printemps dernier, on a décidé qu'on allait, entre autres, laisser aux P.J. les affaires d'enlèvements d'enfants, quelques policiers ont ricané, comme si on ne leur laissait que les chiens écrasés.

Quand Marie-Noëlle Bouzet raconte l'anecdote, elle se fâche. Mais à sa manière, calmement, sans hausser la voix, simplement en se prenant la tête entre les mains. Comme une femme qui, depuis sept ans, ne s'étonne plus de rien. Et c'est normal : elle a tout vu, tout subi, elle est bien au-delà du mal que pourrait lui faire la vie. Elle reste là, avec ses questions et ses doutes, ses dégoûts et ses révoltes, entourée de quelques amis qui l'aident à vivre. « Après » (car, un jour ou l'autre, il faudra bien qu'il y ait un « après »), elle partira :

« Je ferai ce que je dois faire, avec les parents de Julie, Mélissa et Ann, pour tenter de faire changer les choses. Et quand j'aurai accompli ma part, je m'en irai. Loin d'ici, loin de ce petit pays corrompu où j'ai appris que le pire était toujours possible. »

Loin de ce système qui n'a rien fait, mais vraiment rien, lorsqu'on lui a volé sa fille.

Claude MONIQUET

 

LA DOUBLE ENQUETE ET SES RAMIFICATIONS('Ciné Télé Revue'12 septembre 1996 pg 24 et 25)


LA DOUBLE ENQUETE ET SES RAMIFICATIONS

Plusieurs « haut placés »ont intérêt à ce que Nihoul ne parle pas

Ciné Télé Revue du jeudi 12 septembre 1996 page 24 et 25

Les derniers rebondissements de l'affaire Cools sont-ils totalement indépendants des investigations en cours à Neufchâteau, sous la houlette du juge Connerotte ? Le parquet de Liège aimerait bien nous le faire croire. Certains éléments assez précis, pourtant, pourraient lier les deux dossiers. Entre autres la personnalité de Jean-Michel Nihoul, qui apparaît de plus en plus comme l'un des principaux pivots du groupe responsable de l'enlèvement et de la mort de Julie, Mélissa, An et Eefje. Et de combien d'autres

Ce qu'il est désormais convenu d'appeler « l'affaire Dutroux » a été presque éclipsé, ces derniers jours, par les rebondissements de l'enquête sur la mort d'André Cools.

C'est du moins ce que l'on peut croire à la lueur des communiqués officiels publiés à Liège le week-end passé, et qui affirment que les nouvelles péripéties de « l'affaire Cools » sont totalement indépendantes des investigations poursuivies, à Neufchâteau, par le juge Connerotte et son équipe.

Or, si les deux affaires ne sont pas, effectivement, structurellementliées (la mort d'André Cools n'a strictement rien à voir avec les agissements de Dutroux et compagnie), elles évoluent dans le même contexte général et certains acteurs périphériques se retrouvent dans les deux dossiers. Un bref rappel des faits permettra de mieux comprendre les choses.

Pourquoi les affaires Cools et Dutroux sont liées

Après des années d'immobilisme (Philippe Moureaux lui-même,pourtant connu pour sa modération  et peu porté aux jugements à l'emporte-pièce, a reconnu que l'enquête sur la mort d'André Cools avait été étouffée et manipulée pendant cinq ans), les choses commencent à bouger de manière spectaculaire le 6 septembre. Vers midi,on apprend que Véronique Ancia vient de placer sous mandat d'arrêt non seulement Taxquet et Todarello, mais aussi Simon Solazzo (apparemment suspecté d'avoir recruté le tueur) et Domenico Castellino, un inconnu. Un mandat d'arrêt international a, d'autre part, été lancé à l'encontre de Pino di Mauro, qui serait

«en vacances à l'étranger ». Précision : des aveux partiels auraient d'ores et déjà été recueillis (mais Alain Van der Biest, formellement accusé par Richard Taxquet, qui fut tout à la fois son âme damnée et son mauvais génie, continue, lui, à nier) et les interrogatoires se poursuivent.

De source proche de la « cellule Cools » , on explique aujourd'hui que le mobile de l'assassinat d'André Cools serait à rechercher dans le climat général qui régnait au cabinet Van der Biest davantage que dans un dossier précis. Au moment de sa mort, Cools s'apprêtait, semble-t-il, a réclamer à son parti la « tête » de Van der Biest, et ce qu'il faut bien nommer la « mouvance mafieuse regroupée autour de Richard Taxquet craignait de perdre la couver ture qui lui permettait de vaquer en toute tranquillité à ses juteux trafics.

Parlant de Cools, Taxquet aurait même déclaré à son entourage C'est lui ou moi...

Bien entendu, on ne peut écarter la possibilité que la rancoeur personnelle de Taxquet ait été exploitée par des courants occultes, internes au PS et soucieux de se débarrasser du maître de Flémalle.

Anne-Marie Lizin vient d'ailleurs de demander que toutes les instructions (assassinat d'André Cools, affaires Agusta et Smap) soient regroupées sous l'autorité des mêmes magistrats. Elle avance, entre autres, comme argument le fait que Richard Taxquet fréquentait de manière assidue Georges Cywie, l'homme-clé de la corruption du PS dans le cadre du dossier Agusta : « Pour avoir eu accès à certains témoignages », affirme madame Lizin, «  je sais que Taxquet et Cywie se voyaient au moins une fois par semaine... » Et, pour faire bonne me sure, Anne-Marie Lizin, qui est connue pour ne pas mâcher ses mots et qui n'a, manifestement, pas peur de se brouiIler avec le microcosme liégeois, réclame que ces dossiers chauds soient confiés au tandem

Bourlet-Connerotte. Une pierre dans le jardin de Mme Ancia .

L'étonnement provoqué par ce rebondissement spectaculaire est à la mesure de l'événement et ne fera qu'amplifier lorsque Alain Van derbiest sera, à son tour, placé sous mandat d'arrêt aux petites heures de dimanche: la mouvance à laquelle vient de s'attaquer Mme Ancia n'est-elle pas exactement celle que

«Ciblait», en 1994, le juge Connerotte avant d'être dessaisi du dossier au profit de Liège?

«Pure coïncidence», rétorque-t-on, sans semble avoir appartenu à Bernard Weinstein) ne serait donc pas lié à l'assassinat du ministre d'État.

Deuxième élément : lorsque les enquêteurs arrêtent, il y a quinze jours, le policier Georges Zicot, inculpé dans le cadre du dossier Dutroux, auquel il serait lié par le volet trafic de véhicules », ils savent que celui-ci, non content de protéger Marc Dutroux et sa bande, est également le protecteur d'un groupe de voleurs de voitures proche de De Benedictis, Di Mauro et De Santis. Le coeur de cette bande serait composé d'Albanais et de Turcs très actifs entre Bruxelles et Charleroi, et dont certains (les frères Ciku) ont été inquiétés dans le cadre de l'affaire dite « des titres volés ». Or, nous pouvons révéler que, selon une source proche d'un milieu, les mêmes truands turcs et albanais auraient rendu des services à la mouvance Dutroux en convoyant entre l'Europe centrale et la Belgique des jeunes femmes (toutes majeures, mais de peu) convoitées par le réseau, qui souhaitait utiliser leurs charmes dans des films pornographiques ou, plus simplement encore, les mettre sur le trottoir. Le fait que certains de ces Turcs et Albanais soient notoirement liés au milieu de la prostitution ne serait donc pas un pur hasard.

Pour revenir à Zicot, il semblerait que ce dernier, depuis son arrestation, est très bavard : il ne compte pas «tomber » tout seul et aurait commencé à dénoncer au juge Connerotte les multiples turpitudes de policiers et de magistrats corrompus à Charleroi. II devait d'ailleurs, mardi dernier, être emmené à Liège pour y être confronté avec certains inculpés de l'« affaireCools ».

Troisième élément : nous avons pu apprendre que, depuis plusieurs jours, et sur ordre du juge Jean-Marc Connerotte, les enquêteurs, non contents de rechercher les corps des victimes de Dutroux, tentaient de mettre la main sur des éléments matériels essentiels liés au meurtre d'André Cools. Nous savons de trois sources sûres et indépendantes les unes des autres que, à Keumiée, entre autres, les fouilles poursuivies la semaine dernière avaient pour objet de mettre la main sur une mallette (ou une valise) qui aurait contenu non pas, comme on l'a dit, une liste des clients du réseau Dutroux, mais bien des documents liés à l'affaire Cools et l'arme ou des « éléments de l'arme » du tueur. Ces informations avaient semblé assez crédibles et assez précises au juge Connerotte pour qu'il délivre un mandat et recommande aux gendarmes de « creuser jusqu'à

rire, à liège. « Il y a deux ans, le dossier du juge Connerotte ne permettait pas daller très loin. Aujourd'hui, il en va tout autrement : nous avons des éléments solides qui devraient nous permettre de boucler le dossier. « Pas trop tôt », se diront, non sans raison, les observateurs qui désespéraient de voir cette affaire résolue de leur vivant. Au-delà de cette légitime satisfaction, et sans mettre en doute la version « liégeoise » des faits

(il semble exact que des éléments rassemblés au début de l'été aient, fort opportunément, réveillé la cellule

Cools, sur l'utilité de laquelle on ne pouvait pas ne pas se poser de questions), force est, pourtant, de constater que les investigations du juge Connerotte dans le cadre de l'affaire Dutroux ne sont pas pour rien dans cette évolution positive.

Quels sont donc les éléments qui ont justifié cette surprenante évolution ? Pourquoi Taxquet et ses complices, libérés i l y a deux ans, ont ils été, à nouveau, placés en détention sous les mêmes chefs d'accusation?

Plusieurs éléments communs

Penchons-nous donc sur les recherches poursuivies à Neufchâteau pour tenter de mieux comprendre ce qui lie les deux affaires, ou plus exactement, des protagonistes communs aux deux dossiers.

Premier élément: dans un garage appartenant à Marc Dutroux, les gendarmes saisissent, il y a trois semaines, une moto rouge qui n'est pas sans évoquer celle sur laquelle le tueur d'André Cools était censé avoir pris la fuite. A l'heure actuelle, toutefois, cette piste semble s'être fortement refroidie : on ne parlerait

plus de u moto rouge » dans la nouvelle mouture du dossier Cools, et le véhicule récemment saisi (qui cinquante centimètres de profondeur ». Par acquis de conscience, ceux-ci sont descendus jusqu'à un mètre sous la surface du sol.

Le fait que le propriétaire du terrain, Bruno Tagliaffero, soit mort, l'hiver dernier, empoisonné (et non pas de crise cardiaque, comme on le prétendait jusqu'ici), ainsi que vient de le révéler une nouvelle autopsie, n'est évidemment pas indifférent aux enquêteurs, qui suspectent Marc Dutroux d'avoir commandité ce meurtre. Au passage, un nouveau mystère dans une affaire qui, décidément, n'en manque guère : comment un médecin a-t-il pu délivrer un certificat de décès pour « mort naturelle » dans le cadre de cette affaire?

Derniers éléments : dans les années 80, Annie Bouty compagne de Jean-Michel Nihoul et inculpée depuis peu dans le versant « enlèvements et trafic d'enfants » du dossier Dutroux, avait été très proche de Jean-Marie Guffens, le gestionnaire du « Centre médical de l'Est », qui devait présider à la construction de nouveaux hôpitaux dans la région de Liège. Les hôpitaux ne virent jamais le jour, mais des dizaines de millions furent engloutis (et, dit-on, pas tout à fait perdus pour les caisses noires du PS) dans l'affaire.

A l'époque, ainsi que l'a révélé "De Morgen », Jean-Michel Nihoul « portait les valises » (au sens propre) pour Guffens : c'est lui qui acheminait en Suisse une partie de l'argent détourné par le patron du Centre médical de l'Est. Le couple Nihoul-Bouty était donc particulièrement bien introduit dans les milieux socialistes liégeois. Encore des éléments à creuser pour la « cellule Cools », maintenant sortie de sa léthargie.

Le personnage-clé

Ceci étant, Jean-Michel Nihoul apparaît de plus en plus comme étant, potentiellement, l'élément clé du «réseau Dutroux » . Le week-end dernier , il a été transféré à Bruxelles, où les policiers de la vingt-troisième brigade (nationale) de la P.J. et les spécialistes des moeurs » du commissaire Marnette multiplient, depuis, les interrogatoires. Le luxe de précautions qui a entouré ce transfert (trois véhicules, dont deux remplis d'hommes armés de fusils automatiques FNC) démontre l'importance attachée à la vie de Nihoul. Mais aussi la gravité des menaces qui pèsent sur lui. Les enquêteurs sont en effet persuadés que « certains haut placés » feront tout pour empêcher Jean-Michel Nihoul de parler (les policiers qui ont escorté ce dernier disent d'ailleurs avoir repéré, sur leur parcours, des « anomalies non précisées). C'est dire l'intérêt de faire « craquer » le sinistre personnage à la mine patibulaire. « Si Nihoul parle », nous disait récemment un policier, « nous ne sommes pas près de nous arrêter...

 

C.M.

 

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Philippe Maystad :

Les dépenses de Dutroux étaient trop faibles pour motiver une enquête

Ciné Télé Revue du jeudi 12 septembre 1996 page 25

En date du 6 septembre, Philippe Maystadt, vice-Premier ministre, ministre des Finances et du Commerce extérieur, nous adresse cette lettre :

« Dans votre édition du 30 août 1996, sous le titre "Et "ils" protègent les monstres qui ont fait ça!" vous mettez gravement en cause l'administration des Finances. Dès lors, je crois indispensable de vous communiquer les informations suivantes. :

«  Dès que les faits ont été connus, j'ai ordonné une enquête afin de déterminer s'il y avait eu négligence, voire "aveuglement" ou "paralysie" (pour reprendre vos termes), dans le chef des services de contrôle du ministère des Finances.

Le directeur général de l'Administration des Contributions directes m'a transmis un rapport détaillé à ce sujet.

Il ressort de ce rapport que le dossier d'imposition de M. Dutroux et celui de Mme Martin contiennent bien les fiches d'information transmises par les bureaux de l'enregistrement compétents au sujet des immeubles acquis par ces contribuables.

Il s'agit, pour M. Dutroux, de trois maisons acquises respectivement en 1985, 1986 et 1992 et, pour Mme Martin, d'une maison acquise en 1984. Les autres maisons dont il est question dans cette affaire ne sont pas leur propriété, mais appartiennent à des tiers (dont certains sont probablement des complices).

Ces acquisitions se sont faites aux prix suivants : à Marcinelle pour 250.000 francs, a Marchienne-au-Pont pour 300.000 francs, à Mont-sur-Marchienne pour 325.000 francs. Les dépenses en question étaient donc trop faibles pour motiver une enquête particulière ou une taxation par signes ou indices.

Seule l'acquisition de la propriété à Sars-la-Buissière s'est faite à un prix plus élevé. Elle a été acquise en vente publique pour le prix de 1.850.000 francs. Mais cette acquisition est couverte par un prêt hypothécaire accordé par une banque, si bien qu'une situation indiciaire n'avait pas non plus de raison d'être.

L'agent contrôleur se souvient avoir interrogé l'intéressé pour obtenir les attestations requises concernant l'emprunt hypothécaire et M. Dutroux a fourni ces attestations.

Dès lors, sur base de ce rapport du directeur général, je crois pouvoir conclure que l'administration des Finances a fait correctement son travail.

Ph. MA YSTADT

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Michel Bourlet et le juge Connerotte  leur sécurité directement menacée

Ciné Télé Revue du jeudi 12 septembre 1996 page 25

Depuis quelques jours, les menaces d'attentat se font très sérieuses autour du procureur du Roi Michel Bourlet et du juge d'instruction Jean-Marc Connerotte. Ceux ci n'ont pas été personnellement la cible directe d'intimidations, mais, selon plusieurs sources, des truands du milieu de Charleroi auraient lancé un contrat visant les deux magistrats. Ceux-ci vivent 24 heures sur 24 sous haute protection. Ils ne se déplacent plus qu'en Mercedes blindée. Mitraillette au poing, des gendarmes en gilet pare-balles scrutent les environs à chacun de leurs déplacements, et une escorte composée de plusieurs véhicules d'un escadron spécial d'intervention les encadre constamment. A La Cuisine, le domicile de Jean-Marc Connerotte est surveillé jour et nuit. Plusieurs personnes chargées de sa protection dormiraient même dans le salon, et sa fille est escortée jusqu'à l'école. Les responsables des dossiers 86 (celui de la filière pédophile) et 87 (celui des voitures volées) sont cependant bien déterminés à aller « jusqu'au bout ».

 

 

 

 

Pour coincer les pourris, il faut rompre la loi du silence('Ciné Télé Revue'12 septembre 1996 pg 21)


Pour coincer les pourris, il faut rompre la loi du silence

Ciné Télé Revue du jeudi 12 septembre 1996 page 21

 SCANDALES POLITIQUES ET AFFAIRES ÉTOUFFÉES DEPUIS 1980, ON FAIT TOUT AVALER AUX BELGES. LE DOSSIER VAN DER BIEST N'EST QUE LA PARTIE VISIBLE DE L'ICEBERG

 Où va la Belgique ? Déjà fragilisé par ses problèmes communautaires, négociant maladroitement l'un des virages importants de sa survie, notre pays est au bord de l'implosion.

N'ayons pas peur des mots. Une nation qui ne peut plus s'appuyer sur une justice incorruptible court à sa perte. Un pouvoir politique qui ferme les yeux sur les magouilles ne peut relever valablement les disfonctionnements qui s'offrent à lui.. C'est à nos décideurs de décider. Ou ils acceptent de révéler le nom des compromis et de juger les coupables, ou, demain, nous ne bénéficierons plus d'aucun crédit sur la scène internationale.

Qu'on ne vienne pas nous dire que tout le monde, en Belgique, veut la vérité. La belle affaire.

Oui, il existe beaucoup de gens courageux, qui cherchent à briser la conspiration du silence.

Les Bourlet, Connerotte et tant d'autres travaillent d'arrache-pied. Oui, on trouve encore des hommes politiques intègres, capables de réveiller les consciences et de poser des actes importants.

Puissent les premières mesures de Stefaan De Clerck ne pas rester sans lendemain.

Car les discours lénifiants n'ont jamais été aussi nombreux. Et aussi indécents.

Comment accepter les leçons de morale que nous donnent maintenant les hautes instances de ce pays, les responsables politiques qui, subitement, se pressent au portillon des chaînes de télévision.

Ceux-là même qu'on n'a pas vus pendant des années quand il fallait dénoncer la lie ; quand, surtout, il fallait agir ? II est temps de faire table rase de la tiédeur et de la langue de bois.

Grand temps de dénoncer les manquements graves et le jeu démagogique de certains.

Les réactions de Melchior Wathelet, mais aussi de Jean-Luc Dehaene, qui n'a cru bon d'apparaître que lorsque sa position, en Flandre, était en jeu, de Mme Laurette Onkelinx, dont la minute de silence dédiée uniquement aux petites francophones est une honte, nous écoeurent.

Les Belges ne veulent plus avaler de couleuvres ;ils refusent désormais les silences qu'on leur impose depuis tant d'années. Pourquoi les tueries du Brabant n'ont-elles jamais avoué leurs commanditaires?

Pourquoi, M. Dehaene, refusez-vous une commission d'enquête parlementaire sur les actes commis au Rwanda, alors que 240.000 signatures la demandent ? Parce que le CVP serait impliqué dans le génocide

Pendant que vous paradez, Messieurs les politiques, en pensant à votre carrière, des parents pleurent un enfant disparu. Vous avez trop tendance à l'oublier. C'est en face de ces êtres déchirés que l'on prend conscience de la vraie détresse, celle qui ne cicatrise jamais.

Bon sang, redevenez des êtres humains. Pas des machines à pouvoir.

Et regardez, comme nous les avons vus, les yeux d'une maman, celle de la petite Élisabeth Brichet. Ils hurlent la souffrance que vous ne voyez plus.

 

Marc DERIEZ

 

« J’accuse »('Ciné Télé Revue'12 septembre 1996)


 «  J’accuse »

La « UNE » de Ciné Télé Revue du jeudi 12 septembre 1996

Affaire Cools et Dutroux, magouilles, corruption, protections politiques

La Belgique et ses pourris

 Photos : La maman d’Élizabeth Brichet

 

 

«Des enfants jouent pour des enfants»( «Spectacle» 11 septembre 1996)


Concert en souvenir de Julie et Mélissa «Des enfants jouent pour des enfants»

 Journal « Spectacle » du mercredi 11 septembre 1996

 Des jeunes enfants musiciens, âgés de 9 à 18 ans, ont voulu eux aussi, et à leur façon, non seulement rendre un hommage à Julie et Mélissa, mais aussi exprimer leur espoir en un monde plus juste. Ils vont dès lors mettre sur pied deux concerts de musique classique, afin que vous puissiez les entendre au piano, au violon, à la harpe, au chant, etc. Certains déclameront alors que d'autres se produiront en formation instrumentale.

 Ces concerts du souvenir auront lieu d'une part le samedi 21 septembre à 20 heures en l'église Saint-Gilles à Liège (à l'angle des rues Saint-Gilles, Saint-Laurent et boulevard Kleyer), et d'autre part le dimanche 22 septembre à 15 h 30 en l'auditorium Wielick, place de Bronckaert, 18-20, entre le quartier des Guillemins et le Jardin Botanique. Les prix des places sont fixés pour les adultes à 250 et 400 francs pour un ou deux jours (200 et 350 francs en prévente), et pour les enfants à 150 et 200 francs (100 et 150 francs en prévente).

Pour le samedi, la prévente s'effectue à l'école Saint Sébastien, cour Saint-Gilles (041/52.56.67), tandis que pour le dimanche, vous pouvez réserver vos places à l'auditorium Wielick,place de Bronckaert (041 /53.14.54 de 14 à 18 heures).

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