dimanche 12 octobre 2008

La solidarité des collègues(« LA MEUSE »19 septembre 1996 page 14)


La solidarité des collègues

 « LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996 page 14

 Les sidérurgistes liégeois se mobilisent pour permettre au père de Mélissa de poursuivre son combat

C'est une magnifique preuve de solidarité que tout le bassin sidérurgie que liégeois est en train de démontrer à l'encontre de Gino Russo (36 ans), le papa de la petite Mélissa.

Ouvrier depuis l'âge de 19 ans à Cockerill, Gino Russo est toujours inscrit sur les listes du personnel de Ferblatil à Tilleur alors qu'il n'est plus revenu sur les lieux de son travail depuis le terrible 24 juin 1995, jour de la disparition des deux fillettes.

Ses collègues de travail viennent en effet de lancer une nouvelle opération, en accord avec la direction et les syndicats. Une liste passe actuellement dans toutes les unités de Cockerill (de Flémalle à Herstal en passant par Jemeppe, Tilleur et Seraing) pour demander à chacun des 6.000 membres du personnel de laisser l'équivalent d'une heure compensatoire (environ 400 FB) à destination d'un fonds de solidarité. Les premiers résultats montrent une adhésion en masse

Un tiers de ce fonds ira à l'asbl Marc et Corine tandis que les deux tiers restants payeront les frais engendrés par la nouvelle association «Julie et Mélissa n'oubliez pas! »

Le but avoué est bien sûr de permettre à Gino Russo de poursuivre son combat dans la recherche de la vérité grâce à une certaine sécurité financière.

Nombreuses actions

La solidarité envers les parents des deux fillettes ne date pas d'hier à Ferblatil. Pour la dizaine de collègues directs de Gino, réunis dans la même pause au laminoir à froid «cinq cages » de Tilleur, elle a commencé le jour même de la disparition. « Ce 24 juin-là, à 20 h, Gino a reçu un coup de téléphone de sa femme disant que Mélissa avait disparu, » raconte son ami Pascal Caputi. Il n'a même pas demandé de bon de sortie, il a filé et on ne l'a plus revu à Ferblatil.

La nuit même, ses collègues prenaient déjà des nouvelles pour aider dans les recherches. Et le dimanche, ils participaient aux premières battues. « Par la suite, on a aussi beaucoup aidé les parents à suivre les pistes lançées par les radiesthésistes, explique Andréa Frau. « Souvent, on a senti notre coeur palpiter. Mais après les 300 radiesthésistes qui se sont présentés pour rien, on en a eu marre. »

Se sont alors succédé diverses initiatives pour subvenir aux besoins financiers des parents, comme l'organisation d'un tournoi de football inter-usines l'été 95. Restait toutefois le problème principal, celui du salaire.

« Ferblatil a pris en charge les deux premiers mois de salaire de Gino Russo, nous commente Jean-Pierre De Leersneeder, le responsable de la communication. « Puis, de septembre 95 à août 96, la plupart des ouvriers

ont laissé l'équivalent de 8 h de travail (+/- 2000 FB) pour créer un fonds chargé de payer le salaire de Gino Russo (les charges patronales restant honorées par l'entreprise), le solde servant à financer la campagne d'affichages et les frais de voyages. Il y en eut pour 1,8 million.

Ce fonds est aujourd'hui épuisé. Cockerill a repris a sa charge le salaire de septembre de Gino Russo et la direction lui demandera à la fin du mois ce qu'il compte faire : soit rester dans l'entreprise, soit poursuivre son

travail au sein de son association.

Mais au-delà, son avenir financier restera donc assuré pour un petit temps puisque, si 5.000 membres du personnel laissent chacun une heure de salaire, cela donnera un nouveau montant théorique de 2 millions.

Merci à tous

En novembre dernier, Gino Russo écrivait une lettre à ses collègues, qui est depuis affichée en bonne place : «Il y a aujourd'hui 4 mois qui se sont écoulés et malheureusement, nous n'avons pas gagné puisque nos enfants ne sont toujours pas près de nous.... Il faudra pourtant bien que je retrouve un jour le travail à l'usine avec vous. Car c'est la vie. Mais, en parallèle, je n'arrêterai jamais ma bataille pour retrouver ma fille.

Au nom de Mélissa et de Julie, je vous remercie encore de m'avoir offert la possibilité de me consacrer à elles.»

Cette lettre, pour les collègues de Ferblatil, c'était le plus beau des remerciements. 

Luc Gochel

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 Solidarité aussi avec Jean-Denis Lejeune

 Une très grande souplesse dans ses présences au travail

 « LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996 page 14

  Après avoir été carrossier durant des années chez les pompiers liégeois, Jean-Denis Lejeune a rejoint le concessionnaire Opel Lequet et Herkenne de Herstal en janvier 1990. Ici, la taille de l'entreprise ne permet pas évidemment de payer un traitement entier. Mais la solidarité s'est manifestée par une très grande souplesse de la direction vis-à-vis des absences de Jean-Denis.

« Durant les 15 jours qui ont suivi la disparition, il n'est pas venu travailler, raconte Grégory Havard, un des deux responsables de l'entreprise. Puis, il m'a raisonné pour me dire que cela lui ferait peut-être du bien de reprendre. Mais il était fortement perturbé, on le comprend, et de la cabine peinture où le travail doit être très précis, nous l'avons fait passer à l'apprêtage des véhicules. »

Durant un an, ses venues au travail furent entrecoupées de nombreux certificats médicaux sur lesquels la direction n'émit aucun commentaire.

Depuis la découverte des corps, il n'est plus réapparu. «Je l'ai eu dernièrement en ligne, reprend Grégory Havard. Il est fort occupé pour le moment, pour des émissions télévisées en France, en Espagne, en Italie. Son certificat le couvre jusqu'à la fin octobre. Il reviendra sans doute après. »

De l'avis de ses collègues carrossiers, Jean-Denis a évidemment beaucoup changé depuis le 24 juin 95. « Il travaille normalement puis, une pensée de sa fille lui traverse l'esprit et il est complètement perturbé. Il pointe alors sa carte et va se promener le long du canal.

« Vous savez, reprend Orazio Giunta, quand un client commence à rouspéter parce qu'il a une gratte sur sa carrosserie, vous comprenez bien que pour Jean-Denis, toutes les valeurs ont changé. »

Tous reconnaissent également son courage exemplaire face au scepticisme général: « Il a toujours été persuadé qu'il retrouverait sa fille vivante. On est un peu honteux aujourd'hui de ne pas y avoir cru autant que lui. »

L.G.

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Légende de la photo :

Les collègues de l'atelier de carrosserie

(de gauche à droite): Victor Hansirs, Dario Tomaselli, Philippe Dupont, Orazio Giunta, Charbel Ersoy, Oscar Ligot et le directeur Grégory Havard. (photo: Willy Leclercq)

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HOUFFALIZE

Des fouilles dans une maison de la famille Dutroux à Bœur

« LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996 page 14

On prépare le terrain, avant l'arrivée des chiens et du radar

D'IMPORTANTS travaux de nettoyage et de fouilles ont débuté hier, en fin de matinée, au no 21 dans le petit village de Boeur, à une dizaine de kilomètres de Houffalize (centre de la province de Luxembourg).

Une vingtaine d'hommes, des permanents et des volontaires de la protection civile -venant de la Grand Garde de Neufchâteau et du poste avancé d'Erezée- ont investi une propriété appartenant à la famille Dutroux

(côté paternel). Les arrière-grands-parents et les grands parents de Marc Dutroux ont habité cette maison, jusqu'en 1981.

L'habitation, entourée d'un petit terrain, a ensuite été louée jusqu'en 1986.

Depuis cette date, elle est inoccupée. Elle est actuellement à l'état de ruines, à tel point que la première tâche des hommes de la protection civile a consisté à étançonner les murs qui menaçaient de s'écrouler. Ils ont également entamé des travaux de défrichement autour de la maison; des arbres ont été abattus, des branchages enlevés. De même, la cour a été nettoyée de fond en comble comme le sera, ensuite, la bâtisse. La moindre trouvaille est saisie. Aucun indice n'est négligé. Ainsi, on a vu les enquêteurs emporter, dans un sachet en plastique, une botte rouge d'enfant ce qui ne prouve évidemment rien pour l'instant. « Tous ces travaux consistent, en fait, à préparer le terrain; ensuite les chiens allemands et le radar anglais seront amenés sur les lieux », explique le commandant de la brigade de gendarmerie de Houffalize, M. Duplicy. Dans la région, des champs en friche appartenant à la famille Dutroux pourraient également faire l'objet de fouilles ultérieurement.

Malgré l'importance des moyens déployés par la protection civile un véhicule de télécommunications, deux camions avec conteneurs, un autre équipé d'un grappin, un camion de matériel et de ravitaillement les travaux n'ont pas mis le village en émoi. Hier, en début d'après-midi, absolument personne ne s'intéressait à ces recherches, à l'exception des voisins d'en face. Selon eux, Marc Dutroux et son père venaient parfois dans cette maison en vacances : «Marc avait l'air tout à fait normal. Mais la dernière fois qu'on l'a vu, ce n'était encore qu'un gamin... »

M.D.

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 Braine l’Alleud

Enquêtes dans toutes les directions

« LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996 page 14

Michel Nihoul a-t-il aussi sévi en Brabant wallon ? On sait que les enquêteurs ne négligent aucune piste et que les témoignages affluent à Neufchâteau. Certains sont plus précis que d'autres et pourraient relancer des enquêtes jusqu'à présent inabouties. Le cas de cette dame de Braine l'Alleud qui désire garder l'anonymat est à ce sujet éclairant.

Fin des années '80, sa fillette de 11 ans est par deux fois importunée par un individu circulant en voiture, qui l'invitera même à monter dans le véhicule. Une semaine après ces faits, la fillette aperçoit à nouveau le même individu, dans la même voiture (dont elle mémorisera une partie du numéro de plaque) rôder dans le même quartier.

Mère et fille se rendent à la gendarmerie et déposent une plainte. Début septembre dernier, la dame se rappelle cette histoire ancienne et réinterroge sa fille (aujourd'hui majeure), lui demandant une description de l'inconnu en voiture. La jeune fille a encore un souvenir très précis et brosse un portrait qui semble correspondre à celui de Michel Nihoul. La dame montre alors une photo de ce dernier, découpée dans un journal: « Ma fille a blêmi, raconte-t-elle, et m'a dit: « C'est lui, j'en suis sûre. » Nous sommes retournées à la gendarmerie pour y faire une nouvelle déposition. »

A la gendarmerie, on montre à la jeune fille une autre photo de Nihoul. Elle le reconnaît formellement.

Elle donne ensuite une série de détails sur le véhicule et la partie du numéro de plaque, dont elle se souvient encore, plusieurs années après. Elle ajoute qu'elle a eu connaissance de faits similaires à la même époque.

Dès lors, le dossier est acheminé vers Neufchâteau.

Si madame X nous a raconté cette histoire, c'est «pour que d'autres gens, à qui c'est arrivé, se manifestent. Si ce type u aussi agi chez nous, ils doivent le dire. Et velu conduira peut-être vers d'autres pistes. »

Ce type de témoignages, la cellule de Neufchâteau en reçoit de nombreux, en provenance de tout le pays. Si, actuellement, aucun dossier n'est ouvert au parquet de Nivelles à charge de Michel Nihoul, il n'en reste pas moins que des témoignages assez précis sont parvenus aux enquêteurs de Neufchâteau, «plus que quelques-uns », dit-on du côté de la gendarmerie, sans vouloir en préciser le nombre.

Cela concerne des agissements suspects, dont des tentatives d'enlèvement, voire des séquestrations. Tous ces témoignages font l'objet de vérifications minutieuses.

Cela ne se limite bien sûr pas au Brabant wallon: «Il n'y a pas de limite géographique aux actes de la harde », précise le major Cuissard. Ni de limite dans le temps. Actuellement, les enquêteurs opèrent des vérifications sur des dossiers vieux de plus de dix ans: « On remontera aussi loin que nécessaire. La priorité reste bien sûr aux dossiers d'enlèvement que nous connaissons mais nous vérifions tout. » Et même, si c'est possible techniquement, des numéros de plaque incomplets remontant à la fin des années '80.

Les dépositions du type de celle de madame X sont en tout cas prises très au sérieux et il n'est pas impossible que les enquêtes complémentaires débauchent sur de nouvelles inculpations à charge des personnes déjà arrêtées, au d'autres...

Benoît Jacquemart

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FOUILLES étangs Caluwart

Descente musclée près des étangs Caluwart à Roux,Dutroux y aurait eu une caravane, il y a 15 ans

« LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996 page 14

 Que cherchaient les enquêteurs de la cellule de Neufchâteau, mardi soir, à la limite de Jumet et de Roux ?

Le couple âgé qui habite à deux pas des étangs Caluwart se le demande sans doute encore, lui qui a été

« Investi » par une escouade de gendarmerie sans aucun ménagement, avant de voir sa maison fouillée de fond en comble.

Retour en fin de journée mardi, vers 19 h, quand des véhicules de la gendarmerie accompagnés du juge d'instruction Connerotte et bientôt suivis de camions de la Protection civile arrivent à la limite de Jumet et de Roux. L'endroit est champêtre, dans le bas du tienne d'Heigne. La rue Sous-le Bois fait frontière entre les deux anciennes communes. Habituellement, aux abords des étangs, il n'y a que des pêcheurs qui pratiquent leur sport sur les rives.

Soudain, mardi soir, c'est un véritable assaut qu'on donne, à entendre un des beaux-fils du couple âgé qui vit dans l'unique maison, au bout du sentier du Bordia, le chemin de pierrailles qui fait face au Café de l'Étang.

On débarque mitraillette au poing, documents à l'appui, et on se met à fouiller la maison de la cave au grenier.

A la recherche de quoi? On l'ignore, on ne précise évidemment rien. La «visite» va durer plus de 2 h.

Vers 21 h 30, tout est dit et les enquêteurs repartis.

Un ruisseau souterrain

Qu'espérait-on trouver là? Le couple qui y vit seul, et dans un état de santé déficient, n'y est apparemment pour rien. Son tort est d'habiter, au bout du sentier du Bordia, une maison en contrebas d'une pente herbeuse au sommet de laquelle se trouvaient les installations du charbonnage Saint-Louis, à Jumet. C'est au pied de ce charbonnage que naissait un ruisseau souterrain qui passe sous la propriété attenant à la maison du couple.

Espérait-on y trouver des indices particuliers enfouis? Peut-être bien. Selon des proches, il y aurait autre chose. On dit qu'il y a une quinzaine d'années de cela, Marc Dutroux avait installé une caravane dans laquelle il vivait par intermittence. On s'y rendait par un petit chemin disparu depuis, tout comme la caravane d'ailleurs. Seule cette proximité d'une ancienne «résidence» de Dutroux expliquerait ce soudain afflux des autorités judiciaires.

Hier après midi, ni les vieux occupants de la maison ni leurs proches ne semblaient s'en être encore remis. D'ailleurs, dans la matinée, des gendarmes venus demander une nouvelle visite en ont été pour leurs frais ils n'avaient, dit-on, pas les mandats qui les autorisaient à explorer une fois encore les lieux. Quelques véhicules de gendarmerie ont effectué l'une ou l'autre navette pendant une partie de la journée. Leurs occupants ont été accompagnés, parfois, de membres de la famille visitée la veille.

Au café, face au petit chemin qui conduit à la maison isolée, on était partagé entre l'émotion rétrospective et l'interrogation: pourquoi s'en, prendre, et de cette manière-la, a deux personnes âgées dont rien n'indique qu'elles ment eu un quelconque rapport avec Marc Dutroux ?

Philippe MAC KAY

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 Les ravisseurs des deux jeunes filles de Bouillon se sont probablement trompés de chemin

 « LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996 page 14

 Les ravisseurs des deux adolescentes bouillonnaises, enlevées le samedi 14 septembre dernier et retrouvées saines et sauves quelques heures plus tard, se sont vraisemblablement trompés de chemin.

C'est du moins ce qui, a-t-on appris auprès des enquêteurs, pourrait expliquer qu'ils aient abandonné les deux jeunes filles dans un fossé non loin du poste frontière de Beaubru.

 Après avoir enlevé leurs victimes, il est vraisemblable que les deux hommes aient eu l'intention de partir vers la France et sans doute de se cacher dans les bois afin d'attendre que la nuit soit tombée pour poursuivre leur route.

il est fort probable aussi qu'ils ont emprunte une petite route de traverse qui conduit vers la France, permettant ainsi d'éviter le poste de frontière de Beaubru et de reprendre la route BouillonSedan par la suite. Toutefois si 'on n'y prend garde, cette route peut ramener usager sur cette même route Bouillon-Sedan mais dans le sens France-Belgique.

 Lorsque les ravisseurs se sont aperçus de leur erreur, il leur était impossible de faire demi-tour ou marche arrière à cause de la berme centrale.

 Ne tenant pas à traverser la frontière avec les deux adolescentes endormies dont le signalement avait été diffusé, ils les ont sans doute abandonnées dans le fossé où elles se sont réveillées.

Pour les enquêteurs, il ne fait plus aucun doute qu'il s'ait bien d'un enlèvement et ce autant plus qu'un jeune garçon, victime d'une tentative d enlèvement le 15 août à Habay, a reconnu dans le portrait-robot diffusé l'une des personnes qui avait tenté de l'enlever.

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 CALIFORNIE

 Les pédophiles récidivistes désormais passibles de «castration» chimique

 La prise d'un médicament atténuant les pulsions sexuelles

 « LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996 page 14

Les pédophiles récidivistes sont désormais passibles d'une « castration » chimique en Californie, premier État américain à inclure une telle disposition dans son arsenal répressif, aux termes d'une loi signée mardi par le gouverneur de l'État Pete Wilson.

Selon ses partisans, la «castration» chimique, en fait la prise d'un médicament atténuant les pulsions sexuelles, a eu des résultats positifs dans plusieurs pays d'Europe. Ses adversaires, comme l'ACLU, l'Union américaine pour les libertés civiques, affirment en revanche qu'il s'agit d'une disposition anticonstitutionnelle.

La loi signée mardi par M. Pete Wilson et qui avait été adoptée en août dernier par les deux chambres du Congrès de Californie prévoit qu'à partir de la deuxième condamnation, un pédophile coupable d'agression sexuelle sur un enfant de moins de 13 ans devra subir un traitement médical hebdomadaire à sa sortie de prison. Le seul "choix qui lui est laissé est une castration chirurgicale.

Le médicament utilisé est le Depo-Provera, qui a pour effet de réduire le niveau de testostérone, et par conséquent le désir sexuel, chez celui qui le prend. Le traitement doit être poursuivi tant qu'une commission l'estime nécessaire.

Les pédophiles ne peuvent s'arrêter parce qu'ils sont victimes d'une impulsion à agir comme ils agissent», a déclaré Pete Wilson au cours d'une cérémonie de signature organisée près d'une école où des enfants avaient été terrorisés par un pédophile. « C'est pourquoi nous prenons une mesure de bon sens pour éliminer cette impulsion maladive chez nos criminels les plus malades ».

Le nouveau texte de loi donne également à un juge l'autorité d'imposer une « castration » chimique à un pédophile condamné pour la première fois pour un crime perpétré sur un enfant de moins de 13 ans.

Selon les statistiques officiel les californiennes, plus de la moitié des criminels sexuels commettent un nouveau crime dans l'année qui suit leur libération et trois sur quatre seront coupables d'une nouvelle infraction dans les deux années.

Dans un communiqué, le bureau du gouverneur affirme que cette procédure est en vigueur depuis plusieurs décennies dans des pays européens, notamment la Suède, le Danemark et l'Allemagne. Il cite une étude danoise qui fait état d'un taux de récidive de seulement 2,2 % parmi les pédophiles« chimiquement castrés ».

 Des projets de loi similaires à celui approuvé en Californie sont actuellement examinés dans les États de Floride, du Michigan, du Massachusetts, du Texas et de Washington.

 

 

 

Les métallos Liégeois tous avec Gino !(« LA MEUSE »19 septembre 1996)


Les métallos Liégeois tous avec Gino !

 La « UNE » du journal « LA MEUSE » du  jeudi 19 septembre 1996

Les sidérurgistes de tout le bassin vont faire cadeau d’une heure de travail  pour permettre au père de Mélissa de poursuivre son combat

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 • Fouilles en peu partout dans la journée d'hier

 • En 1988, Nihoul sévissait déjà dans le Brabant wallon

 • Comment sont accueillis les enfants victimes d'abus sexuels par la Justice belge

 • En Californie, les pédophiles récidivistes, passibles d'une castration chimique

 

L’enquête est clôturée («Dernière Heure »18 septembre 1996 page 8)


L’enquête est clôturée

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

ULTIME MISSION DE JACQUES VELU

BRUXELLES - Depuis hier, M. Jacques Velu n'est plus procureur général près la Cour de cassation. M. Velu part à la retraite et c'est Mme Liekendael, avocate générale près la Cour de cassation, qui lui succède. Jacques Velu a fait irruption dans l'actualité le 1er février 1994, quand il a demandé le renvoi devant la Cour de cassation du ministre Guy Coëme et du secrétaire général de l'Otan, Willy Claes, dans le cadre de l'affaire

Agusta. C'est lui 'également qui, en juin de la même année, dessaisira le juge Connerotte, de Neufchâteau, dans l'enquête sur les titres volés ue le juge liait à l'assassinat 'André Cools. C'est encore lui qui obtiendra la condamnation de Guy Coëme dans le cadre du dossier inusop. L'ancien ministre de la Défense nationale a écopé de deux ans de prison avec sursis et s'est vu priver de ses droits civils et politiques pour cinq ans pour avoir bénéficié d'un certain nombre d'avantages lors de la commande d'études et de sondages à l'institut que dirigeait alors Camille Javeau.

Suppositions

Né en 1926, Jacques Velu avait accédé à la fonction de procureur général près la Cour de cassation à la mi-février 1993. Ce docteur endroit et licencié en sciences économiques et financières de l'Ulg a débuté sa carrière en 1949, en tant qu'avocat au barreau de Bruxelles. Substitut, procureur du Roi, puis avocat général à la Cour de cassation, Jacques Velu est devenu premier avocat général en 1989. Spécialisé dans la problématique des Droits de l'Homme, professeur, il est l'auteur d'une centaine d'ouvrages et d'études.

Avant son départ, M. Velu a rempli une dernière mission importante, à savoir la réalisation d'un rapport sur d'éventuels dysfonctionnements au parquet de Mons. Ce rapport devait arriver mardi après-midi sur la table du ministre de la Justice tout comme celui de Mme Thily, procureur général de Liège. M" Thily avait été chargée d'établir un rapport d'enquête sur la manière dont a été instruit le dossier Julie et Mélissa.

Le procureur général de Liège a donc entendu les enquêteurs et la juge d'instruction. Dans quel sens vont ses conclusions  On ne peut que faire des suppositions sur base de commentaires, mais il apparaît d'ores et déjà que la gendarmerie et, plus précisément une partie de son état-major, n'aurait pas communiqué des informations essentielles à Mme Doutrewe, la juge chargée du dossier.

Au cabinet du ministre de la Justice,on expliquait que M. De Clerck voulait toute la clarté, mais que les enquêtes disciplinaires ne sont pas publiques. Tous les documents ne seraient donc pas soumis aux parlementaires et à la presse. L'important est que l'essentiel des responsabilités soit dégagé.

Ch. D.

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Un ordinateur a actualisé le portrait d'Elisabeth Brichet

 « La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

L'OPÉRATION A ÉTE JUGÉE TROP COÛTEUSE EN BELGIQUE

NAMUR- Si elle vit encore, Elisabeth Brichet est une jeune fille de 19 ans. Ses proches, qui continuent à attendre des nouvelles, ont fait réaliser un portrait vieilli. Ils ont dû s'adresser à une organisation étrangère puisque cette opération est, à l'heure qu'il est, impossible à réaliser par nos forces de police...

Cet outil est estimé trop coûteux par nos enquêteurs qui estiment trouver ailleurs, à l'étranger (au Canada, essentiellement), des gens extrêmement coopératifs... pour un prix de revient inférieur.

Le 20 décembre 89, en début de soirée, Elisabeth Brichet avait quitté la maison de son amie, sur la chaussée de Waterloo à Saint-Servais, pour rentrer chez elle, 300 mètres plus loin. Elisabeth n'est jamais arrivée. Une demi-heure plus tard, celle-ci avait alerté la police. Pendant les vacances de Noël qui suivaient, le substitut en charge du dossier avait été convaincu qu'il s'agissait d'une fugue. Ceci, en dépit des dénégations de la maman, Marie-Noële Bouzet.

L'affaire n'avait été confiée au juge d'instruction, Guy Coméliau, que bien plus tard, et parce que la famille s'était constituée partie civile.

Sept ans se sont écoulés depuis cette disparition sans trace. Sept ans pendant lesquels les parents, Mme Bouzet et M.Brichet, ont nourri toutes les espérances et vécu les découragements les plus profonds.

Les enquêteurs ont suivi de multiples pistes qui les ont notamment conduits en Italie et aux iles Canaries. Elisabeth est restée introuvable.

A Lourdes

Les premières heures de la disparition auraient dû être exploitées car, l'actualité le démontre, elles sont déterminantes. Parmi les espoirs fous, il a eu ce témoignage tardif d'une dame qui disait avoir aperçu ce soir-là, dans une voiture, à cet endroit, une fillette blonde aux yeux bleus, qui semblait effrayée. Il y a eu aussi cette hôtesse de l'air qui 'était convaincue d'avoir vu Élisabeth sur l'un des vols où elle avait travaillé.

Récemment, une Dinantaise a raconté avoir vu Élisabeth, l'an dernier, non loin de lourdes. On ignore si ses affirmations ont été vérifiées. Les investigations menées dans l'affaire Nihoul-Dutroux ne permettent pas encore d'écarter une intervention de ces malfaiteurs dans le dossier Brichet.

Pour les parents, l'incertitude se prolonge donc. La douleur aussi. La dernière en date de leurs tentatives est l'élaboration de ce portrait vieilli d'Elisabeth, par ordinateur, une société spécialisée Nationnal Center for missing and exploited children, a travaillé sur la photo d'Elisabeth alors âgée de 12 ans. Elle a dessiné ce visage d'une jeune fille, qui doit ressembler trait pour trait à Élisabeth âgée de 19 ans.

Sabine Dorval

Élisabeth, au moment de sa disparition.

(Ph. Alain Pierrard)

 

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Transfert à Neufchâteau

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

LES PARENTS DE LOUBNA SE CONSTITUENT PARTIE CIVILE

BRUXELLES- « C'est faire preuve d'une méconnaissance profonde du fonctionnement du système judiciaire que de se scandaliser de l'absence de juge d'instruction dans l'affaire de la disparition de Loubna Benaissa ». Voilà ce qui nous était répondu en commentaire à la fausse émotion créée hier par nos confrères de RTL-TVi. Ceux-ci relayaient des informations publiées par Het Laatste Nieuws, selon lesquelles après quatre ans, le dossier Benaïssa n'a pas été mis à l'instruction, ce qui est exact, nous l'avons d'ailleurs déjà écrit à peu près vingt fois depuis août 1992.

Mais cela. n'est absolument pas anormal, rétorque le parquet de Bruxelles, et n'implique bien sûr pas que depuis août 1992, rien n'a été tait dans ce dossier qui pourrait être lié à l'affaire Nihoul-Dutroux.

En effet, le public doit savoir que :

1) les juges d'instruction ne sont pas seuls à diriger des enquêtes, 2) l'intervention d'un juge d'instruction n'a jamais eu d'effet magique sur un dossier; il ne constitue pas en soi un gage de réussite et 3) le parquet du procureur du Roi est parfaitement habilité - il le fait souvent aussi efficacement qu'un juge - à demander a un service de police ou de gendarmerie à procéder à tel ou tel devoir. Ainsi, pendant près d'un mois, l'enquête sur le rapt de l'ancien Premier ministre Paul Vanden Boeynants n'a pas été dirigée par un juge, mais excellemment bien par un magistrat du parquet, le premier substitut Bart Van Lysebeth.

Le procureur du Roi ne met un dossier à l'instruction que lorsque certains actes ou devoirs (mandats d'arrêt ou de perquisition, autopsie d'un cadavre, écoutes téléphoniques) sont nécessaires. Faute de piste hélas, de tels devoirs d'enquête n'ont pas dû être menés après la disparition de Loubna.

En revanche, il y a eu un vrai scandale dans l'affaire Benaïssa-et nous l'avons dénoncé déjà : pendant les cinq premiers jours  de la disparition, du mercredi 5 août 92 au lundi 10, aucun service de police n'a pris au sérieux la disparition de la petite fille.

Nihoul impliqué

Les parents de Loubna Ben Aïssa se sont constitués partie civile entre les mains du juge d'instruction Connerotte à Neufchâteau. Le dossier concernant la disparition de Loubna sera transmis à Neufchâteau. Il devrait y arriver dans les prochains jours. Il est assez rare qu'un préjudicié se constitue partie civile entre les mains du juge d'instruction d'un autre arrondissement judiciaire que celui où il a son domicile. Dans le cas présent, il semble qu'il y aurait un lien de connexité entre Michel Nihoul et l'enlèvement de la petite Marocaine. Un témoignage laisserait en effet supposer que Nihoul aurait été vu dans le quartier le jour et l'heure de l'enlèvement de l'enfant, à savoir le 5 août 1992.

 

Gilbert Dupont

 

 

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Nihoul en chambre des mises dès jeudi

 

PEUT-ÊTRE LE VRAI N°1 DE LA BANDE

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

BRUXELLES - « l'ai rencontré M. Nihoul pour la première fois le 16 août. Mon client continue de prétendre qu'il n'a rien à voir dans cette histoire. Il s'accroche à l'idée que la justice fait fausse route et perd un peu de son objectivité, dans la psychose actuelle ».

C'est ce que nous confiait hier Me Virginie Baranyanka, l'un des avocats du Bruxellois Nihoul, dont les enquêteurs se demandent s'il n'était pas le « numéro un » d'un réseau que d'aucuns appellent déjà Nihoul-Dutroux : le monstre de Sars-la-Buissière n'aurait peut-être été qu'un exécutant aux ordres du bruxellois.

L'inculpation de Nihoul dans le rapt et la séquestration de Julie, Mélissa et Laetitia donne du poids à ce qui n'est pourtant qu'une hypothèse de travail.

NihouI comparaîtra jeudi devant la chambre des mises en accusation de liège. Il avait comparu vendredi passé en chambre du conseil. A première vue, les magistrats liégeois paraissent bien pressés, puisque le code d'instruction criminelle prescrit un délai maximal d'appel de 15 jours en vertu duquel Nihoul aurait dû patienter jusque vendredi en huit. Explication ? C'est une façon, pour le parquet de Neufchateau, de regrouper les suspects - Nihoul, Dutroux, Lelièvre, Martin, le Grec et Annie Bouty - en prévision de la prochaine chambre du conseil à Neufchâteau.

Sans l'isolement carcéral dont il profite à Namur, il y a fort à parier que Jean-Michel Nihoul aurait déjà été mis en charpie lors d'un transfert au palais de justice de Liège, des détenus ont hurlé ,«A mort», au passage de Nihoul dont il importe tout de même de rappeler qu'il est encore présumé innocent!

Même si depuis la semaine passée, un témoin accuse le Bruxellois d'avoir participé au rapt à Ixelles, en août 1992, de la petite Loubna Benaïssa. Rien qu'un témoignage tardif, pour l'instant. Hier encore, les gendarmes sont revenus rue du

Conseil, à Ixelles, au domicile de Roland Corvillain, un ami des Dutroux, Lelièvre, Nihoul et mème du père de Patrick Haemers à en croire du moins son ex-compagne qui l'accuse de faits de moeurs sur ses deux grandes filles.

Une trappe

Rue du Conseil, tout avait été fouillé... sauf des égouts trop anciens pour figurer sur les cadastres.

Ces ultimes vérifications ont été menées hier. Sans résultat. En outre, des fouilles ont été entreprises rue D'Ormont, 20/22, à Bouffioulx, où Dutroux a eu l'usage, pendant huit mois, de fin 92 à mi-93, d'un garage, d'un arrière-garage et d'un jardin. Un voisin y a vu Dutroux à de très nombreuses reprises. Dutroux s'occupait de voitures (et d'une caravane) souvent immatriculées aux Pays-Bas. Il ne se gênait pas de changer les plaques de ces véhicules, y apposant des belges dans la rue même, au vu et au su de tout le monde. Une trappe masquée par des planches intéresse les enquêteurs. Les chiens-cadavres allemands ont visité les lieux. Le géo-radar du Britannique John Bennett est arrivé à Bouffioulx à 17 h 35.

Par ailleurs, des fouilles similaires ont été entreprises dans le village d'Anthée. Une propriété qui était fréquentée par Michel Lelièvre y a été inspectée de fond en comble. Les enquêteurs ont emporté quelques objets dont un sac poubelle dans lequel figuraient des objets divers qui devront être analysés. Quant aux fouilles à Tirlemont, elles n'ont pas fourni d'indices.

Gilbert Dupont

 

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PERMISSION DE SORTIE

 

II veut revoir son père !

 

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

LIÈGE -- Le climat engendré par les sinistres exploits de Dutroux et de sa bande est évidemment peu propice aux libérations conditionnelles -- même pour quelques heures -- de personnes condamnées pour pédophilie. C'est bien compréhensible, mais ça peut aussi avoir des conséquences totalement inattendues.

Ainsi en est-il de cette action en référé introduite, à liège, par Nicolas R. Celui-ci avait été condamné, en décembre 1993, à sept années de prison pour pédophilie, un jugement confirmé, en mars 1994, par la cour d'appel de Liège.

 

C'est le ministre de a Justice en personne, M. Stefaan De Clerck, représentant en l'occurrence l'État belge, qui a été assigné devant le tribunal de Liège par ce détenu incarcéré depuis le mois de juin1993. Pourquoi ? Parce que le 7 septembre, on lui refusait une permission de sortie pour rendre une dernière visite à son père qui, comme le précisait un certificat médical produit lors de la demande, serait au seuil de sa vie.

 

Envoyée au directeur de la prison dans laquelle il réside -celle de Tournai - et au parquet général de Liège, cette demande a été rejetée par l'administration pénitentiaire.

Un rejet motivé par le climat actuel et par le fait que la loi Lejeune n'autorise, en principe, une sortie qu'à partir du moment où les deux tiers de la peine sont effectivement purgés.

Introduite ce mardi, l'affaire a été reportée à jeudi. Selon l'avocat de l'État belge, cependant, le pouvoir judiciaire n'est pas compétent pour se pencher sur une décision administrative. En l'occurrence, c'est au Conseil d'État qu'il faudrait s'adresser. « Tout ce qu'il demande, c'est d'avoir un dernier contact avec son père qui est à l'article de la mort», estime, pour sa part, l'avocat de Nicolas R. Même entre deux gendarmes, s'il le fallait vraiment...

 

Ed. F.

 

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Le juge, bouc-émissaire

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

MME DOUTREWE, ATTAQUÉE GRATUITEMENT

LIÈGE - Dimanche, lors de l'émission Controverse sur RTL-TVi, uneréflexion parmi d'autres. Amalgame

Carine Russo sème une nouvelle pincée de trouble dans l'opinion publique. Mélangeant les problèmes du mari de la juge d'instruction Martine Doutrewe a la gestion du dossier de la disparition de Julie et Mélissa, Mme Russo verse dans l'amalgame. Compréhensible, vu le drame mais gratuit, méchant, insidieux, inutile. Mme Doutrewe, critiquée de bout en bout par les familles Lejeune et Russo pour son manque de psychologie, son refus permanent de laisser aux parents l'accès au dossier, a-t-elle mal fait son travail ?

Parfaitement instruit

Le parquet d e Liège dit, au contraire, que le dossier a été parfaitement instruit. L'élément déterminant concernant Dutroux n'était pas en sa possession. Comment aurait-elle pu aller chercher quelque chose dont elle n'avait pas connaissance ?

Et l'inculpation de son époux, M. Guy Wolf, dans une vaste affaire de faillite frauduleuse et d'escroquerie instruite à Bruxelles (le dossier Comuele),n'a vraiment aucun rapport avec le travail de Mme Doutrewe.

Ch. D.

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 Pédophiles en correctionnelle

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

LE PÈRE ET LA MÈRE VIOLAIENT LEUR ENFANT

CHARLEROI - En mars 1994, Alessandro doublait sa première année primaire lorsqu'il s'est rendu en compagnie de sa classe à une animation Sancorres (Santé, corps,respect), qui apprend aux enfants à ne pas supporter, et surtout à dévoiler, des comportements scabreux de la part d'adultes. C'est là que l'enfant a eu le déclic et qu'il a enfin avoué le calvaire qu'il vivait depuis de longs mois auprès de parents pervers.

Au terme de l'animation, en effet, Alessandro est allé trouver l'infirmière pour lui faire des révélations pour le moins choquantes « Papa met son zizi dans mon oreille, sur mon ventre, dans ma bouche... ».

Une réunion de crise a lieu dans la cellule médecine scotaire qui alerte aussitôt les autorités judiciaires. L'enquête ne va pas tarder à donner des résultats: le père et la mère sont entendus et inculpés, le père est placé sous mandat d'arrêt. Les enfants, Alessandro et son frère aine, qui a dû lui aussi subir des sévices sexuels, sont placés en institution.

 

Lésions

Alessandro sera de nouveau entendu, avec toutes les précautions qui s'imposent,, l'enfant est terrorisé : on l'a menacé de le frapper avec une ceinture et avec une pantoufle en bois, s'il parle de tout cela a quiconque. La mère semble avoir joué un rôle actif dans l'affaire: « Maman était là, elle me caressait aussi », avouera l'enfant.

Le père passera 18 mois en détention préventive, avant d'être remis en liberté. Les enfants sont toujours en institution alors que le procès vient de s'ouvrir devant la 6 eme chambre du tribunal correctionnel de Charleroi, présidée par M. Henry. Le tribunal a entendu hier, divers témoins. Le médecin légiste, le Dr Beauthier a ainsi rappelé les lésions anales qu'il avait constatées chez l'enfant, avant que le médecin scolaire ne vienne rappeler, avec une précision accablante pour les parents, qui sont restés de marbre sur le banc de la prévention, les révélations du petit garçon.

Deux éducateurs, ayant en charge les enfants depuis leur placement, sont ensuite passés à la barre. Le premier a évoqué le comportement agressif d'Alessandro vis-à-vis des fillettes qu'il côtoyé et qu'il emmène dans les toilettes pour les toucher. Le second a rappelé une conversation qu'avait eue Alessandro avec un autre enfant victime de sévices sexuels, et au cours de laquelle le garçon avait répété qu'il avait bel et bien été violé par son père.

Enfin, un assistant social est venu confirmer que la mère, lors d'une rencontre avec son fils sous haute surveillance, avait tenté de le faire revenir sur sa version des faits et lui suggérant que c'était des adolescents turcs de son quartier qui avaient eu des violences à son égard.

F. M.

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La prison effrayait Dutroux !

« La Dernière Heure » du mercredi 18 septembre 1996 page 8

 INTERROGÉ EN JUIN PAR UN CONTRÔLEUR DE L'INAMI

MONS - Jacques Delbècque, 35 ans, est contrôleur-adjoint à l'Inami. Il est le seul à exercer cette profession en Hainaut. Sa mission ? Débusquer les travailleurs au noir et, en cas de fraude établie, leur retirer les allocations de chomâge ou les indemnités d'incapacité de travail qu'ils cumulaient jusque là.

Un boulot qui n'attire pas forcément les sympathies et dans lequel on rencontre des tas de gens : des bons, des brutes, des truands (NDLR : M. Delbècque a été chargé d'enquêter sur le Négrier invalide Carmelo Bongiorno, sur Vittorio Adriano et Jean-Claude Estiévenart, deux personnes inquiétées dans le cadre du dossier des Tueurs du Brabant), mais aussi de dangereux pédophiles.

Ce fut le cas en juin dernier, lorsqu'il auditionna un certain Marc Dutroux dans les locaux de l'Inami de Charleroi.

 Un interrogatoire qui, rétrospectivement, fait encore froid dans le dos du contrôleur-adjoint

« Nous nous sommes intéressés à Marc Dutroux suite à une dénonciation. Il touchait depuis 1993, 38.000 F par mois d'indemnités pour incapacité de travail, ce qui représentait 40 % de son dernier salaire. Il était accusé d'avoir des activités de ferrailleur et d'entrepreneur ».

L'audition va durer huit heures. Un record dans le genre « J'avais l'impression de passer à côté de quelque chose d'important », avoue aujourd'hui le contrôleur de l'Inami. Petit à petit, un climat de confiance s'instaure entre les deux hommes. Et Dutroux va se livrer à des révélations sur son passé judiciaire

« Visiblement, il voyait que j'avais eu connaissance de ses antécédents et il voulait se justifier. lise décrivait comme une victime de la société. Il était terrorisé à l'idée d'évoquer sa vie carcérale. Dutroux pleurait presque en parlant des nuits et du stress derrière les barreaux. Il avait aussi une interprétation tronquée du code pénal. Pour lui, un viol, c'était arracher les vêtements contre le gré d'une personne. Il rejetait aussi la considération du jeune âge de ses victimes.

Dutroux ne remettait pas en cause le fondement de mon enquête : sa culpabilité était évidente. Mais cette plainte l'empêchait de se recaser socialement. Il se plaignait aussi d'être persécuté par la gendarmerie ».

 

En juillet, soit un mois avant son arrestation pour les faits horribles que l'on sait, le dossier Inami de Dutroux était bouclé. Mais début août, ce dernier est revenu à la charge via un courrier. Dans cette missive, Marc Dutroux laissait entendre avec un sacré culot qu'il irait en appel de la décision qui le privait de son incapacité de travail. II n'en a pas eu le temps. Depuis, il a regagné ces cellules qui lui font tellement peur et le dossier monté par M. Delbècque est entre les mains du juge Connerotte...

 

Val. S.

 

 

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