lundi 20 octobre 2008

La justice Belge est pourrie par Maître Garaud ( Ciné Télé Revue du jeudi 26 septembre 1996 page 28 ,29 et 30)


La justice Belge est pourrie par Maître Garaud

 Ciné Télé Revue du jeudi 26 septembre 1996 page 28 ,29 et 30

 Ancien avocat de l'affaire Villemin Me Garaud juge les errements de l'affaire Dutroux.

Un réquisitoire impitoyable Pour les Belges, la justice est une vaste pantomime dirigée par Guignol »

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 « Tuer un enfant, c'est tuer le futur. Une société qui ne comprend pas cette règle est vouée à sombrer dans le chaos. C'est ce qui se passe en Belgique»

« J'ai entendu des violeurs d'enfants déclarer : « Faire l'amour à un gosse, c'est lui donner de l'amour »

Cette absurdité, on la doit à des comités qui partent du principe que le monde évolue »

 

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C'est un plaideur de talent, un vieux bretteur des prétoires, qui a la force de convaincre, même dans les situations les plus désespérées.

 Un avocat hors du commun.

A presque 70 ans,l'homme est massif, bien planté sur ses jambes et toujours encombré d'une lourde serviette de cuir bourrée de dossiers. Me Garaud n'accepte pas la banalisation de la violence. Mais, c'est évident, il se place plus volontiers dans le camp des victimes que dans celui des méchants.

Ainsi a-t-il en charge la plupart des dossiers des policiers blessés ou tués dans l'exercice de leurs fonctions.

Au moment le plus critique de l'enquête sur l'affaire Grégory, Me Garaud a soutenu le couple Villemin,ce « couple martyr ».

Sa manie : avouer l'inavouable. Il nous le prouve de manière magistrale en mettant le doigt sur l'épineux scandale qui secoue la Belgique.

- En tant qu'avocat, vous avez « côtoyé » sur le banc des accusés des criminels plus ou moins sanguinaires. Vous, le spécialiste du barreau et de la misérable condition humaine, des individus comme Dutroux, vous pensiez que ça pouvait exister?

S'il y avait un « clignotant » de l'atrocité, Dutroux serait, sans l'ombre d'un doute, dans la zone rouge. Celle de l'innommable, de l’intolérable monstruosité. Il est en effet difficile d'imaginer qu'une personnalité aussi diabolique, aussi machiavélique, puisse exister sur terre. On entre là dans le domaine de l'exceptionnelle cruauté, de l'incarnation du Mal.

Ce qui me frappe dans les affaires Dutroux, c'est le laps de temps qu'il s'est donné pour ses crimes. Voyez-vous, généralement, les viols, les séquestrations s'effectuent brièvement, furtivement... Dutroux, lui, sadique hors norme, a - si j'ose dire - fait durer le plaisir. Je ne voudrais pas heurter les parents de ces petites et de ces adolescentes, en vous déclarant que face à une telle bâte, la mort immédiate, subite, aurait été souhaitable. On ne concevra jamais les souffrances, les sévices que Marc Dutroux a fait endurer à ces martyres.

 Adressons-nous maintenant à l'homme, au père de famille que vous êtes. Quelle attitude adopteriez-vous si vous étiez à la place des parents de Julie et de Mélissa ?

- En premier lieu, je voudrais leur faire part de mon admiration. Ces familles décimées, déchirées, ont fait preuve d'une dignité exemplaire. Après les larmes, il est difficile de ne pas songer aux armes. Maintenant, pour répondre à votre question, je vous dirais que perdre un enfant, c'est, pour un père ou une mère, le malheur absolu. Il n'y a d'ailleurs pas de mots pour exprimer, « évaluer », qualifier cette douleur ressentie. Tenez, un exemple: lorsqu'une femme perd son époux, on dit qu'elle est «veuve ». S'il s'agit d'un enfant qui voit disparaître ses parents, on emploiera le  mot « orphelin ». Mais dès que l'on évoque un papa et une maman perdant le fruit de leur amour, il n'y a pas de mot pour traduire cette situation. A croire que le langage lui même refuse d'admettre la mort d'un enfant.

En tant qu'avocat, je peux, « à la rigueur », comprendre les mobiles qui poussent certains individus à tuer leur voisin pour un bout de terrain ou un membre de leur famille pour une sombre histoire d'héritage. Ces actes font partie de ce que j'appellerai « le fonds de commerce de l'humanité ». Mais tuer un enfant, c'est tuer l'innocence. Tuer un enfant, c'est aussi tuer le futur. Une société qui ne comprend pas cette règle élémentaire est vouée un jour ou l'autre à sombrer dans le chaos. C'est un peu ce qui se passe actuellement en Belgique.

 La Belgique dénonce aujourd'hui les enquêteurs et le laxisme de Melchior Wathelet, ex-ministre de la Justice. C'est lui qui a signé la libération anticipée de Dutroux. « Contre l'avis du psychologue et du procureur général de Mons. » Doit-on engager, Me Garaud, des poursuites à l'encontre du sieur Wathelet ?

 J'espère qu'il s'est trompé de bonne foi. Qu'il pensait réellement avoir raison, même si les événements lui ont prouvé le contraire. Je suppose qu'aujourd'hui, cet homme politique doit avoir quelques problèmes avec sa conscience.

 En décodé, responsable mais pas coupable?

- Ce n'est pas tout à fait ça. Je dirais plutôt que son « intime conviction » l'a fourvoyé.                                L'actuel ministre de la Justice, Ste faan De Clerck, le reconnaît lui-même : « Il y a un décalage entre les textes de loi et leur application. Manifestement, le suivi de Dutroux n'a pas été effectué comme il le devait. » La responsabilité du politique semble d'ailleurs être plus engagée qu'on ne le croit. Sur l'un des p.-v. daté fin 1993, on lit : « Il nous a été signalé qu'il (Dutroux) était occupé à faire des travaux dans les caves d'une de ses maisons de Charleroi (...) dans le but d'y loger des enfants en attente d'être expédiés à l'étranger. » Autre rapport, daté de juillet 1995:

« Aucune trace de présence n'a été relevée. L'intéressé a été entendu verbalement sur le but desdits travaux. Il a déclaré qu'il aménageait ses caves, sans plus. Les travaux étaient à leurs débuts. Août 1995 : les enquêteurs liégeois reçoivent une note confidentielle selon laquelle le violeur a proposé à un« individu » de participer à des rapts d'enfants huit mois auparavant. Selon le bureau slovaque d'interpol, Dutroux a séjourné en Slovaquie (un pays connu pour ses filières pédophiles) et s'y trouvait encore dix jours avant son arrestation. Enfin, le bourgmestre de Braine-l'Alleud a assigné l’Etat belge en justice pour défaut d'assistance et de précaution dans les récents événe-mot « orphelin ». Mais dès que l'on évoque un papa et une maman perdant le fruit de leur amour, il n'y a pas de mot pour traduire cette situation. A croire que le langage lui même refuse d'admettre la mort d'un enfant.

En tant qu'avocat, je peux, « à la rigueur »,comprendre les mobiles qui poussent certains individus à tuer leur voisin pour un bout de terrain ou un membre de leur famille pour une sombre histoire d'héritage. Ces actes font partie de ce que j'appellerai « le fonds de commerce de l'humanité ». Mais tuer un enfant, c'est tuer l'innocence. Tuer un enfant, c'est aussi tuer le futur. Une société qui ne comprend pas cette règle élémentaire est vouée un jour ou l'autre à sombrer dans le chaos. C'est un peu ce qui se passe actuellement en Belgique.

 - Comment, dans un pays où il fait si bon vivre, a-t-on pu en arriver là?

Comment ? En relaxant un homme qui aurait dû expier ses crimes jusqu'à la fin de ses jours. N'ayons pas peur des mots : pour le peuple belge, la justice de la nation est une vaste pantomime dirigée par Guignol. Je reste tout aussi dubitatif sur intégrité de certains membres de l'Etat. Un ancien ministre a été inculpé d'assassinat, puis écroué, et d'autres sont dans le collimateur des enquêteurs. Mais où va donc le Plat Pays?

 - Aurait-on pu, selon vous, éviter les morts de Julie, Mélissa, An et Eefje?

- Je le pense, oui. Dutroux séquestrait ses jeunes victimes dans des cellules. Et ce, au beau milieu d'une petite ville. J'ai été le maire d’une petite agglomération et je puis vous affirmer ceci : lorsqu’un des administrés faisait des travaux ,je le savais. Le «bouche à oreilles » fonctionnait. Un homme qui construit des cellules... enfin, diable, cela aurait dû éveiller des soupçons. A plus forte raison s'il est chômeur et possède plusieurs résidences.C'est incroyable. Pour ne pas dire étrange.

Question brute, M° Garaud : le gouvernement actuel, devant tant d'incompétence, d'inertie, ne devrait-il pas démissionner, ou du moins faire un sérieux examen de conscience?

II est clair que nous sommes en présence de dysfonctionnements surréalistes, gravissimes. Plusieurs unités de gendarmerie de la banlieue de Charleroi avaient en effet détaillé, dans un rapport accablant, les louches activités de Dutroux, depuis sa sortie de prison en 1993. Travaux de maçonnerie,       de cachettes, vols de voitures : les gendarmes savaient. Mais le parquet de Liège, auquel ils affirment avoir transmis ce rapport, déclare n'avoir jamais reçu le précieux document. Qui ment ? C'est la clé de voûte, la question fondamentale à laquelle il faudra trouver LA réponse. J'ajoute qu'en France comme en Belgique, un fonctionnaire n'est jamais responsable à titre personnel si la faute qu'il a commise n'est pas détachable de sa fonction. A partir de ce constat sidérant, comment voulez-vous qu'il y ait des coupables ? Ne nous voilons pas la face : dans l'administration, l'incompétence, la faute, on la sanctionne par un placard doré ou une mutation. Jadis, c'étaient les archives. Aujourd'hui, un fonctionnaire qui commet une « erreur », une « bourde», finira chef d'un service quelconque. Avec, en prime, une augmentation!

- Vous espérez encore quelque chose de l'enquête?

- Oui, qu'il y aura un VRAI rapport à l'issue d'une VÉRITABLE enquête dans les arcanes du gouvernement. J'espère en l'occurrence que les enquêteurs pourront faire leur travail, sans aucune pression, et qu'il ne s'agira pas d'une pseudo-gesticulation dans le but de calmer les foules. Des tètes doivent tomber, des sanctions exemplaires doivent être infligées. Le peuple belge attend des réponses, des faits, des actes, et non des palabres.

 On spécule sur d'éventuels soutiens à Marc Dutroux. Des soutiens policiers, voire politiques. Votre intuition?

Si protection il y a eu, c'est parce que des gens détenant un certain pouvoir, pour ne pas dire un pouvoir certain, avaient tout intérêt à ce que Dutroux poursuive son odieux commerce. Au sein de la gendarmerie, de la police ou des instances gouvernementales, des « amateurs d'enfants » se cachent probablement. Si c'est le cas, qu'ils soient « consommateurs » ou rémunérés pour fermer les yeux, ils devront un jour s'expliquer et payer.

- Marc Dutroux est-il, d'après vous, un Landru moderne créé par une crise de civilisation ? La fin des interdits, un environnement permissif, les institutions en déliquescence et l'absence de toute prévention n'expliquent-ils pas, en partie, la multiplication des drames actuels?

- Dutroux est un pervers. Il n'est, hélas!, ni le premier ni le dernier. C'est une créature engendrée par une société qui a une fâcheuse tendance, ces dernières années, à banaliser la pédophilie. Au cours de ma carrière, j'ai pu entendre ici et là des violeurs d'enfants déclarer : Faire l'amour à un gosse, c'est lui donner de l'amour. » Ce qui est absurde, bien entendu. Ce non-sens, on le doit notamment à des comités divers qui partent du principe que le monde évolue et que les enfants « ont le droit à une vie sexuelle autonome ». Tenez, j'ai sous les yeux une pétition en date du 26 janvier 1977. Dans celle-ci, signée Jack Lang, Philippe Sollers, Bernard Kouchner, etc., et parue dans le journal « Le Monde », que lit-on ? « La disproportion manifeste entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d'une société qui tend à reconnaître, chez les enfants et les adolescents, l'exercice d'une vie sexuelle ! » Après ce genre de postulat, comment voulez-vous que les choses tournent rond ? Notre culture reposait sur un certain nombre d'institutions très fortes : la famille, la religion, la justice, par exemple. Depuis quelques années, beaucoup de ces certitudes ont plus ou moins volé en éclats, on a fait sauter énormément de verrous de sécurité. Il ne s'agit pas d'un jugement de valeur, mais d'une constatation... Jugée contraignante, la famille ne se développe plus; l'Occident ne fait plus d'enfants. Or, si la famille génère de la violence, elle en endigue aussi beaucoup.

Notre civilisation a rendu l'homme insatiable, elle exacerbe toutes les passions, tous les désirs. Cela a de bons côtés, car elle incite au dépassement de soi. Le mauvais côté, c'est que la libération des désirs, c'est aussi la libération des désirs les moins recommandables. Les interdits profonds ne sont plus à la mode. Et comme la culture inculque de moins en moins la protection des faibles, le respect des autres, ce sont les petites filles et les vieilles dames qui en paient les conséquences. De façon triviale, je dirais : plus les gens s'éclatent, plus les faibles trinquent.

 - Que faut-il faire alors des agresseurs sexuels ? Les mettre à l'ombre ou les soigner? Les parquer dans des établissements spécialisés ou les renvoyer, sous contrôle, à la rue et à ses tentations ?

Il y a, hélas!, dans ce genre d'affaires, un petit nombre d'individus qui sont amenés a récidiver. Une question se pose : a-t-on le droit de les remettre en liberté, ce qui revient tout simplement à immoler des enfants ? Je ne vois dans ce cas qu'une solution, la peine de mort. Arrêtons de refuser l'évidence. Pour des cas particulièrement difficiles, l'arsenal répressif (quand il est appliqué), on le sait, ne résout rien et l'arsenal médical reste insuffisant. Il ne faut pas oublier que dans ces pénibles affaires, il y a de nombreuses victimes l'enfant, bien sûr, mais aussi sa famille et la famille de l'agresseur. Cela fait beaucoup de monde, vous ne trouvez pas ?

« La seule issue, c'est la peine de mort »

 - Plusieurs personnalités belges, dont Robert Urbain, ancien ministre socialiste des Affaires européennes, ont demandé un référendum sur le rétablissement de la peine de mort pour les assassins d'enfants. Vous le soutenez donc complètement ?

Incontestablement. Soyons clairs : on ne peut pas se permettre deux poids, deux mesures. On n'a pas le droit de remettre dans le circuit social un ou plusieurs individus susceptibles de tuer ou de violer à nouveau. D'ailleurs, rares sont les psychiatres – encore aujourd'hui - qui peuvent vous affirmer que tel ou tel monstre est devenu un agneau inoffensif. La récidive est toujours latente. Une fois libérés, certains malades sexuels ne suivent pas les traitements médicaux qui annihilent leurs pulsions. La suite, on la connaît. Elle fait la une des journaux et le désarroides familles!

 - Oui, mais la condamnation à mort a été abolie en Belgique. Celle-ci peut-elle, dans l'Europe d'aujourd'hui, faire machine arrière et réactiver la peine capitale ? En a t-elle le pouvoir et, surtout, le droit?

- Rien n'est définitif. Les textes et les mentalités, ça se change. Il ne faudrait tout de même pas être masochiste.

 Mgr Gaillot, interviewé par « Ciné Télé-Revue » il y a plusieurs mois, affirmait que la peine de mort et la prison n'arrangeraient rien. Due seul le traitement médical était efficace. Que lui rétorquez vous?

Que la peine de mort, d'une manière incontestable, empêche la récidive. Ensuite, que, jusqu'à preuve du contraire, un individu, tant qu'il est derrière les barreaux, ne peut pas violer les petites filles. Cela me semble d'une logique implacable, non?

 - Vous ne croyez pas aux peines de prison à perpétuité ou aux peines incompressibles?

Ecoutez. Pour garder un individu en prison à vie, c'est-à-dire pendant quarante ou cinquante ans, il faudrait que l'État s'en donne les moyens. Est-on en mesure de créer les structures indispensables ? Je ne le crois pas. A mon avis, il y a bien d'autres priorités. Les enfants assassinés sont les vôtres, les miens, ceux du gendarme, ou de ta concierge. Ce sont eux que l'on doit protéger avant tout. On n'a pas le droit d'être généreux avec ce qui ne vous appartient pas.

 Une sévérité accrue des peines ou la suppression des remises de peines seraient donc pour vous sans effet?

Affirmatif.

- Y a-t-il un portrait-robot du pédophile?

- Considéré par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) comme la victime d'un trouble de la préférence sexuelle, le pédophile peut, selon les psychiatres, être le fait de gens très différents. Il y a ce que l'on appelle les déficients mentaux immatures, qui ont l'âge mental de leurs victimes, et les névrosés, qui souffrent de leurs pulsions mais ne parviennent pas à les maîtriser. Ils présentent des profils réellement pathologiques. Plutôt séducteurs, ils exercent pour la plupart un métier ou un bénévolat en relation avec l'enfance. Réputés excellents pédagogues, ils bénéficient de la considération générale et se lient souvent d'amitié avec les parents de leurs victimes. Viennent ensuite les prosély tes pervers. Ce sont de grands consommateurs de tourisme sexuel. Ils s'inventent des alibis intellectuels pour justifier leur conduite et militent pour la dépénalisation de la pédophilie. Elitistes, ils se font les hérauts du « nouvel amour » : il faut, selon ces Pygmalions, enseigner aux enfants les plaisirs du corps, au nom de leur épanouissement futur. On en revient un peu à la pétition que je vous évoquais tout à l'heure. Ces pédophiles ne prennent, pour la plupart, que des risques calculés !

Enfin, les occasionnels : ils ne sont pas réellement pédophiles au sens psychiatrique, mais achètent une fillette, après avoir trop bu, à la faveur de la liberté soudain ressentie dans un pays exotique.

Clients habituels des prostituées, ils sont d'autant moins regardants sur l'âge de leurs partenaires que progresse la menace du sida.

 -Tous les pédophiles sont ils des criminels en puissance, en latence ?

Non. Mais ils sont tous dangereux. Et forts. Les pédophiles ne sont généralement pas des agresseurs violents. Plutôt des séducteurs, bons pères de famille, des gens au-dessus de tout soupçon, exerçant - comme je vous le disais précédemment – pour la plupart un métier ou un bénévolat en relation avec l'enfance.

Certains jettent leur dévolu sur une femme divorcée avec enfants ou une mère célibataire, dont ils deviennent l'ami : ils ont ainsi des enfants à leur disposition. Quand ils pratiquent le tourisme sexuel, c'est par facilité : cela leur évite de passer par la phase de séduction.

Ils font semblant de croire qu'il n'y a pas de barrières morales, que la pédophilie est « normale ». En Europe, nous n'avons pas de lobby puissant, à part une poignée d'intellectuels. Mais aux États-Unis, des groupes constitues, a la faveur du 1er amendement de la Constitution (sur la liberté d'expression), militent en faveur de la légalisation des relations sexuel les entre adultes et enfants !

 - Les pédophiles ne bénéficient-ils pas d'une sorte d'impunité face aux témoignages d'enfants ?

Quand la justice déçoit, c'est un deuxième viol. Dans les pays occidentaux, le seul moteur, c'est la volonté politique, donc les budgets. Il faudrait davantage d'unités spécialisées. On n'auditionne pas un enfant comme un adulte. Il faudrait utiliser des moyens audio et vidéo. La Grande-Bretagne vient, par exemple, d'aménager spécialement vingt maisons pour recueillir des témoignages d'enfants.

Chaque pièce est équipée de micros et de caméras, et l'ensemble ressemble à une vraie maison, avec cuisine, salon, chambres, etc. La Grande-Bretagne envisage de prendre aussi des initiatives plus répressives : elle veut créer un registre des pédophiles condamnés. Ces derniers seraient contraints, une fois leur peine purgée, de s'inscrire au commissariat de leur résidence et de signaler leurs antécédents à leur employeur.

 

Propos recueillis par Franck ROUSSEAU

Ce mercredi 2 octobre à 20 h 50 sur France 3, Jean-Marie Cavada consacre « La marche du siècle » aux délinquants sexuels et pose les vraies questions combien y a-t-il de pédophiles en liberté et comment les découvrir ? Que faire des délinquants sexuels et comment soigner les enfants ?

 

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 Ils n'iront pas jusqu'au bout !

Peut-on comparer la Belgique et la France ? Pour le célèbre juge Jean-Pierre, les ressemblances entre le système judiciaire belge et son homologue français expliquent la situation actuelle en Belgique.          

 L'institution judiciaire belge, explique-t-il au « Figaro-Magazine », « s'est largement inspirée du droit français. Elle en a donc aussi copie les dysfonctionnements des juges débordés par le nombre de dossiers à gérer, des blocages ordonnés par la hiérarchie, etc. C'est tout ce qu'on a vécu en France il y a cinq ans. » Très sceptique quant à la réelle volonté des responsables politiques d'aller jusqu'au bout des affaires, l'ancien juge est amer : « On devine dans l'affaire Dutroux l'existence d'un réseau criminel international. Or, malgré les demandes réitérées, il n'existe toujours pas de coopération judiciaire internationale. Plusieurs commissions rogatoires restent bloquées en Suisse et au Luxembourg. Je crains que l'immense émotion vécue par les Belges ne suffise pas à bousculer le système de corruption. »

 

l'enquête sur le réseau Dutroux-Nihoul est sabotée(Ciné Télé Revue du jeudi 26 septembre 1996 page 26 et 27)


 Un très haut magistrat met des bâtons dans les roues à la P.J.

 Oui, l'enquête sur le réseau Dutroux-Nihoul est sabotée

 Ciné Télé Revue du jeudi 26 septembre 1996 page 26 et 27

 Les pressions se font jour. Car le système judiciaire belge est pervers les magistrats sont nommés sur base de leurs convictions politiques

Il ne se passe pas un jour sans que l'affaire Dutroux apporte son lot de révélations. Plus encore que les moteurs de la filière, le monde politique, la magistrature, la police et fia gendarmerie laissent apparaître leurs incroyables faiblesses - quand ce ne sont pas de scandaleuses compromissions.

Idem pour le dossier Cools. Dans ces discussions stériles et ces règlements de comptes entre services, dans ces batailles de coulisses entre les pouvoirs, nos décideurs montrent leur vrai visage.

On aimerait effacer tout ça d'un grand coup d'éponge. Pour repartir sur de nouvelles bases. Qui conforteront ceux qui font valablement leur travail et qui osent.

Car, à côté des sempiternelles belles paroles de certains, qui peut se targuer de faire avancer les dossiers et d'approcher la vérité, dès que l'on s'écarte de Neufchâteau ?

Juges blanchis et gendarmes accablés : l'enquête sur l'enquête confiée aux procureurs Velu et Thily n'a pas surpris. Mais elle a choqué, tant paraît évidente la volonté de « couvrir» les responsables et de jeter le discrédit sur les lampistes.

Esprit de caste ? Aveuglement? Ou plus grave. L'avenir le dira peut-être. En attendant, l'enquête concernant le réseau Dutroux-Nihoul se développe dans un climat délétère. Les chausse-trappes et les pièges ne manquent pas sur le chemin des enquêteurs. Sans compter les dangers. Et une bonne dose de manipulation. La preuve que Michel Bourlet et Jean-Marc Connerotte sont bel et bien en train de démonter un mécanisme que beaucoup souhaiteraient voir rester dans l'ombre.

Pour « Ciné Télé-Revue », notre collaborateur Claude Moniquet a pu recueillir de nouveaux éléments accablants.

Si Stefaan De Clerck souhaitait réellement « calmer le jeu par ses déclarations au Parlement, la semaine dernière, le moins que l'on puisse dire est qu'il a échoué. En donnant lecture des rapports Velu et Thily devant l'hémicycle, le ministre de la Justice a magistralement réussi un triple raté qui restera dans les annales : il n'a convaincu personne, il a rallumé la « guerre des polices » et il a déclenché celle des ministres. Le tout au détriment de ceux qui, sur le terrain, tentent de faire la lumière sur les réalités sordides et inquiétantes qui se cachent derrière les figures énigmatiques de Marc Dutroux et de Michel Nihoul.

On l'a dit et répété : pour convaincre et emporter l'adhésion de tous, le gouvernement aurait, évidemment, dû confier une enquête indépendante à des magistrats qui l'étaient tout autant. Quoi que l'on puisse penser de Mme Anne Thily et quel que soit le respect qu'impose sa fonction,il était absurde de demander au plus haut magistrat liégeois d'enquêter sur des erreurs commises, en grande partie, au Palais de justice de liège. Et le rapport rendu par le procureur général de la Cité ardente justifie malheureusement les pires craintes. Tissu de

Contre vérités et de jugements hâtifs, ce texte, unilatéral et partisan, blanchit les magistrats liégeois (sans omettre de jeter, au passage, un certain discrédit sur les parents des victimes, sur lesquels il semble faire porter toute la responsabilité de la « mésentente persistante entre le magistrat instructeur et les familles »).

Nous étions chez les Russo, jeudi dernier, à l'heure même où Stefaan De Clerck donnait lecture de ce grand moment de prose judiciaire à la tribune de la Chambre, et nous avons donc pu recueillir, à chaud, leurs réactions. Pour les parents, aucune surprise : « Nous savions ce qu'allait être ce rapport et nous ne sommes donc pas surpris. Au fond, c'est logique. Il reste dans le droit fil de ce qui a été fait durant quatorze mois...

Les « relations chaotiques avec les familles » (pour reprendre la délicate expression de Mme Thily), Gino Russo les évoque d'une phrase : « Chaque fois que nous demandions quelque chose aux enquêteurs, on nous disait de "voir la juge" et, en même temps, quand on demandait à la rencontrer, cela semblait incongru, déplacé. Il faut dire que deux jours après l'enlèvement de Julie et de Mélissa, Martine Doutrewe a pris plusieurs semaines de vacances. Notre dossier est alors passé entre les mains de cinq juges différents et les hommes de terrain nous rassuraient en nous affirmant que « le juge suivait l'enquête depuis la plage... » » Un véritable cauchemar.

Martine Doutrewe, dont nous vous avons déjà assez signalé les erreurs et les manquements pour ne plus nous y attarder, n'est d'ailleurs pas le seul magistrat fautif. Lorsque Jean Lesage et Valère Martin, de la BSR de Seraing (deux des gendarmes qui, comme le soulignent les parents, tenteront de faire correctement leur métier), arrivent sur place, à 23 heures, le soir de l'enlèvement, ils demandent au substitut de permanence la descente sur les lieux d'un juge d'instruction. On ne donne pas suite à cette suggestion et lorsqu'ils souhaiteront que le téléphone des parents soit placé sur écoute (une démarche tout à fait classique au début d'un enlèvement, qui permet, par exemple, de repérer le lieu d'où proviendrait une éventuelle demande de rançon), ils se heurtent à un refus catégorique. Pourquoi?

Soulignons-le: les parents de Julie et de Mélissa ne sont pas les seuls à s'étonner du contenu de ces rapports. Le procureur Michel Bourlet,lui et Jean-Marc Connerotte apparaissent, à ce jour, comme les deux seuls magistrats totalement irréprochables dans ce dossier confiait, samedi dernier, à nos confrères de « Vers l'avenir», qu'il était surpris de ne pas avoir été consulté, avant de déclarer

Quand j'entends ce qui a été dit devant la Chambre, je me demande si j'ai les bons dossiers. Je suis surpris que l'on dise l'inverse de ce qui se trouve dans les dossiers que j'ai sous les yeux...

Au temps pour la crédibilité de « l'enquête sur l'enquête », qui, au passage, fait table rase de toute possibilité de protection de Marc Dutroux à Charleroi - et ce, alors que deux policiers carolorégiens, dont un commissaire, ont été inculpés... A quand une « enquête sur l'enquête sur l'enquête * (confiée elle aussi à Liège, comme il se doit...)?

Non seulement le ministre n'a pas convaincu, mais, de surcroît, il a aggravé la guerre des polices en rejetant sur les seuls gendarmes la responsabilité de toutes les fautes commises. Il n'en a pas fallu plus pour que l'adjudant Paul Van Keer, président du plus important syndicat de la gendarmerie, menace ouvertement de dévoiler les dossiers « classés par les magistrats pour rendre service à ceux qui peuvent les aider ».

Coup de tonnerre dans un ciel qui n'était, déjà, pas du bleu le plus pur. De la presse à l'opposition, tout le monde est tombé sur le dos du malheureux syndicaliste. Et pour cause.

Soit il manipule sciemment l'opinion et n'a, en fait, aucun dossier délicat pour étayer ses dires, soit il dit vrai et la situation est gravissime : il y aurait donc, en Belgique, deux types de citoyens. Les justiciables « normaux », relevant, en cas de délit ou de crime, des tribunaux, et ceux qui, connaissant un magistrat et pouvant être utiles à sa carrière, sont susceptibles de le voir intervenir pour arrêter d'éventuelles poursuites. Ediflant.

On voudrait penser que la première version est la bonne, et que l'adjudant Van Keer s'est laissé emporter par la colère de voir ses collègues salis par le rapport Thily. Malheureusement, les choses sont moins simples qu'il n'y paraît. C'est que, comme nombre d'autres fonctionnaires, les magistrats sont, le plus saluent, nommés sur base de leurs convictions politiques (un seul exemple : pour que Léon Giet - étiqueté socialiste - devienne, à l'époque, procureur général de Liège, André Cools avait dû menacer de faire tomber un gouvernement...).

Ajoutons à cela le lait que la plupart des magistrats sont d'anciens avocats (et, fatalement, pas les meilleurs : les avocats sans cause seront plus tentés par le confort de la fonction publique que ceux qui gèrent un cabinet florissant ; on nous dit, du reste, que, depuis qu'un examen a été mis en place pour réguler l'accès à la fonction de juge, la pénurie menace), et l'on comprendra que l'on se trouve dans un système pervers au sein duquel la sacro-sainte indépendance de la magistrature est, bien trop souvent, très théorique.

Certes, il y a de bons juges et de bons substituts, mus par l'idéal et extrêmement motivés par leur fonction, on veut même croire qu'ils sont la majorité. Reste une minorité de faibles, influençables, prêts à  rendre des services - pour faire avancer une carrière que leur seul travail et leurs qualités propres ne peuvent leur assurer. Inquiétant.

Quoi qu'il en soit, les propos de l'adjudant Van Keer ont déclenché une belle pagaille : réaction d'autres syndicats de gendarmes, crise de nerfs de la police judiciaire, prise de bec du ministre de la Justice et de son collègue de l'Intérieur, attaques virulentes de l'opposition : l'enquête Dutroux se retrouve ainsi au cœur d'une guerre des juges, d'une guerre des poIices, d'une guerre des ministres et d'une guerre des syndicats. Sans compter avec le fait qu'elle devient un enjeu politique de première importance dans l'affrontement entre majorité et opposition. C'est beaucoup, et ce climat pourri risque fort de gêner les enquêteurs. Nihoul et Dutroux doivent en rire.

Michel Bourlet ne s'est d'ailleurs pas privé de dire ce que beaucoup pensent tout bas, à savoir que cette cacophonie fait surtout Ie jeu de ceux qui tentent de brouiller les cartes : en attaquant tes gendarmes, le procureur de Liège et le ministre de la Justice les démotivent, alors que, depuis cinq semaines, ceux-ci n'ont pas ménagé leur peine pour assister avec dévouement et intelligence l'enquête du juge Connerotte (c'est également le cas de la P.J. de Bruxelles et de la 23e brigade nationale de la P.J.).

De là à penser à un éventuel sabotage, il n'y a qu'un pas. D'autant que le dossier se développe, faut-il le préciser, dans un environnement particulièrement hostile et que les manœuvres les plus douteuses se cachent parfois derrière un insoupçonnable respect des formes. C'est ainsi que Jean-Marc Connerotte s'est plaint de la précipitation

Un gros nom risque de sortir bientôt.

Client de la filière pédophile, il use actuellement de tout son pouvoir pour enrager l'enquête avec laquelle la Chambre du conseil de Liège avait traité l'appel interjeté par Michel Nihoul contre son maintient en détention. Normalement, la procédure prend une quinzaine de jours, et, cette fois, une seule petite semaine a suffi. Or, il faut savoir que le passage en Chambre du conseil nécessite le transfert à Liège (où il doit être consulté par les avocats dans les quarante-huit heures précédant l'audience) du dossier d'instruction.

En clair, cela signifie que, deux jours durant, le juge est dépossédé de son dossier et se retrouve, quasiment, au « chômage technique ». Sans compter avec une journée d'indisponibilité de son «  client »

Bizarre, bizarre...          

Mais si la hâte des juges liégeois (qui doit susciter l'envie de bien d'autres prévenus qui n'ont pas la chance de Michel Nihoul et ne sont guère habitués à une telle célérité) ne prête qu'à interrogation, il n'en va pas de même d'autres éléments qui, eux, ont carrément de quoi alarmer. Il nous a, ainsi, été confirmé par une source proche de l'enquête qu'un « très haut magistrat » s'ingéniait depuis plusieurs jours, à Bruxelles, à mettre des bâtons dans les roues aux hommes de la P.J. qui travaillent sur le volet « Nihoul » du dossier.

D'autre part, les menaces qui pèsent sur les prévenus comme sur les enquêteurs sont bien réelles. Selon nos sources, « certains » auraient fait savoir dans les secteurs du milieu du crime organisé susceptibles de réaliser une « opération commando » que tout était bon pour arrêter l'enquête, « même s'il fallait flinguer », nous affirme-t-on, « un inculpé ou même un magistrat...

On comprend mieux, dès lors, les impressionnantes mesures de sécurité prises pour protéger les détenus comme les chefs de l'enquête.

Il va de soi que si d'aucuns sont prêts à prendre le risque de commanditer le meurtre de juges pour « arrêter les frais », c'est que l'enquête progresse et risque de mettre en cause bien plus que des seconds couteaux.

Les récentes révélations de VTM sur les mouvements de fonds enregistrés depuis des années sur les comptes en banque de Marc Dutroux (d'importants versements ont été faits dans les jours précédant et suivant plusieurs des enlèvements sur lesquels travaille l'équipe de Neufchâteau) permettent en effet de penser que l'on se trouve bel et bien en face d'un réseau structuré. Et il n'est pas nécessaire de sortir de l'école de police pour comprendre que, s'il y a eu paiement, il y a obligatoirement des clients.

Et que ceux-ci, vu les sommes en cause (de quelques centaines de milliers de francs à un million), se recrutent dans des milieux particulièrement aisés. Ajoutons, ainsi que le prouve l'origine des pressions et des manoeuvres que nous venons d'évoquer, que ces clients ne sont, sans doute, pas dénués de toute relation dans les sphères politiques et judiciaires. Qui est en position de faire intervenir un « haut magistrat » pour enrayer une enquête portant sur des faits aussi graves ?

Répondre à cette question, c'est deviner dans quel sens s'orienteront, d'ici peu, les recherches.

Sur le volet « clients », l'enquête ne peut toutefois, pour des raisons pratiques et techniques que l'on ne peut dévoiler ici sans mettre en danger le bon déroulement des investigations,évoluer avant quelques jours, voire quelques semaines. Mais il nous semblerait étonnant qu'une surprise de taille n'intervienne pas assez rapidement. Michel Bourlet l'avait bien promis : il ira jusqu'au bout « si on le laisse faire ». Il n'aura pas dû attendre longtemps pour voir se manifester dans l'ombre (à défaut, peut-être, de les avoir déjà identifiés) ceux qui ne veulent précisément pas le laisser faire.

Parce qu'ils ont tout à perdre ?

 Claude MONIQUET 

La justice Belge est pourrie par Maître Garaud(Ciné Télé Revue du jeudi 26 septembre 1996)


La justice Belge est pourrie par Maître Garaud

 

« UNE » de Ciné Télé Revue du jeudi 26 septembre 1996

 

NIHOUL DOSSIERS À TIROIRS.(« Soir Illustré » du mercredi 25 septembre 1996 )


NIHOUL DOSSIERS À TIROIRS.

« Soir Illustré » du mercredi 25 septembre 1996 page 41 et 42

LES CLIENTS DE NIHOUL: DES PERSONNAGES CITÉS DANS DIFFÉRENTES AFFAIRES DEPUIS QUINZE ANS?

L'implication de Michel Nihoul dans l'affaire Dutroux pourrait bien avoir des origines lointaines. Plongée dans d'anciens dossiers qui, dans le microcosme belge, ne sont jamais éloignés l'un de l'autre.

Négociateur habile, beau parleur. Ces atouts n'auront jamais servi à Nihoul qu'à exploiter ses relations de façon malhonnête. N'était-il pas arrivé à faire imprimer par les CCP, des bordereaux de versement revêtus du nom de son organisation humanitaire bidon, SOS Sahel ?

 S'il se promenait de temps à autre en Mercedes avec un chauffeur noir en gants blancs pour épater la galerie, en se vantant d'avoir d'étroites relations avec un conseiller du cabinet Wathelet pour arranger quelques petites affaires d'immigrés en séjour illégal, on sait aussi qu'il organisait des partouzes dans différents coins du pays, dans les années 80, déjà.

De là à imaginer que Michel Nihoul se serait engagé dans un nouveau type de trafic, celui de la pornographie enfantine, il n'y a qu'un pas. Et c'est précisément dans ce sens que les enquêteurs semblent bien décidés à étudier, en ne négligeant aucune piste, l'historique d'un personnage à rebondissements.

Dans ce véritable dossier à tiroirs où tout le monde connaît tout le monde, une nouvelle série de noms remontent à la surface et pourraient venir s'ajouter à ceux de Corvillain, le pédophile récemment incarcéré en détention préventive, d'Achille Haemers, le père de Patrick Haemers et de Frantsevich,l'associé de Corvillain, informateur de la BSR maintenant placé sur la liste noire et qui possédait entre autres un garage de voitures d'occasion à Mons.

Des noms qui avaient défrayé la chronique des années 80 alors que le pays était plongé dans l'angoisse et la terreur avec les tueries du Brabant Wallon.

Ainsi,Madani Bouhouche, l'ex gendarme soupçonné d'avoir participé à ces tueries, qui tire 20 ans pour un vol d'or à Zaventem, aggravé par le meurtre de Francis Zwarts, a récemment été interrogé par les enquêteurs à la prison. Le nom de Robert Beijer, l'associé de Bouhouche, également incarcéré, serait aussi cité, ainsi que celui de Van Camp, le patron du restaurant « Les trois canards » qui fut assassiné et bien d'autres, comme Raemaekers, le pédophile condamné à perpétuité et certaines figures politico financières et judiciaires belges.

Il semble donc bien que l'historique des activités de Michel Nihoul, ses relations et surtout les endroits qu'il fréquentait à l'époque, pourraient révéler de précieux renseignements dans le cadre d'un réseau d'exploitation d'enfants mineures obligées de participer à des partouzes mondaines. On évoque par exemple le dossier Pinon. Le Dr Pinon, bien qu'il se soit rétracté par la suite, avait déclaré aux enquêteurs que sa femme participait à des partouzes organisées, impliquant des enfants mineurs et citait les noms de certaines personnalités du monde politique et judiciaire.

Et l'on pourrait reparler du dossier « Euro-système ».Cette organisation réunissait les personnalités du

monde économique belge qui cherchaient à négocier des contrats de constructions d'hôpitaux en Arabie Saoudite.

Pour faire plaisir aux Saoudiens, Euro-système exploitait les chaleureux services du réseau de call-girls de Madame Abib Fortunato Israël, une spécialiste formée chez madame Claude à Paris.

Il apparaît que Michel Nihoul connaissait bien certains personnages cités dans ces différents dossiers et qu'il fréquentait les mêmes boîtes à partouzes qu'eux.

 Le Dolo, notamment, du nom de sa patronne, Dolorès, rue des Atrébates à Etterbeek et l'Aquarium, rue 'du Trône à Ixelles. Connu en tant que consommateur assidu de charmes payants d'entraîneuses, Michel Nihoul se révélait être un client, parfois très brutal, dit-on, particulièrement avec des jeunes filles mineures, dont il abusait chez Dolo ou à l'Aquarium. Des endroits où l'on retrouverait, parmi les habitués, les mêmes noms que ceux qui auraient été cités dans l'affaire Pinon. Les victimes de leurs agissements, même des années après les événements dramatiques qu'elles ont vécus, pourraient contribuer, par leur précieux témoignage, à démanteler ces réseaux. Elles trouveront auprès des différents services de police spécialisés en la matière, toute assistance nécessaire et l'assurance d'une totale discrétion.

 DUTROUX LE RABATTEUR                                                                                                                                           

Dans les milieux pédophiles, de consommateur on passe facilement au statut d'exploitant ou « fournisseur ». C'est comme cela que les réseaux se constituent et que l'on peut associer cette lamentable exploitation à la prostitution, car elle utilise les mêmes ressorts: ceux de l'offre et de la demande.

 De là à choisir un rabatteur comme Marc Dutroux pour satisfaire une clientèle de gens connus, autrefois, il n'y aurait qu'un pas à franchir. Et il ne serait semble-t-il pas surprenant de voir Nihoul impliqué dans une nouvelle affaire d'enlèvement. On n'a pas fini de rouvrir les tiroirs. En espérant qu'on ne les referme pas.

 

Michel Jaspar

 

Les comptes noirs de Dutroux(« Soir Illustré » du mercredi 25 septembre 1996)


Les comptes noirs de Dutroux

« Soir Illustré » du mercredi 25 septembre 1996 page 38 ;39 et 40

 Effarés, les Belges se rappellent que la démocratie ne vit que d'attention constante. Mais si des gens de bonne volonté agissent obscurément, cela suffit-il à la remettre en marche, cette démocratie

 Tout au long de la semaine, des fouilles ont été opérées en plusieurs lieux du pays, à Tirlemont, dans une maison qui fut occupée par le père du violeur, à Boeur, le village du grand-père de Dutroux, près de Houffalize, où une cheminée reliée à une cave intriguait les enquêteurs, et encore à Carnières, rue d' Houssu. Dans chaque cas, il s'agit pour les enquêteurs de rechercher les indices permettant de jalonner les éléments crachés par les inculpés, Dutroux, Martin, Lelièvre et les autres. Jusqu'où allait l'ignominie de Dutroux et de sa bande? Qui protégeait Dutroux? Qui achetait les vidéos qu'il tournait? Julie et Mélissa, An et Eefje ont donné un visage à l'enfance détruite, au jour le jour, par ces prédateurs dont la justice minimisait trop souvent les actes atroces. Combien d'actions visant des violeurs sont-elles embourbées dans la procédure? Et pendant ce temps-là, les fleurs s'accumulent toujours sur la stèle de Julie et Mélissa. Abattus, les Belges ont appris que leurs parents devaient payer un total de 210.000 francs pour photocopier le dossier qui a tué leur bonheur.

La chaîne privée flamande VTM, face à ce constat consternant, a dévoilé les comptes bancaires de Dutroux, qui entassait les millions. Le "client" privilégié de la sécu encaissait de très grosses sommes après chaque enlèvement d'enfant: près de 2 millions après la disparition de Loubna, un million après Laurence Mattues, 700.000 F après Kim et Ken, 800.000 F après Tanja Groen. Le compte a fonctionné aussi après Julie et Mélissa.

Le prix payé pour de luxueuses voitures, ou pour des enfants livrés à des intermédiaires? Le trafic des voitures volées camouflait l'autre, celui qui blesse tout un pays, au travers de ses enfants.

Alors que ces nouveaux éléments surgissent, nous sommes tous avec les parents de Julie et Mélissa. Puissent-ils résister au vertige qui doit les happer, face aux tourbillons qui emportent la justice. Auront-ils la force de jouer les chevaliers blancs de la démocratie?

La responsabilité est écrasante. Et des hypocrites espèrent les voir commettre une erreur, enfin, pour les accabler, les discrédité. Les Lejeune et les Russo sont dangereux pour les protecteurs d'un système qui préférerait fuir la transparence, pour mieux exploiter les plus faibles,et préserver la discrétion qui sied à ceux qui, fascinés par toutes les formes de pouvoir, sont les fossoyeurs de la démocratie.

 LES ENQUETES CONDAMNEES

Après des semaines, l'état a cherché à sortir de sa tour d'ivoire, avec le discours tenu par le premier ministre lors de la rentrée anticipée du Parlement.

Certes, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, aura, en ces moments difficiles pour le pays, réussi à projeter une image de confiance. L'homme a su trouver les mots justes pour répondre aux angoisses et aux questions des parents meurtris. Par ses visites et ses coups de fil, il a réussi à leur montrer qu'ils n'étaient pas abandonnés par les autorités de leur pays. Le peuple les soutenait depuis les premiers jours de la disparition de Julie et Mélissa, avec une ardeur qui alla crescendo. Mais Jean-Luc Dehaene, lui, n'aura pas trouvé les mots vraiment attendus par les gens de ce pays. Trop habitué à esquiver les problèmes de fond de notre société, le super-as du compromis à la Belge n'a pas marqué de but. Après une minute de silence où les élus de la nation méditèrent, debout, JLD réaffirma la volonté du gouvernement de voir aboutir toutes les enquêtes, ainsi que l'enquête sur l'enquête, dans le cas de Julie et Mélissa (voir l'article de Philippe Brewaeys).

Il a admis que les lois n'étaient pas un aboutissement, qu'il fallait les appliquer, en dégageant les moyens nécessaires. Le premier a également reconnu que les grandes questions humaines avaient été sous-estimées, par rapport aux nécessités de la gestion d'un pays prenant les coups de la crise de plein fouet, avec ses conséquences sociales tragiques. Ces paroles résisteront elles à la tornade du budget qui se lève? Les explications officielles n'ont pas satisfait Gino Russo, le papa de Mélissa, qui regrette qu'aucun parlementaire n'ait pris contact avec les familles, au moment où elles leur écrivaient. Seuls Pierrette Cahay et Olivier Deleuze ont tenté d'apporter quelque chose de vraiment neuf, lors du débat, a encore déclaré M. Russo à l'agence Belga. Gino Russo doute de l'enquête sur l'enquête et pense que Julie et Mélissa auraient pu être sauvées, à maintes reprises.

Pour ces parents, cette hypothèse est une torture à laquelle seule la vérité, totale, pourra mettre un terme. Ensuite seulement, il sera possible de restaurer quelque chose qui ressemble à de la confiance.

Dutroux devait être protégé

 Pour le ministre de la Justice, il n'est pas prouvé que Dutroux ait bénéficié de protections au parquet de Charleroi. Comment expliquer, alors, le fait que toutes les suspicions glissaient sur le libéré conditionnel comme l'eau dans le lit d'une rivière? Faut-il incriminer les faibles moyens mis en oeuvre pour encadrer des individus aussi dangereux que le violeur à la camionnette? Le couple de Sars-la-Buissière jouissait d'un confortable revenu mensuel de près de 80.000 francs, aux frais de la sécurité sociale, parce que le Hainaut, comme les autres provinces, manque d'inspecteurs pour traquer ces abus. Le fonctionnaire chargé du cas de

Dutroux se déplace en train et à vélo, parce que ses frais de voiture ne sont pas remboursés. Et il a quand même réussi l'exploit de couper les vivres de Dutroux en juillet. Autant de faits qui prouvent que beaucoup de choses sont à changer, dans le système belge, où les gens de bonne volonté ne manquent pas, alors qu'eux, manquent des moyens les plus élémentaires. Dutroux, qui amassait les millions en toute impunité, n'avait pas les problèmes logistiques des fonctionnaires devant appliquer des lois devenues virtuelles.

 LA PJ DE CHARLEROI EN ÉTAT DE CHOC

Autre fait à souligner, dans l'affaire Dutroux, la libération de Thierry De Haan, le chef du service fraudes de la Royale Belge. Ce cadre garde la confiance de son entreprise, informée de la transaction menée avec Gérard Pinon et l'inspecteur principal Zicot pour récupérer le camion valant 4,5 millions volés par Weinstein et Rochow. Le véhicule était remonté à la surface dans le garage de Pinon, mais Zicot avait mentionné sur son PV que le véhicule se trouvait sur la voie publique. Une prime avait été payée, de manière indirecte, par la société d'assurances, pour récompenser l'informateur. Il s'agit de la somme de 150.000 francs versée pour les dégâts occasionnés au hangar!

Selon l'agence Belga, M. De Haan traitait une poignée de dossiers de ce type. Un procédé qui montre qu'une zone sombre existe entre les lois et leur application.

Protéger un informateur est une attitude réaliste, mais qui peut se retourner contre ceux qui l'adoptent. Pour les défenseurs de l'inspecteur Zicot, c'est tout simplement la réalité de la vie quotidienne de l'enquêteur aux prises avec le milieu. Et revient la lancinante question concernant M.Zicot, dont le mandat d'arrêt a été re-confirmé en chambre du conseil: Ripou ou policier efficace? Cette interrogation a provoqué des ravages au parquet de Charleroi, en semant le doute et la suspicion. Plusieurs membres de la PJ et de la gendarmerie ont été interpellés dans le cadre d'une opération Zoulou ordonnée par Neufchâteau. Le domicile d'un commissaire principal de la PJ de Charleroi, André Vanderhaegen, a été fouillé alors même que le policier était entendu, à sa demande, à Neufchâteau, audition suivie d'inculpation de recel et de violation du secret professionnel. Il n'a pas été placé sous mandat d'arrêt. A la PJ de Charleroi, c'est la stupeur! Au même moment, la réputation de la gendarmerie se ternissait, avec les premiers résultats de l'enquête sur l'enquête et une conférence de presse où l'État-Major tentait de se disculper avant même la séance de la Chambre...  Dans ce labyrinthe où les Belges errent en se demandant à quelle institution se fier, à quelles certitudes tenter de se raccrocher, vient de tomber une information qui clôtle dossier de l'enlèvement de Rachel Legeard et Séverine Potty, de Nandrin. Les deux jeunes filles retrouvées groggy, épuisées, dans un bois proche de Cologne, avaient monté un scénario pour couvrir une fugue à Cologne qui s'est très mal terminée. Comment ces deux jeunes filles ont-elles osé inventer une aussi piètre excuse, alors que la tension était extrême, après que l'on ait exhumé les corps de Julie et Mélissa, An et Eefje?

LA BELGIQUE AU BORD DU VIDE, ATTEND DES ACTES

 L'affaire montre que le climat est tendu. Et l'enlèvement des deux jeunes filles de Bouillon brouille encore les cartes, alors que l'on s'interroge: acte d'un fou voulant voler un peu de la gloire noire de Dutroux, ou tentative d'intimider les enquêteurs qui veulent remonter toutes les pistes, et qui sont protégés en permanence? On en est là, et toutes les autres informations, même si l'enquête ne laisse pratiquement rien filtrer, paraissent dérisoires, par rapport au sort de nos enfants. La récente rentrée scolaire, avec ses classes surchargées, conséquences du plan Onkelinx, ne fait rien pour les rassurer. Et, dans des institutions chargées de protéger la jeunesse, on a peur des prochaines coupes sombres dans les budgets et l'emploi. Il faudra plus que des discours et autres déclarations de bonnes intentions pour persuader les Belges que les vrais problèmes de la société sont pris en compte. Il faudra des paroles fermes, suivies d'actes. On attend.

Marcel Leroy.

 

LES COMPTES NOIRS DU MONSTRE (« Soir Illustré » 25 septembre 1996)


LES COMPTES NOIRS DU MONSTRE

 « UNE » du « Soir Illustré » du mercredi 25 septembre 1996

 Julie et Mélissa, An et Eefje: victimes des incohérences de la

Justice. Prochaines victimes si on ne réagit pas: les enquêtes

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 C’EST COMMENT QU’ON FREINE ?

Othello ou la guerre Gendarmerie/PJ/Magistrature

« Soir Illustré » du mercredi 25 septembre 1996 page 37

 La commission parlementaire de 1990 en parlait déjà. Mais rien n'a été résolu.

Devant une population effarée, la guerre Gendarmerie-Pj-Magistrature fait rage.

Avec, peut-être, une conséquence terrible: l'essoufflement des enquêtes par démoralisation des troupes.

Dès le 17 août 1995, la Gendarmerie considérait Marc Dutroux et son épouse Michelle Martin comme suspects dans l'enlèvement de Julie et Mélissa. Pour preuve, ce fax parti du BCR de Bruxelles vers Interpol Wiesbaden qui demande, dans le cadre de l'enlèvement, des informations sur le duo infernal ainsi que sur quatre de leurs véhicules. Et ce fax, déjà, mentionnait les voyages en Tchéquie

 DOUTREWE À L'ÉCART

Malgré ces fortes suspicions, la Gendarmerie n'a diffusé ces informations que de manière très parcellaire aux autorités judiciaires liégeoises et plus particulièrement au juge d'instruction Martine Doutrewe lors des réunions de coordination de l'enquête. Ainsi, celle-ci aurait signé des apostilles demandant d'enquêter sur la situation fiscale de Dutroux. C'est donc qu'on lui en avait parlé. Mais à l'époque déjà, la Gendarmerie disposait d'informations bien plus pertinentes.

Le 25 août en effet, deux jours après l'enlèvement d' Ann et Eefje, le méga-district de la Gendarmerie de Charleroi déposait au parquet de Charleroi un rapport de trois pages particulièrement clair et ce toujours dans le cadre de l'enquête Julie et Mélissa: «Dutroux aurait proposé à certaines personnes de participer à des rapts d'enfants dans la région de Malines, la possibilité de gagner facilement de l'argent (150.000 BEF), en se postant à la sortie d'une école, enlever une jeune fille. Dutroux aurait confirmé les transformations dans les caves de ses immeubles afin d'y aménager un genre de cellule pour accueillir des filles avant de les expédier à l'étranger».

Et le rapport, confidentiel, de demander «la mise sous observation prolongée de l'intéressé afin (...) de trouver les endroits où les perquisitions pourront être effectuées avec succès lors de l'interpellation du suspect; d'arrêter le suspect en cas de flagrant délit».

 En novembre 1995, un nouveau rapport bien plus complet (10 pages au moins) arrivait au parquet de Charleroi.

L'affaire est donc loin d'être aussi simple que l'ont prétendu les rapports d'Anne Thily (PG Liège) et de Jacques Velu (PG Cassation).

La première rejette l'intégralité des erreurs commises sur la Gendarmerie. Il est clair que cette dernière n'a pas fourni toutes les informations à la justice liégeoise.

Pourquoi? Méfiance depuis le piratage de l'enquête Cools menée par la Gendarmerie? Méfiance vis-à-vis d'une juge d'instruction dont le mari est au coeur d'une énorme escroquerie dans le secteur immobilier, enquête justement menée par la gendarmerie? De plus, Martine Doutrewe est elle-même très proche d'autres intervenants de cette escroquerie. Volonté de «casser» la PJ qui avait la direction de l'enquête?

Un peu de tout cela sans doute.

LES PARAPLUIES

Reste que la Gendarmerie sait parfaitement qu'elle ne s'est pas comportée correctement. Sinon, pourquoi le BCR de Bruxelles aurait-il retenu dans ses locaux un gendarme de la B S R de Grâce-Hollogne pour qu'il modifie son rapport remis aux autorités judiciaires liégeoises?

Mais lorsqu' Anne Thily affirme que la juge d'instruction n'a reçu les informations concernant Dutroux que la nuit de l'autopsie de Julie et Mélissa, elle se trompe. Le 18 juin 1996, à 15h38, le commissaire Lamoque de la PJ, chef de l'enquête Julie et Mélissa, recevait un long rapport détaillé émanant du Service Général d'Appui Policier destiné à la juge d'instruction Doutrewe. Il concernait Dutroux.

Certes, il était tragiquement trop tard pour retrouver les fillettes en vie. Mais à ce moment-là, deux mois se sont encore écoulés avant le début de l'enquête de Neufchâteau, sans que la justice liégeoise ne bouge...

Le second, Jacques Velu, procureur général près la cour de Cassation, affirme que Dutroux ne possédait pas de protection à Charleroi. Contradiction totale avec le dossier 87/96 ouvert par le parquet de Neufchâteau. Il porte précisément sur les protections de Dutroux: l'inspecteur Zicot de la PJ de Charleroi y est inculpé. Et l'on est stupéfait du ton péremptoire de Jacques Velu.

Car une question reste incontournable: qu'a fait le parquet de Charleroi des deux rapports détaillés que lui a transmis la gendarmerie en août et novembre 1995 ?

On s'interroge aussi sur le rôle de certains gendarmes dans la protection de l'entourage de Dutroux. Ainsi, on a retrouvé sur le sous-main d'un d'entre eux l'inscription «Nihoul-Lelièvre,ne pas toucher». Il est vrai que Nihoul, Lelièvre mais aussi Casper Flier sont des informateurs de la B S R de Dînant et de Bruxelles, dans undossier de trafic d'amphétamines entre autres...

Mais ce qui étonne surtout, c'est l'autonomisation importante de la direction de la Gendarmerie par rapport à l'autorité politique. Jeudi dernier, avant même que le ministre de la Justice ne lise le rapport Thily devant la Chambre, l'Etat Major faisait une conférence de presse contestant ce rapport. Le mauvais exemple venant d'en haut, le samedi et le dimanche, un syndicaliste menaçait de sortir tous les dossiers pourris dont la gendarmerie a connaissance. Il s'agit là de deux «dérapages» pour le moins inquiétants.

Dans ce contexte de grand déballage, les réactions des parents, fort mesurées contrairement à ce qu'en disent certains hommes politiques «en privé», confinent à l'héroïsme.

L'exemple vient d'en bas. Il ferait bien d'être suivi.

 Philippe Brewaeys

 

 

 

 

La révolte des rubans ( « La Meuse » du samedi 21 septembre 1996)


 La révolte des rubans

 « La Meuse » du samedi  21 septembre 1996

 Il y  a quelques jours, mon vieux pote Marcatchou allait, dans Ie Vlan, d'un éditorial qui ne m'a pas Iaissé indifférent. Marcatchou faisait remarquer que plusieurs semaines après les funérailles de Julie et MéIissa,de nombreuses voitures et mémo des bus arborent toujours la ruban noir placé pour la circonstance.

Alors. Marcatchou se dit : « Le Portugal a bien réussi sa révolution pacifique fies oeillets. Pourquoi ne réussirait-on pas notre a révolte des rubans ?

Et voilà ce qu'Il propose: noue les gens de bonne volonté, celles et ceux qui veulent que « ça change », arborent en permanence un noeud de rubans noirs et de rubans blancs à l'antenne. de leur voiture, au rétroviseur, â leur balcon et, pourquoi pas, à leur no boutonnière.

Ce serait comme une interpelIation permanente des pouvoirs. Le « mouvement des rubans », parti de Liège, gagnerait toutes les lace liés du pays.

Ces flots de rubans montreraient notre désarroi, mais surtout notre exigence d'une Justice proche, libre, dépolitisée. Nos rubans noirs et blancs diraient que dans leur guerre, les polices ne peuvent plus se tromper d'adversaire ils diraient : nous voulons que les enquêtes aboutissent, nous exigeons la vérité; toute la vérité, rien que la vérité, quoi qu'il en coûte a certains »...

Comme dirait Nanèsse, « c'est I'floquet qui rfêt tot » ! Marcatcthou a déjà mis ses rubans à son balcon. Et je crois bien que je vais faire comme lui....

 Tchantchès

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