lundi 27 octobre 2008

2.310.672 signatures !(« La Meuse » du mardi 1er octobre 1996 page 10)


2.310.672 signatures !

Le succès inouï de la pétition lancée par « Marc et Corine »

« La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 10

C'EST en avril dernier que les membres de l'ASBL Marc et Corine avaient décidé de lancer cette pétition réclamant des peines incompressibles pour les crimes les plus graves. « C'était en plein débat parlementaire sur la suppression de la peine de mort », se souvient M. Kisterman, le papa de Marc. « Nous étions favorables à cette suppression mais nous ne voulions pas que cela signifie une moins grande sévérité à l'égard des criminels. D'où l'idée de ces peines incompressibles comme elles existent en France par exemple. »

Mais la pétition ne démarra véritablement qu'au lendemain de la découverte des corps de Julie et Mélissa, le19 août dernier. Avec l'objectif avoué d'atteindre le million de signatures pour la clôture du dépouillement, le 30 septembre.Aujourd'hui, le succès a dépassé toutes les espérances et pourtant, l'heure n'est pas à l'euphorie à l'ASBL Marc et Corine. « Il aura fallu une fois de plus un drame horrible pour que tout le monde se réveille», nous déclare Jean-Pierre Malmendier, le papa de Corine. « Car je rappelle qu'en décembre 1992, nous avions déjà déposé au parlement une pétition ayant atteint 269.254 signatures pour qu'on ne libère plus anticipativement les détenus dangereux. Cette pétition est restée sans effets. Aujourd'hui, nous revenons avec 10 fois plus de signatures. Espérons qu'elle ne restera pas une fois de plus lettre morte. »

Sur l'idée des peines incompressibles, M. Kisteman pense que la population belge, autant en Flandre qu'en

Wallonie, a pris conscience que la justice fonctionnait mal. Et qu'il fallait que les criminels en puissance aient une épée de Damoclès au dessus de la tête pour les faires réfléchir avant de passer à l'acte. «Aujourd'hui, dès qu'un condamné entend le prononcé de sa peine, il divise directement par trois dans sa tête, et par deux s'il est un récidiviste, pour savoir ce qu'il aura réellement à purger. Ce n'est pas normal. »

La pétition réclame donc des peines plus sévères pour qu'elles servent d'exemples.

Mais elles doivent également aller de pair avec une prise en charge glus importante des prisonniers durant leur détention. « Ce n'est pas une belle cellule avec la télévision qui compte, c'est bien plus leur apprendre des notions civiques et un métier pour leur sortie », reprend M. Kisteman.

Pour les modalités pratiques de leur demande (la liste des crimes graves, la fixation des périodes incompressibles...), sagement, les initiateurs du projet s'en remettent au Parlement.

« Mais il est clair que le caractère dangereux ou non de l'individu devra encore être évalué au bout de la peine avec la possibilité de pouvoir encore le garder en prison en cas de danger pour la société. D'où notre idée par exemple pour les pédophiles incurables d'un établissement fermé où ils pourraient finir leurs jours humainement mais sans plus jamais rentrer en contact avec des enfants. Fini les promesses

«Notre but premier est de prémunir la société contre la récidive », reprend Jean-Pierre Malmendier. «Il est clair que nous ne croyons pas aux promesses que le pouvoir politique nous fait miroiter concernant la réinsertion sociale des détenus et leur suivi après leur sortie de prison. L'État n'a pas les moyens financiers ni le personnel qualifié pour réaliser ses idées. Et quand bien même il les aurait, le système ne serait pas en place et efficace avant une dizaine d'années. C'est pourquoi les peines incompressibles assureront à la société une certaine tranquillité, du moins durant la détention.

Et que les avocats et autres défenseurs des condamnés poussent avec nous à la charrette pour que le gouvernement mette en place le plus rapidement possible ces moyens de réinsertion. »

Clôturée une première fois hier soir, la pétition sera remise officiellement au Parlement dès qu'une date de rende-vous sera prise. Vu que des formulaires traînent encore un peu partout, l'ASBL a décidé de clôturer définitivement ses comptes la veille de ce dépôt. Avec l'espoir d'atteindre à ce moment les 2,5 millions de signatures. Historique !

Luc Gochel

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22 .310.672 personnes, plus d'un adulte sur quatre, ont donc signé cette pétition de l'asbl Marc et Corine réclamant l'instauration de peines incompressibles pour les crimes les plus graves.

Elles constitueront d'après eux de bonnes peines de substitution suite à la suppression récente de la peine de mort. En insistant bien sur deux points: ces peines incompressibles traduiront «le caractère pédagogique de la sanction» et le «respect de la dignité de la victime»,

- 2.310.672 signatures, c'est du jamais vu dans notre pays. C'est dix fois plus que les plus grosses pétitions Jamais organisées. C'est 2,2 fois plus crue ce que les organisateurs avaient dans un premier temps espéré (1 million. Et ce, en un temps record : un mois et demi

- Certes, il est évident que les événements qui ont bousculé notre pays durant cette période y sont pour une part prépondérante, l'émotion était à son comble et que de nombreuses personnes ont trouvé là un moyen concret d'exprimer leur ras-le-bol.

Mais il n'empêche, lorsqu'un quart de la population réclame une telle mesure, qui n'est ni irréaliste, ni indigne, elle est en droit d'attendre que ses représentants au Parlement traduisent dans la loi leur exigence.

- Sera-ce le cas ? C'est ce que nous avons voulu savoir.

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Une mobilisation jamais vue

« La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 10

Les pétitions locales sont légion, elles sollicitent généralement l'adhésion des habitants d'un quartier ou d'une commune sur un problème pratique. Beaucoup plus rares sont les pétitions lancées à l'échelle de tout le pays sur un grand thème de société. Et quel que soit leur succès, il ne peut en aucune manière rivaliser avec le raz-de-marée de signatures déchaîné en un temps record par l'affaire Dutroux. Il suffit de rappeler les résultats des principales pétitions de ces dernières années pour s'en convaincre.

- La pétition contre le séparatisme,ou plus exactement pour l'organisation d'un référendum sur la réforme de la

Constitution. Initiateur: un groupe de 14 personnalités non-politiques, toutes francophones. En novembre 1992, elles créent un comité d'appel et lancent la pétition dans tout le pays... mais ne parviennent pas vraiment à franchir la frontière linguistique. Résultat: 163.000 signatures en moins de cinq mois. Ce chiffre peut être considéré comme un succès mais sur le fond, c'est un échec puisque le référendum n'aura jamais lieu.

- La pétition antiraciste suscitée par la percée de l'extrême-droite aux élections de novembre 1991. Initiateur une «association d'associations» qui prend le nom d' Objectif 479.917 parce que son but est d'obtenir au moins autant de signatures que l'extrême-droite a eu de voix aux élections: 479.917. Il faudra à peu près un an pour y arriver. Objectif 479.917 a continué à faire circuler sa pétition par la suite et a dépassé le million de signatures au printemps 95. Le chiffre est remarquable mais le résultat est purement symbolique.

- La pétition contre la libération des détenus dangereux a été lancée également par l'ASBL Marc et Corne en

1992. Elle visait à ne plus libérer sous conditions les criminels réputés dangereux. Elle a atteint les 269.254 signatures au moment d'être déposée devant le Parlement. Après un projet de loi rédigé dans ce sens par l'ancien ministre de la Justice Melchior Wathelet, la pétition est tombée aux oubliettes avec le changement de gouvernement.

 

- La pétition des Casques bleus, lancée à l'initiative des familles des 10 paras assassinés au Rwanda et demandant d'instaurer une enquête parlementaire pour déterminer les responsabilités politiques et militaires du drame. Après avoir recueilli plus de 200.000 signatures, elle n'a pas réussi à faire bouger les partis au pouvoir.

- Plus anecdotiques, elles méritent pourtant d'être signalées et même rangées dans une catégorie à part, tant el les sont nombreuses et populaires: les pétitions des amis des bêtes. Qu'il s'agisse des bébés-phoques, des baleines ou des animaux d'élevage (liste non exhaustive des derniers exemples), on est toujours prêt à sortir, et son mouchoir pour verser une larme, et son crayon pour signer. Ce type de pétition récolte sans problème plusieurs dizaines de milliers de signatures en l'espace de quelques semaines. L'efficacité de cette mobilisation sur papier est pourtant très variable. Initiateurs : des organisations écologistes ou de protection animale, grandes ou petites... sans oublier « le cas » Brigitte Bardot.

C.T. et L.G.

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Cette pétition va-t-elle les faire changer d'avis? Visiblement non !

« La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 10

Ch.-F. Nothomb PSC) : « Elles ont montré leurs limites »

Ce chiffre traduit la volonté de la population non seulement de punir de manière exemplaire les crimes de nature sexuelle, spécialement ceux commis à l'encontre des enfants, mais aussi d'éviter les risques de récidive après la libération des coupables.»Dans ce cadre, pour le Parti social-chrétien, les peines incompressibles ne sont pas « la » solution. Je rappelle qu'après la peine, fût-elle incompressible, le délinquant est remis en liberté.»De plus, leur application, en France notamment, en a montré les limites.

Pour rencontrer ce double objectif de justice pour les victimes et de sécurité pour les citoyens, le PSC demande d'une part des peines plus lourdes, durcissant la punition en cas de violence à l'égard de mineurs.

Et, d'autre part, des mesures de défense sociale contre ceux qui, ayant purgé leurs peines, présentent toujours des risques pour la société. Un traitement spécifique des délinquants sexuels ainsi que leur maintien en détention doivent être assuré, tant qu'ils constituent un danger pour la société.

Philippe Busquin (PS) « La pétition, ce n'est pas que cela))

Pour le président du PS, si la question figurant sur la pétition traitait bien de l'incompressibilité des peines, le nombre spectaculaire de signatures qu'elle recueille ne traduit pas que cette prise de position-là.

La pétition a circulé dans ma commune, où des registres de population étaient ouverts pour qu'elle marque son émotion. Je n'ai jamais rencontré un tel mouvement de solidarité, un tel phénomène autour de la sécurité des enfants. Le sentiment populaire est porté par un premier réflexe à l'égard d'un individu comme Dutroux, c'est qu'il soit privé à jamais de liberté. Et c'est normal.

Si on pose le problème des peines incompressibles, la situation est plus nuancée. Il faut approfondir le débat, évoquer la notion des peines de sûreté.

Marie-France Botte et Françoise Tulkens, la juriste de l'UCL, ont parfaitement mis en lumière les effets dangereux que pouvaient générer ces peines incompressibles. Mais je comprends cette réaction normale de révolte par rapport à l'odieux. Et il est important que les citoyens se mobilisent, en démontrant qu'ils ne sont pas prêts à accepter n'importe quoi.

Jacky Morael (Écolo) : « Ce n'est pas une bonne solution))

« Ce chiffre-record est exceptionnel et à la mesure du deuil national qui nous a touchés. Nous l'interprétons comme un refus de ce qui s'est passé dans le cas de Dutroux. Pourtant, il ne nous fera pas changer d'avis en ce qui concerne les peines incompressibles.

Pour nous, elles ne sont pas la bonne solution car elles vont augmenter la tentation du criminel d'éliminer sa victime et elles ne feront que reporter le problème dans le temps.

Pour nous, la question essentielle est de savoir si l'individu est encore dangereux ou pas pour la société lors de sa remise en liberté. C'est pourquoi nous plaidons pour une évaluation beaucoup plus précise de cette dangerosité. Nous sommes donc favorables à un tribunal d'application des peines qui réalisera cette évaluation et ce seront des magistrats qui décideront.

En poursuivant cette logique, nous réfléchissons même à l'idée de ne pas libérer les individus qui seraient encore déclarés dangereux même après avoir purgé la totalité de leur peine! Mais appliquer cette idée demande encore beaucoup de réflexion. »

Didier Reynders (PRL): «Nous avons toujours été pour»

Le PRL a toujours été favorable aux peines incompressibles. Et il est très heureux que l'asbl Marc et Corine ait ainsi proposé une solution réaliste, concrète et digne au problème qui nous a secoues durant cette fin d'été.

Sans tomber par exemple dans le rétablissement de la peine de mort.

Lorsqu'un quart de la population belge fait une demande aussi censée, on ne voit pas comment un gouvernement et un Parlement pourraient ne pas en tenir compte.

Le débat sur le sujet a eu lieu en juin, une majorité parlementaire s'est prononcée contre. Je suppose que cet élément nouveau remettra en cause les convictions de certains membres de la majorité.

Les peines incompressibles sont un moyen, parmi d'autres, de mieux protéger notre société contre la récidive. On est certain au moins que, durant cette période, la société sera à l'abri, sans toutefois négliger l'aspect de réinsertion puisqu'il faudra bien qu'il quitte un jour la prison. Mais je suis certain que si une pétition avait circulé pour donner davantage de droit aux victimes, elle aurait recueilli le même succès. Il faut donc agir sur plusieurs plans.

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 En France, les peines de sûreté existent ainsi que la perpétuité réelle

 « La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 10

La France a été le premier pays à introduire dans son droit la notion de peine incompressible. C'était lors de la première cohabitation Mitterrand-Chirac, en 1986.

Après quelques crimes particulièrement atroces, le Parlement français a voté ce que l'on appelle dans l'Hexagone des peines de sûreté. Celles-ci sont prononcées par les cours d'assises et peuvent atteindre

30 ans de réclusion. Pendant cette période, il n'est pas question que le condamné puisse être remis en liberté ou même bénéficier d'un jour de congé.

Les condamnés à des peines de sûreté sont incarcérés à la prison de Clervaux, près de Reims. C'était déjà un établissement pénitentiaire ou régnaient des conditions très strictes de détention avant les peines de sûreté. Celles-ci ont encore été renforcées, depuis qu'existe en France une nouvelle notion juridique, la perpétuité réelle.

C'est à cause d'un meurtrier, violeur d'enfant et récidiviste, Patrick Tissier (41 ans), que cette mesure a été adoptée. Des circonstances vraiment très semblables à celles que nous connaissons aujourd'hui en Belgique.

Le mardi 21 septembre 1993, on retrouve le corps de la petite Karine Volkaert (8 ans) au fond d'un puits situé dans la région des Corbières, à Cabane de-Fitou. Pour cette recherche, les gendarmes sont guidés par l'assassin de la fillette, Patrick Tissier, qu'ils venaient d'arrêter quelques heures plus tôt à Montpellier.

Patrick Tissier avait été condamné une première fois à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir violé et étranglé son amie. Il avait passé 11 ans en prison et lors d'une de ses premières sorties, il avait violé une femme. Il est condamné cette fois à 10 ans de réclusion. Il en purge les deux tiers, et 8 mois après sa libération, le 19 septembre 1993, il avoue avoir tué Karine.

Perpétuité réelle

Dans toute la France mais surtout dans la région de Perpignan, c'est évidemment l'émoi et les manifestants réclament le rétablissement de la peine de mort. Deux jours plus tard, le garde des Sceaux (ministre de la Justice) Pierre Méhaignerie annonce le dépôt d'un avant-projet de loi pour garder enfermes a perpétuité, sans remise de peine ni libération conditionnelle possible, les violeurs et assassins d'enfants. La grâce présidentielle est la seule échappatoire pour ces détenus.

Le débat, comme en Belgique, prend un tour polémique, mais après plusieurs amendements, il est finalement adopté le Pour mars 1994. Depuis lors, il existe donc, en plus de la peine de perpétuité réelle, pour le meurtre ou l'assassinat d'un mineur de moins de 15 ans, précédé ou accompagné d'un viol, de tortures, ou d'actes de barbarie. Mais, en fait, une porte de sortie est toujours ouverte après 30 ans. Le juge d'application des peines (une mesure aussi envisagée en Belgique) peut saisir un collège de trois experts médicaux qui étudient alors le cas du condamné.

Si leur verdict est favorable,une commission composée de cinq magistrats de la Cour de cassation se penchent alors sur le cas. Eux seuls et le président de la République peuvent arrêter la perpétuité réelle.

La France est le seul pays européen où existent des peinés de sûreté et, bien sûr, la perpétuité réelle. Si la société se sent mieux protégée, il n'en va pas de même des gardiens de la prison de Clairvaux. Sans espoir de remises de peine, les détenus y sont évidemment prêts à tout pour s'évader et il y a déjà eu dans cette véritable forteresse des mutineries d'une gravité exceptionnelles.

Au Canada, en fonction de la peine, il existe aussi des périodes de sûreté, ou plutôt d'inadmissibilité à la libération conditionnelle : celles-ci peuvent atteindre 25 ans. Aux Etats-Unis, le système est encore totalement différent: les tribunaux peuvent prononcer des peines séparées extrêmement importantes. Il y est particulièrement difficile de sortir de prison quand on est condamné à 5 fois 99 ans de travaux forcés !

J.H.

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 Le gendarme Vanesse arrêté, hier soir, à Neufchâteau

« La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 10

Le gendarme dinantais Vanesse a été réinterpellé hier par la 23eme brigade de la police judiciaire et longuement auditionné à Bruxelles. En fin d'après-midi, il a été ramené à Neufchâteau où, dans la soirée, le juge Connerotte l'a inculpé de participation à une association de malfaiteurs dans divers trafics, dont les voitures et les stupéfiants. On retrouve dans cette association Dutroux, Nihoul et Lelièvre.

Il est intéressant de noter que ces trois derniers n'ont pas encore été inculpes du chef de trafic de drogue.

On se souvient que le gendarme Vanesse, un Pr maréchal des logis (MDL) de la brigade de Dinant, avait Michel Nihoul pour informateur: l'homme d'affaires Bruxellois l'a reconnu à plusieurs reprises, allant même jusqu'à préciser qu'il avait infiltré pour le compte des gendarmes dinantais le milieu des trafiquants de voitures et des trafiquants de drogue.

On sait par ailleurs que les bonnes relations que Nihoul entretenait avec Vanesse lui avaient au moins permis d'éviter à Michel Lelièvre d'être interpellé lorsqu'il y a quelques mois ils s'étaient rendus de concert à la brigade. Lelièvre, qui faisait l'objet d'un signalement au Bulletin central de signalement (BCS) après une condamnation à six mois de prison, aurait dû être interpellé à la brigade. Il ne le fut pas.

Le gendarme Vanesse, un ancien de la BSR (viré dans le courant du mois d'août), avait déjà été interpellé par la 23eme brigade le 10 septembre dernier. Une très longue perquisition avait été organisée chez lui et dans ses bureaux.

A l'issue de cette perquisition, il était auditionné à Bruxelles et présenté le lendemain au juge Connerotte. Toutefois, à l'issue d'une nouvelle audition, le magistrat instructeur décidait de remettre le gendarme en liberté.

 

Ph.C. et M.P.

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Pétition, manif et... bouquets de fleurs pour le juge Connerotte et le procureur Bourlet

 « La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 10

 Les réactions se multiplient après l'annonce de la requête en suspicion légitime introduite par l'avocat de Marc Dutroux, Me Julien Pierre, pour tenter de faire dessaisir le juge Jean-Marc Connerotte. Pour rappel, cette action se base sur la participation du juge d'instruction à un souper spaghetti à Bertrix en présence des fillettes, «miraculées du 15 août », Laetitia Delhez et Sabine Dardenne. Les premiers signes de soutien sont apparus durant le week-end dernier avec l'organisation d'une pétition et une manifestation rassemblant un millier de personnes à Anvers.

La pétition - déjà évoquée dans nos éditions d'hier - a été lancée par le comité «Pour nos enfants» (basé à Amay). Ce comité précise qu'il n'a jamais rencontré MM. Connerotte et Bourlet mais qu'il  veut traduire les craintes d'un peuple qui a plus que jamais besoin de retrouver un peu de dignité et qui a accordé sa confiance à des hommes qui lui ont prouvé leur mérite. »

Selon le comité «Pour nos enfants », il est reproché aux magistrats de Neufchâteau «d'avoir simplement été humains quelques heures. »

Invités Hier, l'asbl «Marc et Corine » réagissait à son tour par la voix de l'un de ses cofondateurs, Jean-Pierre Malmendier. Celui-ci se déclare révolté à plus d'un titre par l'action de l'avocat de Dutroux, Mc Julien Pierre.

 A. propos du fameux souper, M. Malmendier souligne notamment: « MM. Bourlet et Connerotte étaient les invités des responsables de l'antenne « Marc et Corne » de Bertrix et, à ce titre, ils n'ont pas payé leur repas. En ce qui concerne les cadeaux «personnalisés », il s'agit de deux Bics d'une valeur de 1.080 F sans signe distinctif particulier, remis à MM. Bourlet et Connerotte par deux enfants anonymes au nom de «tous» les enfants. Les épouses des magistrats ont reçu un bouquet de fleurs des mains d'une des responsables de l'antenne. »

Selon M. Malmendier, ce souper était « un moment de détente général » : «aucune publicité n'avait été faite pour annoncer la présence des magistrats. Le juge n'a en rien abordé l'un ou l'autre aspect de l'enquête. Aucun contact n'a eu lieu entre lui et les victimes. » Et d'interroger: « Les victimes et les juges ont-ils un périmètre de sécurité à respecter l'un par rapport à l'autre?

En plus d'être les bannis de la procédure, les victimes auraient elles quelque pouvoir maléfique par lequel elles pourraient influencer l'impartialité des juges, qui apparemment ne garderaient dans ce cas leur sérénité qu'au contact des accusés ? N'assistons-nous pas plutôt à un nouvel essai de prise d'otage de la Justice par un abus des moyens mis

à la disposition de la défense des accusés ? »

 D'Anvers à Neufchateau

Par ailleurs, la manifestation de soutien au juge et au procureur de Neufchâteau, dimanche à Anvers (un millier de personnes dont les parents des enfants disparus Natalie Gijsbrechts, Kim et Ken ainsi que le papa de Eefje, Jean Lambrecks) a connu un prolongement inattendu au palais de justice de Neufchâteau. Dimanche, en soirée, une vingtaine d'adhérents au mouvement organisateur HOVK (en français, le fonds d'aide pour les enfants disparus et enlevés) ont déposé des centaines de bouquets de fleurs sur les volées d'escaliers qui conduisent au palais de justice. Hier encore, ces bouquets de sympathie jonchaient les escaliers. De nombreuses cartes et lettres, accrochées aux bouquets, exprimaient la confiance et le soutien absolus à l'égard du juge Connerotte et du procureur Bourlet.

Une banderole barrait le monument aux morts, au parvis du palais, sur laquelle on lisait notamment

« SOS justice »...

 M.P. et M.D.

 

Dehaene retrouve la voix( « La Meuse » du mardi 1er octobre 1996 page 9)


Dehaene retrouve la voix

 « La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 9

ENFIN ! Aujourd'hui, sur le coup de 15 heures, la Belgique tout entière, par le biais de ses élus de la Nation, va à nouveau entendre le son de la voix de son Premier ministre. A cette heure-là, JeanLuc Dehaene montera à la tribune de la Chambre pour parler. De quoi? De chiffres, pardi ! Ceux du budget 97, historique puisque censé nous ouvrir la voie vers l'Europe de Maastricht et sa monnaie unique. Dehaene retrouve là un terrain connu : celui de l'austérité budgétaire. Il retrouve enfin une raison de communiquer... « Mais il ne peut  pas faire semblant qu'il ne s'est rien passé cet été», précisait son cabinet hier.

Jean-Luc Dehaene délaissera donc pour un moment les chiffres pour parler aussi de sentiments. Pour évoquer ce malaise qui mine la Justice, ce doute profond qui assaille tout le pays depuis un mois. Oserait-on espérer cette fois un peu plus d'émotion, un peu moins de distance, que dans la communication gouvernementale lue par le Premier ministre il y a dix jours à la Chambre ?

Nombreux sont ceux qui pensent que, de toute façon, c'est trop tard. Que le mal est fait. Trop tard pour réparer la fâcheuse impression laissée par un Premier ministre qui a jugé bon de prolonger ses vacances alors que le pays tout entier plongeait dans l'horreur. Trop tard pour dissiper le malaise engendré par le refus obstiné du chef du gouvernement de répondre tout de suite aux inquiétudes légitimes de la population. Trop tard aussi pour calmer l'indignation que soulève la révélation, quoique non confirmée, du refus du Premier ministre de voir le Roi rentrer tout de suite au pays. Et dire qu'il y a un peu plus d'un an à peine, Jean-Luc Dehaene avait bâti son dernier succès électoral sur l'image du guide expérimenté. On n'a guère entendu ce guide, à l'heure où la Belgique déboussolée aurait tant voulu qu'il parle, qu'il rassure. A l'heure où les piliers les plus sacrés de l'État (la Justice, la police) vacillent sur leurs bases.

Chacun son style et sa manière de gouverner, dira-t-on. Mais jamais sans doute, la façon Dehaene n'aura autant désarçonné. Est-ce donc là une attitude digne d'un Premier ministre ? Nous avons voulu poser la question aux trois prédécesseurs de Jean-Luc Dehaene à la tête d'un gouvernement. Wilfried Martens a préféré s'abstenir, soucieux de ne pas engager de controverse. « A chacun son style», s'est-il contenté de préciser. C'est tout dire... En revanche, Mark Eyskens et Paul Vanden Boeynants ont accepté de nous confier les raisons pour lesquelles Jean-Luc Dehaene ne les a pas vraiment convaincus en ces heures tragiques.

 

P.Hx.

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Le cadet de ses soucis : la communication

Pour parler chiffres et budget devant le Parlement. Mais aussi, tout de même, pour dire un mot sur notre été meurtrier. Trop peu, trop tard...

Noël Slangen, de l'agence de publicité Siangen & Partners, a été le conseiller de Jean-Luc Dehaene lors de sa dernière campagne électorale. Concepteur de l'image du «guide expérimenté», il sait mieux que tout autre ce que communiquer veut dire pour le Premier ministre. C'est-à-dire pas grand-chose....

-Jean-Luc Dehaene se tait, alors que la population attend qu'il parle, et qu'il parle d'autre chose que de chiffres. Cela vous étonne?

« Non, c'est dans le droit fil du personnage. Dehaene est avant tout un chef de cabinet-né, un technicien en politique. Pour lui, le but est plus important que la manière. J'ai travaillé avec beaucoup d'hommes politiques, mais je peux vous assurer que Dehaene est un cas à part. Parce que la popularité n'est pas une priorité pour lui. »

-Soit. Mais de là à se taire dans toutes les langues...

Dehaene se méfie de la communication. 11 pense qu'à trop communiquer à la population, on finit par créer des malentendus. Y compris pour ses partenaires au sein du gouvernement. »

-On finirait par croire qu'il ne peut s'émouvoir que pour les résultats du Club brugeois...

« Détrompez-vous. Je peux vous assurer que Dehaene est quelqu'un de très humain. Je sais comment il se comporte avec ses enfants et ses petits-enfants. Il est certainement beaucoup plus affecté par les derniers événements que d'autres hommes politiques qui choisissent de se répandre aujourd'hui dans la presse.

Il ne cherchera d'ailleurs pas à récupérer les événements en terme de marketing politique. Seulement, Dehaene est très rationnel: il ne sait pas communiquer cette humanité. Seuls les proches de Dehaene peuvent comprendre son attitude

 

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 Qu'auraient-ils fait à sa place?

« La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 9

VDB, Eyskens: deux anciens Premiers ministres jugent le long silence de Dehaene. Ils auraient fait autre chose que se taire... et rester en vacances.

MARK Eyskens : Premier ministre CVP en 81

-  Vous êtes un Premier ministre en vacances à l'étranger lorsque éclate l'épouvantable drame que l'on a connu au mois d'août. Vous rentrez au pays ?

« Ah oui, dans la situation de M. Dehaene, je me serais précipité chez les parents éprouvés. Je me serais aussi rendu aux funérailles, je pense. Mais je comprends aussi l'attitude du Premier ministre, qui ne voulait pas s'imposer dans une cérémonie intime. Je pense en tout cas qu'il aurait dû interrompre ses vacances, ne fût-ce qu'un jour ou deux. Quand on est au pays, on peut réagir immédiatement. »

- Qu'attend-on d'un chef de gouvernement dans des circonstances aussi tragiques ?

« C'est surtout après, lorsque s'est produit tout ce grand déballage, cette incroyable pagaille, que le gouvernement, et surtout le premier ministre, aurait dû intervenir. D'accord, Stefaan De Clerck l'a fait. Mais le Premier ministre aurait pu se manifester aussi. D'autant qu'il en a eu l'occasion à la Chambre. »

- Il l'a fait en lisant sa communication gouvernementale. Comment l'avez-vous jugee?

« Sa déclaration était très neutre, peu engagée. Elle manquait peut-être d'un peu de sentiment,de compassion..»

-A l'image du personnage ?...

« Non, pas du tout! Là, je tiens à souligner que Jean-Luc Dehaene est un homme très sensible, très émotif On aurait tort de le condamner en tant qu'homme. Il était présent lors d'un séminaire du groupe parlementaire CVP. Je peux vous assurer qu'il est très affecté par les événements. C'est même visible. »

- En tout cas, il le cache bien...

«Il faut rappeler que Jean-Luc Dehaene a énormément de besogne. Il faut aussi quelqu'un qui s'occupe du budget. Cela intéresse sans doute moins l'homme de la rue, mais c'est aussi extrêmement important. Et nous avons la chance d'avoir un Premier ministre qui s'occupe aussi de cet aspect des choses.»

-Mais tout de même : il n'y a pas que les chiffres dans la vie !

«Effectivement, dans des circonstances aussi dramatiques, on doit pouvoir dire que les hommes passent avant les chiffres. L'opinion publique a mal jugé son flegme. Flegme qu'en d'autres circonstances, on aurait tant apprecie. »

 - Finalement, c'est le Roi que l'on a entendu, pas le Premier ministre. Curieux, non?«Les événements étaient tellement tragiques qu'on attendait un geste des plus hautes autorités de l'État. Le Roi l'a fait, Dehaene aurait pu le faire. Il aurait pu dire ce que le Roi a dit.»

- Vous trouvez des circonstances atténuantes à son mutisme?

«Il a aussi été un peu victime des circonstances, de la période des vacances. Il a un peu mal jugé la gravité du drame qui a frappé l'opinion publique. Personne n'est infaillible... Et puis surtout, il a dû estimer nécessaire d'adopter une attitude de grande réserve, il a eu peur d'être accusé de vouloir récupérer les événements. Surtout à l'heure où, comme l'ensemble du monde politique, il ne sait plus très bien à quel saint se vouer quand il s'agit de s'adresser à l'opinion publique.

Vous savez, quand on est Premier ministre, on doit surtout apprendre à cacher ses sentiments. Et Jean-Luc Dehaene n'est pas un homme qui cherche le succès facile.»

- Cela laissera des traces dans l'opinion publique?

«Sans doute. Et c'est dommage pour un homme qui a du coeur. A la première occasion, il devrait expliquer son attitude.»

 Propos recueillis par Pierre Havaux

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 PAUL Vanden Boeynants (Premier ministre PSC de 66 à 68 et en 78)

 - Vous êtes un Premier ministre en vacances à l'étranger lorsqu'éclate l'épouvantable drame que l'on a connu au mois d'août. Vous rentrez au pays ?

« C'est une question à laquelle il est difficile de répondre. Il faut évidemment voir le contexte du moment. Mais l'émotion était telle que j'ai l'impression que je serais revenu au pays. »

- Qu'attend-on d'un chef de gouvernement dans des circonstances aussi tragiques ?

« Oh, il y avait beaucoup de choses à faire. Par ce que les gens ne se sentent plus réellement gouvernés. Il est grand temps que le Premier ministre mette les choses à plat, rassure enfin la population. S'il n'est déjà trop tard... Ceci dit, rien n'est simple : un Premier ministre n'est jamais tout seul. Il dirige un gouvernement de quatre partis. »

- Comment avez-vous jugé la lecture de la communication gouvernementale de Dehaene à la Chambre ?

« C'était une communication très prudente, pour ne pas dire trop prudente. Mais Dehaene a une excuse: les problèmes budgétaires dans les quels il est empêtré ont, sans doute pris le pas sur ses sentiments, empêchant son coeur de parler. Ce qui l'a aussi empêché de mesurer l'ampleur de l'émotion populaire. »

- Vous auriez eu recours au Roi pour faire passer le message à la population ?

« Ah non ! Je pense que le Roi est intervenu probablement, vu le manque de réaction du gouvernement. Mais c'est moi, comme Premier ministre,qui aurait pris l'initiative. »

- C'est donc une erreur politique de Dehaene ?

« C'est en tout cas un manque de sensibilité. »

 P.Hx.

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Protéger nos enfants de la publicité

« La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 9

EN publiant une étude sur les enfants et la publicité, le BEUC (le bureau européen des consommateurs), et Consumentenbond (association néerlandaise des consommateurs) ont exprimé leur profonde inquiétude face à la prolifération des pratiques de marketing ayant pour cible les enfants.

Les pressions commerciales font désormais partie de la vie quotidienne des enfants, que ce soit à la télévision, dans les magazines, au petit déjeuner ou même à l'école. En même temps, les techniques ont évolué. La publicité s'est faite plus insidieuse et est devenue plus difficile à discerner. Un exemple, parmi d'autres: le phénomène des clubs d'enfants, répandus dans quasiment tous les pays de l'Union européenne. Il s'agit d'un outil de marketing particulièrement efficace puisqu'il permet de constituer un fichier d'adresses d'enfants avec qui on peut entretenir une relation de publicité et à qui on peut appliquer des techniques de marketing plus déguisées.

 Les enfants constituent des proies faciles car, jusqu'à l'âge de 6-8 ans, ils sont incapables de distinguer la publicité d'un autre contenu et ce n'est que vers 11-12 ans qu'ils commenceront à développer envers elle une attitude critique.

D'un point de vue strictement économique, les enfants sont intéressants puisqu'ils représentent trois marchés en un. Ils constituent un marché primaire dans la mesure où ils dépensent de l'argent pour satisfaire des besoins qui leur sont propres. Ils constituent également un marché de prescripteurs car ils influencent souvent les décisions d'achat du ménage. Enfin, on parle de marché futur car les enfants seront un jour des adultes et qu'il est important de les fidélisé

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Une réalité douloureuse: « les enfances volées »

« La Meuse » du mardi 1er  octobre 1996 page 9

Ceci n'est pas un livre sur les disparitions d'enfants. » L'avertissement insistant et répété de Claude Lelièvre est motivé par certaines critiques émises à la sortie du livre qu'il publie en compagnie de Jean-Claude Matgen, journaliste à la Libre Belgique.

 « Les ailes de la liberté - Récits d'enfances volées» relate une série de faits qui se sont déroulés en Belgique récemment et dont les victimes sont des enfants. Impossible, dans ces conditions, de ne pas penser aux affaires » qui ont bouleversé la Belgique depuis la mi-août.. Mais l'éditeur, Luc Pire, se défend d'être un éditeur « de circonstances», profitant de l'émotion suscitée par les événements pour en tirer un quelconque bénéfice. Quant à Claude Lelièvre, délégué général aux droits de l'enfant depuis 1991, il ne peut guère être suspect de sensationnalisme.

Voici, en fait, un an déjà que ce bouquin a été mis en chantier; bien avant, donc, que l'on connaisse le dénouement tragique des enlèvements de Julie, Métissa, An et Eefje. Le livre, déjà terminé au mois d'août, a d'ailleurs dû être revu en raison des événements. Toutefois, la pédophilie et la disparition d'enfants ne constituent qu'une partie de « Récits d'enfances volées». Claude Lelièvre et Jean-Claude Matgen racontent aussi l'histoire d'enfants de parents divorcés ou séparés, de mineurs emprisonnés, des filières d'adoption ou encore de jeunes enlevés par un des deux parents et emmenés à l'étranger. Autant de cas qui sont quotidiennement exposés à Claude Lelièvre et pour lesquels il lui arrive de servir de médiateur. Habituellement, il relate ces faits dans un rapport annuel à usage interne. Seules les personnes intéressées le compulsent. Cette fois, en compagnie du journaliste Jean-Claude Matgen, il a décidé de le mettre à la disposition du grand public.

Si lui-même est habitué à ces récits le plus souvent dramatiques, J.-C. Matgen, malgré la connaissance qu'il avait de certains témoignages, reconnaît que, plus d'une fois, il a éprouvé le besoin de prendre un temps d'arrêt dans son travail : « Je ne savais pas, dit-il, que la réalité était aussi douloureuse. » Finalement, les deux auteurs en sont arrivés à la conclusion que la Belgique était dotée d'outils plutôt modernes et performants mais qu'ils étaient mal utilisés. « Nous sommes parfois mieux lotis que nos voisins, mais dans l'application des lois, trop de décisions sont arbitraires et donnent lieu à des dérapages. »

P. Séféridis

 

 

Interview : Thierry GIET (Télé Moustique du jeudi septembre 1996 page 35)


Interview : Thierry GIET

« Difficile de faire part de ma conviction personnelle »

Télé Moustique du jeudi septembre 1996 page 35

Fils de l'ancien procureur général de liège, Thierry Giet est aujourd'hui député du Parti socialiste et comme tel il s'intéresse particulièrement aux dossiers relatifs à la justice. Au début des années quatre-vingt, il intervint aussi comme avocat dans le dossier CME.

Exercice de mémoire.

Connaissez-vous personnellement Michel Nihoul?

Thierry Giet. - Non.

Vous ne l'avez jamais rencontré?

T.G. T Rencontré? Disons que je l'ai vu une demi-heure au fond d'une salle d'audience en 1983. II était là. Je savais que c'était Nihoul. Mais c'est tout. Je ne lui ai jamais serré la main. Je ne lui ai jamais adressé un mot.

Vous avez plaidé naguère dans l'affaire du CME. Pour vous, s'agit-il d'une simple affaire d'escroquerie ou bien ce dossier faisait-il apparaître d'éventuels pots-de-vin?

T.G. - Dans cette affaire, la défense de notre client M. Guffens était de dire qu'il avait dû payer des pots-de-vin. En réalité, lui ni personne d'autre d'ailleurs n'a pu établir qu'il y avait un corrompu. Or, pour qu'il y ait pots-de-vin, il faut tout de même qu'il y ait un corrupteur et un corrompu. Par conséquent, les condamnations qui sont intervenues et donc la vérité judiciaire, c'est que ce dossier relevait de l'escroquerie.

C'est votre conviction aussi?

T.G. - Je vous le répète: la défense de M. Guffens était de dire qu'il n'avait pas profité de l'argent détourné et qu'il l'avait donné à un intermédiaire, on ne sait pas très bien qui. Alors voilà! Mais comme j'étais avocat dans ce dossier, c'est un peu difficile pour moi de vous faire part de ma conviction.

Dans cette affaire, les avocats Georges Dehousse, Marcel Cools et vous, avez demandé des honoraires d'un montant de 2,5 millions de francs. C'est une somme importante!

T.G. - Il faudrait en parler à Georges Dehousse et Marcel Cools. En 1983, je n'avais qu'un an de barreau et par conséquent, j'étais stagiaire. Si je suis intervenu dans ce dossier, c'est que j'avais un peu plus de temps que Georges Dehousse et Marcel Cools qui étaient déjà des avocats confirmés. II y avait quatorze ou quinze audiences à préparer, c'était important. De toute façon, les honoraires ont été fixés à l'époque par rapport à l'activité professionnelle des deux autres avocats qui défendaient M. Guffens. Etant encore stagiaire, je ne suis pas intervenu là-dedans.

Mais maintenant que vous êtes vous même un avocat confirmé, est-ce que ces honoraires de 2,5 millions de francs vous semblent démesurés?

T.G. - Vous n'êtes pas sans savoir que dans ce dossier il y a eu une contestation d'honoraires (faite par M. Guffens en fin de course. Et que la sentence arbitrale qui a été rendue nous a donné raison.

Est-il exact que ce soit Michel Nihoul qui ait donné l'ardent de ces honoraires en tant qu'intermédiaire de Jean-Pierre Guffens?

T.G. - Personnellement, je n'ai pas vécu cet épisode. C'est à Georges Dehousse qu'il faut poser cette question.

Question subsidiaire qui n'est pas directement liée à l'affaire du CME. Cela ne vous pose-t-il pas un problème de conscience d'être le fils de Léon Giet et d'être en même temps chargé par le PS d'examiner au parlement l'enquête sur l'enquête concernant notamment l'affai re Julie et Melissa?

T.G. - Mais je ne suis pas chargé par le PS de faire cela! Il n'y a aucune décision de principe qui a été prise à ce niveau. Simplement, il se fait que ma formation me permet de réagir plus facilement qu'un ingénieur dans ce genre de dossier.

Ce n'est pas vous qui vous occupez de ce dossier? Pourtant, c'est vous que l'on entend à son sujet!

T.G. - Tout le monde est susceptible d'intervenir sur ce dossier! Maintenant, c'est vrai que c'est moi qui l'ai fait. Mais pour répondre à votre question sur le fond, je dirais que très franchement mon père a pris ses responsabilités dans le cadre de son activité professionnelle. Jusqu'à preuve du contraire, personne ne lui reproche quoi que ce soit dans le cadre de l'enquête « Julie et Mélissa ».

II y a tout de même une polémique concernant l'accès au dossier par les parents des petites?

T.G. - Encore une fois, il a pris ses respon sabilités. A-t-il bien fait, a-t-il mal fait, chacun pense ce qu'il veut. C'était son problème. II a pris position. Pour ma part, l'ai été élu député par la population et j'assume mon mandat de député.

Et si d'aventure il devait apparaître qu'il y a eu des manquements graves au niveau du parquet général de Liège dans cette affaire?

T.G. - Je me retirerais du débat. Cela va de soi.

 Entretien: M.Bf.

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PLAINTE EN DIFFAMATION?

De son côté, Marcel Cools nous annonce que son cabinet, ainsi que celui de Georges Dehousse, préparent ensemble une plainte en calomnie et diffamation contre Georges Frisque, leur principal accusateur actuel dans le dossier du CME. "Celle-ci serait déjà lancée s'il n'y avait pas eu les développements actuels de l'affaire Cools ", précise-t-il. A propos d'éventuels pots de vin dans ce dossier, l'avocat flémallois s'en tient aujourd'hui à la vérité judiciaire: "Cela a été jugé comme étant une escroquerie" . Enfin, pour ce qui est de la question des honoraires importants qui furent réclamés dans ce dossier, il rappelle lui aussi que cette question fut officiellement arbitrée à l'avantage du trio d'avocats.        

M.Bf.

 

 

La vie secrète de Michel Nihoul(Télé Moustique du jeudi septembre 1996 page 24, 25 et 26)


La vie secrète de Michel Nihoul

Télé Moustique du jeudi septembre 1996 page 24, 25 et 26

Bref rappel de l'épisode précédent. Issu d'un milieu assez modeste de la région verviétoise, Michel Nihoul s'installe à Bruxelles au milieu des années septante après avoir déjà été condamné pour Faillite frauduleuse. Il se reconvertit d'abord en vendeur dans un magasin de confection du boulevard Adolphe Max, avant de se lancer dans le négoce de vin, l'architecture d'intérieur, puis l'immobilier... II découvre par ailleurs les milieux interlopes de la vie nocturne bruxelloise en compagnie de l'avocate et sa désormais complice, Annie Bouty. Dès cette époque, Nihoul est proche d'un autre avocat, dont nous reparlerons dans un article ultérieur. Il s'agit de l'ex-membre du Cepic (I'aile droitière au aujourd'hui dissoute du PSC) Philippe Deleuze qui avait été un compagnon d'études d'Annie Bouty à l'université.

Au début des années quatre vingt, Nihoul est donc devenu l'homme d'affaires que l'on connaît. Il passe également une partie de son temps dans l'animation d'une radio libre à Etterbeek dirigée à l'époque par le beau-Fils de Léon Defossé. Mais, proche des milieux de la prostitution, l'une des activités principales de cet oiseau de nuit est alors l'organisation de « sex-parties » pour ses relations d'affaires.

Nihoul a-t-il tiré profit de ces activités un peu particulières pour obtenir des moyens de pression? L'hypothèse n'est pas invraisemblable. Dans plusieurs affaires - on ne citera ici que le scandale ProFumo qui défraya la chronique en Grande-Bretagne - les dépravations de personnalités ont été utilisées pour les piéger. De plus, l'affaire que nous allons maintenant évoquer démontre que Nihoul se sentait bien dans la peau d'un maître chanteur potentiel.

Simples détournements de fonds ou pots-de-vin?

Flash-bock. Dans le courant des années septante, une trentaine de jeunes médecins s'associent pour promouvoir la construction d'un nouvel hôpital en région liégeoise. C'est le projet du Centre médical de l'Est dont le but affiché est « la mise au service de tous, et spécialement des plus défavorisés, d'une médecine hautement qualifiée aux conditions les moins onéreuses possible pour le patient, compte tenu de la législation sociale en vigueur ». Les partenaires investissent chacun plusieurs millions de francs et une ASBL se constitue à Fléron au sein de laquelle le docteur Jean-Marie Guffens prend un rôle actif. Pour faire avancer les procédures administratives, ce chirurgien distille un certain nombre de pots-de-vin a des hommes influents dans la Cité ardente. C'est en tout cas sa version lorsque le scandale du CME éclate en 1980 et qu'il est interrogé dans le cadre d'une instruction judiciaire. Mais l'enquête menée à ce sujet - Guffens parlait notamment d'un « homme habillé d'un loden vert qui avait réceptionné une valise de billets sur le boulevard d'Avroy au profit du PS liégeois » - n'aboutit pas.

Finalement, le médecin n'est donc poursuivi que pour détournements de fonds à concurrence de 5 millions de francs. On lui reproche en plus des dépenses de prestige (achat de mobilier de luxe destiné à un usage personnel, voyages d'études inutiles, repas somptueux dans les meilleurs restaurants du pays). Celui qui était considéré par l'accusation comme son "éminence grise", le secrétaire général de CME, Georges Frisque, est également inculpé.

Un trio d'avocats de premier plan

En 1981, Guffens est renvoyé devant le tribunal correctionnel de liège. Ses avocats sont maîtres Toussaint et Bion. De son côté, Georges Frisque est défendu par Annie Bouty qu'il connaissait préalablement.

Amie à l'époque de son épouse, Claude M., qu'elle fréquenta à l'Université Libre de Bruxelles dans les années soixante, Bouty avait été témoin de son mariage. Bref, lors de ce procès en première instance qui a lieu en 1983 l'affaire tourne mal pour Guffens qui prend trois- ans. Frisque est mis hors cause.

Le docteur Guffens décide alors d'aller en appel. Et pour ce faire, il veut mettre toutes des chances de son côté. Et c'est ici qu'intervient Michel Nihoul. Compagnon d'Annie Bouty, celui-ci propose à Guffens de "tout régler". C'est à ce moment que le médecin liégeois change d'avocats. Leurs noms ? II y a

Marcel Cools, à l'époque âgé de 34 ans, fils du "maître de Flémalle" Thierry Giet, aujourd'hui parlementaire, chargé des dossiers justice pour le PS à la chambre et fils du procureur général de Liège de l'époque, Léon

Giet. Et enfin, Georges Dehousse, avocat attitré de la famille Cools (sans parenté avec l'actuel bourgmestre de Liège).

Nihoul dépose cinq millions de francs sur le bureau d'Annie Bouty

Ces trois avocats demandent une provision de 2,5 millions de francs à Guffens. Une somme importante. Par exemple, dans l'autre camp, le bureau d'avocats Boverie qui s'occupe de la curatelle de CME, donc du même dossier, se contente d'un million de francs d'honoraires.

D'où cette question: les 2,5 millions réclamés par le trio Giet-Cools-Dehousse n'étaient-ils qu'une simple provision ou, selon la version avancée depuis de nombreuses années par Georges Frisque, un camouflage pour "tout régler" au moyen de pots-de-vin. On s'en doute, les avocats concernés démentent toute intention de corruption dans ce dossier.

Quant au rôle de Nihoul, il est plus limpide. Après avoir convaincu Guffens qu'il peut arranger ses bidons s'il consent à payer ce qu'il faut, Nihoul obtient une procuration pour aller prélever 5 millions sur un compte du Crédit Suisse à Genève. "A l'époque, Nihoul se rendait souvent a Genève. Il se vantait d'avoir de l'argent sur un compte là-bas", nous confirme un ancien animateur de l'ex-station etterbeekoise Radio Activité qui fréquentait l'homme d'affaires bruxellois à cette époque. Mieux, dans le cadre de nos recherches, nous sommes tombé sur un témoin très intéressant. Cet homme était présent dons le bureau d'avocats d'Annie Bouty, avenue de la Toison d'Or, le jour où Nihoul est revenu de Suisse avec l'argent de Guffens.

Récit de ce témoin: "Il était fier comme Artaban. Nihoul a déposé une valise pleine de billets sur le bureau de Bouty et il a dit: "J'ai cinq millions de commission des Hôpitaux de l'Est". A cette époque, il prétendait être très lié à des personnalités du PS liégeois. En le fréquentant pendant plusieurs années, j'ai pu constater qu'if était en effet à tu et a toi avec certaines personnalités et d'ailleurs pas uniquement du PS. Bien sûr, cela ne prouve rien. D'autant que Nihoul est un peu mythomane, il a toujours eu tendance à exagérer l'importance de ses relations."

Que fait Nihoul avec les cinq millions de Guffens ? On vous le donne en mille: il les garde pour lui! En définitive, il n'aurait donné que 8.000 francs suisses aux avocats de Guffens, le reste de la provision de 2,5 millions étant finalement complété par la famille de Guffens.

L'homme d'affaires se disait en mesure de faire chanter des personnalités liégeoises

En mars 1983, le procès en « appeI »  de l'affaire CME s'ouvre à Liège. Le siège du ministère public est occupé par Anne Thily, l'actuel procureur général.

Et survient un nouveau coup de théâtre: il apparaît que Georges Frisque qui comparaît aux côtés de Guffens sur le banc des prévenus a été doublé par son avocat Annie Bouty !

C'est que depuis un certain temps déjà, avocate est la maîtresse de Nihoul ainsi que celle de Guffens et qu'elle a comploté avec celui-ci pour malmener la barque de son client « Frisque » afin de lui faire endosser un maximum de responsabilités dans le dossier!

Bouty est évacuée manu militari de la Cour d'appel et fait l'objet de poursuites qui n'aboutiront finalement pas.

Mais Frisque doit alors se défendre tout seul. Résultat des courses: Guffens prend quatreans fermes et Frisque qui avait été mis hors cause en première instance écope de six mois fermes. Dès lors, on comprend la hargne de Frisque à l'égard du duo Bouty-Nihoul. Depuis lors, il n'aura d'ailleurs de cesse de les poursuivre et de démontrer toutes les combines supposées de l'affaire CME.

Ses accusations sont-elles crédibles? Un magistrat bruxellois qui l'a longuement écouté -comme plusieurs autres d'ailleurs! - affirme que le dossier Frisque est explosif. Par contre, un médecin qui participa au projet du CME n'y croit pas vraiment: "Nous avons été vus pour plusieurs millions dans cette affaire. On n'a jamais revu notre argent. Plutôt qu'un scandale politico-financier, cette affaire fut une formidable escroquerie avec Guffens comme acteur principal".

A ce jour, l'affaire CME n'a pas encore été complètement liquidée far le curateur chargé du dossier. Tandis que Frisque, qui avait déjà été interrogé par la "Cellule Cools" il y a cinq ans, est allé trouver le juge Connerotte à Neufchâteau. On croit savoir qu'il lui a remis plusieurs documents étayant ses accusations. Le récit de Frisque tendrait à démontrer que l'argent de Guffens, les cinq millions du Crédit Suisse, ont finalement été investis par Nihoul dans un établissement bruxellois géré par sa "femme de paille" favorite, Manses De Cokere. Il s'agit du Clin d'oeil, un café qui se trouvait à proximité du Petit Sablon à Bruxelles.

A la même époque, Nihoul possédait aussi un autre établissement dénommé « Le Chat blond ».

Le « Clin d'œil » était ouvert jusqu'aux petites heures de la nuit et fréquenté, paraît-il, par du beau monde. Un ancien client régulier que nous avons rencontré longuement se souvient notamment de cette anecdote qui ne manque pas de sel: "Au fil du temps, cet établissement est devenu l'un des lieux de repos favoris de policiers de la Ville de Bruxelles. Ceux qui travaillaient la nuit venaient passer là de longs moments. Vers 4-5 heures du matin, ils partaient dare-dare, parce qu'ils avaient un certain nombre de kilomètres à parcourir le plus vite possible pour prouver à leurs supérieurs qu'ils avaient bien patrouillé toute la nuit".

Très sûr de lui, à cette époque, Nihoul ne cachait pas à ses intimes qu'il avait réinvesti l'argent des Hôpitaux de l'Est dans « le Clin d'œil »; prétendant a qui voulait l'entendre qu'il était à l'abri parce que cet argent était destiné a des commissions occultes dont il connaissait les destinataires. Et que dès lors, il pouvait faire chanter pas mal de monde à Liège. Etait-ce Nihoul-le-bras-long ou Nihoul-le mythomane qui parlait a ce moment-là?

La réponse à cette question pourrait en tout cas donner un éclairage intéressant sur les protections dont a pu bénéficier Jean-Miche dans la Cité ardente et ailleurs...

 

Michel Bouffioux

À suivre...

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Légende photos :

Michel Nihoul est défendu par deux avocats : Mr Frédéric Clément de Clety et Me Virginie Barra Nyanka

(Notre photo) . L'autre jour a la sortie du palais de Justice de Neufchâteau, celle-ci déclarait : "Mais oui, Monsieur Nihoul était un partouzeur!" Mais pour son défenseur, Nihoul n'était qu'un "client" des parties fines en question, pas leur organisateur...

 

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 BALLETS ROSES, LE RETOUR?

Nos révélations de la semaine dernière sur les "partouzes" organisées à Faulx-les-Tombes et ailleurs par Michel Nihoul sont-elles à mettre en rapport avec les nombreuses enquêtes qui ont été faites, ces dernières années, sur ce qu'on a appelé les "ballets roses"? Selon ce qu'on nous dit de source sûre, la réponse est affirmative.

On a évoqué à plusieurs reprises dans les médias ces "parties fines" menant en présence diverses personnalités et, a-t-on souvent suggéré, des mineurs d'âge. Différentes enquêtes ont été menées à ce sujet par plusieurs services de police - PJ, gendarmerie, comité supérieur de contrôle - et notamment dès 1979, à la suite d'une dénonciation farte par un médecin psychiatre ucclois, le docteur André Pinon. Ce véritable monstre du Loch Ness judiciaire réapparut en 1981, dans la foulée de l'incendie criminel du journal Pour qui se disait en mesure de faire des révélations sur le sujet. Et puis encore en 1985, à la suite de nouveaux témoignages parvenus à la PJ de Bruxelles, en 1987, dans la foulée d'une nouvelle déposition de l'ex-épouse du docteur Pinon et en 1990, à la suite de révélations ensuite rétractées d'une ancienne call-girl, Maud Sarr.

 Toutes ces enquêtes n'ont pu que confirmer l'existence des dites partouzes, mais sans jamais établir - officiellement, en tout cas- la participation de mineurs d'âge. Elles ont cependant prouvé l'implication dans ces fêtes un peu spéciales de personnalités appartenant à la "haute" société.

Or, l'on sait aujourd'hui que Nihoul était l'organisateur de certaines de ces soirées et nous sommes en mesure d'ajouter que c'est bien dans le cadre des enquêtes « ballets-roses » que des membres des forces de l'ordre ont planqué devant le château de Faulx-les-Tombes au début des années quatre-vingt.

 Dans le cadre de ce dossier, des surveillances furent aussi mises en place à une autre adresse fréquentée par Nihoul à l'époque. Il s'agit d'une maison de l'avenue des Atrébotes à Efferbeek où selon un témoignage relayé la semaine dernière par une chaîne de télé, une mineure d'âge aurait été abusée. Dans le dossier « ballets roses » encore, les enquêteurs se sont aussi intéressés à diverses villas dans le Brabant wallon et à une boite de la région bruxelloise, le Happy Few, qui était gérée par... Patrick Haemers. La Belgique est décidément un petit pays. D'ailleurs, Nihoul le prouvait lui-même récemment en utilisant un ex-complice de Haemers, l'avocat déchu Michel Van der Elst comme alibi. On le sait, ce n'est pas le seul lien potentiel entre le dossier Nihoul et l'environnement de Patrick Haemers puisque Dutroux, Lelièvre et l'homme d'affaires bruxellois fréquentaient naguère une maison d'lxelles où était domicilié Roland Corvillain, un pédophile notoire mais aussi, jusqu'en 1991, le dénommé Serge Frantsévitch lié aux affaires commerciales et autres d'Achille Haemers, le père du truand décédé en prison avant son procès pour l'enlèvement de Paul Vanden Boeynants.

M.Bf.

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