mardi 30 décembre 2008

Tout est prévu pour un succès (Dernière Heure de vendredi 18 octobre 1996 page 3)


Tout est prévu pour un succès

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 3

LISEZ CECI AVANT DE MANIFESTER, CE DIMANCHE

BRUXELLES - Estimations : c'est la première inconnue. Le nombre de participants attendus évolue au jour le jour. Hier, la police de Bruxelles tablait sur « plusieurs dizaines de milliers » de personnes.

Les indications recueillies auprès de la SNCB et des fédérations d'autocaristes font dire au commissaire en chef Roland Vanreusel que les participants seraient au moins 80.000, ce qui pulvériserait les précédents records et feraient de la marche blanche la plus importante au moins depuis quinze ans: une manif antimissiles avait rassemblé 70.000 pacifistes voici dix ans.

Selon PoIBru, plus aucun autocar ne serait disponible dans le nord du pays, ni en province de Liège.

- Départ : en principe fixé à 14 h.

PoIBru précise toutefois que, si des milliers de personnes se rassemblaient plus tôt, le feu vert serait donné avant 14 heures, de manière à étaler le cortège pour éviter les bousculades. Selon les policiers, la présence de 80.000 participants signifierait que la queue de la marche ne partirait pas avant 20 h (dimanche, le soleil se couche à 18 h 40). Le trajet (environ 3 km) se parcourt en environ une heure et quart.

- Les parents : d'An, d'Eefje, de Julie et de Mélissa mais aussi d'Elisabeth, de Nathalie, de Loubna Benaïssa et du petit Gevreije Kavas, disparu à Molenbeek il y a dix ans, marcheront en tête du cortège. Ils sont attendus à 13 h face aux bâtiments de la Communauté flamande (angle bds Jacqmain / Baudouin) et seront reçus vers 16 h au 16 rue de la Loi par le premier ministre et ses collègues de la Justice et de l'Intérieur.

Effectifs policiers : 1.400 hommes. « Nous voulons éviter trop de présence policière pour ne pas donner l'impression d'une crainte réelle d'incidents. »

En chiffres: PoIBru aligne 400 hommes répartis 1) immédiatement le long de l'itinéraire (avec à chaque carrefour des agents pour vous guider et prêter aide et assistance et 2) parallèlement en retrait du trajet, façon d'éviter que certains soient tentés de s'en écarter. En outre, un millier de gendarmes seront disposés pour empêcher les intrusions dans la zone neutre et la zone justice (palais et ministère de la Justice).

- Participants : toutes et tous êtes invités à rejoindre les parents de Julie et de Mélissa.

Des délégations viendraient des Pays-Bas, du Grand-Duché, de France et d'Alle magne. PoIBru, qui n'émet aucune réserve, fait toutefois remarquer que le bon sens voudrait que les ersonnes dont l'état de santé ne le permettrait pas (cardiaques, notamment) apprécient le risque d'une longue marche au milieu d'une foule de plusieurs dizaines de milliers de manifestants.

Enfants : le commissaire en chef vous demande instamment d'identifier vos enfants: que chacun soit porteur d'un ou plusieurs numéros de téléphone de personnes à contacter. Néanmoins, les enfants égarés seront rassemblés au service Infopol de PoIBru : 30, rue du Marché-au-Charbon (02/517.97.07), qui recueillera et veillera sur nos chères têtes blondes.

- Moins valides: bienvenue à tous, bien sûr, PoIBru souhaitant toutefois que vous vous déplaciez en chaise roulante.

- Caméras : souriez, vous serez filmé ! Le trajet Nord / Midi est jalonné de caméras de télé-surveillance reliées au commissariat central... qui aura l'oeil en permanence sur l'entièreté de la marche blanche.

Pour les enfants...

- Assistance : la Croix-Rouge pré voit d'équiper deux tentes de premiers secours en début et fin du parcours. POIBru installe un « command car » devant la Communauté flamande. Les cliniques universitaires Saint-Luc (Woluwe) ont la responsabilité des secours médicaux. Installations : un podium sera installé en face de la Communauté flamande, afin de permettre certaines animations (chorales, chants, allocutions). François Saussus, le petit Namurois qui avait chanté lors des funérailles de Julie et Mélissa, sera présent. Pour accompagner la marche,il est prévu de diffuser une musique choisie par les parents, notamment classique. Des panneaux avec la photodes enfants assassines seront disposés en fin d'itinéraire (au coin du boulevard Lemonnier . et de la place de la Constitution). Les participants seront invités à y déposer leurs fleurs (blanches).

En fin de cortège, chacun sera invité à lâcher son ballon (blanc).

Incidents : les informations de POIBru font craindre d'éventuels débordements du Vlaams Blok et du PTB.

Slogans: nul doute que les participants auront à coeur de respecter le voeu des parents. En mémoire des enfants assassinés, les organisateurs souhaitent la dignité. Les calicots sont interdits.

Quant aux slogans, POIBru admet qu'elle ne peut empêcher personne de crier. (Si le slogan est de type politique, nous essayerons de l'endiguer. »

Bref, POIBru réprimera, en douceur, les éventuels « Justice pourrie » et autres « Dehaene buiten ».

- Symboles : suivant la volonté des organisateurs,vêtements clairs, fleur (s) blanche (s) – sans préférence - et ballons blancs.

- Organisateur : aux yeux de la police de Bruxelles, la personne qui a pris la responsabilité de cette marche, en accord avec les autres familles, est nommément Mme Bouzet, maman d'Elisabeth Brichet, dont la disparition remonte à décembre 1989. En permanence, un officier de liaison - en la personne du commissaire

Jacques Deveaux - sera, donc, présent aux côtés de Mme Bouzet.

Gilbert Dupont

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Les parents chez le Roi

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 3

NOUVEAU RENDEZ-VOUS CE VENDREDI

BRUXELLES - « Une clarté totale doit être faite sur le drame, ses origines et toutes ses ramifications.

Le communiqué signé conjointement par le roi Albert II et la reine Paola a surpris, en ce début septembre. Les Souverains, qui venaient de rencontrer toutes les familles concernées par le drame de la disparition d'un enfant, s'engageaient alors à poursuivre le dialogue avec ces parents meurtris, en accord avec le ministre de la Justice et des spécialistes. Objectif: Un dialogue concret sur les mesures à prendre pour combattre la pédophilie et la traite des êtres humains.

Experts

Le Roi a tenu parole. Ce vendredi, dès seize heures, ils seront tous au Palais, pour une première table ronde sur le thème. Les Benaïssa, les Lejeune, Russo, Brichet, les parents de Sabine et de Laetitia... encadrés par de nombreux experts, dont Françoise Tulkens, professeur de droit pénal à l'UCL, Yves-Hiram Haesevoets, de SOS enfants, le délégué général Claude Lelièvre, le magistrat national André Vandooren. Le ministre de la Justice dirigera la réunion, après que le roi Albert II aura prononcé un discours d'introduction.

La Reine sera présente, tout comme plusieurs proches collaborateurs du Souverain. Au total, près d'une cinquantaine de personnes...

Un ordre du jour a été défini, commente-t-on laconiquement à la Justice. Divers exposés sont attendus, avant un question-time, où tout le monde aura la parole. »

Daniel Martin ,criminologue président du service d'aide aux victimes (Huy), interviendra après le Roi et le ministre De Clerck. Ensuite, Jean-Pierre Malmendier, de l'asbl Marc et Corine.

«Cette table ronde revient entièrement à l'initiative royale », ajoute-t-on au ministère.

Dans les colonnes de Het Laatste Nieuws, Paul Marchal, le père d'An, a confié que le Roi était le dernier espoir auquel il se raccroche. « Pourtant, après la rencontre chez le ministre De Clerck, je n'avais plus aucune envie d'y aller. » Une rencontre d'où les familles sont sorties marquées. L’instant d'après, elles annonçaient qu'elles n'introduiraient pas une requête d'opposition contre l'arrêt de la Cour de cassation qui dessaisit le juge Connerotte...

Nous avons joint hier Nabela Benaïssa, la soeur de Loubna, qui sera là, avec ses parents : « J'espère vraiment que des choses concrètes en ressortiront, qu'il ne s'agira pas de nouvelles discussions vaines et superficielles. Entre familles, nous n'avons pas eu de concertation préalable, mais nous sommes confiants.

Confiants parce que, déjà, le Roi a tenu parole, lui qui avait annoncé qu'il y aurait une suite. C'était en septembre.

Nancy Ferroni

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Manifester à pied, en train, en métro ou en autocar...

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 3

BRUXELLES - Mobilisation générale à la SNCB ce dimanche. Outre les trains normaux de week-end, la direction de la société a décidé de mettre en oeuvre une série de trains spéciaux pour acheminer dans les meilleures conditions un public que l'on imagine déjà très nombreux.

Pour l'heure, seuls les trains vers Bruxelles sont déjà programmés précisément, du matériel étant tenu en réserve pour venir renforcer des retours dont les horaires sont, bien entendu, très difficiles à prévoir.

Outre les trains spéciaux, la SNCB nous a précisé que ce sont bien les horaires normaux de week-end qui seront appliqués, les trains d'heures de pointe de semaine n'ayant pas de raison d'être mis en service dans le cas présent. Pour rappel, un billet spécial est disponible dans toutes les gares. Il coûte 200 francs en pré vente (jusqu'à ce vendredi inclus) et 250 francs samedi et dimanche.

10.974 billets déjà vendus

Beau geste envers les innombrables familles qui s'associeront à l'événement : pour les enfants de 6 a moins de 12 ans, ce billet aller-retour est vendu au prix de 100 francs et est valable entre toute gare belge et Bruxelles. Bien entendu, les enfants de moins de 6 ans voyagent, quant à eux, comme d'habitude, gratuitement.

A titre indicatif, hier à 13 heures, dernière estimation communiquée par la SNCB, 10.974 billets spéciaux avaient déjà été écoulés, principalement à liège, à Tournai, à Charleroi et à Mons.

En ce qui concerne les transports en commun bruxellois, le transport sera gratuit sur l'ensemble du réseau de la Stib, la Société des transports interurbains bruxellois, le dimanche 20 octobre de 12 à 20 heures.

Le personnel et la direction de la Stib entendent de la sorte témoigner leur soutien à la manifestation qui se déroulera ce jour-là dans le centre de Bruxelles sur le thème de la défense des droits de l'enfant.

Rappelons tout de même que la société Interparking a pensé aux automobilistes téméraires, puisqu'elle mettra à la disposition des manifestants motorisés toutes ses infrastructures du centre-ville.

Une mesure qui ouvrira les portes des parkings Albertine, Botanique, CCN, Centre 58, City 2, Deux Portes, Ecuyer, Grand-Place (Agora), Inno, Monnaie, Passage 44, Philips, Rogier et WTC.

Enfin, ceux qui aiment se laisser conduire apprendront avec bonheur que la Fédération belge des exploitants d'autobus, d'autocars et des organisateurs de voyages s'associe activement au mouvement de solidarité envers les proches des victimes. Un soutien qui se traduira par l'organisation, aux quatre coins du pars, de déplacements vers la capitale.

Ph. B.

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Stars au rendez-vous

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 3

BRUXELLES - Des personnalités de tous les domaines seront présentes à la manifestation de di manche. Ainsi, dans le monde du foot «Au Standard, nous sommes très sensibilisés à ce problème, explique Benny Debusschere. Nous avions d'ailleurs, à l'époque, envoyé une lettre, signée par tout le groupe, aux parents de Julie et de Mélissa. Personnellement, j'envisage vraiment de me déplacer à Bruxelles, j'espère qu'il y aura un monde fou ! Si ma copine est d'accord, nous irons. Il est même fort possible que plusieurs éléments du noyau se joindront à nous. » L'Anderlechtois Frédéric Peiremans ne reste pas sourd non plus à cet immense cri du peuple : « Je n'exclus pas l'éventualité de m'associer physiquement à ce mouvement de réprobation populaire. Il faut maintenir la pression. Mais il est possible que nous nous déplacions en groupe, nous aussi. Nous déciderons après avoir écouté la proposition de Pâr Zetterberg, notre capitaine.

Le show bizz

« Je pense que je serai présent,nous a dit Salvatore Adamo. «Peut-être avec José Van Dam. Mais je souhaite que cela se fasse dans la discrétion. ». Même remarque chez Stéphane Steeman « Je serai là avec mon épouse. Mais comme tout le monde. Pas comme une vedette ! » Jacques Mercier, Philippe Geluck et l'équipe du jeux des dictionnaires sera au grand complet: « Dès le premier jour, nous avons décidé que nous irions ensemble et en famille. » L'imitateur Richard Ruben, qui est papa depuis quelques mois se sent également très concerné : « En principe, je participe aussi ! »

Et des stars de la bande dessinée. Tibet : « Tout est louche dans cette histoire. Et je me sens révolté. Nous irons en famille, avec ma fille et ses deux enfants. » La chanteuse Muriel Dacq, qui l'année dernière, avait enregistré une chanson contre la pédophilie ne sera pas à Bruxelles, mais participera, avec Céline Dion, au Téléthon de Montréal : « Je parlerai de cette manifestation à la télévision canadienne ».

Et chez les politiques ? La chose est plus floue. Les ténors des principaux partis se tâtaient encore, hier après-midi, entre leur volonté d'y aller pour montrer combien ils participent à la douleur générale de la population, et la crainte d'être taxés de récupération. La plupart des partis ont décidé de laisser leurs membres prendre part au cortège en tant de citoyens. On devrait donc y retrouver quelques  grosses pointures mais dispersées au sein de la foule et en famille. Aucune d'entre elle, hier, ne souhaitait annoncer sa présence. Il est, par contre, à craindre que le Vlaams Blok et les traditionnels allumés du PTB tentent d'envahir de leurs tracts la manif...

M. D, E. P et ch. C.

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Les services météo plutôt optimistes

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 3

BRUXELLES - Le succès de la marche blanche de dimanche dépendra aussi de la... couleur du ciel. Encore qu'il serait étonnant que quelques nuages et même un peu de pluie puissent modifier la décision de celles et ceux qui ne voudraient, pour rien au monde, ne pas marcher dans le centre de Bruxelles avec les parents des enfants assassinés.

Quel temps fera-t-il dimanche après midi? Nous nous sommes renseignés auprès des deux services météo du pays : l'Institut royal météo d'Uccle et le Wing météo, installé sur la base aérienne de Beauvechain. A quelques mini-nuances près, les réponses sont identiques. Avec les réserves d'usage liées à des prévisions à trois jours, la Météo prévoit un temps bien de chez nous, c'est-àdire mi-figue mi-raisin.

L'IRM commence par exclure le grand soleil. L'été indien dont nous étions gratifiés depuis le début de la semaine ne sera pas de mise. Mais il fera doux pour la saison: l'IRM prévoit à Bruxelles des températures de l'ordre de 15 à 16 degrés, ainsi qu'un vent modéré du sud-ouest. Car notre pays se trouvera sous l'influence de courants maritimes faiblement perturbés provenant de l'océan Atlantique. Bref, il fera « plus ou moins gris », sans qu'il faille exclure des précipitations. Mais s'il pleut, ce sera très modérément, conclut l'Irm.

Pas d'Indien Summer

Prévisions sensiblement identiques au Wing Météo : températures douces - entre 15 et 18 degrés -, temps couvert, gris, avec un petit risque de pluies. Le Wing exclut lui aussi l'Indian Summer.

Les deux services admettent qu'il aurait très certainement fait meilleur samedi... mais il est bien sûr trop tard pour modifier la date choisie il y a quinze jours.

Bref, les bottes et lainages ne seront pas du tout nécessaires, mais prévoir impers et parapluies sera prudent !...

Gil.

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TV ET RADIO : Mobilisation générale

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 3

BRUXELLES - A événement exceptionnel, couverture médiatique exceptionnelle. A la RTBF comme à RTL, on multiplie les moyens pour qu'en radio comme en télévision ce dimanche, l'information entre dans tous les foyers.

Petit tour d'horizon.

RTBF « Télévision » : A 13 h 10, sur la Une, Marc Bouvier et Pascale Preumont proposent un numéro spécial de l'Hebdo, intitulé La marche blanche. Les deux reporters font le tour de cette manifestation : quels sont ses moteurs, sur quoi peut-elle déboucher, quels sont les risques de débordement ?

Ce reportage sera rediffusé le lundi 21 octobre, à 22 h 30, sur 21.

RTBF – « Radio »

Les journaux parlés seront plus longs durant toute la journée de dimanche. Sur La Première, entre 12 et 19 heures, on proposera un programme musical qui sera régulièrement entrecoupé de flashes d'information assurés par la rédaction du JP. Les autres radios gardent leur programme habituel.

- RTL - TVi

A 13 h et à 19 h, RTL-TVi proposera des éditions spéciales en direct de la marche d'hommage aux enfants disparus. Durant tout l'après-midi, des interventions en direct viendront interrompre les programmes. Frédérique Ries, Philippe Malherbe et Philippe Henry assureront ces reportages.

Bel RTL

Durant tout l'après-midi de dimanche, des flashes d'information feront le point sur l'évolution de la manifestation.

D'autre part, entre 13 et 14 heures, Pascal Vrebos accueillera des témoignages dans Les auditeurs ont la parole (comme il l'avait d'ailleurs fait lors des obsèques de Julie et Mélissa, ainsi que celles d'An et Eefje).

I.M

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus rien n'arrêtera l'enquête (Dernière Heure de vendredi 18 octobre 1996 page 2)


Peines incompressibles la Chambre reste sourde

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 2

BRUXELLES - Deux mois, jour pour jour, après la découverte des corps de Julie et Mélissa, les députés étaient réunis, jeudi, en séance plénière. Alors que les manifestations se poursuivaient dans tout le pays et que des dizaines de milliers de Belges s'apprêtent à défiler dimanche à Bruxelles, les débats ont malheureusement donné l'impression de tourner en rond.

Avant d'instituer la commission parlementaire d'enquête sur l'enquête sur l'enquête (!) Dutroux, les députés se sont essentiellement exprimés sur la pétition remise par l'asbl Marc et Corine et signée par plus de 2.600.000 citoyens, un record. L'un des points essentiels de cette pétition concerne, on le sait, l'introduction, dans nos lois, des peines incompressibles. Concrètement, les représentants ne se sont toujours pas mis d'accord pour rouvrir le débat sur le sujet... La majorité avait déjà refusé ces peines incompressibles lors du vote de l'abolition de la peine de mort.

Pour le PRL-FDF et le VLD, qui militent pour ces peines de sûreté, il y a urgence. « Le gouvernement veut-il protéger nos enfants ou continue-t-il à prôner avant tout des idées de réinsertion sociale ?

La première priorité doit être la sécurité de nos enfants ! »,clame le député Didier Reynders.

Selon le PS, par contre, les peines incompressibles sont « inutiles, inefficaces et dangereuses », pour reprendre les adjectifs de Serge Moureaux. Rejoint sur ce point par Nathalie de T'Serclaes (PSC), le député socialiste constate que même sans modification de la loi actuelle, il est tout à fait possible qu'une personne condamnée à une peine de prison doive exécuter l'entièreté de cette peine ». Ecolo est d'accord pour débattre à nouveau de ces peines incompres sibles, compte tenu de l'ampleur de la pétition, mais fait déjà connaître ses réticences, notamment sur la question (évoquée par tous les autres adversaires du projet) de savoir si ces peines ne vont pas inciter l'auteur à éliminer sa victime pour ne pas prendre le risque d'être identifié. La réponse du PRL-FDF à ce sujet est cinglante: « Dutroux a déjà agi de la sorte, alors qu'il n'y a pas de peines incompressibles. Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, qui refuse toujours l'idée de ces peines à terme fixe, a estimé que la pétition était un appel à revoir globalement la politique judiciaire. Ses réformes, dont il a dressé à nouveau le catalogue, permettront l'adaptation nécessaire de la loi lejeune sur les libérations conditionnelles. II a, entre autres, rappelé l'instauration de chambres d'exécution des peines, composées de juges (sans doute 3) qui devront marquer un accord unanime sur la libération. Le ministre compte aussi beaucoup sur le suivi spécifique des délinquants sexuels et sur l'amélioration du suivi social des libérés.

Les différentes formations politiques ne s'entendent jusqu'ici que sur un seul point: la place des victimes dans la procédure doit être revue complètement.

Procès contre le PTB

Par ailleurs, les familles Russo et Lejeune ont introduit une action en référé devant le tribunal de première instance à Bruxelles visant à obtenir la cessation de l'emploi des noms de Julie et Mélissa par le PTB (Parti du travail de Belgique). Selon les plaignants, le PTB tente de récupérer politiquement ou idéologiquement les noms de Julie et Mélissa, ainsi que ceux, d'ailleurs, d'An et Eefje. Ils ont dès lors intenté une action en extrême urgence. Les parents rappellent que « leur but est de faire une marche digne, à la mémoire de leurs enfants disparus, et non de la voir dégénérer en expression d'ambitions politiciennes diverses ».

Benoît Franchimont

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Légende Photo Pétition

L'asbl Marc et Corine avait transmis à la Chambre une pétition signée par un quart de la population belge, demandant l'instauration de peines incompressibles.

L'opposition, notamment par a voix de Didier Reynders, demande le débat. La majorité refuse jusqu'ici...

(Ph. Belga et Etienne Ansotte)

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LE JUGE GÉRARD DEVRAIT ÉPAULER JACQUES LANGLOIS

Un homme « très famille »

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 2

RECOGNE - « Pas de commentaire. Rien n'est officiel pour l'instant... » Le regard semble ajouter

« Désolé d'être aussi peu loquace, mais les circonstances l'imposent. L'homme referme aussitôt la porte, non sans saluer poliment.

Dominique Gérard, 35 ans, juge à Arlon depuis 1995, se refuse donc à toute déclaration sur les bruits de plus en plus insistants qui annoncent son arrivée à Neufchâteau comme juge d'instruction pour épauler Jacques Langlois, le tout récent successeur de Jean-Marc Connerotte, dans le cadre des dossiers Dutroux et connexes.

II va être 13 h, ce jeudi. Une Nissan Primera noire vient de débouler à toute vitesse dans l'allée de graviers, rompant le calme qui règne autour de cette jolie demeure, construite au milieu d'une pelouse verdoyante, sur la route de Libin, à la sortie de Recogne.

Une bâtisse d'aspect moderne, pourtant empreinte du charme traditionnel que lui confèrent les pierres du pays dont elle est construite. Un mur de blocs attend encore d'être couvert de crépi. C'est que les propriétaires n'occupent les lieux que depuis 3 ans. De retour d'Arlon pour le dîner, le juge Gérard, cheveux légèrement en brosse, barbe soignée, lunettes sur le nez et veston bleu électrique, est entré rapidement dans la maison par une porte de côté, pour réapparaître, au premier coup de sonnette, quelques secondes plus tard, sur le seuil de l'entrée principale et y faire sa laconique déclaration.

Trois enfants

Sur la personnalité de ce jeune juge originaire de Libramont, ancien du barreau de Neufchâteau puis substitut du procureur... Bouret, c'est son épouse, Cécile, native d'Eprave, qui a pudiquement accepté de soulever un coin du voile, peu avant son arrivée. « Mon mari est très famille ». (Le couple a trois enfants, que Mme Gérard, femme au foyer, élève elle-même: Pau lire, 2 ans, Marie, 3 ans, et François, 6 ans.) Il a aussi - jus qu'à présent, en tout cas – plusieurs hobbies. Il pratique le basket, fait partie de la Jeune Chambre économique et est administrateur de « Parole et lumière », une asbl pour sourds et aveugles.

J'espère que, même s'il devait être désigné à Neufchâteau, il pourra continuer tout cela... Quant à son travail, on peut dire que c'est un homme qui aime aller au fond des choses. Quand il commence, c'est pour aller jusqu'au bout de ce qu'il entreprend. » Fort sympathiquement, Mme Gérard reconnaît aussi : « Nous ne sommes pas encore sûrs de cette désignation, mais j'avoue que l'idée de voir mon mari travailler sur cette affaire me fait un peu peur. C'est une lourde charge. Mais le fait qu'il s'agirait de la partager à deux est un peu rassurant. D'ailleurs, mon époux connaît et apprécie M. Langlois il serait content de travailler avec lui. »

Laurent Belot

 

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Colère, Chaque jour un peu plus !

La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996 page 2

BRUXELLES - La pression continue. Du nord au sud et d'est en ouest, les Belges ne lâchent pas prise. Partout, la mobilisation se poursuit, et les signes de solidarité avec les familles des victimes se multiplient. Jamais, sans doute, une décision de justice n'avait suscité autant de réactions.

A Liège, plusieurs centaines d'étudiants et d'ouvriers d'interbrew se sont massés jeudi en fin de matinée devant le palais de justice et sur la place St-Lambert.

A Huy, des centaines de personnes se sont rassemblées sur la Grand-Place. Ils ont acclamé Jean-Denis Lejeune qui avait été reçu par la bourgmestre de Huy, Anne-Marie Lizin.

Grève à la Stib

Dans la région namuroise, les postiers de Jambes ont interrompu leur travail pour se rendre en cortège au palais de justice de Namur. Les manifestants avaient tous des paquets de pâtes qu'ils distribuaient aux passants.

A Dinant, des calicots ont été disposés près du palais de justice. A Arlon, les cheminots de l'atelier SNCB de Stockem se sont réunis à 13 h sur la place Léopold.

Dans la capitale, les chauffeurs du dépôt Delta de la Stib ont entamé jeudi matin, vers 6 heures, une grève spontanée. Ils se sont ensuite rendus au palais de justice. L'action a entraîné d'importantes perturbations sur une dizaine de lignes. Le personnel de la Bibliothèque royale a également tenu à exprimer sa solidarité.

10.000 Limbourgeois

A Vilvorde, les ouvriers des usines Renault ont bloqué le viaduc du ring. La circulation a été brièvement interrompue à la sortie du viaduc en direction de Zaventem. Dans le nord du pays aussi, les réactions ont été vives. Ils étaient environ 5.000 à Malines, 4.000 à Anvers, 1.200 à Aarschot, un millier à Diest et à Louvain, à arpenter les rues pour exprimer leur soutien au juge d'instruction et protester contre « le mauvais fonctionnement de la justice ».

A Anvers, le personnel du centre de tri Anvers X s'est joint au mouvement en bloquant un important carrefour à une heure de pointe. 6.000 étudiants ont manifesté devant l'hôtel de ville dont sept ont été appréhendés pour déprédations.

Dans le Limbourg, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté jeudi devant le palais de justice de Hasselt et dans toute la province, le palais a été canardé de pommes, de tomates, d'oeufs et...de spaghettis. Paul Marchal, le père d'An, a tenté de calmer les esprits.

Enfin, toujours à Hasselt, les travailleurs de Philips et les élèves de la ville ont formé un barrage sur la Kempischesteenwe.

Au total, ce sont quelque 10.000 Limbourgeois qui ont manifesté dans toute la province.

F.D.B.

 

 

 

 

LA MARCHE DU SIECLE !(Dernière Heure de vendredi 18 octobre 1996)


LA MARCHE DU SIECLE !

 TOUS LES DÉTAILS SUR LA MARCHE BLANCHE QUI, DIMANCHE APRÈS MIDI,RASSEMBLERA DES DIZAINES DE MILLIERS DE BELGES DANS LES RUES DE BRUXELLES, EN HOMMAGE AUX PETITES VICTIMES

 « UNE » de La Dernière Heure  de vendredi 18 octobre 1996

 Une manifestation qui s'annonce déjà comme une des plus importantes que l'on aura connues dans notre pays : hier, la police de Bruxelles tablait sur « plusieurs dizaines de milliers » de personnes décidées à venir manifester sous le symbole du blanc leur solidarité avec les petites victimes.

Dans nos pages, vous trouverez tous les détails sur la meilleure manière de rejoindre !a capitale, une série de conseils pratiques, ainsi que les horaires des trains spéciaux mis en oeuvre par la SNCB pour acheminer un maximum de monde.

Pendant qu'un peu partout dans !e pays les gens se mobilisaient en vue de dimanche et que se poursuivaient les manifestations de mécontentement, les députés ont planché toute la journée d'hier sur les problèmes de notre justice.

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