jeudi 17 décembre 2009

Messages («Libre Belgique » 19 décembre 1996 pg 16)


Vous êtes notre force

« La Libre Belgique » du jeudi 19 décembre 1996 page 16

Triste est l'état de dame Belgique. A peine s'était-elle réjouie en août de retrouver deux de ses enfants, qu'elle revêtait déjà un manteau de deuil.

Tout d'un coup, le temps s'était arrêté. La terre a semblé avoir cessé de tourner. Le monde pouvait s'écrouler à l'étranger que cela n'avait aucune importance.

Les médias se sont focalisés sur une chose, les enfants disparus. Cet intérêt est apparu tellement paradoxal par rapport à l'indifférence dans laquelle les parents ont vécu et dans laquelle certains vivent toujours.

Et puis, le peuple a presque pris d'assaut cet imposant édifice que l'on appelle palais de Justice un jour où l'on a dessaisi un certain juge d'instruction dont beaucoup ne connaissaient jusqu'alors même pas les fonctions. Les rues de la capitale furent inondées d'une marée humaine un certain 20 octobre comme une révolution silencieuse, comme une promesse de changement : jamais plus rien ne sera pareil.

Ne pas oublier parce qu'oublier, c'est les condamner. Ne pas oublier parce qu'oublier, c'est aider les monstres qui les ont enlevés. Ne pas oublier parce qu'oublier, ce serait les trahir. Toujours espérer. Toujours espérer parce que l'espoir fait vivre.

Toujours espérer parce que l'espoir permet de continuer.

Toujours espérer parce que, tant qu'on espère les retrouver vivants, ils sont vivants.

Toujours espérer parce que l'espoir est plus fort que tout.

Aux trois cent mille marcheurs blancs. A tous ceux qui nous portent dans leur coeur. A tous ceux qui nous soutiennent. Vous êtes notre force. Vous êtes l'espoir de changement. Vous restez près de nous. Nous comptons sur vous.

Nabela Benaïssa, la soeur de Loubna

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PLUS ",Julie An Mélissa EEfje" ÇA !

« La Libre Belgique » du jeudi 19 décembre 1996 page 16

Plus « Jamee » de laxisme infanticide, plus « Jamee » de clientélisme partisan, plus « Jamee » d'affairisme irresponsable, plus « Jamee » d'obscurantisme influent, plus « Jamee » de démission citoyenne, plus « Jamee » d'amateurisme coupable, plus « Jamee » de complicité sordide, plus « Jamee » d'égoïsme confortable, plus « Jamee »de politique nombriliste, plus « Jamee » de mercantilisme inconséquent, plus « Jamee », plus «Jamee» d'intolérance imbécile, plus « Jamee » de surdité aléatoire, plus « Jamee » d'inhumanité policière, plus « Jamee » d'incurie médiatique, plus « Jamee » de cécité intermittente, plus « Jamee » d'économisme assassin, plus « Jamee » de priorités inversées, plus « Jamee de détricotage social, plus « Jamee » de paupérisation de l'enseignement, plus « Jamee » de lynchage empressé, plus « Jamee » de désacralisation familiale, plus « Jamee » de myopie environnementale, plus « Jamee » de désolidarisation inter-régionale,...

Voeu pieux ? Peut-être... Mais il est intéressant de noter que voeu et vote ont la même origine étymologique... Et, si le premier n'est pas exaucé, rien n'empêche de changer le second !

Et mes excuses aux parents des enfants disparus dont les initiales n'ont pas trouvé place dans ce slogan publiforme...

Benoît

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Lettre à Margot

« La Libre Belgique » du jeudi 19 décembre 1996 page 16

Ma petite fille du bout du monde, aux yeux d'amande.

Après trois ans et demi à te ballotter de Bangkok à Phnom Phenen passant par Rangoon, rêvant toutes deux de nuits où les tirs dans les rues ne viendraient plus nous réveiller en sursaut, rêvant de Bruxelles, d'opéra et de mille activités, la découverte de Sabine et Laetitia et par la suite, de Julie et Métissa,deux petites filles enlacées dans l'horreur, d'An et Eefje... Nous rêvions d'un pays en paix et nous avons trouvé le chaos.

Le regard des familles, de Gino, Carine, Louisa et Jean-Denis, leur dignité face à la détresse ultime.

Combien de fois me suis-je demandé, petite Margot, si je pourrais survivre à un tel drame?

Nous pensons souvent, toi et moi, aux enfants abîmés rencontrés dans la rue, aux petits morts trop nombreux du centre de nutrition de Phnom Phen et à nos petits amis sur les lignes de front.

Une longue histoire est née entre les étoiles, une petite fille et sa maman. Nous, il nous arrive souvent de regarder la nuit, les étoiles, en voulant croire que tous ces enfants sont là-haut. Là où tu dis toujours qu'il doit faire très doux. Là d'où on peut regarder ceux que l'on aime.

Tu m'as dit un soir que nous devions regarder les étoiles de Julie et Mélissa. Tu n'as que 4 ans et demi, mais les enfants ont la pureté et la vérité. Moi qui souhaitais un retour à Bruxelles, pour que tu vives normalement une vie d'enfant. Depuis 3 mois, tu fréquentes ton école accompagnée d'un gars de la police judiciaire. Les menaces pleuvent et l'angoisse a fait place à cette sérénité que nous attendions.

Continuer, à quel prix ? La question se pose tous les jours... Pourtant, dans nos grands moments de tendresse, puisque tu es à toi seule la fragilité et la confiance de tous les enfants réunis, mon coeur me dit que pour toi, pour tous les enfants de l'ombre, nous devons nous battre.

Tu es ma gigantesque vitamine quand de ta petite voix tu me dis : « Tu exagères, maman. ».

Marie-France Botte

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A tous les parents , à tous les enfants

« La Libre Belgique » du jeudi 19 décembre 1996 page 16

Ne pouvant pas remercier tout le monde individuellement, je profite de ces quelques lignes pour dire combien toutes les marques de sympathie reçues m'ont réconfortée. Je vous envoie à tous un petit message : il ne faut j’aurais perdre espoir et continuer à croire en la bonne volonté des gens.

Moi-même j'ai retrouvé le sourire et j'espère que pour 1997 le soleil brillera dans toutes les familles de Belgique et d'ailleurs. Je souhaite un joyeux Noël et une bonne année au monde entier !

Laetitia

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Par la même occasion, je souhaite une bonne année 1997 à toutes les personnes ayant participé aux recherches de Laetitia, en particulier à l'asbl Marc et Corinne, aux gendarmes, policiers, magistrats...

Et bonne année à toi, Laetitia !

Claude, le parrain de Laetitia

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Nous avions rêvé...

« La Libre Belgique » du jeudi 19 décembre 1996 page 16

Nous, parents d'enfants disparus, avions rêvé d'une immense marche blanche dédiée à nos enfants pour que plus jamais personne ne puisse rester sourd et aveugle aux cris et aux larmes des plus petits qui souffrent encore, pour que plus jamais aucun adulte ne mette rien au dessus de l'intérêt et de la protection de nos enfants.

Nous avons rêvé ensemble, nous avons discuté ce rêve, nous avons imaginé comment le faire exister, nous en avons cherché les moyens et puis, un jour d'octobre, il s'est concrétisé.

Sans doute étions-nous si nombreux à faire le même rêve en secret, si nombreux et si seuls à la fois dans sa tête avec ce rêve.

Il a suffi d'un élan, d'un appel pour que 300.000 personnes se rassemblent autour de ce même rêve.

Il a suffi d'un rendez-vous fixé en un lieu, une date et une heure.

Un rendez-vous dont les médias voulaient bien faire part à tous et relayer, un rendez-vous que nos autorités voulaient bien nous accorder, un rendez-vous auquel, par ailleurs, vous avez bien voulu vous rendre. il a suffi de bien vouloir prendre un peu de son temps et de son courage pour marcher.

Et la marche blanche de nos rêves était née

Carine Russo, la maman de Mélissa

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