lundi 5 janvier 2009

Ensemble pour nos enfants («Dernière Heure »19 octobre 1996)


Ensemble pour nos enfants

« La Dernière Heure » du samedi 19 octobre 1996

La Belgique se prépare à vivre des heures historiques.

Il ne fait aucun doute que la marche blanche de demain rassemblera, dans les rues de Bruxelles, des dizaines et des dizaines de milliers de citoyens. La raison de ce rendez-vous exceptionnel est claire et noble : il s'agit de témoigner de sa solidarité avec les familles des petites victimes des pédophiles.

Les parents de celles-ci, qui ont organisé la marche, ont dit et répété leur souhait de ne pas voir l'événement se transformer en tribune où s'exprimeraient tous les mécontentements.

Ces derniers jours, lors des très nombreuses manifestations spontanées qui ont suivi le dessaisissement du juge Connerotte, des incidents plus ou moins violents se sont produits ici et là, singulièrement en Flandre.

Le ton monte. Les slogans se font chaque jour plus agressifs. Les Belges crient leur colère, leur méfiance, leur écoeurement vis-à-vis du Pouvoir. Le pays se trouve assis sur un volcan...

Nous voudrions, ici, nous joindre au cri lancé par les parents de Julie, Métissa, An, Eefje, Élisabeth et Loubna : « Du calme ! ».

Pour que la marche blanche connaisse le succès escompté, la foule ne suffira pas. Il faudra aussi, il faudra surtout beaucoup de sang-froid et de dignité. Ce dimanche, on ne vous demande pas de manifester contre un gouvernement impopulaire, ni contre l'un ou l'autre criminel.

Les banderoles, les mots d'ordre, les appels à la vengeance n'auront pas de place dans ce défilé, pas plus que les attaques contre nos institutions démocratiques. Le recueillement et le silence pèseront plus lourd que les hurlements.

Hier, en des termes inhabituellement durs, le Roi a dressé le bilan négatif de notre système judiciaire: Une des tâches essentielles de l'État est d'assurer la sécurité de tous les citoyens, et en particulier des plus vulnérables : nos enfants. Il faut reconnaître que dans ce cas ce fut un échec, de nombreuses erreurs ont été commises et, dans les contacts avec les familles des victimes, il y a eu un manque d'humanité.

De telles phrases, prononcées en public et destinées à être entendues par tous, étaient encore impensables voici quelques mois. Voilà la preuve que, enfin, dans ce pays que l'on croyait en léthargie, les choses commencent à bouger.

Le rendez-vous de dimanche marquera, espérons-le, le début d'une ère nouvelle...

La Rédaction

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