mercredi 1 avril 2009

II est grand temps d'ouvrir les yeux sur cette Belgique des trafics et des compromissions ( CinéTéléRevue 24 octobre 1996 pg 32 et 33)


Herman DE CR00 :

II est grand temps d'ouvrir les yeux sur cette Belgique

des trafics et des compromissions

«Ma confiance en la justice ne sera restaurée que le jour où l'on aura résolu l'affaire des tueurs du Brabant »

« Si de hauts fonctionnaires savaient qu'ils risquent une condamnation pour faux témoignage, la vérité verrait le jour plus rapidement »

Ciné Télé Revue du jeudi 24 octobre 1996 pages 32 et 33


Si quelques (trop rares) hommes et femmes politiques ont parlé juste et vrai depuis deux mois, Herman De Croo est certainement de ceux-là.

L'homme qui donne au mot « libéralisme » tout son poids et toute sa noblesse ne mâche pas ses mots et n'a pas de ces fausses pudeurs qui ne sont, le plus souvent, que le masque hypocrite derrière lequel se dissimulent la complaisance et la lâcheté.

Herman De Croo n'est pas le premier venu en politique. Avocat international et professeur de droit, plusieurs fois ministre, aujourd’hui parlementaire et président du VLD, celui qui fut l'un des proches amis de Jean Gol ne cache ni ses amitiés ni ses inimitiés.

Bourru, gentil, mais ne reculant jamais devant une bonne empoignade politique, à mille lieues du discours

« Politicien » traditionnel, il dit ce qu'il pense et pense ce qu'il dit. Et n'hésite jamais à porter le fer là où ça fait mal. Dans la plaie...

On vous a beaucoup entendu vous exprimer ces dernières semaines, et on a l'impression qu'une colère, une véritable rage contenue, vous habite...

Pas vous ? La Belgique vit, depuis des années, dans une situation absolument exceptionnelle. On assassine un ministre d'Etat.

Pourquoi ? Personne ne le sait. On massacre des gens dans les supermarchés ; nous avons là vingt-neuf morts sans mobile apparent. Et, dix ans plus tard, pas d'aveux, pas une confession, pas d'indices, rien. Il y a eu aussi Agusta et le reste. Et maintenant, nous découvrons la pédophilie organisée dans une affaire d'une gravité extraordinaire.

Nous sommes donc en présence, depuis dix ans au moins, d'une accumulation de cas terriblement inquiétants. Et en plus, on vient nous expliquer que tout cela a été possible parce que la corruption régnerait à tous les niveaux de l'appareil d'État et qu'on ferait chanter de hauts fonctionnaires, des magistrats et des politiques grâce à des affaires de ballets roses.

Est-ce exact ? Je l'ignore, mais la justice doit découvrir la vérité. Personnellement, je suis terriblement motivé par la recherche de cette vérité depuis les tueries du Brabant.

Ma confiance ne sera restaurée que lorsqu'on aura résolu cette affaire. Je veux savoir.

Donc, si je vous pose la question traditionnelle « Avez-vous confiance en la justice de votre pays ? », vous me répondez...

... Pas à cent pour cent.

- C'est grave, pour un élu du peuple.

Oui, mais ce n'est pas moi qui ai créé cette situation. Je connais, cela étant dit, les causes de certaines des «erreurs » commises ces dernières années. Un seul exemple, et quelques chiffres. En Belgique, tous services confondus, nous avons un policier pour 240 habitants, à peu près quarante mille pour dix millions. C'est l'une des densités les plus élevées qui existe. Et pourtant, savez-vous combien il y a de gendarmes en fonction chaque nuit ? Moins de 500 ! La nuit, il y a plus de gardiens privés en service que de gendarmes... Pourquoi ? Parce que le système est mal organisé. Toute une série de tâches pourraient être accomplies par des auxiliaires, des gens qui n'ont pas la capacité d'intervenir sur le terrain, mais qui pourraient être très utiles ailleurs. Or, on les confie à des hommes et des femmes expérimentés qui seraient plus à leur place et plus utiles dans les rues.

Dites-moi : quelle est la responsabilité minimale et essentielle de l'État ? Assurer la sécurité des personnes et des biens, évidemment. Et quelle est la réalité ? A Bruxelles, capitale de l'Europe, même le quartier qui entoure le Palais de Justice et la police judiciaire est dangereux à partir de18 heures. Quel symbole terrible et tragique, ne trouvez-vous pas ? C'est le monde à l'envers : si vous ne mettez pas 20 FB dans le parcmètre, on vous infligera une amende de 750 FB. Et n'essayez surtout pas de ne pas la payer, ça se terminerait par une saisie. Mais surtout, n'allez jamais vous plaindre si on vous vole votre autoradio au même emplacement où on vous a obligé à payer. Pour mettre des amendes,on a assez de personnel, mais pas pour protéger vos biens. Ça suffit ! Je veux, j'exige des assurances. On me parle tout le temps de budget et « d'horizon 99 », eh bien, moi, je veux qu'on me dise maintenant que, en 1999, tous les quartiers de toutes les villes de ce pays seront accessibles à tous à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, sans risque. »

- Vous parlez d'effectifs et de missions, donc de moyens. Savez-vous que, dans les bureaux de la gendarmerie et de la police, quand vous voyez un ordinateur personnel, c'est le plus souvent un agent ou un officier qui l'a acheté en économisant sur sa solde ? Idem pour certaines pièces de mobilier...

- Je l'ignorais. Mais ça ne m'étonne pas, parce que je sais que la grande majorité de ces hommes et de ces femmes sont formidablement dévoués. Cela étant, plus que d'un manque de moyens, c'est d'un manque de coordination que nous souffrons. Nous avons deux langues principales, neuf polices, vingt-sept arrondissements judiciaires et autant de petits barons jaloux de leurs prérogatives. Et pendant ce temps-là, sans même parler du crime « local », nous sommes une plate-forme internationale pour tous les trafics. Et pour cause : on passe de Hollande en France en traversant notre pays en un peu plus d'une heure. Au manque de coordination s'ajoute cette sorte de béatitude belgicaine de petit pays heureux : « tout ça » ne peut pas nous arriver. Le crime organisé ? Allez voir ailleurs. La mafia ? Ça n'existe pas chez nous. Il se• rait temps d'ouvrir les yeux. Parfois, bien sûr on prend de grandes décisions. Comme on l'a fait après avoir constaté les dysfonctionnements du système lors des tueries du Brabant. Mais ça n'a pas servi à grand-chose, puisque ce sont les mêmes dysfonctionnements que l'on remarque aujourd'hui dans l'affaire Dutroux.

- S'agit-il seulement de « dysfonctionnements » ? Un certain nombre de personnes ont été mises en cause et attaquées.

- Oui, et c'est sidérant. Je dévore les journaux et les magazines, je regarde les télévisions et j'écoute les radios. Bref, je vois, j'entends et je lis des choses incroyables, absolument invraisemblables sur ce que tout un tas de personnes ont fait ou n'ont pas fait. Et que voit-on ? Aucune réaction ! Je vous assure que moi, si on écrivait sur mes actions la moitié ou même le quart de ce que vous, les journalistes, vous écrivez sur certains

pour le moment, je déposerais plainte immédiatement. L'honneur, c'est important, me semble-t-il. Mais voilà : ces gens-là sont attaqués et ne réagissent pas... Que dois-je conclure ?

- Oui, qu'en concluez-vous ?

- Je peux vous dire qu'en tout cas, le public, lui, en conclut que ces attaques sont fondées.

- Quittons le domaine des personnes pour revenir au système. Certains ont clairement dit que l'on mettait en route plus de moyens pour retrouver la voiture volée d'un ministre que des enfants d'ouvriers disparus.

- C'est l'évidence même. On met dix fois ou cent fois plus de moyens pour la voiture d'un ministre que pour les enfants d'un ouvrier. Ça vous étonne vraiment ? C'est pourtant comme ça que ça se passe. Et c'est scandaleux. En réalité, on cherche toujours à plaire en haut lieu et à commettre des actes judicieux pour sa carrière. Laissez-moi vous raconter une anecdote personnelle. Il y a quelques années, alors que j'étais ministre, un soir, on a tiré sur ma voiture. Enfin, moi, je n'ai rien vu, je ne me suis rendu compte de rien. Mais, quand je suis arrivé à la maison, mon chauffeur m'a montré un impact de balle sur la carrosserie. Sous la pression de mon entourage, j'ai prévenu le procureur, mais sans faire d'histoires, parce que ça pouvait être n'importe quoi, mais certainement pas une véritable attaque. Enfin, comme il y avait danger, y compris pour d'autres, j'ai prévenu la justice. Pour le principe. Et voilà que le lendemain soir, j'entends à la radio que j'ai été victime d'un attentat. Le dispositif mis en place pour retrouver des traces sur place était tellement impressionnant que des journalistes l'avaient remarqué. A moins que quelqu'un n'ait téléphoné aux médias, histoire de se faire mousser. Des centaines de gendarmes avaient été mobilisés pour ratisser les bois. Il est évident que si je n'avais pas été ministre, on ne l'aurait jamais fait...

-Les personnalités dénoncées et attaquées par les médias ne réagissent pas. Que faut-il en conclure ?

- Un système sclérosé et bloqué, bloqué, des pesanteurs, des complaisances, des « erreurs » à répétition...

- Comment en sortir ?

- Que chacun fasse son travail. Laissons la justice travailler en lui donnant tous les moyens dont elle a besoin - et sans effectuer de pressions - et que chacun fasse, pour le reste, ce qu'il a à faire. La presse doit enquêter, chercher la vérité, et les politiques se rappeler qu'ils sont, avant tout, les élus et les délégués du peuple. Pour moi, le Sénat doit être saisi d'urgence d'une série de questions précises, et préparer des mesures concrètes, par exemple sur les libérations conditionnelles. La Chambre, d'autre part, s'est vu confier la mission de rechercher la vérité. Mais elle manque de moyens.

Nous devrions avoir de vraies commissions d'enquête avec de vrais pouvoirs, comme aux États-Unis. Les députés devraient, par exemple, pouvoir interroger les témoins sous serment et en public. Je vous assure que, dans ce genre d'affaires, si de hauts fonctionnaires savaient qu'ils risquent une condamnation pour parjure ou faux témoignage s'ils mentent, pour une raison ou pour une autre, à la commission, la vérité se ferait jour un peu plus rapidement...

- On parle aussi de dépolitiser la magistrature...

- Pourquoi pas ? Mais la « politisation » est-elle vraiment mauvaise ? Regardez aux États-Unis : les magistrats y sont tous élus, sauf les juges fédéraux, pour des mandats qui vont de quatre à treize ans suivant leurs charges. Eh bien, ils sont beaucoup plus sensibles aux attentes de la population et à sa perception des choses.

D'autre part, est-il vraiment mauvais que des opinions différentes soient représentées dans un tribunal ?

Je n'en suis pas certain. Enfin, on va changer le système et dire que les magistrats doivent être nommés par d'autres magistrats. Très bien, parfait même.

A un détail près : dans le système actuel, c'est le CVP et les autres partis de la majorité qui ont nommé les trois quarts des magistrats en place.

Vous êtes tout à fait certain que leurs nominations seront neutres et impartiales ?

A mon avis, la réforme devrait être beaucoup plus profonde. En Angleterre, on ne peut pas devenir juge avant 45 ans ; on nomme des gens qui, du point de vue de l'expérience et de la renommée, sont au niveau d'un bâtonnier. Et un magistrat gagne quatre ou cinq millions par an. Alors là, oui, ils sont indépendants et efficaces. Et pourtant, l'ensemble des magistrats britanniques doit correspondre à un ou deux arrondissements judiciaires belges. Seulement, ils sont très bien secondés, ils ont d'excellents greffiers qui sont tous docteurs en droit et qui préparent les dossiers, le magistrat n'intervenant que pour la touche finale ». Évidemment, ils ont aussi trente mille juges « non professionnels » représentant la société, un peu comme en Allemagne...

De toute façon, les réformes doivent commencer par le haut. J'aime bien Stefaan De Clerck. Le ministre de la Justice est dynamique, honnête et, au fond, le gouvernement lui doit sa survie. Mais les choses auraient bougé plus vite si, à sa place, on avait trouvé un « poids lourd » politique, avec vingt-cinq ans de carrière derrière lui. Quelqu'un qui puisse taper sur la table et dire : « Maintenant, c'est comme ça ou je m'en vais », et dont le départ aurait risqué de faire tomber le gouvernement.

-Il faut aussi changer les mentalités...

- Oui, ça va de soi. On n'insistera jamais assez sur la nécessité d'exemplarité des « notables ». Et j'utilise ce mot au sens large : les politiques et les magistrats, bien entendu, mais aussi les enseignants, les journalistes, les syndicalistes, les patrons. Bref, tous ceux qui ont de l'autorité ou de l'influence. Ils se doivent, et ils doivent à la société, de bien faire leur travail et d'être honnêtes, de ne pas abuser de leurs privilèges. C'est le minimum...

- Ne pas abuser des privilèges, d'accord, mais en tant que parlementaire, vous en avez un fameux : l'immunité...

- Vous avez raison de le souligner. Cela fait longtemps que, mes amis et moi, nous réclamons la suppression de l'immunité parlementaire. Sauf pour ce qui touche la liberté de parole, qui nous permet de dénoncer n'importe quel scandale sans craindre de poursuites, nous n'avons besoin d'aucune immunité. Pour tout ce qui est délictueux ou criminel, nous devrions être traités comme tout un chacun.

- Vous n'avez pas épargné les journalistes...

- C'est vrai, je crois que la presse court trop après le scoop et le sensationnel. Je l'ai déjà dit : j'ai marqué cette affaire dans mon agenda tous les trois mois. Et je reviendrai, tous les trois mois, poser des questions. Je ne suis pas certain que vous et vos collègues vous intéresserez encore à l'affaire...

On prend les paris?

D'accord, rendez-vous dans trois mois...

Claude MONIQUET

La vérité sur les cassettes se cache à l’Est ( "CinéTéléRevue"24 octobre 1996 pg 30 et 31)


La vérité sur les cassettes se cache à l’Est

Ciné Télé Revue du jeudi 24 octobre 1996 pages 30 et 31

«Un simple échange aurait permis de brouiller les pistes, explique un enquêteur, et de rendre impossible jusqu'ici l'identification des enfants belges »

A la mobilisation de la rue ont répondu, enfin, des initiatives concrètes du gouvernement. Le Parlement, de son côté, s'est saisi du dossier, et les élus du peuple rendront, dans trois mois, un rapport d'enquête sur

« L’enquête sur l'enquête ». C'est beaucoup et c'est peu tout a la fois : au-delà des paroles et des promesses, il est, désormais, plus que temps de se mettre au travail.

Ministres et parlementaires pourraient utilement s'inspirer de l'exemple que donnent, à Neufchâteau, les enquêteurs qui, dans la discrétion, oeuvrent sans relâche.

Depuis dimanche dernier, la donne, incontestablement, a changé. L'incroyable mobilisation de la rue a forcé le gouvernement à prendre les premières mesures que tous attendaient et qui permettront peut-être de débloquer le système et, à terme,de le changer pour qu'il devienne, enfin, plus efficace et plus humain. Dépolitisation de la magistrature, création d'un Centre des enfants disparus en Belgique, appui (que l'on espère sans arrière pensée) à l'enquête de Neufchâteau, création d'une commission d'enquête parlementaire : pêle-mêle, quelques-unes des décisions prises ces derniers jours permettent de juger de l'ampleur du chantier désormais ouvert. Et qu'il faudra mener à bien.

Après les mots, les actes doivent suivre. Vite. Sinon, nos autorités auront définitivement perdu le peu de crédibilité qu'elles ont réussi à sauver en surfant sur la vague blanche. Jean-Luc Dehaene n'a plus droit à l'erreur et ses conseillers doivent faire une lecture juste des événements dimanche après-midi, ce n'est pas le Premier ministre qui a fait des concessions aux familles des disparus, ce sont les familles qui, en lui accordant leur confiance, ont sauvé le gouvernement. Si cette confiance est trahie, le gouvernement, miné par ses contradictions internes, tombera. C'est aussi simple et aussi grave que cela.

Ils ont la mort de Julie et de Mélissa

sur la conscience

Mais venons-en aux plus importantes de ces décisions. Le Centre des enfants disparus.

Une excellente idée, à condition qu'il soit rapidement mis sur pied, qu’il se montre efficace et, surtout, qu'il ne devienne pas un machin » de plus, juste bon à caser « les copains des amis » et autres clients et obligés.

La dépolitisation de la magistrature ? Elle ne peut pas faire de tort, mais, ici aussi, attention au système que l'on mettra en place, l'impératif absolu devant être, bien entendu, de privilégier la volonté, l'intelligence et la sensibilité ; et non de monter de toutes pièces une nouvelle mécanique à promouvoir les médiocres, les paresseux et les incapables chroniques.

La commission d'enquête parlementaire ? Très bien,si elle va au fond des choses sans interférer avec l'enquête judiciaire, et pourvu que l'on ne s'empresse pas d'oublier les bonnes résolutions, qui, n'en doutons pas, seront adoptées dans trois mois, comme ce fut le cas dans le passé après les « tueries du Brabant ».

Du reste, si la commission, qui devait commencer ses travaux cette semaine, les mène à bien, le « risque politique » est grand. C'est que les erreurs qui seront bientôt et incontestablement révélées sont criantes et leurs conséquences, horribles. La première de ces « erreurs », et la seule que nous épinglerons pour le moment, est la plus terrible de toutes : d'un jour à l'autre, la commission comprendra qu'au delà de toute polémique, si chacun, sans même montrer un zèle particulier, avait simplement fait son métier (c'est-à-dire effectué le travail qu'il a librement choisi et pour lequel il est payé...), l'affaire «Julie et Mélissa » aurait été résolue il y a près d'un an.

Une source très proche de l'enquête nous le confirmait solennellement et définitivement, à Neufchâteau, il y a quelques jours:

« Dès le mois de décembre dernier, lorsque Marc Dutroux fut arrêté, la simple confrontation d'éléments disparates, qui auraient, normalement, dû se trouver dans un dossier unique, centralisé et bien géré, aurait permis de libérer Julie et Mélissa,Vivantes. »

En français dans le texte ceux qui ont fauté, et l'on saura bientôt qui porte cette effrayante responsabilité, ont la mort des deux fillettes (An et Eefje, sans doute, étaient déjà décédées) sur la conscience.

L'arbre qui cache la forêt

Loin du Parlement, c'est une autre enquête qui, bientôt, révélera sans doute toutes les dimensions de la tragédie. Le coup de tonnerre qui se prépare, en silence et en toute discrétion, à Neufchâteau pourrait montrer sous peu que Marc Dutroux, pour monstrueux que soient ses actes, n'est que l'arbre qui cache la forêt. Une forêt dense, profonde, et terriblement sombre, où plus d'un enfant s'est déjà perdu pour tomber aux mains des ogres modernes. Le dossier n'est pas encore mûr. Bien du travail reste à réaliser pour les enquêteurs, et de nombreuses questions doivent encore trouver leur réponse.

Et aucune de ces questions, même la plus banale, quoi que l'on en pense, n'est saugrenue. Il importe, entre autres, pour ne citer qu'un seul exemple, autant de savoir si quelqu'un payait bien Marc Dutroux pour ses enlèvements que de comprendre pourquoi Michel Diakostavrianos se fatiguait à importer en Belgique des pneus allemands de récupération dont une bonne partie n'étaient pas utilisables et dont le reste était vendu trop bon marché pour lui assurer, étant donné les quantités qu'il mettait en circulation, un revenu lui permettant de vivre. En d'autres termes, et pour parler clair : ce commerce (au noir) n'était-il pas, simplement, la couverture de bien autre chose et la justification d'incessants voyages vers l'Est ? Un Est européen qui pourrait bien, comme on l'a cru dès le début de l'enquête, apporter des éléments de solution à l'ensemble du problème posé par le réseau Dutroux : « La simple logique », nous affirmait récemment un enquêteur,

« Voudrait que les cassettes tournées en Belgique avec des enfants aient été exportées à l'étranger et que le « réseau belge » ait importe des cassettes produites dans d'autres pays. Ce simple échange aurait permis de brouiller les pistes et de rendre quasiment impossible toute identification des enfants...»

Or, nous le révélions la semaine dernière : jusqu’à présent, les gendarmes n'ont découvert dans les « cassettes Dutroux » que des scènes de viol concernant des victimes slovaques. De là à penser que des cassettes concernant des victimes belges pourraient avoir été mises en circulation en Slovaquie ou ailleurs, il n'y a qu'un pas.

Autre question : pourquoi est mort Bruno Tagliaferro, le ferrailleur de Keumié ? Empoisonné, c'est désormais certain, il aurait, peut-être, approché de trop près, sans doute en raison de ses liens « professionnels » avec Diakostavnanos, une vérité mortelle.

Question subsidiaire : qu'allaient faire sur le terrain lui servant de dépôt, durant l'été 1995 et alors qu'il était en vacances, Marc Dutroux, Michel Lelièvre et Michel Diakostavrianos ?

Et est-ce vraiment te seul hasard si un proche de ta belle famille de Tagliaferro est aujourd'hui emprisonné pour des faits de pédophilie?

Des questions de ce type, il y en a des dizaines et même des centaines dans cet énorme dossier. Et toutes doivent trouver leurs réponses, alors que les enquêteurs n'ont que leur bon sens et leur expérience pour boussole. La personnalité de certains prévenus les déconcerte. Nous pouvons notamment vous confirmer que Marc Dutroux a bien indiqué que trois corps étaient cachés à Jumet. Or, jusqu'à ce pour, rien n'a été trouvé dans le tunnel, où les recherches ont été abandonnées. Pour la première fois, Dutroux aurait-il menti ? Et pour quelle raison ?

Volonté délibérée de brouiller les cartes? Désir de « gagner du temps » ou simple imprécision ?

Un mensonge n'arrangerait rien à son cas ,les jours à venir pourraient lever cette incertitude. Car il n'est pas sur que Dutroux ne revienne pas à Jumet.

Claude MONIQUET

Ses révélations portent leurs fruits,

le Centre américain aura une antenne belge

Anne-Marie LIZIN :

« Des représentants des familles doivent siéger au Centre des enfants disparus »

Ciné Télé Revue du jeudi 24 octobre 1996 page 31

Les révélations publiées par « Ciné-Télé-Revue » il y a trois semaines sur les graves questions que se posent les experts américains du « National Center for Missing and Exploited Children » (NCMEC) ont fait mouche ; et porté leurs fruits puisque, après avoir dérangé (et, surtout, après avoir été très officiellement confirmées à Washington), elles ont obligé le gouvernement à mettre les bouchées doubles en envisageant officiellement de confier l'examen des « cassettes Dutroux » aux experts du NCMEC, mais aussi en annonçant, enfin, la création d'un Centre belge des enfants disparus. Un projet qui fut longtemps porté, dans l'indifférence générale, par Anne Marie Lizin.

- Pour vous, c'est une victoire : ce projet, c'est votre fameux « Interpol enfants » qui va enfin voir le jour.

- Je dirais plutôt que c'est une victoire commune. Nous sommes quelques-uns, avec nos amis américains - je pense à M. Rodrigues, qui a été le père de l'idée d'« Interpol enfants », à Glenn Miller, un magicien des programmes de gestion photographiques, ou encore à Élisabeth Yore -, à avoir soutenu ce projet.

« Ciné-Télé-Revue » y a cru et lui a donné le retentissement considérable, qui a permis aux maximums de leurs partenaires des décisions rapides.

Mais assez d'autocongratulation : je pense, avant tout, que l'adoption de ce projet est une victoire pour les victimes et qu'il permettra, si on ne peut réparer le passé, d'éviter qu'il se reproduise à l'avenir. Le Centre belge sauvera certainement des vies.

- Concrètement, que va-t-il se passer ?

- Les événements doivent s'enchaîner, maintenant que tout le monde a pris conscience de la situation et que la « marche blanche » a fait comprendre à tous qu'on ne jouait plus, mais qu'il fallait agir. Le gouvernement doit prendre des mesures qui, au fond, sont très simples.

Il faut trouver un bâtiment « fédéral » pour abriter le Centre, dégager un budget de fonctionnement d'une centaine de millions, mettre au point les arrêtés qui permettront le détachement de policiers et de gendarmes, engager des experts contractuels et, bien entendu, rassembler un conseil d'administration dans lequel devront siéger de hauts fonctionnaires, des « personnalités », mais aussi, parce que leur place est là, des représentants des familles de disparus.

A mon avis, maintenant que la volonté politique a été clairement exprimée, tout peut être bouclé d'ici la fin de l'année, et le Centre pourrait commencer à travailler début 1997.

Nous sommes loin de ce printemps 1996, pourtant si proche, où un important responsable policier belge haussait les épaules et rétorquait avec mépris à Élisabeth Yore, qui évoquait l'existence probable d'un réseau de pédophilie organisée : « On peut toujours rêver... »

- Pour ce qui est des actions immédiates, que va-t-il se passer pour les « cassettes Dutroux » ?

- Le magistrat national André Vandoren a demandé à l'officier de liaison des services judiciaires à Washington, M. Van Mol, de prendre contact avec le NCMEC et de lui en faire un compte rendu. Le rapport qui vient d arriver à Bruxelles est, m'a-t-on assuré, enthousiaste. Plus rien ne s'oppose donc à ce que le travail commence, d'autant plus que le général de Ridder, qui commande la gendarmerie, est lui-même un farouche partisan de cette collaboration. Et, du côté des Américains, nous sommes soutenu au plus haut niveau. Imaginez que la Maison-Blanche, voici quelques jours, a pris contact avec le NCMEC pour l'assurer qu'il aurait tout le soutien nécessaire pour nous aider. C'est dire à quel point Washington se sent concerné.

- L'équipe du NCMEC confirme les informations qui vous avaient été données sur l'implication de personnalités en vue dans le « réseau » ?

- Oui, totalement. Tout a été confirmé à notre ambassade à Washington par le NCMEC, et le gouvernement américain, au plus haut niveau, a fait savoir à nos autorités qu'il considérait que l'affaire était très sérieuse.

J'en profite quand même pour souligner que, sans être béate d'admiration pour autant, ces réactions politiques américaines démontrent, à contrario, à quel point la rigidité de nos décideurs cache souvent, en définitive, une manière de ne pas faire son métier ou de fuir ses responsabilités.

A Washington, la Présidence s'en mêle spontanément, mais, à Bruxelles, il a fallu que le Premier ministre soit mis au pied du mur pour qu'il bouge.

N’abandonnez pas !! ("CinéTéléRevue"24 octobre 1996 pg 7,8 et 9)


N’abandonnez pas !!

Tandis que le car des parents des victimes tente de se frayer un passage parmi la foule, les manifestants leur crient:

« N'abandonnez pas. Toute la Belgique est avec vous »

Ciné Télé Revue du jeudi 24 octobre 1996 pages 7,8 et 9

« Sabine ne va pas bien »

Dix semaines après avoir été miraculeusement retrouvée vivante, Sabine Dardenne a dû faire un effort surhumain pour participer à la marche blanche. Et ses larmes, comme la terreur qui l'habite sans cesse, ont touché au coeur. Les 78 jours passes dans la prison de Marc Dutroux ont laissé des traces indélébiles.

« C'est un enfant qu'on nous a enlevé, c'est une femme marquée qui est revenue », disent ses proches.

« Mais Sabine n'a pas vécu sa puberté. Ce n'est jamais bon. »

Avant, l'adolescente, qui aura 13 ans ces jours-ci, se tournait souvent vers son père. Aujourd'hui, elle a peur de l'approcher à moins d'un mètre et se réfugie sans cesse chez sa maman.

« C'était une enfant joyeuse et très vivante », a confie celle-ci. « Sabine aimait beaucoup jouer en rue avec ses amies. Aujourd'hui, elle ne pourrait plus sortir seule. Elle est devenue plus dure. Parfois, elle parle de son expérience. Nous préférons l'écouter que l'interroger. Mon mari et moi avons recommencé à travailler. Sabine va à l'école. Jour et nuit, nous sommes disponibles pour elle. Une collègue de Mme Dardenne a confié combien était grand le désarroi de la petite.

« Elle ne va pas bien. On voudrait tant l'aider. On aimerait que toutes les lettres et les peluches qu'elle reçoit encore soient le signe d'un nouveau départ dans la vie. »

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Légendes des photos :

Témoignage poignante que celle de la petite Sabine Dardenne, qui avait été libérée en même temps que Laetitia Delhez, grâce au travail du juge Connerotte. Fragile comme un parchemin, la fillette, originaire de Kain, près de Tournai, a dû faire un effort surhumain pour dire quelques mots au micro. Le visage de cette petite fille témoigne de toute la souffrance endurée par les enfants victimes des bourreaux.

« Elle connaît des vides terribles », a confié son père. En arrivant chez le Premier ministre, Sabine, effrayée par les caméras de télévision et les flashes des photographes, qui lui ont rappelé sa libération et son cauchemar, a, dans un premier temps, refusé d'entrer.

Il a fallu que Marie-Noëlle Bouzet la protège avec un bouquet de fleurs pour que, fébrilement, elle pénètre dans la cour et serre la main de Jean-Luc Dehaene (photo ci-dessous).

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« J'ai reçu un message de Julie », a déclaré Jean-Denis Lejeune à la tribune. « Elle est très fière de vous. Je vous remercie beaucoup. Ik bedank iedereen. »

Plus tard, le papa de Julie a été complètement vaincu par la fatigue dans les studios de RTL-TVI, au point qu'il s'est assoupi quand on lui a donné la parole. « C'est vous qui nous permettez de tenir », a embrayé Carine Russo.

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325.000 personnes sur les boulevards bruxellois et beaucoup d'enfants, dont les gestes, d'une émouvante simplicité, traduisent le formidable attachement de la population aux familles déchirées.

Et si, demain, on leur construisait un avenir meilleur ?

Et si, enfin, nos décideurs choisissaient de travailler dans l'intérêt du public, et non pour satisfaire leurs ambitions personnelles ?

L’INCROYABLE MAREE BLANCHE (CinéTéléRevue 24 octobre 1996 pg 4 , 5 et 6)


L’INCROYABLE MAREE BLANCHE :

TOUS LES BELGES UNIS POUR QUE L’INNOCENCE DES ENFANTS NE SOIT PLUS BAFOUEE

Ciné Télé Revue du jeudi 24 octobre 1996 pages 4 , 5 et 6

Et maintenant nos politiques pourront il encore négliger le peuple ?

Bruxelles, dimanche, à 15 heures. Face à la Bourse, lentement, la foule s'immobilise, figée. Le flot de marcheurs descendant du Nord au Midi a rencontré la vague de ceux qui remontent pour rejoindre le point de départ de ce qui n'est pas, au sens strict, une manifestation.

La foule a commencé à déborder sur les trottoirs et dans les rues adjacentes, déjà encombrées de centaines de petits groupes qui, vaille que vaille, tentent de s'intégrer dans le fleuve humain.

Dans les rues parallèles aux « grands boulevards », la masse s'écoule, comme un torrent qui, rencontrant un obstacle, le contourne après avoir grossi.

Vu du ciel, le centre de la capitale de l'Europe, d'habitude si désert le dimanche après-midi, serait noir de monde si la couleur blanche ne dominait pas, victorieusement : la « marche blanche » s'est transformée en marée.

Ils sont venus de partout : de Flandre, de la capitale, bien sûr, et de Wallonie. Parfois même de l'étranger. Ils sont flamands, francophones, germanophones, arabes, turcs, italiens, espagnols ou africains. Ils sont jeunes et vieux, enfants et grands-parents, hommes ¢t femmes, jeunes couples et familles nombreuses mêlés. lis sont « de gauche » et de droite », riches et modestes, croyants et athées.

Ils sont ouvriers, employés, enseignants, policiers, architectes, cultivateurs, conducteurs de machines ou d'autobus, retraités, étudiants, intellectuels et manuels, artistes... Tout et n'importe quoi.

Car ils sont le Peuple. Celui des grands jours et des soirs de révolution. Le peuple qui, tout simplement, sans slogans ni banderoles, sans cris ni violence, dans le calme et la sérénité, est venu dire : « J'EXISTE ».

En quelques heures, balayant le doute et l'incrédulité, noyant les sceptiques et ensevelissant les calculateurs, démentant les cyniques et isolant les manipulateurs, le flot humain a fait céder le barrage des peurs, des égoïsmes et des conformismes frileux.

En quelques heures, Marie-Noélle Bouzet, les parents Russo, Marchal et Lejeune (et les autres) ont remporté le plus invraisemblable des paris, montrant par là même qu'il n'est pas fou mais sage, celui qui, en définitive, table sur le sursaut de l'humanité et sur ce qu'il y a de bon en nous.

Est raisonnable celui qui choisit d'en appeler à la part de lumière et de justice contre celle des ténèbres et de l'oppression.

Sans appareil syndical et sans parti pour relayer leur appel (même si nombreux dans la foule sont les militants politiques et syndicaux), sans moyens réels, par la simple magie du verbe, ce petit groupe de citoyens « comme les autres » que l'on tentait, il y a peu encore, de faire passer pour des fous ou des agités brisés par la douleur a réussi à organiser la manifestation la plus importante que ce pays ait connu depuis la Libération.

Oui, Marie-Noëlle Bouzet a mille fois raison de le dire, avec sa voix qui s'étrangle sur la fin de la phrase : on comprenait dimanche ce que veut vraiment dire « la foi déplace les montagnes ». Et l'on sait que, désormais, les livres d'histoire noteront qu'il y a eu un « avant la marche blanche » et un « après ».

Quelques heures plus tard, on a vu, d'ailleurs, que même Jean-Luc Dehaene, qui, pourtant, n'avait pas vraiment brillé par ses initiatives depuis le début de « l'affaire », a, lui aussi, compris la leçon. Révision de la Constitution, dépolitisation de la magistrature, plus grande attention aux victimes : ce n'est pas douter de sa parole que de dire que le Premier ministre est prêt à promettre à peu près n'importe quoi pour rester « dans le mouvement ».

Mais qu'il y prenne garde: c'est devant la nation tout entière que la parole a été donnée, et c'est la nation qui en est, désormais, le témoin et le dépositaire. Ce qui a été promis devra être tenu. Gare si, demain, « ceux d'en haut se contentent d'un simple dépoussiérage des institutions et ne comprennent pas que le pays attend beaucoup plus.

Car la marche de dimanche n'était pas seulement la marche pour des enfants morts et disparus, elle était aussi la manifestation, spontanée mais ô combien visible, de tant d'années de frustrations, de sacrifices et d'injustices subies dans le silence et la solitude.

La marche des parents et des enfants, bien entendu, la marche du bien contre le mal, mais aussi des oubliés, des laissés-pour-compte, de ceux qui ont le droit de voter ¢t de payer leurs impôts mais qui n'ont pas voix au chapitre et qu'on n'écoute jamais. Bref, la marche de la « société civile » contre un État qui s'est éloigné d'elle jusqu'à lui devenir étranger.

Oui, ce à quoi nous avons assisté dimanche était bien le premier acte d'une insurrection pacifique. Ni plus ni moins.

Demain, si les espoirs, une fois encore, sont déçus, tout est possible. Et tout sera à craindre. Car le peuple, quand il est uni comme il l'était dimanche, a les moyens et la force d'imposer sa volonté. C'est sans crainte et sans haine, mais avec la calme certitude que rien ne pourrait plus faire obstacle à la justice et à la vérité, quels que soient leurs prix, qu'il a fait sa devise de la petite phrase lancée il y a deux mois par un magistrat intègre, qui, alors, semblait bien seul et bien fragile : « Si on me laisse faire ».

Car on peut bloquer un homme. Mais malheur à celui qui se met en travers de la route d'une nation quand elle se souvient qu'elle est constituée d'hommes et de femmes libres et qu'ils se lèvent tous pour marcher.

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Légendes des photos de la page 6 :

Photo du haut :

Dans le regard des parents des victimes, l'émotion et la fatigue ont atteint une dimension considérable.

« Je voudrais vous dire beaucoup de choses, mais je suis trop ému », a expliqué Gino Russo. Pathétique, il aura cette simple phrase : « Mélissa, je t'aime. »

Sa femme, Carine, prit alors la parole : « Mélissa, quand tu es née, ce fut un grand jour. On était émerveillés par ce cadeau de la vie, notre petite fille, notre princesse. (...)

On a cru que l'institution judiciaire allait nous aider quand un juge vous a enfin traitées comme des dossiers sacrés, qu'il a bien voulu vous considérer comme des princesses à sauver. Hélas pour toi, c'était trop tard. Ils t'avaient déjà jetée comme un objet qui a trop servi. Demain, il faut que chacun traite les enfants comme des petits princes et des petites princesses. »

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Photo du centre :

Initiatrice de la marche blanche, Marie-Noëlle Bouzet, la maman d'Élisabeth Brichet, dont on ne soulignera jamais assez le courage depuis la disparition de sa fille, il y a sept ans, a eu suffisamment de cran pour délivrer son message.

« Nous devons beaucoup à nos enfants morts », a-t-elle dit, « car ils nous ont donné une force nouvelle. Mais les enfants vivants ont besoin de nous, de nouveaux citoyens. »

Puis sa voix s'est brusquement nouée : « Quand j'étais petite, on me disait une phrase que je ne comprenais pas : la foi soulève des montagnes. Aujourd'hui, je la comprends. Merci. »

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Photo du bas :

Seule note discordante au cours de la marche le nom de Loubna Benaïssa n'était pas repris sur le mur des disparus. Une absence qui a fortement choqué les manifestants.

Le comité organisateur de la marche a endossé la responsabilité de cette bévue : faxé, le nom se serait mystérieusement volatilisé.

JAMAIS PLUS UNE TELLE SOUFFRANCE ("UNE"CinéTéléRevue24 octobre 1996)


JAMAIS PLUS UNE TELLE SOUFFRANCE !

UNE de Ciné Télé Revue du jeudi 24 octobre 1996

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