mardi 2 juin 2009

La mère de Dutroux, troisième informateur des gendarmes (Télé Moustique du mercredi 13 novembre 1996 pg 30)


La mère de Dutroux,

troisième informateur des gendarmes

« Je n'ai jamais été prise au sérieux »

Télé Moustique du mercredi 13 novembre 1996 pages 30

Le 12 août dernier, Jeannine Lauwens, la mère de Marc Dutroux écrivait une longue lettre pleine d'amertume au procureur du Roi de Neufchâteau, Michel Bourlet. Elle y exprimait notamment son regret de n'avoir pas été prise assez au sérieux quand elle dénonçait le passage dans la maison de la rue Lenoble à Jemeppe-sur-Sambre de deux jeunes inconnues qui correspondaient au signalement d'An et Eefje. On y apprend aussi que sa précédente lettre à la justice, datée du 4 septembre 1995, était en fait adressée au juge Lorent de Charleroi – elle fut interrogée à ce sujet par la police de Pont-à-Celles - et que peu de temps après, elle fut le troisième informateur du gendarme Pettens qui avait déjà recueilli les déclarations de Thirault et d'un autre indic, vraisemblablement Bernard Weinstein, en août 1995. Mais la présence du troisième "informateur" n'apparaît pas dans les rapports Othello. Enfin, Mme Lauwens nous présente son fils sous des traits durs et vengeurs.

"Monsieur,

Je vous joins à cette lettre une correspondance a l'adresse de Monsieur Michel lelièvre délivrée au 27 rue Léopold Lenoble à 5790 Jemeppe-sur-Sambre dans les jours qui ont précédé les perquisitions effectuées mardi et vendredi derniers à cet immeuble.

Ce dernier est ma propriété par héritage de mes parents, ma mère étant décédée en mai, le 8, en 1993.

Depuis février 1991 je me bats pour récupérer ce bien,objet d'un bail (...) rédigé et déposé à Gembloux le 3 décembre 1991 par Marc Dutroux alors pourtant détenu à la maison d'arrêt de Mons.

Durant l'année 1991, j'ai envoyé deux recommandés à cette prison afin que l'on ne permette plus à cet individu de venir importuner sa grand-mère. (...)

Voyant son état mental déjà déficient s'aggraver, mais de plus ses petites économies qu'elle cachait dans le lit qu'elle ne quittait que rarement.

Je n'ai jamais été prise au sérieux, Faut-il le dire?

A cette époque mon quatrième fils Serge en instance de divorce vivait avec sa grand-mère et m'aidait à l'assister. Il me raconta comment son frère aine arrivait parfois seulement accompagné de son conseil Marie-France Nicaise et visitait les chambres.

(...) Déprimé gravement, Serge rentrer en hospitalisation. Ma mère gravement diminuée mentalement et physiquement fut placée dans un home de repos et de soin à Auvelais le 12 novembre 1991. Dix-huit jours plus tard, le bail était signé. Il avait et a gardé force de loi (...J, ma mère était enlevée du home par Michelle

Martin, sa pension détournée sur un compte à Marcinelle et soustraite du compte par la même Martin.

Pour la gendarmerie, elle n'offrait aucun intérêt, j'avais omis de faire constater judiciairement son état.

C'est donc seule,aidée de mon mari, que j'ai enquêté pour la retrouver, abandonnée sans aucun renseignement ni vêtement à l'institut Vérole à Montigny-le Tilleul.

Avertie, Madame Hulet alors juge de paix à Marchienne m'accorda la gestion des biens de ma mère, décision contestée en appel par Marc Dutroux, toujours incarcéré. (...)

L'appel rejeté, e pus enfin tenter de récupérer 'immeuble à Jemeppe-sur-Sambre.

Entre-temps, ses maigres biens volés par son frère Marc et sans logis, mon fils Serge s'est pendu dans sa chambre d'hôpital, le 15 mai 1993.

Demandée à la justice de paix de Gembloux, l'annulation du bail me fut refusée en 1994. lI n'y avait rien à reprocher à l'occupation des lieux! Ni les allées et venues uniquement nocturnes, ni la maison bouclée comme un bunker, ni la présence passagère de jeunes filles, ni I'envahissement par des tiers (visant trafic de pneus (jusqu'à 1.000 à la dois). J'ai vu Lelièvre et Diacostinavrianos en novembre 1995 là bas, la main sur le coeur ils m'ont affirmé ne connaître Dutroux que comme locataire principal, leur louant l'immeuble pour 12.000 F par mois (le bail: 2.000 F par mois!). Je les ai avertis de déguerpir au plus vite car Dutroux faisait un tout autre commerce que celui des pneus et qu'ils risquaient la complicité.

Entre-temps, j'avais raconté ce que je savais au juge d'instruction Lorent à Charleroi, à M. Pettens de la PJ de Charleroi.(NDLR: M. Pettens, en l'occurrence, est le maréchal des logis qui avait déjà 'recueilli les témoignages de deux informateurs en août 1995 sur les proches de Dutroux et des potentiels enlèvements

d'enfants.)

J'avais déposé plainte auprès du procureur u Roi à Namur. Sans succès. Découragée j'ai demandé et obtenu l'expulsion des lieux par Dutroux pour occupation personnelle. Le jugement cette fois m'était favorable et exécutoire (...).

Mais Dutroux me met en appel à Namur pour le 1er septembre prochain!!!

Comme vous le voyez rien ne l'arrête, il doit avoir raison. Ce qu'on lui reproche il l'impute aussitôt à un autre. Il est machiavélique, sans scrupule et sans pitié. Que vous soyez sa grand-mère,sa mère, ses frères et soeurs, sa premiers épouse ou ses propres enfants, tout doit plier devant son intéret du moment. Si les règles ne lui conviennent pas, il les change et les contourne. Alors que lui importent les souffrances d'étrangers à sa vie?

J'ai le regret le plus profond et une aversion incontrôlable d'avoir donné le jour à un monstre le 6 novembre 1956.

Puisse la justice, ainsi que le demandent les parente de Julie et Mélissa, écouter davantage les parents qui s'adressent à elle et tenir compte dans un sens comme dans un autre de leurs avertissements.

Lauwens Jeannine"

___________________________

Document à charge pour la PJ de Liège

Le 18 juin 1996, une information précise sur Dutroux inexploitée

Télé Moustique du mercredi 13 novembre 1996 page 31

Il est admis par tous les protagonistes de l'enquête « Julie et Mélissa » que tant le chef de la

"Cellule d'enquête", le commissaire de la PJ de Liège, Daniel Lamoque, que la juge d'instruction

Doutrewe avaient été informés verbalement de la piste Dutroux. Pourquoi alors ne relancent ils pas cette piste et ne redemandent-ils pas des informations à la gendarmerie en juin 1996 lorsqu'un membre du Service général d'appui policier leur envoie des informations sur Dutroux?

N'est-ce pas là la preuve d'une certaine insouciance? Voici en tout cas le document en question.

"Fax à destination de: PJ Liège (...), service com D. Lamoque Nos réf: IP66/

Vos réf: BCS 170 - Dossier d'instruction 95/95

Concerne: Lejeune Julie et Russo Mélissa

Suite à votre avis publié au BCS du 18.06.96 je porte à votre connaissance et à toutes fins utiles les renseignements suivants: Encore de service à la police de La Louvière fin 1995 j'ai mené une enquête suite à de nombreuses plaintes d'enfants inquiets du comportement d'individus faisant des photos d'eux à la sortie des écoles ou dans des zones de délassement. Seul un des faits dénoncés pouvait éventuellement être considéré comme tentative d'enlèvement mais sans aucune violence.

Au cours de cette enquête j'ai été amené à entrer en contact avec la BSR de Charleroi qui m'a appris l'arrestation récente d'un nommé Dutroux, PN Marc, individu déjà connu de la justice pour des faits de moeurs envers des mineurs.

Au cours de sa première arrestation vers 1986 il avait été découvert chez lui des cassettes vidéo dans lesquelles il était filmé par son épouse alors qu'il entretenait des relations sexuelles avec des mineurs. Au cours de cette même affaire il était apparu que l'intéressé souhaitait monter un réseau de pédophilie Fonctionnant de la même manière ou presque que celui démantelé il y a peu à Bruxelles.

Pour ce qui concerne les faits de La Louvière, ceux-ci étaient commis par des individus se déplaçant à bord d'un véhicule de grosse cylindrée immatriculé en France.

D'après un informateur la base du réseau était stationnée à Bruxelles (Schaerbeek) et disposait de cinq à six véhicules immatriculés en France (fausse immatriculation). Les prises de photos a la sortie des écoles servaient à la constitution d'un catalogue " et un ravisseur était payé 200.000 FB pour un enlèvement. C'est à peu près le principe du réseau démantelé à Bruxelles et qui pourrait n'être qu'une branche d'un réseau plus complexe.

Salutations.

Christian Dubois « Section recherche »

Quand les gendarmes filmaient Dutroux ( Télé Moustique du mercredi 13 novembre 1996 pages 28 et 29)


Quand les gendarmes filmaient Dutroux

Télé Moustique du mercredi 13 novembre 1996 pages 28 et 29

Dans le cadre de l'opération Othello, cinq journées d'observations furent organisées par le POSA de la gendarmerie entre le 28 août et le 16 octobre 1995. Au cours de ces observations, les gendarmes, on le sait, ont notamment utilisé un "time laps", une caméra fixe. Quels résultats ont-ils obtenus?

Rien de probant, signalent-ils dans le rapport n° 1190/ 18/M/CP au procureur de Charleroi, le 25 janvier 1996: "Le document Othello est actuellement suspendu à la suite de l'incarcération du nommé Dutroux Marc (NDLR: soit le 7 décembre 1995) et par manque d'information et d'indices matériels". Voici donc le contenu de ces rapports d'observation. Nous avons évidemment remplacé par "x" les mentions relatives à des plaques de véhicules. Il faut également garder à l'esprit que pendant qu'on pose ces constats, on ne perquisitionne pas chez Dutroux. Il est pourtant tout à fait envisageable qu'à ce moment-là, ses victimes étaient peut-étre prisonnières à l'intérieur de l'une de ses maisons...

28 août 1995 09h45 Mise en place d'un dispositif autour de l'av.de Philippeville, 128 à MARCINELLE et d'un dispositif autour de la rue de Rubignies 43/45 à 6542 LOBBES.

Le camion FORD x et la camionnette x sont stationnés en face du 128 de la rue de Philippeville à MARCINELLE. La FORD Sierra x et la CITROEN CX x sont stationnées dans le passage donnant accès sur l'arrière du garage MERCEDES et sur l'arrière des 4345 de la rue de RUBIGNIES à SARS-LA-BUISSIERE.

09h59 Une MERCEDES blanche x sort du passage donnant accès sur l'arrière du garage et du 43-45.

10h30 Une MERCEDES blanche x sort dupa sage.

10h33 Une VW GoIF Il verte x rentre dans le passage.

10h54 Une FORD Sierra noire x rentre dans le passage.

11h25 La MERCEDES blanche x rentre dans le passage. 11 h30 La MERCEDES blanche x sort du passage.

11h55 Une RENAULT 11 blanche rentre dans le passage et immatriculée x.

12h 6 La MERCEDES blanche x rentre dans le passage. 12h23 La RENAULT banche x sort du passage.

12h24 La MERCEDES blanche x rentre dans le passage. 12h35 une BMW Série 3 nouveau modèle rouge x rentre dans le passage. La BMW rouge x sort du passage.

Une OPEL Kadett bleue x sort du passage. L'OPEL Kadett bleue x rentre dans le passage. La MERCEDES blanche x sort du passage.

La MERCEDES blanche x rentre dans le passage

La MERCEDES blanche x sort du passage.

La MERCEDES blanche x rentre dans le passage.

DUTROUX Marc est localisé à son domicile, av. de Philippeville 128 à MARCINELLE. Il est habillé d'un pantalon de travail bleu et d'un singlet blanc.

MARTIN Michelle sort du passage SARS-LA-BUISSIERE à bord de la FORD Sierra x. Elle tracte une petite remorque bleue.

Arrivée de la FORD Sierra bleue x au 128 av. de Philippeville à MARCINELLE.elle stationne le w et rentre au

128. Elle sort et décharge les objets de la Ford sierra et rentre au 128.

DUTROUX Marc et MARTIN Michelle sortent du 128 et chargent la FORD Sierra et sa remorque de différents objets mobiliers et de caisses.

MARTIN Michelle monte à bord de la FORD Sierra x. Elle démarre en direction de BEAUMONT. La remorque est pleine. Elle est accompagnée d'un enfant en bas âge. Elle stoppe à la rue de l'Ange à MARCINELLE en Face d'une pharmacie.

Elle sort du w et rentre dans la pharmacie.

Elle sort de la pharmacie, remonte dans son w et démarre en direction de BEAUMONT.

Elle rentre son w dans le passage donnant accès sur l'arrière du 43-45 et du garage de la rue de Rubignies à SÂRS LA-BUISSIERE.

Levée du dispositif.

29 août 1995 15h20 Mise en place du dis positif à l'av. de Philippeville 128 à MARCINELLE.

Nous trouvons à cette adresse un camion Bedford immatriculé x ainsi qu'une camionnette immatriculée x. Un câble électrique sort de la camionnette, traverse la route et rejoint l'immeuble surveillé. Nous remarquons de la lumière à l'intérieur de I'habitation.

15h00 Un homme qui pouvait être DUTROUX Marc sort de l'immeuble, jette un seau d'eau sur le trottoir puis rentre à nouveau.

16h 11 DUTROUX Marc sort, rejoint la camionnette récupère et rembobine le câble électrique et rejoint l'adresse surveillée.

17h07 Un homme de + ou - 45 ans, mince, cheveux foncés avec une légère tonsure. Le w s'arrête au 43/45 de la rue de Rubignies à SARS-LABUISSIERE.

Le w stationne dans l'allée.

La Ford Fiesta ressort du passage avec comme conducteur l'homme de 17h07 et s'arrête pour attendre la camionnette immatriculée x. Ces deux w démarrent et roulent de concert. DUTROUX Marc est conducteur de la camionnette. Les deux w s'arrêtent à MONT SAINTE-GENEVIEVE, à la rue de Binche; pour ce qui est du n° de la maison où ils se rendent, il s'agit d'une maison à droite du n°20 de la rue de Binche en la regardant de face. Face à l'entrée de l'allée et dans l'allée nous relevons la présence d'une OPEL Kadett rouge immatriculée x et un w . bleu immatriculé x. Ces deux w ressortent en Fait par le n° 14 de la rue de Binche à MONT SAINTE-GENEVIEVE. DUTROUX Marc a contact avec deux personnes à cette adresse. L'homme de 17h07 reste dans son w.

DUTROUX Marc regagne son w et démarre suivi par la Ford Fiesta.

DUTROUX Marc arrête son w x à a rue Daubresse à JUMET au n° 63, il entre la camionnette dans le passage latéral à cette adresse. La Ford Fiesta s'arrête également à cette adresse, le conducteur descend de son w et disparaît dans le passage latéral du 63. Une Jetta bleue immatriculée x s'arrête face à cette adresse, le conducteur, un homme de + ou - 45 ans, 1,75 m, corpulent, cheveux grisonnants et accompagné d'une fillette de + ou - 6 ans, ils se rendent tous deux au 63. Tout le monde ressort du passage, la fillette monte dans la VW Jetta, tandis que les trois hommes discutent sur le trottoir. Le conducteur de la VW Jetta regagne son w, tandis que DUTROUX Marc et le conducteur de la x remontent dans celle-ci. La VW Jetta démarre en direction de la Chée de Bruxelles et la Fond Fiesta prend la A54 en direction de CHARLEROI. La Ford Fiesta débarque DUTROUX Marc à l'av. de Philippeville 26 à MARCINELLE et redémarre directement. DUTROUX Marc rentre au 128.

La Ford Fiesta s'arrête à la rue de Daubresse 63 à JUMET. Levée du dispositif.

REM: Durant l'opération nous avons pu remarquer la rentrée et la sortie de plusieurs w, au 43/45 de la rue de Rubignies à SARS-LA-BUISSIERE.

Entre dans le passage une ASCONA blanche x.

Sortie du passage une FORD Fiesta bleue x.

Sortie du passage de l'ASCONA blanche x.

Entrée dans le passage d'une Merceries blanche x.

8 septembre 1995

19h00 Mise en place des dispositifs à MARCINELLE et à SARS-LA-BUISSIERE.

19h20 Départ de DUTROUX avec la CE x (Marcinelle, av. de Philipeville).

19h35 il s'arrête à SAMBREVILLE à la rue du Bois au n° 50 ou 52.

Il embarque un homme d'environ 25 ans, cheveux noirs, petit, corps mince.

20h03 Il s'arrête à St-SERVAIS, rue V. Cornet, n° 17

20h09 DUTROUX et son convoyeur ont contact avec un homme et une femme qui montent dans une Mazda 323 immatriculée x Pro à 5002 NAMUR (connu stups).

Ils se déplacent de concert en direction de NAMUR.

20h20 Ils se stationnent à la rue des Brasseurs à NAMUR et se rendent vers la rue des Fripiers.

20h30 Ils entrent au café "Tamaris" dans cette rue.

Dans le café, ils s'attablent tous les quatre et n'ont contact avec personne d'autre.

22h25 Ils sortent du café. 22h30 Départ des voitures. 22h39 Ils s'arrêtent à Emines pl. Serge Dauginet et rentrent dans la salle des Fêtes. 22h47 La CX avec ses deux occupants démarre et la Mazda et ses deux occupants restent dans la salle (sic). Ils s'arrêtent à DURNAL rue Pays de Liège au Cercle Albert et font le tour du bâtiment. Ils quittent cet endroit.

DOUX dépose son convoyeur à la rue du Bois à SAMBREVILLE.

DUTROUX ressort seul de la cité au volant de la CX. DUTROUX rentre chez lui à l'avenue de Philippeville à

MARCINELLE.

Toute lumière a disparu dans la maison.

Levée du dispositif.

NB: Le convoyeur de la CX pourrait être le nommé X TAMINES. (Inc Gd) (...).

19 septembre 1995

09h00 Mise en place du dispositif au 128 av. de Philippeville à MARCINELLE.

La CX x est présente ainsi que le camion Ford x.

14h58 Arrivée de MARTIN Michelle avec la Ford Sierra x accompagnée de ses deux enfants. Elle frappe à la porte et DUTROUX vient lui ouvrir.

15h59 MARTIN et ses deux enfants quittent la maison. DUTROUX est en short et pantoufles,

16h12 MARTIN est de retour et décharge des paquets du coffre de la Sierra avec l'aide de DUTROUX.

16h22 MARTIN regagne son véhicule avec une tarde bleue et un paquet. Elle quitte l'av.de Philippeville en compagnie de ses deux enfants.

16h30 Levée du dispositif.

13 octobre 1995

17h40 Mise en place du dispositif c MARCINELLE, avenue de Philippeville n° 128. Aucun véhicule connu présent à cette adresse.

18h20 La Sierra immatriculée x est aperçue à l’entrée de Sars-la-Buissière avec deux personnes à bord dont DUTROUX Marc comme chauffeur. La Sierra se stationne à l'arrière de la rue de Rubignies 43/45 à Sars-la-Buissière.

18h30 Le dispositif est mis en place à Sars-'la-Buissière. A l’arrière du domicile de MARTIN se trouvent: la Sierra x, la CX x ainsi que la camionnette Renault x.

19h00 Présence de lumière au domicile de MARTIN.

23h00 Les trois véhicules pré

sents ô 18h30 sont toujours là,mais les lumières sont éteintes.

00h15 Toujours même situation.

00h20 Après avis au chef d'enquête, nous levons le dispositif.

16 octobre 1995

5h00 Mise en place du dispositif autour du domicile de DUTROUX Marc, avenue de Philippeville 128 à Marcinelle.

La Ford Sierra x, la Citroén x, la remorque x et la camionnette Renaud x sont stationnées

devant (e 128.

16h38 MARTIN Michelle sort du 128, monte dans la Ford Sierra x et démarre seule en direction de MARCINELLE centre.

03h00 Levée du dispositif.

UN TCHERNOBYL JUDICIAIRE (Télé Moustique du mercredi 13 novembre 1996 pages 26 et 27)



UN TCHERNOBYL JUDICIAIRE !

Télé Moustique du mercredi 13 novembre 1996 pages 26 et 27

Dès le 9 août 1995 (voir TM 3693), soit très peu de temps après la disparition de Julie et Mélissa, la gendarmerie, qui considérait déjà Dutroux comme un suspect « très intéressant », avait pourtant décidé de travailler sur ces disparitions en dehors du dossier d'instruction dirigé à liège par la juge Doutrewe. Or, selon les gendarmes, il n'existe aucun compte-rendu de la réunion déterminante du 9 août organisée par le BCR durant laquelle fut prise cette décision ! Étonnant, non ?

Depuis plusieurs semaines, Télémoustique tente de faire la lumière sur les trop nombreux dysfonctionnements qui ont émaillé les enquêtes relatives à Marc Dutroux. Produisant de nombreux documents confidentiels, nous avons déjà évoqué les certains silences étonnants du parquet de Charleroi, l'attitude inhumaine et le manque d'investissement de la juge d'instruction liégeoise Martine Doutrewe, les rétentions d'informations coupables de la gendarmerie vis-à-vis du dossier d'instruction liégeois...

Cette semaine, nous publions le contenu pour le moins étonnant de plusieurs autres documents confidentiels. Ils mettent en cause tant la gendarmerie que la PJ de liège prouvant une nouvelle fois que l'enquête visant à retrouver Julie, Melissa, An et Eefje, est un énorme ratage, un véritable Tchernobyl judiciaire dont les responsabilités sont multiples. Enfin, nous évoquons aussi l'une des pistes avortées de l'enquête "Julie et Mélissa", dans laquelle on découvre l'intervention d'un enquêteur de la PJ de Bruxelles mis en cause actuellement dans le cadre du dossier... Loubna Benaïssa.

Dès le mois de juillet 1995, la gendarmerie de Charleroi avait fait le rapprochement entre la disparition de Julie et Mélissa et Marc Dutroux. Si on s'en réfère aux documents internes produits par la gendarmerie, cette piste était ensuite rapidement étayée par les déclarations d'un informateur Claude Thirault. Plusieurs devoirs étaient ensuite accomplis par la gendarmerie sans qu'elle en avertisse la juge d'instruction Martine Doutrewe alors que, pourtant, l'objet des recherches en cours ne faisait pas de doute.

En témoignent d'ailleurs divers documents. Tel par exemple, ce fax qui part de la BSR Seraing vers la BSR de Charleroi (Section Moeurs), le 28 juillet 1995 et qui est libellé: "Objet: Demande de renseignements. Réf.: Disparition JULIE et MELISSA: P.V. initial 40.61.101.045/95. dd. 24/ 06/95. Bde GRACE-HOLLOGNE. Dossier 95/95 de Mme le J.1. DOUTREWE. Ou encore la réponse de la brigade de Charleroi datée du 4 août 1995, dans laquelle on lit "Transmission de renseignements. Disparition Julie et Mélissa" avec de nouveau le numéro de notice du dossier d'instruction mené à Liège.

Le 9 août 1995, le Bureau central de recherches de la gendarmerie envoie un fax aux gendarmerie de Thuin, de Seraing, de Namur et de Charleroi. La case "Info" de ce document que nous possédons est vierge. Signification: il n'a pas été transmis pour information à la juge d'instruction chargée du dossier Julie et Mélissa. Pourtant l'objet de la réunion, tel qu'il est précisé dans ce document,l'adjudant Guida Van Rilar est tout à fait explicite « Dans le cadre de la disparition de Julie et Mélissa (Dutroux), vous êtes invité à une réunion organisée le 09 août 1995 à 10 hrs dans les locaux de la BSR de Charleroi. Veuillez nous faire parvenir les noms des participants à cette réunion pour aujourd'hui à la Sec Crim Pers ».

Que se dit-on entre gendarmes lors de cette réunion? Difficile de le savoir car s'il en existe la convocation, fournis par l'état-major, ainsi qu'un document du 16 août qui, lui, fait référence à cette réunion du 9 août, par contre, il n'existerait pas de compte-rendu écrit de la réunion proprement dite. Dommage, car si un tel document existait, on connaîtrait enfin le détail de discussions qui ont provoqué l'un des tournants importants de l'enquête.

A propos de cette réunion, l'adjudant Gilot de Grâce-Hollogne écrivait le 20 août dernier dans un rapport de synthèse sur l'opération Othello (voirTM 3688): "Cette réunion de coordination confirme tous les renseignements obtenus sur Dutroux Marc et dégage les suspicions qui pèsent sur celui-ci dans le cadre des enlèvements en général. A l'issue de cette réunion, un complément d'information est demandé à tous les participants".

C'est un récit pour le moins minimaliste de ce qui s'est passé ce jour-là puisque nous savons aujourd'hui, et cela est prouvé par un document rédigé le 16 août 1995 par le capitaine Bal que dès cette date une "hypothèse" a été "retenue" sous la direction du BCR de la gendarmerie: "A savoir, sous le motif de vols, obtenir des mandats de perquisition afin de s'assurer du passage ou de la présence d’enfants dans une des demeures ou dépendances de Dutroux".

A priori, il s'agit là d'une décision pour le moins incompréhensible. Si le but est de perquisitionner chez Dutroux pour s'assurer de la présence d'enfants, un dossier « enlèvement d'enfants » existe à Liège et il suffit de rédiger un procès-verbal et de demander un mandat au juge qui en a la charge! Mais, on le sait, les gendarmes - qui affirment avoir informé "verbalement" Mme Doutrewe - préféreront délocaliser l'enquête à Charleroi afin d'entamer une "mise sous observation", l'opération Othello. De la sorte, ils pouvaient bien entendu prendre Dutroux en flagrant délit ou découvrir une infraction "vol" permettant d'ouvrir un dossier chez un juge carolo et enfin d'obtenir un mandat de perquisition...

Une manière de faire plutôt hasardeuse alors que l'on pouvait craindre dès le mois d'août que Dutroux détienne des enfants chez lui. Enfermés dans ce système qui ne leur permettait pas d'obtenir de mandats d'un jupe que ce soit par exemple afin de perquisitionner chez Dutroux ou de vérifier ses comptes bancaires, les gendarmes devront attendre jusqu'en dé cambre 1995 et "bénéficier" de l'arrestation de Dutroux dans un dossier "vols" pour enfin aller tenter de découvrir ce qui se passait dans les maisons de Marcinelle et d'ailleurs...

Encore une fois, il serait fort intéressant de savoir ce qui s'est dit exactement à la réunion du 9 août 1995 où fut décidé cette stratégie. Mais si l'on en croit les déclarations d'un enquêteur de la gendarmerie concerné par l'enquête Julie et Mélissa faites dernièrement devant le Comité P, l'organe de contrôle de police, aucun document écrit ne permettrait de le vérifier.

Le 4 octobre dernier, Valère De Cloet, membre effectif du Comité P interrogeait donc le maréchal des logis Michaux:

V.C. - Le 9 août 1995, il y a une réunion de la BSR Charleroi, organisée par le BCR. Qu'est-ce qu'il y a été dit et / ou décidé?

Michaux. - Je tiens à préciser que je me suis rendu le 7 août 1995 dans le cadre d'une autre affaire à Bruxelles et j'en ai profité pour passer au BCR, section patrimoine et à la section moeurs. J'ai exposé le problème, dont ils étaient parfaitement au courant, dans cadre de l'enlèvement Julie et Mélissa. Nous avons eu une discussion et un échange d'idées. Le lendemain, j'ai fait part de cette discussion à mon officier (le commandant Legros). En définitive, la décision est bine d'organiser une réunion le 9 août à la BSR de Charleroi en y invitant toutes les parties concernées, à savoir le BCR Seraing - cellule de Grâce-Hollogne, Thuin, Namur, mon collègue Pettens, le capitaine Bal et moi même.

Aucune décision n'est prise au cours de cette réunion. Il s'agit d'une réunion de concertation au cours de laquelle chacun a donné les éléments dont il disposait en rapport avec Dutroux et Martin (épouse) mais également en ce qui concerne les cinq immeubles qu'ils détenaient. Cette réunion dure environ une heure. Il n'y a pas de rapport ou de compte-rendu de cette réunion mais ultérieurement soit le 16 août 1996, le capitaine Bal rédigera un rapport de synthèse. Je ne suis pas au courant de la note établie par le BCR.

(NDLR: Où est cette note?) Il est possible que l'on ai parlé de la possibilité de transmettre cette affaire à Liège mais je n'en ai pas le moindre souvenir, cela m'étonne cependant car des devoirs complémentaires ont été demandés à chacun lors de cette réunion" (...).

V.C. - Qui a pris la décision de l'hypothèse retenue?

Michaux. - Le document daté du 16 août 1995 JED/208/M a été rédigé suite à la réunion du 9 août et après avoir collationné les différentes informations provenant des participants à cette réunion. Une hypothèse est retenue. Lors de la réunion du 9 août l'informateur via Pettens avait stipulé que Dutroux continuait ses activités délictueuses (vol, escroquerie, recel,...) et ce comme par le passé. C'est suite à cela que l'on retient comme hypothèse de "coincer" Dutroux sous l'aspect "vol" et ce, afin de pouvoir perquisitionner dans ses maisons. C'est une déduction logique qui a été tirée de la réunion du 9 août 1995. A ce moment-là, on ne détenait aucun élément infractionnel pour relier Dutroux à l'enlèvement de Julie et Mélissa et les informations que nous détenions via l'informateur ne pouvaient pas être utilisées vu le danger réel que leur utilisation présentait pour l'informateur et sa famille.

Une argumentation contestable, non seulement par la situation de danger extrême dans laquelle se trouvaient les petites victimes de Dutroux, mais aussi par le fait que dès le dix août, il y a un deuxième informateur sur Dutroux et même un troisième en septembre, comme nous le révélons par ailleurs. Et qu'enfin, l'exemple actuel de l'affaire Cools démontre bien que des renseignements utilisables peuvent être consignés dans un P-V d'une instruction tout en préservant l'anonymat des informateurs.

Interrogé lui aussi par le Comité P sur la réunion du 9 août, l'adjudant Gilot de Grâce-Hollogne déclarait en octobre dernier: "Je n'ai pas assisté à la réunion du 9 août, mais Monsieur Lesage (une autre gendarme de la Cellule Julie et Mélissa) et moi-même en recevons rapport". Il faut en conclure que ce n'était sans doute pas un "rapport" écrit...

PRESSIONS À LA GENDARMERIE (Soir Illustré du mercredi 13 novembre 1996 pages 30 ; 31 et 31)


PRESSIONS À LA GENDARMERIE

Soir Illustré du mercredi 13 novembre 1996 pages 30 ; 31 et 31

La semaine dernière, nous émettions l'hypothèse selon laquelle l'état-major de la Gendarmerie était au centre de la non transmission de données à la juge d'instruction liégeoise chargée du dossier Julie et Mélissa. De nouveaux documents nous sont parvenus. Ils permettent de confirmer et de préciser cette hypothèse.

- Dès le 7 juillet 1995, quinze jours après l'enlèvement des deux fillettes, la BSR de Charleroi signalait à celle de GrâceHollogne des renseignements concernant Marc Dutroux. A plusieurs reprises, Liège et Charleroi échangeront des fax. Pendant ce temps-là, Mme Doutrewe, la juge d'instruction liégeoise chargée du dossier, était partie en vacances. Mais, comme le soulignait un message interne Gendarmerie du 28 juillet 1995, répertorié très urgent, parti de Seraing à Charleroi, l'intérêt des enquêteurs était grand et ils souhaitaient travailler manifestement avec Mme Doutrewe: «Les renseignements que vous pourrez nous fournir détermineront d'éventuelles actions ultérieures, notamment mandat de perquisition de notre part», c'est-à-dire avec la juge Doutrewe. L'intérêt croît d'ailleurs au fil des jours. Le 7 août 1995, Seraing précise au Bureau Central de Recherches (BCR), dépendant de l'état-major de la Gendarmerie, qu' «il serait intéressant de «monter un dossier concernant les intéressés», en l'occurrence Marc Dutroux et son épouse Michelle Martin. Le lendemain, le BCR convoque une réunion à Charleroi des différentes sections de la BSR qui disposent d'information sur Dutroux.

LA RÉUNION QUI A TOUT FAIT BASCULER

- Cette réunion a lieu le 9 août C'est ici que tout va basculer. Pourtant, tant dans les interrogatoires menés par le procureur général de liège que dans ceux du procureur …

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…..général près la cour de Cassation Jacques Velu et ceux menés encore par le comité P, on ne retrouve pratiquement aucune question concernant ce qui s'est réellement passé lors de cette réunion.

- Cependant, un document daté du 16 août partant du district de Charleroi (degré de priorité urgent) est envoyé à divers participants à la réunion: «Nous maintenons l'hypothèse retenue lors de la réunion (...) à savoir sous le motif de vous, obtenir des mandats de perquisition afin de s'assurer du passage ou de la présence d'enfants dans une des demeures ou dépendances de Dutroux». Le dossier a donc «glissé» lors de cette réunion.

- Que s'y est-il réellement passé? Dans le dossier de l' enquête sur l' enquête, un seul participant en parle de manière fort évasive lors d'un interrogatoire le 4 octobre dernier devant le comité P: «Aucune décision n'est prise au cours de cette réunion. Il s'agit d'une réunion de concertation (...) Cette réunion dure +/- une heure. Il n'y a pas de rapport ou compte-rendu de cette réunion mais, ultérieurement, soit le 16 août 1995, le capitaine Bal ( ndlr: GD de Charleroi) rédigera un rapport de synthèse ( ndlr: celui auquel nous faisons référence supra). Je ne suis pas au courant du contenu de la note établie par le BCR. Il est possible que l'on ait parlé de la possibilité de transmettre cette affaire à Liège, mais je n'en ai pas le moindre souvenir». Interrogé sur qui a pris la décision de l'hypothèse retenue, à savoir garder le dossier à Charleroi sous le prétexte de vol,le gendarme interrogé ne répond pas. Et l'interrogatoire sur ce point s'arrête. Ce serait bien la première fois qu'une réunion d'une telle importance ne donne pas lieu à un procès-verbal.

- Serait-ce ce type de document qui aurait été détruit au BCR si l'on en croit le député Decroly (Écolo) et la sénatrice Milquet (PSC)? Ce sera au tour de la commission d'enquête de faire la lumière sur l'affaire, puisque ni Jacques Velu, ni Anne Thily, ni le comité P ne l'ont fait. Mais tout laisse donc penser qu'il s'agit d'une décision de l'état major de la Gendarmerie. Le comportement de cet état-major en août 1996, lorsque le

« Pot aux roses » sera découvert, va d'ailleurs dans ce sens.

ON NOTE TOUT, JUSQU'AUX COUPS DE FIL

- Mais reprenons le fil du temps. Le 16 août 1995 à 10h50, le compte-rendu de la réunion qui s' est tenue une semaine plus tôt sous l' égide du BCR arrive à la brigade de Grâce-Hollogne.

L'adjudant Lesage prévient alors la juge d'instruction Doutrewe qui s'apprête à repartir en vacances. Après quoi, il a un entretien téléphonique avec le BCR de Bruxelles dont la Gendarmerie a miraculeusement découvert trace en août dernier.

Selon cette note, la juge d'instruction Doutrewe ne se serait pas montrée fort chaude en ce qui concerne l'enquête sur Dutroux.

Deux remarques: d'une part, à la Gendarmerie, on ne fait pas de rapport d'une réunion entre cinq sections de la BSR mais un coup de fil entre deux gendarmes fait l'objet d'un compte-rendu archivé. D'autre part, cette note miraculeusement retrouvée rend la juge d'instruction responsable de l'absence d'enquête alors qu'une semaine plus tôt, il a déjà été décidé de la mettre à l'écart des informations.

- Mais les événements dramatiques de la fin du mois d'août 1996 vont encore accentuer ce malaise vis-à-vis de l'état-major de la Gendarmerie. Selon le substitut Hombroise, chargé du dossier à Liège, c'est le 17 août, lors de la découverte des corps de Julie et Mélissa à Sars-la Buissière qu'il a pris connaissance de l'existence du dossier Othello en surprenant des conversations entre les gendarmes présents sur les lieux.

Certains d'entre eux possédaient le dossier, comme l'adjudant Gilot de Grâce-Hollogne. Le substitut précise que la «juge d' instruction Doutrewe a demande a pouvoir consulter ces pièces, Monsieur l'adjudant Gilot lui a fait part qu'il s'agissait de rapports confidentiels internes Gendarmerie mais a quand même, à la demande du magistrat, exhibé ceux-ci»…….

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……Le commissaire de la P.J. Lamoque, qui assistait à la scène, est plus féroce: «Le capitaine W. était embêté de ma prise de connaissance des éléments du dossier gendarmerie Dutroux (...)

Je précise que, selon les propres termes de l'adjudant chef Gilot, il lui était interdit de donner ces documents et même de les montrer».

PRESSIONS À L'ÉTAT-MAJOR

- Le 20 août, la juge d'instruction demande à l'adjudant Gilot de rédiger un procès-verbal expliquant ce qu'avait fait la à propos de l'affaire Dutroux. Le lendemain matin, il se présente devant le juge d'instruction qui lui fait ajouter deux points.

Un des oublis concernait - un hasard sans doute - la présence du BCR à la fameuse réunion du 9 août 1995 où on a décidé de la contourner. L'adjudant Gilot, promettant de ramener son pv corrigé en début d'après- midi, retourne à sa brigade pour indiquer les modifications. Mais à 11h, une voiture vient le chercher pour le conduire à l'état-major général de la Gendarmerie pour y fournir des explications.

- A Liège, la juge Doutrewe ne voyant pas arriver son pv corrigé est contactée par un autre membre de la BSR de Grâce- Hollogne. Celui-ci, sur ordre d'un général, lui demande copie de son apostille où elle réclame des explications à Gilot. Quel est ce général qui se mêle ainsi de ce qui ne le regarde pas? Personne n'a posé la question. Mais, selon Gilot, l'explication qu'il devait fournir à l'état-major général de la Gendarmerie à Bruxelles s'est déroulée en présence du général Willy Deridder, le commandant de la Gendarmerie himself.

Finalement, au forcing, la juge d'instruction allait obtenir ce procès-verbal de l'adjudant Gilot.

- En quoi pouvait-il tant intéresser l'état-major général de la Gendarmerie jusqu'au commandant du corps? C'est que, précisément, le lendemain, le général Willy Deridder rentrait un rapport «secret» au ministre de la Justice Stefaan De Clerck, qui n'allait pas dans le même sens que celui de l'adjudant Gilot. Ce dernier a d'ailleurs dû rédiger un nouveau rapport dès le lendemain, rapport qui «chargeait» cette fois la juge d'instruction Doutrewe.

LE BOULOT DE LA COMMISSION

- Il est à espérer que la commission d'enquête tirera cette affaire au clair, au contraire de tous les rapports qui ont été rédigés jusqu'à présent. Dans les faits, il apparaît manifestement qu'au delà des dysfonctionnements de l'enquête ou des protections dont Dutroux et consorts ont pu bénéficier,

On a déjà souligné dans le passé sa propension à s'autonomiser se pose au niveau de la haute direction de la Gendarmerie, un problème spécifique et miser de la structure judiciaire et à mener des enquêtes parallèles. Dans l'affaire Dutroux, cela pourrait avoir eu des conséquences dommageables. On sait par ailleurs que, dans l'affaire Cools, la vérité n'aurait jamais commencé à apparaître sans, justement, une enquête parallèle de la Gendarmerie menée en accord avec certains membres de la PJ de la cellule Cools et contre l'avis de certains membres de l'appareil judiciaire liégeois.

- Un problème de fond surgit ici brutalement: la plupart des magistrats ont une vision de la criminalité lourde ou organisée structurel qui retarde de 10 ou 20 ans. La PJ, qui reste organisée sur une base locale de baronnies, est elle aussi victime de ce retard, à l'exception sans doute de la 23ème brigade nationale ou à l' OCEDEFO, la structure qui lutte contre le blanchiment d'argent. La nature ayant horreur du vide, la Gendarmerie s'est engouffrée dans cette brèche, espérant pouvoir ainsi «avaler» la PJ. L'échec de cette stratégie dans l'affaire Dutroux remet cette stratégie en cause. Il faut donc au maximum la masquer.

Philippe Brewaeys.

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Légende photo de la page 30

ÉMUS

Les députés n'ont pas caché leur émotion après deux heures d'inspection. Olivier Maingain et d'autres ont écouté les accusations des parents Lejeune venus, caméscope au poing, indiquer tout ce qui aurait dû mettre la puce à l'oreille des gendarmes. Des aménagements troublants mais ignorés !

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SI PRES DE L’HORREUR A MARCINELLE

Soir Illustré du mercredi 13 novembre 1996 pages 30 ; 31 et 31

« Je pense qu'on aurait pu sauver les fillettes: les gendarmes n'ont sans doute pas bien fait leur travail ».

Tel est le constat cinglant de Claude Eerdekens après la visite de la maison de l'horreur à Marcinelle.

Les députés ont vu « le trou à rats » où furent détenues Julie et Métissa; ils en sont ressortis effondrés.

- Douze députés sur quinze se sont déplacés au 128, de l'avenue de Philippeville à Marcinelle, où Marc Dutroux claquemura si longtemps Julie et Mélissa, Laetitia et Sabine. La Commission d'enquête parlementaire tenait à se rendre compte par elle même de la réalité des lieux, d'indices qui auraient pu fonder des soupçons quant à une cache éventuelle. Habitués aux séances feutrées du huis clos, déjà très éprouvantes, ils ont physiquement et moralement mesure le calvaire des fillettes. Ce n'étaient plus des politiciens qui s'exprimaient à la sortie, mais des hommes et des femmes atterrés par leurs décorvertes!

Cette descente sur le terrain - sans doute la seule des trois mois d'enquête prévus, célérité oblige avait pour but de clairement déterminer si, oui ou nos on aurait pu déceler la présence des fillettes lors des deux perquisitions des 19 décembre 1995. Les deux petites Liégeoises étaient bien derrière la cloison amovible aménagée par Dutroux.

On se rappelle que celui ci les avait menacées de représailles au cas où elles auraient appelé à l'aide. Recluses dans une vieille citerne minuscule, les deux amies ont vécu neuf mois d'enfer, un cauchemar devenu palpable et oppressant pour la délégation parlementaire menée par Marc Verwilghen.

- Ils ont dû surmonter leur émotion pour «questionner» les lieux. Escortés par les fleurs blanches et les messages de soutien qui ornent la façade,, ils ont franchi le seuil de cette prison blafarde, accompagnés par

Jean-Denis Lejeune, venu sur place indiquer les bizarreries de la cave. Pour le papa de Julie, le doute n'est pas permis, il ne cesse de l’affirmer avec véhémence.

« LA CACHE ÉTAIT DÉCELABLE »

La cache était décelable. Nous en avons fait la démonstration. Je ne sais pas si les gendarmes ont commis une faute ou si on a voulu qu'ils la commettent. Ce sera à l'enquête parlementaire de le déterminer.

Les gendarmes savaient que Dutroux aménageait des caches. Avec un simple marteau, en frappant sur le mur, on se rend compte qu'il résonne différemment. La surface au sol n'est pas la même. Enfin, il n'y a du plafonnage que sur le mur de la cellule. Autant de signes, assez voyants, qui auraient du attirer l’attention. Comment n'ont-ils pas immédiatement, au vu des antécédents de Dutroux, débouché sur une fouille plus minutieuse? Pourquoi ce qui saute aux yeux des parents a-t-il échappé aux enquêteurs? Il appartient aux députés de creuser cette embarrassante question. Le réduit n'était pas insonorisé. Certains visiteurs disent même avoir entendu des cris, aussitôt excusés par un Dutroux jamais à court de mensonges.

- On ne s'est pas donné la peine de sonder les murs, de mieux regarder, accuse M. Lejeune, choqué par tant de laxisme.

- Les députés voulaient en avoir le coeur net, ils s'apprêtent maintenant à écouter les explications des gendarmes carolos venus plusieurs fois si près des enfants. Faute grave ou raté admissible? Ils devront justifier leur manque de sagacité alors qu'il suffisait d'«écouter» les murs pour découvrir une pièce. A leur décharge, force est de rappeler que le procureur Michel Bourlet, descendu sur les lieux dès l'arrestation de Marc Dutroux à la mi-août, n'était pas parvenu non plus à percer le mystère d'une chambre bien dissimulée. Il avait fallu attendre les indications du pédophile lui-même pour délivrer Laetitia et Sabine. Ce qui semble, après coup, grossièrement maquillé devenait soudain évident. A moins qu'il ne faille dire accablant...

Bernard Meeus.

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