mercredi 10 juin 2009

Enfin des locaux pour l’asbl Julie et Mélissa (« La Meuse » du 15 novembre 1996)


Enfin des locaux pour l’asbl Julie et Mélissa

« La Meuse » du vendredi 15 novembre 1996

Ils sont là pour écouter, prendre note et répondre aux questions. 70.000 lettres environ leur sont déjà parvenues depuis l’enterrement des deux fillettes et il en arrive encore une caisse pleine tous les jours.

Les parents Russo et Lejeune l'avaient annoncé, ils allaient bientôt ouvrir un local de permanence afin de recevoir les nombreux appels téléphoniques et l'énorme courrier qui continuent de leur arriver de Belgique et d'ailleurs dans le monde.

Depuis lundi, c'est chose faite. Le comité «Julie et Mélissa : n'oubliez pas » s'est installé au rez-de-chaussée d'une maison située à Hollogne, rue de l'Hôtel Communal, 48.

Pour d'évidentes raisons de facilité, il a conservé le numéro de téléphone des Russo (le 04/231.24.11), connu de tous. Ces derniers ont donc changé de numéro (de même que les Lejeune).

« Vous comprenez bien que la vie n'était plus possible pour eux dans de telles conditions », nous raconte Annie Gahy, la belle-soeur des Russo. « Le téléphone n'arrêtait pas de sonner, des gens (journalistes, curieux...) venaient sans cesse leur rendre visite, le courrier s'accumulait dans le salon. Il fallait absolument qu'ils retrouvent un minimum d'intimité et de vie familiale. Surtout pour les garçons qui leur restent d'ailleurs: Grégory et Maxime. »

Désormais, tout transitera donc par ce nouveau local. A pied d'oeuvre durant les heures de bureau (de 9 à 17 heures), on trouve Annie Gahy et son mari Carmelo Russo le frère aîné de Gino) ainsi que le fidèle ami de Jean-Denis Lejeune: Lucien Baba.

Ils sont là pour écouter, prendre note et répondre aux questions. 70.000 lettres environ leur sont déjà parvenues depuis l'enterrement des deux fillettes et il en arrive encore une caisse pleine tous les jours.

Mais la question la plus souvent posée reste encore le n° de compte de l'asbl, le seul valable pour aider les parents dans leur action. Il s'agit du 240-028592873.

Gino, Carine, Jean-Denis et Louisa se reposent actuellement une semaine à l'étranger. Un repos bien mérité. Ils seront de retour lundi pour reprendre le combat.

L.G.

Photo: E.Destiné

Mise sur pied d’une a.s.b.l et de comités blancs(« Dernière Heure » du 15 novembre 1996 pg 3)


Les suites de la marche blanche :

Mise sur pied d’une a.s.b.l et de comités blancs

« Dernière Heure » du vendredi 15 novembre 1996 page 3

LIEGE - Actions en justice, création de l'asbl, mises sur pied de Comités blancs, conférences,... les parents de Julie et de Mélissa n'ont guère le temps de se reposer. Des sollicitations leur parviennent de toute part; des gens désireux de les aider et qui demandent comment faire partie de I`asbl, comment verser de l'argent sur le compte, comment créer un comité blanc,... « Le problème est que pour l'instant, nous ne pouvons pas répondre à leurs questions. Il est encore un petit peu trop tôt. Les projets de l'asbl et des Comités blancs existent et sont sur le point d'aboutir. Mais actuellement, ce ne sont que des embryons », remarque Jean-Denis Lejeune.

Statuts déposés

Le siège de l'asbl « Julie et Mélissa,n'oubliez pas » est établi à Grâce-Hollogne, 48, rue de l'Hôtel de Ville, les statuts de l'asbl devraient être déposés aujourd'hui.

Son but. : Aider psychologiquement et conseiller juridiquement les personnes qui vivent la même situation que les parents des deux petites.

Adhérer à !a charte

Actuellement, les parents aménagent le local : armoires, chaises,tables, fax, ordinateur, téléphones, tout commence à trouver sa place tout doucement. Mais les fonctions au sein même de l'association n'ont pas encore été établies. « Nous remercions les gens qui nous soutiennent mais nous leur demandons d'attendre encore un peu. Dès qu'ils pourront vraiment nous aider de manière concrète, nous leur dirons via la presse, lors d'une inauguration officielle. Mais actuellement, rien ne sert de téléphoner à l'asbl », poursuit le papa de Julie.

La marche blanche du 20 octobre a rassemblé plus de 300.000 personnes.

Des centaines de milliers de Belges qui souhaitent continuer à aider les parents et qui désirent être membres de l'asbl. Ce qui est matériellement impossible...

Pour rencontrer les souhaits de chacun, les parents de Julie et de Melissa ont alors décidé de donner naissance à des comités blancs.

Des comités locaux, qui pourraient regrouper des mouvements de jeunesse, des associations de quartier,les travailleurs d'une entreprise...bref tout groupement de personnes qui adhérerait à la Charte rédigée par les parents. Une Charte qui définira les principes de ces comités, afin que « tout et n'importe quoi ne soit pas organisé par n'importe qui »...

« Pour l'instant, on parle beaucoup de la Charte. On essaye de la mettre au point le plus précisément possible. Mais cela nous prend du temps », souligne M. Lejeune. « Il ne faut pas vouloir aller trop vite, cela ne sert à rien. Il ne faut pas faire n'importe quoi. Il nous faut deux mois pour tout mettre en place. De grâce, que les gens nous laissent un peu souffler... Pour le moment, on rebondit dans tous les coins comme des boules magiques

Ne jamais oublier...

Si le texte de la Charte n'est donc pas encore clairement établi, on peut cependant préciser que le but des comités blancs sera de continuer le combat des parents des petites Liégeoises disparues, à savoir protéger les enfants.

Mais les prénoms de Julie et de Melissa ne seront pas associés à ces comités. Cela pour que l'action des comités blancs soit encore plus large et touche encore plus de personnes en détresse.

Dès le début de l'année 1997,l'asbl et les comités devraient être effectifs.

Y adhérer permettra de contribuer à ce que jamais les prénoms de Julie et Mélissa ne tombent dans l'oubli...

Nathalie Évrard

Le procureur va témoigner ( « Dernière Heure » du 15 novembre 1996 pg 2)


Le procureur va témoigner

AFFAIRE BENAISSA, SUITE

« Dernière Heure » du vendredi 15 novembre 1996 page 2

BRUXELLES- La Commission Dutroux reprend ses travaux ce matin. A huis clos, les députés vont d'abord se mettre d'accord sur l'agenda des auditions, l'ordre de passage des témoins et la manière de les interroger. Ces auditions, publiques, devraient débuter 'après-midi. Télé 21 les diffusera en direct dès 15 h.

Les familles directement impliquées ayant été toutes entendues, la commission a décidé d'examiner les affaires dans l'ordre chronologique. A commencer par le 5 août 92 et la disparition à Ixelles de Loubna Benaïssa, 8 ans et demi.

Sur la liste des acteurs judiciaires ou policiers à entendre figurent plusieurs magistrats du parquet de Bruxelles et des enquêteurs, policiers communaux et péjistes notamment.

Tous, à un titre ou l'autre, ont travaillé dans ce dossier. A l'exception du procureur du Roi Benoît Dejemeppe, à l'époque en congé.

En son absence, c'est le premier substitut Michel Peytier qui tenait les rênes. Benoît Dejemeppe n'est jamais intervenu directement dans l'affaire. Le patron du parquet de Bruxelles prend simplement la responsabilité de répondre devant les parlementaires de ce qui a été fait et ne l'a éventuellement pas été par ses services.

La Commission Dutroux souhaite entendre plusieurs magistrats du parquet.

Quatre noms sont cités. Nul ne soupçonnera la substitute Nadia Devroede d'indifférence à l'endroit des disparitions d'enfants.

C'est essentiellement grâce à son énergie qu'après bien des années de recherches menées aux quatre coins du monde par la section jeunesse de la PJ de Bruxelles, Patsy Heymans a récupéré ses enfants séquestrés dans une secte aux États-Unis.

Les autres magistrats

Il en va a priori de même des autres magistrats : à la section famille, c'est la substitute Pascale France qui a géré les débuts du dossier Benaïssa. A l'époque, Mme France avait 32 ans et cinq années de parquet. Elle y était entrée après un stage d'un an à Nivelles. Dans les semaines qui suivirent, deux collègues allaient superviser l'enquête confiée à la gendarmerie d'Etterbeek, à la police d'Ixelles et à la PJ.

Il s'agit du substitut Alain Geerinckx, 41 ans, arrivé au parquet en septembre 1983, et de Didier Vander Noot, 35 ans, entré au parquet en juin 87.

Des enquêteurs seront-ils déjà entendus dès cet après-midi ? Sûrement la semaine prochaine. A la PJ, le patron de la section jeunesse - le commissaire principal Félix Peeters - était en congé. La direction était assumée par le commissaire Francis Molenberg, déjà entendu (à huis clos) par la Commission Dutroux, et qui n'y a pas laissé une impression forte, à écouter du moins le député Eerdekens. Les inspecteurs Pierre Colson,

Ronald Speltens et Ewout Spaan menaient les recherches.

Ministre Wathelet à la Commission

On sait aussi que le processus de libération conditionnelle de Marc Dutroux intrigue plusieurs commissaires. Ceux-ci ont demandé, lundi, que le ministre de la Justice de l'époque, Melchior Wathelet, qui a signé la remise en liberté, soit entendu par la commission. Des contacts officiels ont déjà été pris.

Juge à la Cour européenne de Justice à Luxembourg, l'ex-ministre a fait savoir jeudi qu'il était prêt à fournir tous les renseignements nécessaires. Melchior Wathelet aurait pu décliner l'invitation, en avançant son immunité diplomatique. Il ne l'a pas fait. La date de l'audition n'est pas encore connue.

Gil. et B. F.

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Melchior Wathelet doit s’expliquer

« Dernière Heure » du vendredi 15 novembre 1996 page 2

JEAN-DENIS LEJEUNE EST DE CET AVIS

BRUXELLES - Jean-Denis Lejeune, le papa de Julie, s'est déclaré hier tout à fait favorable à l'audition de l'ex-ministre de la Justice, Melchior Wathelet, devant la commission d'enquête parlementaire.

Personne n'a oublié qu'au soir de la découverte des corps de Julie et Mélissa à Sars-la-Buissière, Gino

Russo avait affiché sur la porte de sa maison un message à l'adresse de Melchior Wathelet, lui demandant s'il avait la conscience tranquille.

« Depuis les faits, j'ai essayé de .joindre M. Wathelet. Je n'y suis jamais parvenu, explique Jean-Denis Lejeune. Je n'ai jamais compris comment il avait pu libérer Dutroux, avec les trois avis négatifs et les deux mitigés qu'on ru! Avait transmis. Il a certainement des choses que l'on ne connaît pas. Il était inconcevable que Melchior Wathelet ne soit pas entendu par la commission. »

Plusieurs parlementaires ont été favorables dès le départ à l'idée d'interroger l'ex-ministre de la Justice. « Le problème de la libération conditionnelle de Marc Dutroux entre dans les compétences de la commission d'enquête. Je suis donc favorable à ce que l'on entende toutes les personnes qui pourraient nous éclairer sur ce point», commente Jacqueline Herzet (PRL). Patrick Moriau (PS) précise : « Y a-t-il eu des dysfonctionnements dans la libération conditionnelle de Dutroux ? Certains le pensent. En tout cas, il reste des zones d'ombre. Il est logique que M. Wathelet vienne devant la commission pour nous apporter leurs éléments d'information.

En attendant, la seule liste de témoins arrêtée pour l'instant concerne les acteurs d u dossier Benaissa ».

Pas d'autres familles

Jean-Denis Lejeune reste attentif au travail parlementaire, même si, à ses yeux, la commission a perdu une bonne partie de son crédit depuis les fuites qui ont conduit à la publication des déclarations faites à huis clos: «Je refuse de retourner témoigner devant la commission tant qu'on n'a pas découvert l'origine de la fuite et fait le nettoyage. J'ai encore confiance en certains députés mais plus dans la commission dans son ensemble.

Je regrette aussi que la commission envisage d'entendre d'autres familles, qui ne sont pas directement concernée par l'affaire Dutroux. Cette commission a été créée pour faire la lumière dans cette affaire précise, qui touche les familles Lejeune, Russo, Marchal, Lambrecks, et sans doute Benaissa et Brichet.

Je pense que si on veut entendre d'autres familles, il vaudrait mieux alors créer une deuxième commission pour s'en charger. Sinon, on n'en sortira pas.

Entendre tout le monde, cela signifierait noyer le poisson. Est-ce cela que l'on cherche ?

B. F.

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AFFAIRE POSTORINO

Déchargé de ses fonctions

« Dernière Heure » du vendredi 15 novembre 1996 page 2

LIEGE - L'affaire Postorino a suscité un vif émoi en région liégeoise. Elle vient en effet s'ajouter à une liste dramatique. Et qui ne cesse de s'allonger au fil des jours. Le curé des paroisses de la Xhavée et de

Souverain-Wandre (Liège), Mario Postorino a été inculpé la semaine dernière d'attentats à la pudeur avec violences et menaces et de détention de matériel pornographique. Il a été placé sous mandat d'arrêt par le juge d'instruction Coumanne puis écroué à la prison de Lantin (voir la DH du 14 novembre).

Le juge a ensuite prononcé une mainlevée à l'égard de l'ecclésiastique qui a été libéré deux jours après son incarcération. Quelle pouvait bien être la motivation d'une décision aussi Surprenante ?

Le secret de l'instruction interdit de prendre connaissante des tenants et aboutissants de cette pénible affaire. Toutefois, de source officieuse, on a appris que la victime, un adolescent de 16 ans, aurait, au cours d'une audition effectuée après la signification du mandat d'arrêt, nuancé ses premières accusations !

Précisions importantes ou simples détails techniques ? Impossible de le savoir mais l'inculpation n'a pas été modifiée d'un iota...

Au palais de justice de liège, on tient à distinguer politique et justice : « Le juge d'instruction n'est pas un politicien. Son jugement doit en toutes circonstances, être empreint de sérénité. Il convient que le magistrat ne se laisse pas influencer. »

Hiérarchie

A l'évêché de liège, on a immédiatement réagi. L'abbé Collinet, vicaire épiscopal chargé des affaires judiciaires, précisait ainsi « L'abbé Postorino a été déchargé de ses fonctions la semaine dernière dés que nous avons su qu'il était incarcéré à Lantin. Il sera prochainement entendu par sa hiérarchie. En outre, suite à la décision, du juge, il ne peut plus se présenter dans ses paroisses.

Toutefois, je suis étonné qu'on parle de pédophilie étant donné les faits reprochés à l'abbé. Les choses sont graves mais il serait plus adéquat d'évoquer de l'homosexualité sous la contrainte. En outre, l'adolescent est âgé de plus de 16 ans, ce qui est important sur le plan légal. »

L'abbé Postorino revenait de Yougoslavie la semaine dernière quand il a appris ce qu'on lui reprochait. Après être passé à l'hôpital militaire de Neder- over- Heembeek, Mario Postorino se trouverait actuellement en région liégeoise. La police est chargée de vérifier si l'abbé respecte bien les conditions fixées par le juge, notamment ne plus se rendre dans ses paroisses.

Ch. D.

Les comités blancs en marche (UNE de « LA MEUSE » du vendredi 15 novembre 1996)


Les comités blancs en marche

UNE de « LA MEUSE » du vendredi 15 novembre 1996

LES PARENTS DE JULIE ET MELISSA ONT TROUVÉ UN MOYEN DE PROLONGER LE FORMIDABLE SUCCÈS DE LA MARCHE BLANCHE, À TRAVERS TOUT LE PAYS

Après la marche blanche du 20 octobre, qui a rassemblé plus de 300.000 personnes, innombrables sont les Belges qui souhaitent continuer à manifester leur soutien aux proches des petites victimes. Afin de rencontrer les souhaits de chacun, les parents de Julie et de Mélissa ont décidé de donner naissance à des comités blancs. Ces comités locaux, qui pourraient regrouper des mouvements de jeunesse, des associations de quartier ou encore les travailleurs d'une entreprise, par exemple, rassembleraient sur base d'une charte a définir toutes les personnes de bonne volonté. ( Page 3 )

(Ph. AP)

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Commission d'enquête :

Wathelet devra s'expliquer sur la libération de Dutroux (Page 2 )

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