samedi 18 juillet 2009

Les mamans de notre pays(« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996, pages 9)


Les mamans de notre pays

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996, pages 9

En Belgigue, il faudra désormais déplacer la date de la fête de Noël.

Noël a vraiment commencé le jour de la Marche blanche de ce dimanche 20 octobre 96.

Là, il y avait 300.00 personnes, flamandes, wallonnes, marocaines, turques et une foule de représentantes et de représentants de toutes les habitantes et de tous les habitants du royaume Belgique de tous les âges qui fêtaient à leur manière la grande fête de Noël, la grande réconciliation autour de Julie et Mélissa, de An et

Eefje, de Loubna Benaïssa et des autres en allées : ces petites filles et jeunes filles disparues nous ont mis au monde. Elles, qui ne seront jamais mamans, sont devenues les mamans de notre pays. Aussi le 20 octobre devrait-il devenir désormais non seulement la nouvelle date du Noël belge mais aussi un jour officiel de fête

Nationale, d’innocence et la blancheur ont ressoudé notre pays en une journée, notre pays que laborieusement certains politiciens anachroniques veulent diviser en regardant l'avenir dans un rétroviseur et en nous montant les uns contre les autres.

Ce qui s'est passé ici aura une répercussion mondiale. Nous avons montré l'exemple de la sagesse. Mon pays Belgique, j'ai comme l'impression que tu es né ce 20 octobre 96. Je t'aime, ô mon beau bébé.

Julos Beaucarne

(*) Le titre est de la rédaction.

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Légende des photos :

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996, pages 9

L'extraordinaire succès populaire de la Marche Blanche, qui a réuni 300.000 hommes, femmes et enfants dans la capitale, illustre le soutien inconditionnel de tout un peuple à la cause des familles des enfants disparus.

Les coeurs sont partagés entre le chagrin et la revendication pacifique. Une volonté changement, entendue, notamment, par le Roi.

Les autorités politiques et judiciaires se remettent en question.

La pression a été forte, par exemple lors du dessaisissement du juge Connerotte. Les parents veulent que toute la vérité soit faite et... dite. L'enquête se poursuit sur le terrain, mais aussi en commission. Devant son poste de télévision, chaque Belge peut suivre pas à pas ses travaux. Une revanche pour des parents trop souvent ignorés par la Justice.

L'horreur et le chagrin (« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 , pages 8)



Sur le bord du monde

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 , pages 8

Sur le bord du monde y a des enfants qui marchent. Ils sont fragiles et doux comme des brebis que le loup va dévorer et puis voilà que viennent des troupeaux d'endoctrineurs, de détourneurs, de dévieurs et l'enfant ne peut plus être lui-même et l'enfance se perd et se noie dans la mer.

Sur le bord du monde marchent des enfants, il ne faut presque rien pour qu'ils tombent dans l'abîme, précipites lors d'eux-mêmes.

Julie et Mélissa ne seront jamais grandes, elles ne seront jamais jeunes filles ni femmes, elles ne seront jamais mamans, elles ne vieilliront jamais, elles resteront dans notre mémoire deux petites filles souriantes

sur des photos qui jauniront aux vitres des maisons et la vie continuera sans elles tandis que leurs petites soeurs et petits frères du nord de la Thaïlande seront vendus à des prostituteurs et que des enfants seront tirés comme des lapins à Bogota et au Brésil.

Julie et Mélissa mourant de faim au fond d'une cave sombre dans une banlieue triste en plein désert économique dans le pays où se trouve la capitale de l'Europe.

Julie et Métissa : deux petites étoiles qu'on a jetées au fond d'un trou mais qui ne cesseront pas de clignoter au coeur de notre firmament mental comme deux signaux d'alarme.

Julos Beaucarne

Emotions et souvenirs (« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996, page 7)


Laetitia veut tourner la page

UNE LUTTE DE TOUS LES JOURS

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996, page 7

BERTRIX - C'était le vendredi 9 août, elle ne pourra jamais l'oublier. Ce soir-là, comme elle a l'habitude de le faire depuis des mois, elle se rend à la piscine du complexe sportif de Bertrix, à cinq minutes à pied du domicile familial. Et puis, vers 21 h, la vie de Laetitia Delhez (14 ans) bascule Marc Dutroux et Michel Lelièvre l'enlèvent et l'emmènent à bord d'une camionnette vers Marcinelle, où elle séjournera six jours en compagnie de Sabine Dardenne.

La famille Delhez, jusqu'alors sans histoire, plonge brusquement dans l'angoisse et se retrouve au centre d'une aventure dramatique dont elle se serait franchement bien passée. La disparition de laetitia se prolongera finalement six nuits. Six nuits d'inquiétude où une question lancinante revient sans cesse sur les lèvres de Mme Delhez : « Pourquoi ? » Le jeudi 15 août en début de soirée, la maman de Laetitia saura.

A la joie des retrouvailles avec la famille et Bertrix, la nuit du jeudi à vendredi, aux environs de minuit, succèdera l'horreur. Marc Dutroux n'est pas seulement le ravisseur de Laetitia et de Sabine: il est l'assassin présumé de Julie Lejeune, Melissa Russo, An Marchal et Eefje Lambreks. Depuis l'annonce de ces macabres découvertes, l'enlèvement de Laetitia et son heureux dénouement ont pris une autre tournure.

On est écoeuré », explique Patricia Deihez, qui préfère laisser sa fille loin de ce douloureux anniversaire.

« Nous ne regardons pratiquement plus les informations car cela devient infernal, surtout après les rumeurs circulant autour de MM. Grafé et Di Rupo. Et les enfants dans cette histoire? Ils sont déjà pratiquement en dehors des préoccupations des décideurs.

C'est en tout cas l'impression que j'ai aujourd'hui. Où sont les promesses de la Marche blanche?

Nous ne voyons rien venir et cela n'aide pas à oublier. Si tant est que l'on puisse oublier un jour...

Le procès

Désormais, la famille Deihez attend de voir. Pour effacer le nom de Dutroux, on songe aussi au procès. On en parle déjà, « car il permettra sans doute de tourner définitivement cette page du mois d'août 1996 ». Laetitia en a besoin, elle qui essaye de retrouver un rythme de vie normal, de mener une existence à l'image de celle précédant cette rencontre avec Marc Dutroux. Les 100 jours de ce séisme, elle ne souhaite pas en faire quelque chose de particulier si ce n'est les gommer de sa tête, encore une fois. Une épreuve difficile à traverser d'autant que les journées de Laetitia sont aujourd'hui remplies de « Et alors, comment ça va ? » ou de « Qu'est ce que tu penses de tout cela ?

Il n'y a pas un jour où l'on nous parle d'autre chose. Même si trois mois ont passé... », Conclut Patricia Delhez.

Nicolas Druez

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La mobilisation de la famille Dardenne

SABINE SOUHAITE DES RUES PLUS ÉCLAIRÉES

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996, page 7

TOURNAI - Jamais le nom d'une jeune Tournaisienne n'a été aussi souvent cité dans la presse. Sabine Dardenne, séquestrée durant 79 jours dans des conditions que toute la Belgique connaît aujourd'hui, a été libérée de la cache de Marcinelle, alors que personne, parmi les enquêteurs, ne s'y attendait vraiment.

L'épreuve a été particulièrement pénible pour Sabine, restée prisonnière seule pendant plus de deux mois et victime de débordements pervers. Trois mois après la fin du cauchemar, chacun à Kain garde en mémoire l'image d'une adolescente de 13 ans retrouvant sa grand-mère. Un moment d'émotion qui, immortalisé par les photographes, a fait le tour du monde.

Une rue à éclairer

Depuis sa libération, intervenue le 15 août, Sabine Dardenne reprend progressivement goût à la vie. Les premières semaines ont été difficiles pour l'adolescente et ses proches. Le papa de Sabine ne nous avait pas caché que ce serait très dur. On n'élimine pas un calvaire comme celui qu'a vécu la Jeune Tournaisienne d'un coup de baguette magique ! Le travail thérapeutique est long, parfois de plusieurs années.

Deux semaines après avoir retrouvé les siens, Sabine Dardenne a repris le chemin du collège de Kain, où le personnel et les élèves avaient été préparés à son retour. Un établissement scolaire situé à deux cents mètres de l'endroit où, le 28 mai, vers 7 h 35, elle avait été enlevée dans la sombre rue du Stade communal. Sabine a d'ailleurs demandé au bourgmestre de Tournai qu'un éclairage plus sécurisant y soit installé.

Marche blanche

La famille Dardenne n'a jamais souhaité évoquer la séquestration. Après la fête qui a suivi le retour de l'adolescente à la maison, les lampions se sont rapidement éteints pour laisser place à la discrétion. Une volonté que nous avons toujours respectée. Mais le silence de la famille Dardenne ne signifie pas que, dans la maison de la résidence du Renard, on reste les bras croisés.

En octobre, Sabine et ses parents ont participé à la Marche blanche. Ils pourraient aussi être présents dans la rue dimanche après-midi, puisqu'une marche similaire est organisée à Tournai, au départ de la place Crombez (face à la gare). Guy Dardenne, l'un des rares à avoir toujours clamé que sa fille était en vie alors que nombre d'autres avaient baissé les bras depuis longtemps, est aujourd'hui directement impliqué dans l'asbl liégeoise

Marc et Corine. Une antenne tournaisienne, bénéficiant d'un bureau, a été constituée. Guy Dardenne en est un membre actif. Il entend se battre sans relâche pour que jamais une adolescente ne soit amenée à vivre le calvaire de Sabine.

Desauvage

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Celui qui a tout déclenché

LE TÉMOIN NUMÉRO UN DE BERTRIX

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996, page 7

BERTRIX - Tout est parti d'une petite manie, d'un jeu presque...Un jeune homme, féru d'automobiles, habitue a mémoriser les plaques d'immatriculation des véhicules qu'il croise. Cela conduira à la libération de deux fillettes, a la découverte du cadavre de quatre autres, à l'arrestation des responsables d'un odieux réseau de pédophilie, à une marée de 300.000 marcheurs sur Bruxelles, à de nouveaux espoirs pour des familles toujours dans l'attente. A une des affaires criminelles les plus bouleversantes qu'ait connues la Belgique, qui a créé un climat où tous les pouvoirs, qu'ils soient politiques, judiciaire ou administratif seront sous le coup tantôt de guerres internes, tantôt de lourdes suspicions, voire les deux simultanément...

Manie

Cet étudiant ingénieur bertrigeois savait-il à quoi allait mener son judicieux sens de l'observation ? Assurément pas. Pas complètement, en tout cas. Bien sûr, au lendemain de la libération de Laetitia Delhez et de Sabine Dardenne, le garçon, qui a toujours, depuis lors, préféré garder l'anonymat, se montrait conscient du rôle décisif qu'il allait - involontairement -jouer, Satisfait. Modeste, aussi. «Je suis évidemment heureux d'avoir apporté ma collaboration. Mais je suis plus content encore pour les jeunes filles et leurs familles », confiait-il alors à la DH.

Toujours est-il que l'anecdote -mais ce terme est-il encore d'usage ? - demeure particulièrement édifiante. Alors qu'elle se trouve dans un vestiaire du hall des sports de Bertrix, que venait de fréquenter Laetitia avant de disparaître, une jeune fille y voit surgir un quinquagénaire, entré pour...uriner. Troublée, elle raconte l'aventure aux gendarmes, en expliquant que son petit ami était également présent. On fait donc appel au témoignage de ce dernier. Dont l'intérêt résidera dans un tout autre fait...

Ce même jour, en effet, il sort de la maison e ses parents pour enfermer la porte du garage. Son frère vient d'y ranger un vélo flambant neuf. Et comme on parle de vol de vélos dans la petite localité... C'est alors qu'il aperçoit une camionnette blanche de marque Renault, également repérée par une religieuse d'une maison de retraite toute proche. Le jeune homme en voit aussi le conducteur. « Le genre de personne à qui l'on ne confierait pas son portefeuille...

L'étudiant s'abandonne alors à sa manie: il mémorise le numéro d'immatriculation du véhicule. Les lettres lui semblent correspondre aux premières du prénom de sa soeur, plus la première de son propre patronyme. Les chiffres 'année de naissance de sa soeur...

Le feu est mis au poudre de l'enquête. Il embrasera le pays...

Laurent Belot

Les heures noires d’un pays(« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 6)


Les heures noires d’un pays

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 6

Jeudi 15août

Sabine Dardenne, disparue depuis le 28juin, et Laetitia Deihez, enlevée !e 9 août, sont retrouvées vivantes dans la cave de la maison de Marc Dutroux, à Marcinelle. Deux jours plus tôt, Marc Dutroux, sa femme Michelle Martin et Michel Lelièvre avaient été arrêtés. Les ravisseurs avaient été repérés lors du dernier enlèvement, celui de Laetitia, à Bertrix.

Vendredi 16août

Arrestation, à Bruxelles, de Michel Nihoul, escroc soupçonné de complicité avec Dutroux dans l'enlèvement des enfants.

Samedi l7 août

Après de nouveaux aveux de Dutroux, on retrouve dans le jardin de sa propriété de Sars-laBuissière,les corps de Julie Lejeune et Mélissa Russo, disparues depuis le 24 juin 1995. Un troisième cadavre est également découvert, celui de Bernard Weinstein, complice assassiné par Dutroux.

Dimanche 18 août

La justice est montrée du doigt. L'ex-ministre de la Justice Melchior Wathelet est vivement critiqué par les parents pour avoir remis Dutroux en liberté. Les enquêteurs liégeois et la juge d'instruction Doutrewe sont mis en cause.

Lundi 19 août

Une foule impressionnante défile au funérarium où reposent Julie et Mélissa. L'émotion est à son comble.

Le ministre de la Justice Stefaan De Clerck développe devant la presse ses projets de réforme du système judiciaire, notamment de la procédure de libération anticipée. Il charge le procureur général de Liège de lui

faire rapport sur l'enquête Julie et Mélissa. L'ex ministre Wathelet affirme avoir « pris ses responsabilités ».

Mardi 20août

Interpol Prague confirme la piste tchèque pour An et Eefje. On pense alors qu'elles ont été poussées dans

un réseau de prostitution à l'Est. La presse révèle les premiers documents prouvant que Dutroux était, depuis 1993, suspecté par la gendarmerie de préparer des enlèvements d'enfants.

Mercredi 21 août

Les critiques sur l'enquête Julie et Mélissa redoublent. Gendarmerie et parquet s'affrontent. Le policier

anglais John Bennett, qui a travaillé dans l'affaire West à Gloucester, vient en Belgique pour participer aux

fouilles. Il rejoint les experts allemands et hollandais déjà sur place.

Jeudi 22 août

Funérailles de Julie et Mélissa à Liège à la basilique Saint-Martin de Liège. La présence d'un représentant

du Roi est refusée par les parents. Les petites sont portées en terre au cimetière de Mons-lez-Liège. Le ministre De Clerck reconnaît des lacunes dans l'enquête. A Neufchâteau, Michael Diakostavrianos est arrêté.

Vendredi 23 août

Le procureur du Roi de Neufchâteau, lors d'un d'un débat, promet d'aller jusqu'au bout «si on me laisse faire ».

Arrestation de Claude Thirault.

Samedi 24 août

Perquisition chez Georges Zicot, inspecteur principal à la PJ de Charleroi.

Dimanche 25 août

Zicot est placé sous mandat d'arrêt pour !e volet vol de véhicules. Même traitement pour Gérard Pinon, Thierry Dehaan et, le lendemain, Pierre Rochow.

lundi 26 août

Michelle Martin avoue sa participation à fa séquestration des enfants. C'est elle qui devait nourrir Julie et Mélissa durant la détention de Dutroux.

Mercredi 28 août

Début des fouilles à Jumet, rue Daubresse, dans la propriété de Bernard Weinstein.

Jeudi 29 août

Deux jeunes filles, Séverine et Rachel, disparaissent à Liège. Libération de Pierre Rochow.

Vendredi 30 août

Le gouvernement présente un plan de lutte contre la pédophilie.

Samedi 31 août

Séverine et Rachel sont retrouvées près de Cologne.

lundi 2 septembre

Le fils du procureur du Roi de Mons Demanet est inculpé à Bruxelles pour une escroquerie à l'assurance. Zicot avait enquêté dans ce dossier.

Mardi 3 septembre

Decouverte a Jumet d'ossements humains. Il s'agit des restes des corps d'An et Eefje. Un témoin anonyme se présente à la cellule Cools pour y faire des révélations.

Mercredi 4 septembre

L'ex-compagne de Michel Nihoul, l'avocate radiée Annie Bouty, est arrêtée. Des centaines de personnes signent des registres de condoléances envoyés aux parents Marchai et Lambrecks. Marie-France Botte et

les premières familles d'enfants assassinés sont reçues au Palais par le roi Albert II.

Jeudi 5 septembre

Des fouilles débutent à Ixelles, dans une maison de la rue du Conseil où demeurait un homme accusé de

pédophilie. Plusieurs inculpés de Neufchâteau auraient été vus dans cette demeure, proche du domicile des

parents Benaïssa, dont la fille Loubna (9 ans) a disparu en 1992. Les autres familles d'enfants martyrs, dont

les Benaïssa, sont reçues au Palais royal.

Vendredi 6 septembre

l'affaire Cools rebondit. Quatre personnes sont arrêtées : Richard Taxquet, l'ex-secrétaire d'Alain Van der

Biest, Domenico Castellino, Cosimo Solazzo et Carlo Todarello. La justice liégeoise semble reprendre la piste

des titres volées initiée par le juge Connerotte. Me Julien Pierre est commis d'office pour défendre Marc Dutroux.

Samedi 7 septembre

Funérailles d'An et Eefje à Hasselt, lors de deux cérémonies séparées. Arrestation de l'ex-ministre wallon Alain Van der Biest, accusé par le témoin anonyme d'être l'un des trois commanditaires de I'assassinat d'André Cools

Dimanche 8 septembre

Castellino reconnaît s'être débarrassé de l'arme qui a tué Cools en la jetant à l'eau. Cette arme va être retrouvée rapidement.

lundi 9 septembre

Le juge d'instruction Connerotte ordonne une nouvelle série de perquisitions dans la région de Charleroi dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Bernard Weinstein.

Mardi 10 septembre

Interpellation et interrogatoire du gendarme de binant Guy Vanesse. Le Roi prend position et réclame que la lumière soit faite dans les affaires d'enlèvements d'enfants et sur l'assassinat d'André Cools. II demande une justice plus humaine. A Liège, Solazzo reconnaît avoir participé aux préparatifs de l'assassinat Cools. II aurait

fait appel à Casteilino, recruteur et chauffeur de deux tueurs tunisiens.

Mercredi 11 septembre

Pino Di Mauro, ex-chauffeur de Van der Biest, est arrêté.

Jeudi 12 septembre

Thierry Dehaan est remis en liberté.

Vendredi 13 septembre

Guy Mathot, accusé par le témoin anonyme d'avoir été l'un des commanditaires du meurtre de Cools, se

déclare scandalisé.

Les parents Lejeune et Russo déclarent qu'ils continueront leur combat pour accéder au dossier d'instruction.

Samedi 14 septembre

Enlèvement à Bouillon de deux adolescentes de 13 et 15 ans par deux hommes en voiture. Les fillettes sont retrouvées dans la nuit à la frontière française. Elles n'ont pas subi d'abus sexuel. Les ravisseurs les auraient

libérées après s'être trompé de chemin.

Lundi 16 septembre

De nouvelles fouilles reprennent à Tirlemont, dans l'ancienne maison du père de Dutroux et à Marchienne-au-Pont dans l'une de ses habitations.

Les noms des tueurs d'André Cools sont cités : Abdelmajid Ben Mmi et Abdeljelil Ben Brahim.

Mardi 17 septembre

Les parents de Loubna Benaïssa se constituent partie civile à Neufchâteau, qui va se voir confier le dossier. On découvrira plus tard qu'un témoin affirme avoir vu Nihoul dans le quartier d'lxelles le jour de la disparition.

Mercredi 18 septembre

Guy Mathot dépose plainte et demande à être confronté à ses accusateurs.

Jeudi 19 septembre

L'attitude de la gendarmerie est mise en cause dans les rapports Velu et Thily rédigés par les procureurs

généraux à la demande du ministre de la Justice. Le Comité P, la police des polices, est chargé de remettre

un avis. Le parquet de Liège précise que Rachel et Séverine n'ont pas été enlevées.

Vendredi 20 septembre

Inculpation du commissaire de PJ André Vanderhaegen pour recel et violation du secret professionnel.

Samedi 21 septembre

Le procureur Bourlet conteste les déclarations du procureur général de la Cour de cassation Velu qui estimait que Dutroux ne disposait pas de protection au parquet de Charleroi. li défend la gendarmerie, accusée d'avoir gardé pour elle des informations sur Dutroux (dossier Othello). Le président du syndicat national du personnel de la gendarmerie s'en prend .à la PJ et aux magistrats, menaçant de sortir des dossiers.

Le parquet de Neufchâteau dément qu'une personnalité politique a été identifiée sur les cassettes vidéo saisies chez Dutroux.

En compagnie du procureur Bourlet, le juge Connerotte, qui s'est marié le jour-même, participe à un souper spaghetti à Bertrix, organisé par l'antenne locale de l'asbl Marc et Conne.Deux victimes de Dutroux sont présentes dans la salle.

lundi 23 septembre

La police judiciaire accuse la gendarmerie d'avoir mené sa propre enquête parallèle sur Dutroux sans en

informer la juge d'instruction liégeoise Martine Doutrewe.

Mardi 24 septembre

La compagne de Michel Nihoul, Marleen De Cockere, est arrêtée.

Mercredi 25 septembre

Philippe Aouali est arrêté en France. Il avait menacé le procureur Bourlet.

Jeudi 26 septembre

Me Julien Pierre dépose devant la Cour de cassation une requête en suspicion légitime, estimant que le juge

Connerotte a failli à son devoir d'impartialité en participant au souper spaghetti à Bertrix.

Polémique sur l'attitude du Premier ministre Dehaene qui aurait déconseillé au Roi de rentrer de vacances au début des événements.

Vendredi 27 septembre

Libération de Claude Thirault, Marleen De Cockere, Gérard Pinon et Georges Zicot.

Samedi 28 septembre

La presse révèle que Dutroux est lié aux braqueurs de fourgons et qu'une cache similaire à celle de Marcinelle a été découverte dans la maison d'un truand à Trazegnies.

lundi 30 septembre

Arrestation du ter maréchal des logis Vanesse, inculpé d'association de malfaiteurs

Arrestation, à Tunis, des deux tueurs présumés d'André Cools.

Mercredi 2 octobre

Après l'avocat de Dutroux, ce sont les conseils de Michel Nihoul, Me Virginie Baranyanka et Frédéric Clément de Cléty, qui introduisent une requête en suspicion légitime contre le juge Connerotte devant la Cour de cassation.

Marie-Hélène Loiret, l'ancienne compagne d'André Cools, reconnaît formellement un des deux Tunisiens comme étant le tueur.

Vendredi 4 octobre

Les fouilles commencent dans la galerie souterraine de Jumet que Dutroux a qualifiée « d'intéressante ».

Elles ne donneront rien. Le gendarme Vanesse est libéré par la chambre du conseil du tribunal de Neufchâteau.

Lundi 7 octobre

Le juge Jean-Marc Connerotte inculpe Michelle Martin, épouse de Marc Dutroux, d'association de malfaiteurs et de complicité dans l'enlèvement et la séquestration de Sabine et Laetitia, Julie et Melissa, An et Eefje.

Mercredi 9 octobre

La Cour de cassation examine la demande de dessaisissement du juge Connerotte. Le procureur général Eliane Liekendael se prononce en faveur du dessaisissement, mais la décision de la Cour est reportée au

lundi suivant. L'asbl Marc et Corine dépose 2,6 millions de signatures au Parlement. La pétition réclame des peines incompressibles pour les auteurs des crimes abominables touchant les enfants.

Marie-France Botte, qui consacre sa vie à la lutte contre les pédophiles, est agressée par un inconnu à son domicile de Forest. Le lendemain, puis le 14 octobre, un autre témoin qui avait dénoncé un réseau pédophile est lui aussi agressé par deux hommes.

Vendredi 11 octobre

Le juge Connerotte lance un appel à témoins national en demandant de dénoncer les pédophiles à un numéro vert. Près d'une trentaine d'appels par heure vont tomber dans les premiers jours.

Dimanche 13 octobre

Manifestation devant le palais de justice de Bruxelles : 300.000 signatures sont déposées pour faire pression sur la Cour de cassation qui doit rendre sa décision le lendemain.

Lundi 14 octobre

La Cour de cassation dessaisit le juge d'instruction Connerotte. L'enquête reste à Neufchateau sous la direction du juge Langlois. Le procureur Bourlet reste chargé du dossier. Des centaines de personnes manifestent devant le palais de Justice de Bruxelles. Les parents des victimes sont atterrés.

Mardi 15 octobre

Des arrêts de travail éclatent partout dans le pays pour dénoncer l'arrêt de de la Cour de cassation. Des manifestations se déroulent dans toutes les régions. Le climat va perdurer jusqu'au lendemain de la marche

blanche.

Mercredi 16octobre

Le comité P rend un rapport accablant sur l'enquête menée par la juge d'instruction liégeoise Doutrewe, responsable de l'enquête sur la disparition de Julie et Mélissa.

Jeudi 17octobre

Les députés instituent une commission parlementaire d'enquête sur l'enquête Dutroux.

Vendredi 18 octobre

Le Roi organise une table ronde au Palais avec les familles des victimes et des experts. Le Souverain parle ouvertement des dysfonctionnements du système judiciaire

Dimanche 20 octobre

Une marée blanche envahit Bruxelles. Près de 300.000 personnes défilent pour exprimer leur soutien aux familles des victimes et demander que justice soit faite.

Lundi 2l octobre

Une piste dans l'enquête sur la disparition de la petite Loubna Benaïssa, que l'on dit mal exploitée i l y a quatre ans, refait surface. On reparle du supect principal de l'époque, Jacques Genevois.

Mardi 22 octobre

Annie Bouty, l'ex-compagne de Michel Nihoul, et Gérard Pinon, qui avait été réarrêté et accusé de complicité dans le meurtre de Bernard Weinstein, sont libéres.

Mercredi 23 octobre

Michel Nihoul comparaît devant le tribunal correctionnel de Bruxelles dans le cadre de l'affaire SOS Sahel.

Vendredi 25 octobre

La commission d'enquête parlementaire commence ses auditions à huis clos, avec les parents Lejeune et

Russo. M. Marchal est également entendu.

Samedi 26 octobre

La commission d'enquête entend le papa d'Elisabeth Brichet, d'Eefje Lambrecks et la famille de Loubna

Benaïssa.

Mardi 29 octobre

Le premier ministre Jean-Luc Dehaene se rend à Washington pour rencontrer les responsables du National Center for Missing and Expioited Chiidren.

Mercredi 30 octobre

La commission d'enquête se penche sur l'enquête Benaissa,reentend la famille et deux enquêteurs. Elle soupçonne de graves manquements.

Dimanche 3 novembre

Une commission rogatoire part sur les traces d'EIisabeth Brichet aux Canaries.

Mardi 5 novembre

Les députés de la commision d'enquête visitent la maison de l'horreur à Marcinelle.

Mercredi 6 novembre

La chambre des mises en accusation de Liège confirme le mandat d'arrêt d'Alain Van der Biest dans le cadre de l'assassinat d'André Cools.

Jeudi 7 novembre

Après l'avocat général Marc de la Brassine, c'est au tour du premier avocat général Franz-Joseph Schmitz

d'être sous les feux de l'actualité. Le procureur général de Liège transmet un dossier pour corruption à la

Cour de cassation de Bruxelles.

L'audition, à huis clos, des époux Lejeune et Russo, est ébruitée par un magazine d'extrême droite.

Mardi 12 novembre

Un nouveau dossier à charge d'un magistrat est révélé. Une enquête a été ouverte à charge de l'auditeur du travail de Verviers, M. Malmendier. Celui-ci se dit innocent.

Mercredi 13 novembre

Les familles des victimes décident de faire opposition à I'arrêt de la Cour de cassation qui a dessaisi le juge

Connerotte. Marie-Noëlle Bouzet, la mère d'Élisabeth Brichet, revient des Canaries avec une piste sérieuse.

jeudi 14 novembre

Les parents de Julie et Mélissa lancent l'idée des comités blancs, pour poursuivre à l'échelon local l'idée de la marche blanche.

Vendredi 15 novembre

Le procureur du Roi de Bruxelles Dejemeppe est entendu par la commission d'enquête parlementaire. les quatre autres magistrats du parquet en charge du dossier doivent également s'expliquer.

Samedi 16 novembre

Plusieurs journaux flamands accusent Elio Di Rupo et Jean-Pierre Grafé d'être impliqué dans une affaire de

pédophilie.

lundi 18 novembre

Les deux ministres concernés nient toute implication dans une affaire de pédophilie. La justice transmet aux

instances politiques des demandes de poursuite. Les enquêteurs de la PJ de Bruxelles en charge du dossier

Benaïssa en 1992 viennent déposer devant la commission d'enquête.

Le procès bis des assassins présu més de Marc et Corine débute devant la cour d'assises du Luxembourg.

Mardi 19 novembre

La Chambre et le Conseil de la Communauté Française mettent en place des commissions spéciales pour étudier les demandes de poursuites judiciaires à l'égard de MM. Di Rupo et Grafé.

Mercredi 20 novembre

La commission spéciale de la Chambre propose de charger la Cour de cassation d'une enquête complémentaire sur le dossier Di Rupo.

Jeudi 21 novembre

La Chambre adopte la proposition de la commission. La commission spéciale du Conseil de la Communauté Française se penche sur le cas Grafé.

Le juge d'instruction Langlois descend dans la maison de Marcinelle.

Vendredi 22 novembre

Le Parlement wallon se réunit pour constituer une commission spéciale chargée d'examiner le dossier de demande de mise en accusation de Jean-Pierre Grafé.

« Je cherche An dans les autres...» (« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5)


« Je cherche An dans les autres...»

LA DÉTRESSE QUAND DISPARAÎT UN ENFANT...

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- R. Bours : Vous avez une force extraordinaire pour rester calme dans des circonstances aussi dramatiques !

- P. Marchal : « Mais je ne suis pas calme !

- J.D. Lejeune : « On ne peut ni faire ni dire ce qu'on veut. On nous attend au tournant.

- P. Marchal : « il est important qu'on montre aux hommes politiques que nous sommes des gens dignes

- Liliane Heremans : Vos épouses, on les voit. Mais comment vont vos autres enfants

- J.-D. Lejeune : « Je n'ai plus qu'un petit garçon qui a eu 7 ans samedi. Et ça se passe très mal... Pendant 14 mois, il a vécu un calvaire, on ne s'est pratiquement pas vus. Il est rentré en première année primaire et je ne me suis pas occupé une minute de son année scolaire. Il ne comprend pas pourquoi on continue à courir alors qu'on a retrouvé Julie. Son caractère a changé. Ce n'est plus le petit garçon qu'on avait. Il refuse de dormir seul en haut, où Julie avait aussi sa chambre. Je ne vais plus en haut depuis que la petite a disparu.

J’allais tous les jours dans sa chambre, la réveiller avec le chien... Maintenant, quand le petit m'appelle, je n'allume pas où je ferme les yeux... Ma maison, je l'ai construite en deux ans, avec mon père. Deux ans de sacrifices. Mais je suis prêt à la quitter... Perdre un proche, c'est déjà terrible... Mais maintenant qu'on sait tout ce qu'on sait... C'est très difficile, très complexe ! Je suis content quand je peux dormir trois heures par nuit ! Je ne m'aperçois même plus que je suis fatigué. C'est comme quand on coupe la tête à une poule; elle continue à courir

La vie était finie

- P. Marchal : « C'est une question très dure... J'ai perdu An et mon père. Il a pensé beaucoup à elle et à Noël, il est parti. Pour moi, c'était incroyable; la vie était finie. Maintenant, je cherche An dans les autres jeunes et je sais que ce n'est pas bon. Je vois An dans les autres. C'estdur... Pour mes autres enfants, cela ne va pas très bien, lis sont étudiants mais ont tous de très mauvais résultats. J’espère que ça va s'améliorer... A nous cinq, nous formons une famille très solide. On parle beaucoup. Notre vie a changé d'un jour à l'autre.

On sait que rien ne sera plus jamais comme avant. Ma femme a un avantage : elle peut pleurer quand elle veut. Ça aide

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Pourquoi pas un référendum ?

DESSAISISSEMENT DU JUGE CONNEROTTE

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Marie-Louise Carette: Comment peut-on imaginer que M. Connerotte n'a pas pensé, en allant à ce spaghetti, qu'il allait être coincé

- P. Marchal : « M. Connerotte n'est pas obligé de faire ses enquêtes uniquement dans son bureau. Il peut aller sur le terrain.

- J.-D. Lejeune : « Il s'agissait seulement d'une petite fête de village pour Sabine et Laetitia. II est logique qu'on invite les deux hommes qui ont permis de retrouver les gamines vivantes.

Aucune partie civile n'était présente... Finalement, M. Connerotte peut-il encore manger avec sa femme ? C'est quelqu'un qui dérange...

- N. Bernard : Depuis que M.Connerotte a été dessaisi, l'enquête ne stagne-t-elle pas?

- P. Marchal : « On ne peut pas dire maintenant si M. Langlois est bon; il faut du temps...

- J.M. de Montpelier: Quand le Juge Connerotte a été dessaisi, vous avez dit que vous n'iriez pas en appel. Puis vous avez changé d'avis...

- N. Benaïssa : « On n'a rien dit...

- P. Marchal : « On était trop fatigués. Nous n'étions pas vraiment en état de penser.

- N. Benaïssa: « Il faut vous rendre compte que ce n'est pas toujours facile de réagir comme ça, devant les caméras, sans pouvoir réfléchir; et cela après plusieurs heures de réunion.

- R. Boers : Pensez-vous que votre pourvoi en cassation a de grandes chances d'aboutir?

- N. Benaissa : « M. Connerotte ne devait pas être dessaisi. On est bien tous d'accord. La décision nous a mécontenté, donc nous faisons opposition.

- N. Bernard : Pourquoi, nous, les gens du peuple, ne pourrions-nous pas vous appuyer en déposant plainte

aussi

- N. Benaïssa : « Je ne suis pas spécialiste en droit mais je sais par mon avocat que pour déposer plainte, il faut un minimum de lien avec le dossier... Ce n'est donc pas possible.

- Edouard Lecomte : Pourquoi ne pas organiser un référendum ?

- N. Benaïssa : « C'est l'État qui peut l'organiser. Et de toute manière, ce n'est qu'un avis.

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RENCONTRES AU SOMMET : « Rien de concret »

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- E. Lecomte : Je voudrais l'opinion de M. Marchal sur M.De Clerck...

- P. Marchal : « C'est un politicien. Il a beaucoup de bonnes idées. »

- R. Adriaenssens : Lors de la marche blanche, vous avec été reçus par M. Dehaene. En avez-vous été satisfaits ?

- P. MarchaI : « M. Dehaene a beaucoup parlé, mais il n'a rien dit de concret. C'est cependant bien qu'il ait évoqué le centre européen de recherche d'enfants disparus. Je lui ai retéléphoné lundi. Il a expliqué qu'il en parlerait dans quelques semaines ça, les reports, je n'aime pas. Enfin... On dirait que les politiciens bougent un peu. C'était nécessaire...

- R. Adriaenssens : Qu'en est-il de votre visite chez le Roi ? Êtes-vous toujours en contact avec lui ?

-J.-D. Lejeune : « Le Roi est une personne à part, extérieure aux problèmes. Il ne sait rien du peuple, il sait juste ce qu'on lui raconte. Je ne suis pas satisfait des réunions. Nous n'avons pas eu un vrai contact.

- P. Marchal : « Je suis allé deux fois chez le Roi. La première fois, c'était très bien. J'étais très content d'avoir la chance de parler avec lui. J'avais confiance... Quand nous avons participé à la Table Ronde, c'était différent. Là, j'étais mécontent. On ne peut pas vraiment parler lorsqu'il y a 69 personnes... Quand on veut recevoir les parents, on les reçoit seuls !

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CE DROIT À LA DÉFENSE : Maître Pierre fait son boulot

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Gérard Meurant : Je suis honoré d'être en présence de ces personnes. Tout le peuple a souffert avec vous... (la voix en larmes). Je trouve scandaleux et écoeurant que certaines personnes soutiennent Dutroux en lui envoyant des lettres de soutien et en lui offrant des cadeaux. Je trouve qu'on devrait donner leur identité. Ces gens là, on peut les classer dans la même catégorie que Dutroux !

- J-D. Lejeune : « Ce sont essentiellement des femmes. Je vais être cru mais je ne veux rien cacher. Certaines fantasment d'être pénétrées par Dutroux. Dutroux est odieux, mais ce n'est peut-être pas le plus odieux... Il est un fournisseur, c'est peut-être même un petit ! Les plus odieux, ce sont ceux qui profitent de ce système; il ne faut pas mettre tout sur lui.

- M. Bouselmati : Quelle stratégie utilise Me Pierre,l'avocat de Dutroux ? On dirait qu'il joue un jeu pour déstabiliser les familles...

- J.-D. Lejeune : « Me Pierre fait son boulot. Tout ce qu'il peut faire, c'est freiner l'enquête et emm... le bazar...

- N. Benaïssa : « Il ne faut pas mélanger Dutroux et son avocat. Me Pierre, c'est ladéfense. Si on dit que Dutroux n'a pas droit à un avocat, c'est la porte ouverte à tous les dérapages. Un autre criminel n'aura pas non plus droit à la défense... Nous, on doit s'investir dans d'autres combats, comme le respect du droit des victimes.

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Les comités blancs, chaîne de solidarité : POUR CHANGER LE SYSTÈME

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Sabine de dock : Je suis étudiante en droit. Sur quoi devons-nous plancher, nous les étudiants, pour améliorer la justice

- J.-D. Lejeune : « Il faut être plus humain. Les juges d'instruction disent «Asseyez vous dans votre divan et attendez qu'on vous appelle ». Nous sommes en première ligne pour faire changer un système, via les comités blancs. Ceux-ci symboliseront la continuité de la Marche Blanche. Ce sera le comité de Monsieur tout le monde pour relayer et appuyer les familles, en Flandre et en Wallonie. Je vous demande d'être attentifs début décembre. Nous organiserons une conférence de presse et, via les média, vous en saurez plus. Pour adhérer au comité, il faudra respecter une charte. Ce sera en fait une chaîne de solidarité. Nos attendons beaucoup de ces comités.

- N. Benaïssa : « On ne peut plus vivre dans son petit coin avec son petit job et son petit cercle d'amis. Il est trop facile de dire « rien ne va », sans réagir. Il faut être des citoyens actifs pour faire bouger les choses. C'est trop simple de critiquer sans rien faire.

- Sylvie Veys : Je représente les étudiants de plusieurs écoles. Que peut-on faire pour vous aider concrètement ? On se sent impuissants par rapport à votre combat...

- J.-D. Lejeune : « Nous,sans vous,o n n'est rien.

- W. hôte : Tout le monde veut aider les familles financièrement. Que peut-on faire ?

- J.-D. Lejeune : « Si on n'avait pas eu le peuple pour nous aider financièrement, pour faire les affiches,... j'aurais dû revendre ma maison. Et je l'aurais fait... Les gens ont fait des dons, parfois 50 francs, parfois 1000 francs. Maintenant,les dons sont pour l'asbl Julie et Mélissa. Les sous vont permettre d'aider les autres famille qui n'ont peut-être pas la chance d'avoir, comme nous,des proches pour les aider.

- M. Mandl : Êtes-vous en contact avec les autres parents des enfants disparus ?

- N. Benaïssa : « On est dispersés aux quatre coins de la Belgique. C'est difficile de se voir tous les jours... Mais on poursuit les mêmes buts; donc on est tous ensemble.

- P. Marchal : « Il y a des parents qui veulent être plus tranquilles - et on ne le leur reproche rien -, d'autres plus actifs. »

- N. Benaïssa : « Chacun vit sa douleur comme il le veut

- S. de Cock : Ne pensez vous pas que l'idée d'une marche rouge est prématurée ?

- J.-D. Lejeune : (avec humour ) : « Nous avons dit marche rouge parce que nous avions déjà organisé la marche blanche... et que je suis supporter du Standard

- N. Benaïssa : (plus sérieuse) Il n'y aura pas de marche rouge, ne vous inquiétez pas

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Dl RUPO-GRAFÉ : Un mauvais climat...

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- N. Bernard : Quel est votre sentiment par rapport à l'affaire Di Rupo-Grafé ?

- N. Benaïssa : « Il faut faire très attention. Le climat n'est pas très chouette. Et il y a des noms qui sortent comme ça. Il ne faut pas aller trop vite, pas se précipiter. On est dans un très mauvais climat.

- J.D. Lejeune : « Il ne faut pas précipiter les choses. Les gens veulent des noms et on a lâché ceux de deux ministres. Mais ce n'est pas parce qu'ils sont homosexuels qu'ils sont pédophiles... Mais ce sont maintenant deux hommes salis à vie, qui n'ont peut-être rien à se reprocher. C'est comme M. Van der Biest... Il est de ma commune, je le connais. Et je serais étonné s'il avait fait quelque chose...

- R. Adriaenssens : Pourquoi parle-t-on maintenant de pédophilie dans la politique?

- N. Benaïssa : « On a parlé trop tôt. Rien n'a encore été démontré; il faut attendre...

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UN BEAU MESSAGE : « Que les enfants profitent de la vie »

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- Jean-Marie de Montpelier : J'ai dit à mes enfants que je venais vous rencontrer. Qu'auriez-vous envie de leur dire?

- J.-D. Lejeune : « Qu'ils s'amusent et qu'ils profitent de la vie ! Il ne faut pas faire une psychose de toute cette affaire, mais il faut quand même que les enfants fassent très attention. Il est important qu'ils continuent a apprécier les bons cotés de l'existence. Ce sont eux les adultes de demain.

- P. Marchal : « Il est important de dire aux enfants de parler avec leurs parents... tous les jours. Pour voir ce qui se passe dans leur tête....

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PEINES INCOMPRESSIBLES :Un débat contradictoire

« La Dernière Heure » du vendredi 22 novembre 1996 page 5

- G. Mourant : Que penses vous des peines incompressibles

- N. Benaïssa : C'est un sujet à prendre avec des pincettes. Je dois réfléchir, je ne peux pas répondre maintenant Il faut un débat contradictoire. Les lois doivent être mûrement réfléchies avant d'être adaptées »

- J.-D. Lejeune : « Quelque chose n'est pas logique. Par exemple, celui qui vole pour nourrir sa famille et qui écope d'une peine de deux ans de prison. Mérite-il -de devoir accomplir sa peine, comme on doit l'exiger pour un pédophile ? Il ne faut pas mélanger la pédophilie et les autres délits. Il faut appliquer les peines incompressibles dans certains cas, mais il ne faut pas généraliser. »

- Martine Peereman: Ne pourrait-on pas, avant de mettre sur pied des choses comme l'Euro, d'abord changer les lois dans ces matières? On est au Moyen Age...

- J.-D. Lejeune : « C'est vrai que, quand on a créé les lois, il fallait huit jours pour traverser le pays à cheval. Aujourd'hui, il faut deux heures en voiture... »

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